Congés 58 : Pfifferdaj Alsace (0094FH0012) : Différence entre versions
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− | Défilé d'une fanfare, drapeaux français accrochés aux maisons un peu partout, le beffroi | ||
JL dans un manège en salopette jaune | JL dans un manège en salopette jaune | ||
Personnes en tenues traditionnelles alsaciens, un chevalier en armure sur un cheval, une dame en robe médiévale, un ménestrel, diverses personnes en tenues médiévales (hommes et femmes) circulent dans la rue. | Personnes en tenues traditionnelles alsaciens, un chevalier en armure sur un cheval, une dame en robe médiévale, un ménestrel, diverses personnes en tenues médiévales (hommes et femmes) circulent dans la rue. | ||
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Défilé, un enfant porte une pancarte "Hayange", plusieurs groupes défilent (à pieds, à cheval, hommes, femmes et enfants en costumes médiévaux ou alsaciens), fanfares, porte-drapeau | Défilé, un enfant porte une pancarte "Hayange", plusieurs groupes défilent (à pieds, à cheval, hommes, femmes et enfants en costumes médiévaux ou alsaciens), fanfares, porte-drapeau | ||
Groupe effectuent des danses traditionnelles (médiévales?) | Groupe effectuent des danses traditionnelles (médiévales?) | ||
− | |Bibliographie=François Thirion, « Le Pfifferdaj, la fête des faiseurs de fête », ''Revue d’Alsace'', n°141, 2015, p. 321-344. | + | |Contexte_et_analyse_fr=Treize ans après la libération définitive de l’Alsace, les plaies de l’annexion commencent à se refermer. Le procès de Bordeaux contre les soldats alsaciens incorporés (de force ou non) dans la Wehrmacht impliqués dans le massacre d’Oradour-sur-Glane a fédéré la région contre le verdict ; le procès de Metz, puis Lyon contre les responsables du camp de concentration du Natzweiler a permis de pacifier un peu la mémoire de ce lieu. Les Trente Glorieuses et l’essor du tourisme culturel et gastronomique font de l’Alsace une terre prospère, où les traditions sont maintenues ou réactivées. |
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+ | '''La fête des Ménétriers''' | ||
+ | [[Fichier:Pfifferdaj2.jpg|vignette|Le Pfifferdaj par Hansi © BNUS]] | ||
+ | Le Pfifferdaj est considérée comme la plus vieille fête d’Alsace, attestée par une charte de 1400, mais ayant sans doute vu le jour dès le début du XIVe siècle. Les ménétriers réunis en confrérie sont des musiciens qui se donnent le seigneur de Ribeaupierre comme roi et Notre Dame de Dusenbach pour sainte patronne. Chaque année, le 8 septembre, ils se réunissent à Ribeauvillé lors du Jour des joueurs de pipeau (Pfeifertag), occasion d’une grande foire attirant les visiteurs de toute la région. Si la fête disparaît en 1791 sous le coup de la suppression révolutionnaire des corporations, la foire fait son retour dès 1802 sous la forme d’une kilbe, ou fête foraine de village. Il faut attendre 1890 pour que le Pfeifertag renoue avec la tradition. Chaque année jusqu’en 1949 est donnée en représentation une pièce de théâtre de rue à thématique médiévale mise en scène et jouée par les Ribeauvilléens. Cette tradition se perd au profit d’un cortège en musique de chars où le thème historique, prépondérant, défile à côté d’allusions à l’actualité. Les chars sont apparus en 1906, et ont gagné en gigantisme avec des corporations et des entreprises qui font assaut d’inventivité. Dans les années 1930, le comité des fêtes municipal prend le relais des pompiers dans l’organisation du Pfeifertag en tentant d’établir le compromis entre tradition historique et dimension commerciale. | ||
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+ | '''Une reconstitution appliquée''' | ||
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+ | Les corporations ne sont pas présentes sur les images tournées en 1958, signe que la nouvelle impulsion donnée par la municipalité a bien recadré la fête vers sa nature foraine – le petit garçon du cinéaste fait un tour de manège – et surtout la reconstitution historique. De nombreux habitants du cru, et semble-t-il des étrangers (un étendard à la Vierge porte une mention en polonais), ont préparé longuement le défilé en confectionnant leurs costumes et en peaufinant les démonstrations musicales. Un Moyen Age fantasmé, digne de la série télévisée Thierry la Fronde qui fascinera la France à partir de 1963, déploie ses oripeaux avec l’inévitable chevalier en armure sur son cheval, un roi, des joueurs de tambour et de pipeau. Il cohabite avec une référence plus récente à l’histoire alsacienne avec les costumes paysans d’apparat et la fameuse coiffe. Jean Allenbach multiplie les points de vue, n’hésitant pas à monter sur un char pour un court travelling avant, à filmer en contre-plongée une jeune Alsacienne en costume traditionnel, mi amusée, mi étonnée, où à s’immiscer presque au milieu de la ronde de danseurs folkloriques. Ainsi dynamise-t-il un cortège assez sage, loin des provocations de la Renaissance ou de la démesure commerciale de l’entre-deux-guerres. L’Histoire est bien au rendez-vous, la joie de défiler se lit sur les villages, mais le carnaval n’entraîne pas les spectateurs dans la danse. | ||
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+ | '''Le patrimoine à l’honneur''' | ||
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+ | Jean Allenbach a vécu à Madagascar dans les années 1960 et 1970 où il était commercial dans l’import-export, pour Peugeot notamment. Il semble qu'il revenait en France environ tous les trois ans pour trois mois de congés. Avec sa caméra 8mm, il réalise surtout des films de voyage qui placent la focale sur le patrimoine culturel. À Ribeauvillé, il réalise de longs plans en léger travelling pour décrire les monuments de la ville, en particulier la fontaine renaissance surmontée de son lion et la tour des Bouchers reconnaissable à sa grande horloge, place de l’Hôtel de ville. Il fixe aussi son objectif sur un immense nid de cigogne au somment d’un clocher, emblème s’il en est de la région. | ||
+ | |Contexte_et_analyse_de=<big>'''Pfifferdaj 1958'''</big> | ||
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+ | Dreizehn Jahre nach der endgültigen Befreiung des Elsass begannen sich die Wunden der Annektierung zu schließen. Der Prozess von Bordeaux gegen die elsässischen Soldaten, die (wider Willen oder nicht) zur Wehrmacht eingezogen worden waren und am Massenmord von Oradour-sur-Glane beteiligt waren, hat die Region gegen das Urteil vereinigt; der Prozess in Metz und dann in Lyon gegen die Verantwortlichen des KZ Natzweiler-Struthof trug dazu bei, das Gedenken an diesen Ort ein wenig zu befrieden. Die Wirtschaftswunderjahre und die Entwicklung des kulturellen und gastronomischen Tourismus machten das Elsass zu einem wohlhabenden Land, in dem die Traditionen gepflegt oder reaktiviert wurden. | ||
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+ | '''Der Pfeifertag''' | ||
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+ | Der Pfifferdaj gilt als das älteste Fest im Elsass, das durch eine Charta von 1400 belegt ist, aber wahrscheinlich seit Beginn des 14. Jahrhunderts stattfindet. Die in einer Bruderschaft zusammengeschlossenen Musikanten gehörten dem Pfeiferkönigtum an, das ein Reichslehen im Besitz des Grafen von Rappoltstein war. Ihre Schutzpatronin war die Hl. Jungfrau Maria, der die Kapelle in Dusenbach geweiht war. Ihr jährliches Zusammentreffen fand (und findet) am Pfeifertag, dem 8. September, dem Fest Mariä Geburt in Rappoltsweiler (Ribeauvillé) statt und war Anlass eines großen Jahrmarkts, der Besucher aus der ganzen Region anzog.. 1791, im Zuge der Revolution und der Abschaffung der Zünfte, verschwand das Fest, aber der Jahrmarkt kehrte bereits 1802 in Form einer Kilbe oder Kirchweih zurück. Erst 1890 knüpfteder Pfeifertag wieder an die Tradition an. Jedes Jahr bis 1949 wurde ein Straßentheater mit einem mittelalterlichen Thema, von den Einwohnern von Ribeauvillé inszeniert und aufgeführt. Diese Tradition wich einem Umzug mit Musik und Wagen, bei dem das historische Thema im Mittelpunkt steht, aber von Anspielungen auf aktuelle Ereignisse begleitet wird. Die Wagen nehmen seit 1906 am Umzug teil und wurden dank des Erfindungsreichtums der Verbände und Unternehmen von Jahr zu Jahr gigantischer. In den1930er Jahren löste das städtische Festkomitee die Feuerwehr bei der Organisation des Pfeifertags ab und versuchte, einen Kompromiss zwischen historischer Tradition und kommerzieller Dimension zu finden. | ||
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+ | '''Eine besondere Symbolik''' | ||
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+ | Auf den 1958 aufgenommenen Bildern sind die Zünfte nicht präsent, ein Zeichen dafür, dass durch den neuen Impuls der Stadtverwaltung wieder der Jahrmarkt – der kleine Junge des Filmenden fährt Karussell – und vor allem die historische Rekonstruktion im Mittelpunkt stehen. Viele Einheimische und wie es scheint auch Ausländer (eine Marienfahne mit polnischer Inschrift) haben den Umzug lange im Voraus vorbereitet, ihre Kostüme angefertigt und die musikalischen Darbietungen einstudiert. Ein Mittelalter aus dem Bilderbuch, nach Art der französischen Abenteuerserie ''Thierry la Fronde'', die Frankreich ab 1963 faszinierte, mit zerschlissenen Lumpen, dem unvermeidlichen Ritter in Rüstung auf seinem Pferd, einem König, Trommlern und Pfeifenspielern. Daneben besteht ein Bezug zur neueren Geschichte des Elsass, mit den bäuerlichen Festtagstrachten und der berühmten Schleifenhaube. Jean Allenbach zeigt das Spektakel aus vielen verschiedenen Blickwinkeln, zögert nicht, auf einen Wagen zu steigen, für eine kurze Kamerafahrt nach vorne, eine junge, halb amüsierte, halb erstaunte Elsässerin in Tracht aus der Froschperspektive zu filmen oder sich fast in die Mitte des Kreises der Volkstänzer zu drängen. Auf diese Weise verleiht er einem ziemlich braven Umzug eine gewisse Dynamik, denn wir sind hier weit entfernt von den Provokationen in der Renaissance oder der kommerziellen Maßlosigkeit zwischen den beiden Weltkriegen. Es ist eine historische Veranstaltung, man kann die Freude am Umzug in den Gesichtern der Teilnehmer ablesen, aber die Zuschauer werden nicht mitgerissen. | ||
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+ | '''Das Kulturerbe im Rampenlicht''' | ||
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+ | Jean Allenbach lebte in den 1960er und 1970er Jahren in Madagaskar, wo er unter anderem für Peugeot im Import-Export tätig war. Es scheint, dass er etwa alle drei Jahre für drei Monate Urlaub nach Frankreich zurückgekehrt ist. Mit seiner 8mm-Kamera drehte er vor allem Reisefilme, die sich auf das kulturelle Erbe konzentrieren. In Ribeauvillé filmte er mit langen Einstellungen und leichten Kamerabewegungen die Sehenswürdigkeiten der Stadt, unter anderem den Renaissance-Brunnen mit seinem Löwen und den Metzgerturm, erkennbar an seiner großen Uhr, am Rathausplatz. Er lenkt sein Objektiv auch auf ein riesiges Storchennest an der Spitze eines Kirchturms, das Wahrzeichen des Elsass schlechthin. | ||
+ | |Bibliographie=Paul-André Bechler, ''Les couloirs du temps du Pfifferdaj de Ribeauvillé. De la légende à la fête'', Ingersheim, édition à compte d'auteur, 2005. | ||
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+ | François Thirion, « Le Pfifferdaj, la fête des faiseurs de fête », ''Revue d’Alsace'', n°141, 2015, p. 321-344. | ||
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Version actuelle datée du 15 mars 2019 à 16:02
Résumé
Description
Défilé d'une fanfare, drapeaux français accrochés aux maisons un peu partout, le beffroi
JL dans un manège en salopette jaune
Personnes en tenues traditionnelles alsaciens, un chevalier en armure sur un cheval, une dame en robe médiévale, un ménestrel, diverses personnes en tenues médiévales (hommes et femmes) circulent dans la rue.
[images sombres]
Cortèges, chars avec une église modèle réduit.
[Belles séquences]
Défilé, un enfant porte une pancarte "Hayange", plusieurs groupes défilent (à pieds, à cheval, hommes, femmes et enfants en costumes médiévaux ou alsaciens), fanfares, porte-drapeau
Groupe effectuent des danses traditionnelles (médiévales?)
Contexte et analyse
Treize ans après la libération définitive de l’Alsace, les plaies de l’annexion commencent à se refermer. Le procès de Bordeaux contre les soldats alsaciens incorporés (de force ou non) dans la Wehrmacht impliqués dans le massacre d’Oradour-sur-Glane a fédéré la région contre le verdict ; le procès de Metz, puis Lyon contre les responsables du camp de concentration du Natzweiler a permis de pacifier un peu la mémoire de ce lieu. Les Trente Glorieuses et l’essor du tourisme culturel et gastronomique font de l’Alsace une terre prospère, où les traditions sont maintenues ou réactivées.
La fête des Ménétriers
Le Pfifferdaj est considérée comme la plus vieille fête d’Alsace, attestée par une charte de 1400, mais ayant sans doute vu le jour dès le début du XIVe siècle. Les ménétriers réunis en confrérie sont des musiciens qui se donnent le seigneur de Ribeaupierre comme roi et Notre Dame de Dusenbach pour sainte patronne. Chaque année, le 8 septembre, ils se réunissent à Ribeauvillé lors du Jour des joueurs de pipeau (Pfeifertag), occasion d’une grande foire attirant les visiteurs de toute la région. Si la fête disparaît en 1791 sous le coup de la suppression révolutionnaire des corporations, la foire fait son retour dès 1802 sous la forme d’une kilbe, ou fête foraine de village. Il faut attendre 1890 pour que le Pfeifertag renoue avec la tradition. Chaque année jusqu’en 1949 est donnée en représentation une pièce de théâtre de rue à thématique médiévale mise en scène et jouée par les Ribeauvilléens. Cette tradition se perd au profit d’un cortège en musique de chars où le thème historique, prépondérant, défile à côté d’allusions à l’actualité. Les chars sont apparus en 1906, et ont gagné en gigantisme avec des corporations et des entreprises qui font assaut d’inventivité. Dans les années 1930, le comité des fêtes municipal prend le relais des pompiers dans l’organisation du Pfeifertag en tentant d’établir le compromis entre tradition historique et dimension commerciale.
Une reconstitution appliquée
Les corporations ne sont pas présentes sur les images tournées en 1958, signe que la nouvelle impulsion donnée par la municipalité a bien recadré la fête vers sa nature foraine – le petit garçon du cinéaste fait un tour de manège – et surtout la reconstitution historique. De nombreux habitants du cru, et semble-t-il des étrangers (un étendard à la Vierge porte une mention en polonais), ont préparé longuement le défilé en confectionnant leurs costumes et en peaufinant les démonstrations musicales. Un Moyen Age fantasmé, digne de la série télévisée Thierry la Fronde qui fascinera la France à partir de 1963, déploie ses oripeaux avec l’inévitable chevalier en armure sur son cheval, un roi, des joueurs de tambour et de pipeau. Il cohabite avec une référence plus récente à l’histoire alsacienne avec les costumes paysans d’apparat et la fameuse coiffe. Jean Allenbach multiplie les points de vue, n’hésitant pas à monter sur un char pour un court travelling avant, à filmer en contre-plongée une jeune Alsacienne en costume traditionnel, mi amusée, mi étonnée, où à s’immiscer presque au milieu de la ronde de danseurs folkloriques. Ainsi dynamise-t-il un cortège assez sage, loin des provocations de la Renaissance ou de la démesure commerciale de l’entre-deux-guerres. L’Histoire est bien au rendez-vous, la joie de défiler se lit sur les villages, mais le carnaval n’entraîne pas les spectateurs dans la danse.
Le patrimoine à l’honneur
Jean Allenbach a vécu à Madagascar dans les années 1960 et 1970 où il était commercial dans l’import-export, pour Peugeot notamment. Il semble qu'il revenait en France environ tous les trois ans pour trois mois de congés. Avec sa caméra 8mm, il réalise surtout des films de voyage qui placent la focale sur le patrimoine culturel. À Ribeauvillé, il réalise de longs plans en léger travelling pour décrire les monuments de la ville, en particulier la fontaine renaissance surmontée de son lion et la tour des Bouchers reconnaissable à sa grande horloge, place de l’Hôtel de ville. Il fixe aussi son objectif sur un immense nid de cigogne au somment d’un clocher, emblème s’il en est de la région.Bibliographie
Paul-André Bechler, Les couloirs du temps du Pfifferdaj de Ribeauvillé. De la légende à la fête, Ingersheim, édition à compte d'auteur, 2005.
Article rédigé par
ALEXANDRE SUMPF, 15 janvier 2019