Visite du général Leclerc à Strasbourg (0021FN0004) : Différence entre versions
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+ | |Resume_fr=Visite du général Leclerc à Strasbourg pour le deuxième anniversaire de la libération de la ville en 1944. | ||
+ | |Contexte_et_analyse_fr=Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat. | ||
+ | [[Fichier:Jeep alsaciennes.jpg|vignette|Une Jeep de la 2e DB @ ECPAD]] | ||
+ | Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national. | ||
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+ | '''Leclerc en terre conquise''' | ||
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+ | Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard. | ||
+ | [[Fichier:L'alsace libérée.jpg|vignette|Premier numéro de ''L'Alsace libérée'' @ BNUS]] | ||
+ | Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Si Robert-Charles Weiss jouit d’une remarquable liberté de filmer au plus près du héros du jour ([[Leclerc_à_Strasbourg_(0005FH0006)|Leclerc à Strasbourg]]), Émile Breesé doit se démener pour capter quelques images dans la cohue indescriptible née de la présence de Leclerc. Son film, plus court, ne fait pas concurrence aux Actualités filmées. Plus fragmentaire, il plonge le spectateur d'aujourd'hui dans l'expérience du simple citoyen de 1946 plongé au cœur de la foule : ce jour-là, il était impossibilité de saisir l'ensemble de ce qui se déroulait, et chacun n'a pu apercevoir qu'une bribe fugace du général libérateur. Confronté à ces difficultés, le cinéaste semble d'ailleurs avoir renoncé en partie à filmer, ou son montage postérieur a éliminé les bougés qui ne devaient pas manquer. Deux éléments lient ces quelques dizaines de secondes au reportage embarqué de Weiss: les drapeaux tricolores qui pendent en bouquets à toutes les fenêtres, signe du caractère populaire de cette journée mémorable, et le caractère somme toute élitiste de la visite, qui se déroule en partie derrière les grilles du palais Rohan avec son cortège de voitures décapotables de luxe. | ||
+ | |Bibliographie=Jacques Granier, ''Et Leclerc prit Strasbourg'', Strasbourg, Nuée Bleue, 1994. | ||
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+ | Jean-Chistophe Notin, ''Leclerc'', Paris, Perrin, 2005. | ||
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Version actuelle datée du 4 novembre 2019 à 10:06
Résumé
Contexte et analyse
Deux ans jour pour jour après sa libération, l’Alsace n’est pas encore tout à fait remise des épreuves de l’annexion allemande du 27 novembre 1940. Sous la férule nazie, la répression politique constante avec l’internement au camp du Struthof, l’expulsion brutale des Juifs spoliés, l’incorporation de force des jeunes hommes dans la Wehrmacht et la collaboration laissent des traces profondes. La région sort également meurtrie des bombardements alliés, la population se sent stigmatisée du fait de la mise en cause des « malgré-nous » dans la destruction d’Oradour-sur-Glane. Cependant, la fin de la guerre a apporté un soulagement pour beaucoup, et nombreux sont ceux qui rivalisent dans la démonstration de leur amour de la France – d’autant que la République ne commet pas l’erreur de 1919 et de la mise sous tutelle par un commissariat.
Pour le second anniversaire de ces quelques jours qui ont ébranlé l’Alsace revient des colonies où il continue de servir la nation le général Philippe Leclerc de Hauteclocque, commandant de la 2ème division blindée ou 2ème DB. Débarquée le 1er août 1944 à Utah Beach, héroïne de la libération de Paris trois semaines plus tard, l’unité des Forces françaises libres parvient en Alsace après avoir été stoppée par la ligne de défense allemande dans les Vosges. Son contournement par une manœuvre rapide ouvre la voie de Strasbourg que Leclerc avait juré de libérer dans le serment de Koufra du 2 mars 1941 : « Jurez de ne déposer les armes que lorsque nos couleurs, nos belles couleurs, flotteront sur la cathédrale de Strasbourg ». C’est chose faite le 23 novembre, deux jours après celle de Mulhouse par le général Béthouart remonté de Provence où il avait débarqué le 15 août. La guerre n’est pas finie, puisque la contre-offensive Nordwind menace sérieusement la ville en janvier 1945, et que les combats pour la réduction de la poche de Colmar se rangent parmi les plus âpres de la reconquête du territoire national.
Leclerc en terre conquise
Philippe de Hauteclocque (1902-1947) est un militaire de carrière qui a choisi la cavalerie ; une chute de cheval le handicape à vie et le rend aisément reconnaissable. Fait prisonnier, relâché et blessé à la tête pendant la campagne de France, le capitaine refuse la défaite et rejoint Londres dès le 24 juillet 1940. Ayant pris le nom de guerre de Leclerc, il y fait la conquête de De Gaulle, qui le promeut et l’envoie en Afrique équatoriale française. C’est là qu’il s’empare d’une oasis, Koufra, et fait avec ses 300 hommes le fameux serment. Jusqu’en 1944, il unifie la future armée de libération, et réorganise sa 2ème division blindée sur le modèle américain. C’est sur son insistance et celle de De Gaulle que les Américains autorisent sa division placée sous tutelle du général Patton à foncer sur Paris en août 1944 pour forcer les Allemands à renoncer à la capitale insurgée. Une fois l’Allemagne soumise, Leclerc part pour l’Asie, reçoit la reddition japonaise avec les Alliés, et entame la reconquête de l’Indochine qui s’achève en mai 1946. Son ascension s’arrête brusquement : promu général de division, il devient inspecteur des forces terrestres en Afrique du Nord en juillet 1946, où il périt dans un accident d’avion un an et demi plus tard.
Auréolé de sa victoire en Indochine mais humilié par sa rétrogradation, Leclerc ne boude pas le plaisir d’un bain brûlant de ferveur populaire. S’il partage avec Rol-Tanguy la gloire d’avoir libéré Paris, nul ne conteste ce que proclament calicots et panneaux les 22 et 23 novembre 1946 en Alsace. Si Robert-Charles Weiss jouit d’une remarquable liberté de filmer au plus près du héros du jour (Leclerc à Strasbourg), Émile Breesé doit se démener pour capter quelques images dans la cohue indescriptible née de la présence de Leclerc. Son film, plus court, ne fait pas concurrence aux Actualités filmées. Plus fragmentaire, il plonge le spectateur d'aujourd'hui dans l'expérience du simple citoyen de 1946 plongé au cœur de la foule : ce jour-là, il était impossibilité de saisir l'ensemble de ce qui se déroulait, et chacun n'a pu apercevoir qu'une bribe fugace du général libérateur. Confronté à ces difficultés, le cinéaste semble d'ailleurs avoir renoncé en partie à filmer, ou son montage postérieur a éliminé les bougés qui ne devaient pas manquer. Deux éléments lient ces quelques dizaines de secondes au reportage embarqué de Weiss: les drapeaux tricolores qui pendent en bouquets à toutes les fenêtres, signe du caractère populaire de cette journée mémorable, et le caractère somme toute élitiste de la visite, qui se déroule en partie derrière les grilles du palais Rohan avec son cortège de voitures décapotables de luxe.Personnages identifiés
Bibliographie
Jacques Granier, Et Leclerc prit Strasbourg, Strasbourg, Nuée Bleue, 1994.
Article rédigé par
ALEXANDRE SUMPF, 25 mars 2019