Défilé militaire à Griesheim (0093FH0003) : Différence entre versions
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La libération est généralement accueillie avec joie par les Alsaciens. Elle donne lieu à des fêtes organisées par les localités afin de célébrer leurs libérateurs. Elles se déroulent généralement après la fin du conflit, lorsque la sécurité est assurée et que les troupes sont libérées des combats. Paul Muller filme la fête se déroulant à Griesheim-près-Molsheim en 1945, certainement durant l’été ou au début de l’automne. Le cinéaste immortalise l’événement qui s’apparente aux fêtes dont les villageois ont l’habitude, comme le Messti ou le carnaval, qui rassemblent habituellement la population à la différence près que, pour la victoire, le cortège est mené par la troupe. | La libération est généralement accueillie avec joie par les Alsaciens. Elle donne lieu à des fêtes organisées par les localités afin de célébrer leurs libérateurs. Elles se déroulent généralement après la fin du conflit, lorsque la sécurité est assurée et que les troupes sont libérées des combats. Paul Muller filme la fête se déroulant à Griesheim-près-Molsheim en 1945, certainement durant l’été ou au début de l’automne. Le cinéaste immortalise l’événement qui s’apparente aux fêtes dont les villageois ont l’habitude, comme le Messti ou le carnaval, qui rassemblent habituellement la population à la différence près que, pour la victoire, le cortège est mené par la troupe. | ||
− | [[Fichier:messtispindler.jpeg|300px|thumb|left|Spindler, Charles (1865-1938). Illustrateur. La fête = Der Messti. 1909. Source: Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.]]Des plans fixes, parfois tremblant, capturent la procession durant laquelle différents groupes se succèdent dans un village orné d’une multitude de drapeaux tricolores. Tout d’abord les libérateurs, des soldats le fusil à l’épaule portant des casques américains défilent au pas. Ils sont suivis par des civils à cheval ainsi que des chariots décorés et chargés de fillettes en costumes traditionnels puis par les pompiers du village reconnaissable à leurs casques étincelants. Une fanfare réunissant civils et militaires animent la fête. Viennent ensuite les filles du village, elles aussi en costumes traditionnels, les plus âgées en tête, les plus jeunes à l’arrière juste avant le reste des habitants, notables en tête, qui | + | [[Fichier:messtispindler.jpeg|300px|thumb|left|Spindler, Charles (1865-1938). Illustrateur. La fête = Der Messti. 1909. Source: Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.]]Des plans fixes, parfois tremblant, capturent la procession durant laquelle différents groupes se succèdent dans un village orné d’une multitude de drapeaux tricolores. Tout d’abord les libérateurs, des soldats le fusil à l’épaule portant des casques américains défilent au pas. Ils sont suivis par des civils à cheval ainsi que des chariots décorés et chargés de fillettes en costumes traditionnels puis par les pompiers du village reconnaissable à leurs casques étincelants. Une fanfare réunissant civils et militaires animent la fête. Viennent ensuite les filles du village, elles aussi en costumes traditionnels, les plus âgées en tête, les plus jeunes à l’arrière juste avant le reste des habitants, notables en tête, qui accompagnent les officiers français venus assistés aux festivités. |
Paul Muller filme plusieurs fois ce même défilé depuis plusieurs lieux dans le village, plus à l’aise avec les plans fixes, il ne parvient parfois pas à stabiliser sa caméra en mouvement, donnant lieu à des transitions agitées. Arrivé sur la place de l’église reconnaissable en arrière-plan, il prend une série de portraits de jeunes gens : des Alsaciennes en costumes traditionnels posent accompagnées de soldats, des cavaliers, un pompier ainsi que des enfants. La bobine se termine par la procession des charrettes décorées par les villageois ainsi que par un défilé de garçons en uniforme. Ces derniers ont sans doute bien vite jeté leurs autours de la Hitlerjungend pour reprendre les couleurs des mouvements scouts. | Paul Muller filme plusieurs fois ce même défilé depuis plusieurs lieux dans le village, plus à l’aise avec les plans fixes, il ne parvient parfois pas à stabiliser sa caméra en mouvement, donnant lieu à des transitions agitées. Arrivé sur la place de l’église reconnaissable en arrière-plan, il prend une série de portraits de jeunes gens : des Alsaciennes en costumes traditionnels posent accompagnées de soldats, des cavaliers, un pompier ainsi que des enfants. La bobine se termine par la procession des charrettes décorées par les villageois ainsi que par un défilé de garçons en uniforme. Ces derniers ont sans doute bien vite jeté leurs autours de la Hitlerjungend pour reprendre les couleurs des mouvements scouts. |
Version du 5 janvier 2020 à 19:00
Résumé
Contexte et analyse
En mai 1940, l’armée française s’écroule face à l’offensive allemande contre laquelle elle n’est pas bien préparée. A la tête du gouvernement français, le maréchal Pétain signe l’armistice le 22 juin sur les lieux mêmes de celui de 1918, volonté d’Hitler pour humilier la France. S’en suit une partition du territoire qui plonge le pays dans une division forcée : la zone occupée au nord et sur la côte ouest régie par les Allemands, la zone libre au sud sous la direction du régime de Vichy et l’Alsace-Moselle annexées de fait par le Reich.
Persuadés que les Alsaciens sont de races allemandes, les autorités nazies s’acharnent à intégrer la population de la région dans le Reich et dans l’idéologie nationale-socialiste. Celle-ci passe par la mise en place du parti et de ses composantes, par la germanisation de tout ce qui rappelle le français et par une répression forte. L’incorporation de force des hommes dans la Wehrmacht et la SS représente l’apogée des souffrances des Alsaciens, leurs enfants étant envoyés sur le front de l’Est combattre pour leur ennemi.
Le parti tente de s’infiltrer dans toutes les strates de la population pour exercer son influence et surveiller. Si certains Alsaciens embrassent de bon cœur la cause nazie, par conviction ou opportunisme, la plupart n’ont cependant pas le choix d’intégrer le parti ou ses composantes et ne participent que contraints et forcés aux activités nazies. Ainsi quand les Alliés libèrent la région, la population accueillent généralement bien ces libérateurs venus d’outre-Vosges et d’outre-Atlantique.En effet le 6 juin 1944, les Alliés débarquent en Normandie et envahissent l’Europe occupée depuis plus de quatre années par l’Allemagne nazie. A l’automne, la majeure partie de la France est libérée et les troupes alliées sont aux portes du Reich. L’Alsace est l’une des dernières portions du territoire qui restent aux mains de l’occupant qui s’apprête à la défendre âprement. Fin novembre 1944, les troupes françaises entament la reconquête de la région perdue, la 1ère armée française libère Mulhouse le 21 novembre et Leclerc libère Strasbourg le 23. Après ces succès rapides, les combats s’enlisent durant l’un des hivers les plus terribles du siècle, la Wehrmacht parvenant à se maintenir jusqu’au 9 février dans la poche de Colmar et même jusqu’en mars sur la Moder. La guerre se termine le 8 mai 1945, laissant la région dévastée par quatre ans d’occupation et des mois de combats terribles.
Un défilé à graver dans les mémoires
La libération est généralement accueillie avec joie par les Alsaciens. Elle donne lieu à des fêtes organisées par les localités afin de célébrer leurs libérateurs. Elles se déroulent généralement après la fin du conflit, lorsque la sécurité est assurée et que les troupes sont libérées des combats. Paul Muller filme la fête se déroulant à Griesheim-près-Molsheim en 1945, certainement durant l’été ou au début de l’automne. Le cinéaste immortalise l’événement qui s’apparente aux fêtes dont les villageois ont l’habitude, comme le Messti ou le carnaval, qui rassemblent habituellement la population à la différence près que, pour la victoire, le cortège est mené par la troupe.
Des plans fixes, parfois tremblant, capturent la procession durant laquelle différents groupes se succèdent dans un village orné d’une multitude de drapeaux tricolores. Tout d’abord les libérateurs, des soldats le fusil à l’épaule portant des casques américains défilent au pas. Ils sont suivis par des civils à cheval ainsi que des chariots décorés et chargés de fillettes en costumes traditionnels puis par les pompiers du village reconnaissable à leurs casques étincelants. Une fanfare réunissant civils et militaires animent la fête. Viennent ensuite les filles du village, elles aussi en costumes traditionnels, les plus âgées en tête, les plus jeunes à l’arrière juste avant le reste des habitants, notables en tête, qui accompagnent les officiers français venus assistés aux festivités.Paul Muller filme plusieurs fois ce même défilé depuis plusieurs lieux dans le village, plus à l’aise avec les plans fixes, il ne parvient parfois pas à stabiliser sa caméra en mouvement, donnant lieu à des transitions agitées. Arrivé sur la place de l’église reconnaissable en arrière-plan, il prend une série de portraits de jeunes gens : des Alsaciennes en costumes traditionnels posent accompagnées de soldats, des cavaliers, un pompier ainsi que des enfants. La bobine se termine par la procession des charrettes décorées par les villageois ainsi que par un défilé de garçons en uniforme. Ces derniers ont sans doute bien vite jeté leurs autours de la Hitlerjungend pour reprendre les couleurs des mouvements scouts.
Ainsi le cinéaste donne à voir l’expression collective de la joie de la libération dans un village qui semble avoir échappé aux combats de la libération et qui n’a donc pas subit la violence des bombardements. C'est un moment important, historique, pour les habitants ce qui explique que le cinéaste amateur y consacre plusieurs minutes de pellicule. Paul Muller filme ainsi la face la plus visible de la fin de la guerre, les difficultés du retour à la France et de l’épuration ne se perçoivent pas derrière les visages souriants, les costumes colorés et la multitude de drapeaux qui flottent sur les maisons.Bibliographie
BOPP Marie-Joseph, Histoire de l’Alsace sous l’occupation allemande 1940-1945, Colmar, Editions Place Stanislas, 2011.
Article rédigé par
Bapstiste Picard, 03 janvier 2020
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