Bas:Marché de Noël et illuminations


[1] Avertissement[2]

Résumé


Filmer de nuit, cette séquence de Paul Bierlein montre les illuminations du marché de Noël ainsi que des rues de Strasbourg durant la fête de Noël 1957.

Description


Panoramiques sur les stands du marché de Noël, montrant des vendeurs dans leurs stands et des clients qui font leurs emplettes. Arrêt sur les produits exposés et les illuminations des stands et des gens qui se promènent dans le marché. Des illuminations décorant la face d’un immeuble ensuite le blason de l’alsace pendu entre deux bâtiments et illuminés également. Des vitrines de magasins de modes animées, une rue surplombée par des guirlandes électriques qui brille sous la forme d’une cloche, d’Etoiles ou des croix avec une circulation danse, la boutique de vêtements Herz. Des affiches publicitaires d’eau et bière dont la bière alsacienne Kronenbourg. Arrêt sur des animations de façades d’immeubles abritant des magasins vendant des jouets, on y voit les vitrines des Galeries Lafayette. Le bâtiment du Groupe des Assurances Alsaciennes avec l’heure qui s’affiche à côté. Encore des vitrines des Galeries Lafayette et une affiche de la bière Champigneulles, un travelling de la caméra dans des rues parés de guirlandes brillant au couleur de Noël clôt la séquence.

Métadonnées

N° support :  0128FH0012
Date :  1957
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:03:00
Cinéastes :  Bierlein, Paul
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Noël
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


La célébration de Noël est une longue tradition qui remonte au Moyen Age en Alsace. Moment de partage, de retrouvaille et de convivialité, Noël revêt plusieurs aspects qui accompagne les festivités tout au long de l’Avent. Au cœur de cet évènement, le marché de Noël de Strasbourg ou Christkindelsmärik (Marché de l’Enfant-Jésus), représente un élément incontournable du fait de nombreux visiteurs provenant d’horizons divers qu’il accueille chaque année. Appelé le marché de Saint-Nicolas à l’origine en rapport avec les célébrations de la Saint-Nicolas, le marché de Noël de Strasbourg devient officiellement le Marché de l’Enfant-Jésus (Christkindelsmärik) en 1570 date à laquelle il est déplacé dans les jours précédents Noël pour ensuite s’étendre durant tout l’Avent et de manière progressive sous l’impulsion du protestantisme. Vers 1830, le marché de Noël déménage en face de la cathédral pour s’installer à la place Kleber, ancienne place d’Armes, puis à la place Broglie dès l’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1871. Moment privilégié pour l’achat de cadeaux aux enfants, le marché de Noel est une occasion pour le commerce avec la grande variété de produits alimentaires et non alimentaires qu’il offre. Ainsi, le marché de Noël de Strasbourg devient même l’étendard de la fête de Noël avec la curiosité qu’il suscite attirant un public grandissant au fil des années. Cette séquence tournée par Paul Bierlein se focalise particulièrement sur les illuminations du marché de Noël et des rues de la ville. Elle se situe après la Seconde Guerre mondiale qui consacre le retour de l’Alsace à la France, époque marquée aussi par la naissance de la société de consommation en Europe et la vulgarisation de l’électricité à Strasbourg avec l’acquisition en 1954 de l’Electricité de Strasbourg par EDF[3] , donnant ainsi à la ville une plus grande autonomie en électricité.

Un moment de forte consommation

Noël est une fête de joie, de partage, de distribution de cadeaux aux enfants mais également une période de forte consommation qui se caractérise par la vente de divers produits alimentaires spécifiquement alsacien qui sont apparus avec la Saint Nicolas et qui restent des produits incontournables du marché de Noël de Strasbourg. Cet aspect qui est une partie intégrante de Noël est fortement présent en Alsace avec des spécificités gastronomiques locales. A l’approche du marché de Noël, le visiteur est d’abord frappé par les bonnes odeurs des friandises, des biscuits, du vin chaud et surtout du chocolat très prisé par les enfants, exposés dans les stands du Christkindelsmärik comme le montre Paul Bierlein dans le film. Des coutumes alimentaires indissociable au marché de Noël et qui évoquent des traditions présentent dans la célébration de Noël depuis le Moyen Age. Parmi ces traditionnelles gourmandises du marché de Noël on retrouve les Bredele ou Bredala avec leurs divers appellations (Schankele, Anisbredler, Schwowebredler, Butterbredler, Nùsshifeler, Hirzhernler), qui renvoient parfois à des symboles magiques[4] . Comme douceurs de Noël on retrouve aussi dans les stands du Christkindelsmärik les mannele qui constituent des pains au lait en forme de petit bonhomme et garnis parfois de pépites de chocolat ou de raisins secs. L’apparition des mannele est liée aussi à la Saint Nicolas[5] . Le pain d’épices ou Lebkuchen qui signifie littéralement pain de vie en alsacien fait partie des traditions alimentaires de la fête de Noël. Sa présence dans les festivités de Noël est signalée dans les textes dès 1412[6] . Le pain d’épices est souvent moulu sous diverses formes évoquant des thèmes religieux mais aussi des thèmes plus profanes que les enfants accompagnés de leurs parents viennent chercher. Ainsi, on rencontre en Alsace des modèles de moules qui permettent de donner à la pâte diverses formes qui exprime selon Gerard Leser une forme de créativité populaire mais aussi qui dans certains cas renvoient à des images véhiculées par l’esprit du temps[7] . Par ailleurs dans la séquence, l’ambiance relativement calme du marché de noël qui est d’habitude bondé s’explique certainement par le moment où elle est tournée. Le choix de filmer la nuit traduit certainement une volonté du cinéaste de donner une plus grande visibilité aux stands et leurs différents produits mais plus particulièrement de mettre plus en valeur les illuminations, une occasion qu’on ne peut pas avoir le jour.

Décorations et illuminations de Noël

Noël est une fête de consommation, de distribution de cadeaux aux enfants mais aussi une fête qui brille. Pendant les célébrations de Noël, les maisons, les rues et les places publiques des différentes villes sont parées de guirlandes électriques qui illuminent les artères des grandes villes même des villages durant toute la période de l’Avent. Dans cette œuvre décorative qui accompagne la célébration de Noël, figure le spectacle du sapin de Noël exposé à la place Kléber qui n’apparait pas d’ailleurs dans le film. La décoration du sapin de Noël dans les maisons est notée en Alsace depuis le XVIe siècle avec tout un symbolique qui entoure les différents éléments qui le compose[8] . Cependant, L’exposition de l’arbre de Noël dans les places publiques relève d’une tradition germanique. L’annexion de l’Alsace par l’Allemagne en 1870 participe à sa vulgarisation notamment dans les écoles et les places publiques. Les décorations du sapin de Noël évolue depuis son apparition en fonction des progrès économiques et sociaux. Avec l’apparition de la verrerie au XIXe siècle, l’arbre de Noël qui était au début paré de pommes, d’hosties et des fleurs en papier se voit garni de boules de verre, de petits objets en bois, sucreries, bougies qu’on allume le soir, fils d’or et d’argent et de guirlandes. Cet aspect est pourtant présent depuis l’origine de Noël où les gens illuminaient la fête avec des bougies autour de l’arbre de Noël. Cependant, les illuminations des rues et des vitrines des magasins pendant Noël telles qu’on les voit aujourd’hui découle d’un phénomène au départ essentiellement urbain et est apparu au Etats-Unis avec la naissance de l’électricité à la fin du XIXe siècle[9] . Ce phénomène gagne les villes de France après la Seconde Guerre Mondiale sous l’impulsion de Strasbourg qui retourne à la France après presque six années d’occupation par l’Allemagne national-socialiste, qui à laisser des séquelles sociales et morales notamment avec la gênante question des « malgré-nous » que les alsaciens tentent d’oublier. Ce retour à la mère patrie est aussi marqué par une volonté de l’Etat français de franciser la région avec la mise en place de nombreux projet économiques et sociaux. Ainsi, Strasbourg entend redorer son image à travers Noël et son marché historique réputé mondialement. En 1954, la ville de Strasbourg cède ses parts au sein de l’Electricité de Strasbourg qui était jusque-là cogérée entre la ville et la grande firme allemande l’AEG, à l’Electricité de France (EDF) qui en devient l’actionnaire majoritaire. Cette arrivée de EDF va augmenter la capacité de production d’électricité et permet une plus grande couverture en électricité à Strasbourg. Cela à surement jouer un rôle essentiel dans les illuminations des rues ainsi que du sapin de Noël à Strasbourg qui traduit aussi une forme de concurrence sur le plan national et international avec l’Allemagne et son traditionnel marché de Noël de Nuremberg, le plus attractif en Europe. Dans le film, Paul Bierlein montre aussi bien les lumières des rues mais aussi les animations des vitrines des grands magasins de mode comme celles des Galeries La Fayette qui apparaissent dans cette séquence et d’autres commerces qui se mettent aux couleurs de Noël pour attirer une plus grande clientèle. En effet, la naissance d’une société de consommation en Europe au milieu des années cinquante qui se caractérise par une augmentation du niveau de vie, de nouvelles habitudes de consommer fortement influencé par la publicité et une grande évolution de l’industrie du jouet font de Noël un moment essentiel pour le commerce. Les commerces profitent de cet évènement pour se rendre plus visible en affichant divers produits allant de l’habillement aux vins et spiritueux, des chocolats et confiseries des articles de fumeur, de céramiques et verrerie d’art, d’appareils électroniques, audio-visuel, horlogeries ou bijouteries qui font augmenter sensiblement le chiffre d’affaires des commerçants[10] .

Lieux ou monuments


Strasbourg

Bibliographie


Cretin Nadine, Noëls des provinces de France, Toulouse, Le Pérégrinateur, 2013.

Leser Gerard, Noël-Wihnachte en Alsace, rites, coutumes, croyances, Mulhouse, Editions du Rhin Mulhouse, 1989.

Lotz François, Les images du pays de Noël, Clément et Gyss, 2000.

Oberlé Roland, Woelffel Sandrine, Noël. L’Avent et l’après, Strasbourg, Hirlé Editions, 2006.

Vogler Bernard, L’Almanach de l’Alsace, Jaques Marseille – Larousse/VUEF, 2001.

Wendling Philippe, La merveilleuse histoire des marchés de Noël d’Alsace, Strasbourg, Vent d’Est, 2014.


Article rédigé par

Oumar Ciss, 02 juin 2021


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  3. Bernard Vogler, L'Almanach de L'Alsace, Jacques Marseille- Larousse/ VUEF, 2001, p. 358.
  4. Gerard Leser, Noël-Wihnachte en Alsace, rites, coutumes, croyances, Mulhouse, Editions du Rhin Mulhouse, 1989, p. 99.
  5. Philippe Wendling, La merveilleuse histoire des marchés de Noël d’Alsace, Strasbourg, Vent d’Est, 2014, p. 45.
  6. Ibid., p. 45.
  7. Gerard Leser, Noël - Wihnachte en Alsace, op. cit., p. 101.
  8. François Lotz, Les images du pays de Noël, Clément et Gyss, 2000, p. 93.
  9. Nadine Cretin, Noëls des provinces de France, Toulouse, Le Pérégrinateur, 2013, p. 19.
  10. Roland Oberlé, Sandrine Woelffel, Noël. L’Avent et l’après, Strasbourg, Hirlé Editions, 2006, p. 104.