Foire exposition au Wacken E (0021FN0002) : Différence entre versions
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− | |Resume_fr=Emile Breesé filme le pavillon de la radio lors de la « Foire européenne de Strasbourg ». Nous pouvons retrouver plusieurs marques de radio, ainsi que plusieurs boutiques de Strasbourg qui y sont présentes. | + | |Resume_fr=Emile Breesé filme le premier pavillon de la radio lors de la « Foire européenne de Strasbourg » en 1936. Nous pouvons retrouver plusieurs marques de radio, ainsi que plusieurs boutiques de Strasbourg qui y sont présentes. |
|Description_fr=Le film débute par un plan en plongée sur la foire-exposition du Wacken. Nous apercevons deux personnes qui doivent faire partie des exposants. Dans l’allée il y a deux autres personnes qui discutent ensemble. On semble pouvoir lire sur un écriteau sur un stand : SOLURA. Ensuite la caméra se déplace, et nous laisse apercevoir entre deux stands une roue dans laquelle des objets sont exposés et sur laquelle il est écrit T.S.F. Sur le stand à sa suite on peut lire : « Pierre Benjamin ». Il y a ensuite un changement de plan on voit le pavillon en entier et où l’on peut lire une multitude de marques comme SIREST, PATHE, ET ERLECO, etc. Des gens sont présents dans les allées entre les stands. Il y a ensuite un changement de plan ou Emile Breesé présente particulièrement le stand de Pierre Benjamin. Avant d’avoir un autre changement de plan. Il se repositionne en hauteur au centre de la foire exposition et filme en plongée sur les stands. Notre œil est directement attiré par le panneau SIREST au centre de la foire. Emile Breesé filme ensuite les allées. La qualité est assez mauvaise, mais nous pouvons apercevoir un homme en face du caméraman. Nous pouvons lire au-dessus de lui, le nom du stand à sa gauche qui se nomme Radio Ronex. Il y a un dernier changement de plan, mais l’image reste de mauvaise qualité et on peut apercevoir un homme qui traverse l’allée. | |Description_fr=Le film débute par un plan en plongée sur la foire-exposition du Wacken. Nous apercevons deux personnes qui doivent faire partie des exposants. Dans l’allée il y a deux autres personnes qui discutent ensemble. On semble pouvoir lire sur un écriteau sur un stand : SOLURA. Ensuite la caméra se déplace, et nous laisse apercevoir entre deux stands une roue dans laquelle des objets sont exposés et sur laquelle il est écrit T.S.F. Sur le stand à sa suite on peut lire : « Pierre Benjamin ». Il y a ensuite un changement de plan on voit le pavillon en entier et où l’on peut lire une multitude de marques comme SIREST, PATHE, ET ERLECO, etc. Des gens sont présents dans les allées entre les stands. Il y a ensuite un changement de plan ou Emile Breesé présente particulièrement le stand de Pierre Benjamin. Avant d’avoir un autre changement de plan. Il se repositionne en hauteur au centre de la foire exposition et filme en plongée sur les stands. Notre œil est directement attiré par le panneau SIREST au centre de la foire. Emile Breesé filme ensuite les allées. La qualité est assez mauvaise, mais nous pouvons apercevoir un homme en face du caméraman. Nous pouvons lire au-dessus de lui, le nom du stand à sa gauche qui se nomme Radio Ronex. Il y a un dernier changement de plan, mais l’image reste de mauvaise qualité et on peut apercevoir un homme qui traverse l’allée. | ||
− | |Contexte_et_analyse_fr=Les foires-expositions sont issues d’une longue tradition qu’on pourrait remonter | + | |Contexte_et_analyse_fr=Les foires-expositions sont issues d’une longue tradition qu’on pourrait faire remonter jusqu’aux foires du Moyen Âge. On en retrouve trace tout au long du XIX siècle à travers des expositions comme celle de Vienne en 1835 sur l’artisanat. Il existe aussi les grandes manifestations internationales, dont les plus connues sont les expositions universelles. À Strasbourg, les expositions se développent après l’annexion par le Reich allemand en 1871, sous l'impulsion des chambres de commerces et d’industrie. La première, « l’exposition industrielle et artisanale du parc de l’Orangerie », se tient en 1895. Les expositions sur différentes thématiques se succèdent. La ville de Strasbourg encourage ces démarches et crée un service spécifique. Ainsi entre 1895 et 1914, ce ne sont pas moins de huit expositions qui se déroulent à Strasbourg. Lorsque Strasbourg redevient française en 1918, les expositions continuent à rythmer le calendrier. Dès 1919 a lieu une exposition pour célébrer le retour de l’Alsace à la France. En outre, Strasbourg par sa position à la frontière, joue un rôle de vitrine de son pays. De tout nouveaux pavillons sont créés au Wacken, un quartier choisi car il est desservi par le tram. Ces expositions sont des évènements publicitaires et commerciaux. Dès 1923, on essaye d’instaurer une foire annuelle à Strasbourg, mais il faudra attendre 1926 pour que la foire-exposition du Wacken devienne un rendez-vous régulier, chaque automne. La première foire de 1926, focalisée sur la gastronomie, remporte un véritable succès. En réponse à cette première réussite, il est décidé de construire une plus grande galerie. C’est Paul Doppf qui est chargé de la construction. Il décide de rénover les bâtiments déjà existants, d’aménager le terrain et de construire le Grand Palais. Ce dernier, achevé durant l’été 1927, devient un symbole de la modernité. À partir de 1927, la Foire-exposition gastronomique de Strasbourg est nommée : « Foire-Exposition de Strasbourg »<ref>BACHMANN Claire, BEIL Marie et BURCKEL Franck, Rétro d'expos : quarante ans d'expositions : Strasbourg 1895-1937, Barr, Le Verger Editeur, 2017, p 67</ref>. Elle s’ouvre ainsi à toutes les activités économiques, et les différents pavillons ont chacun sa spécialité. Très vite la foire-exposition de Strasbourg a pour but de devenir internationale et pour ce faire encourage les exposants à venir de tous les pays frontaliers. Le succès mitigé amène la décision de changer le nom en 1933 et de l’appeler « Foire européenne de Strasbourg »<ref>Ibid., p74</ref>. Le film amateur qui nous est offert de voir a été filmé par Émile Breesé. Il nous présente ici uniquement un pavillon. |
=== Les foires-expositions, entre propagande et vente === | === Les foires-expositions, entre propagande et vente === | ||
− | Les foires-exposition peuvent se développer à Strasbourg grâce aux facilités de transport. En effet la ville est particulièrement bien desservie par les chemins de fer. Un service de la mairie est dédié aux expositions et à la propagande. De 1919 à 1935, on peut retrouver dans les comptes rendus administratifs | + | Les foires-exposition peuvent se développer à Strasbourg grâce aux facilités de transport. En effet la ville est particulièrement bien desservie par les chemins de fer. Un service de la mairie est dédié aux expositions et à la propagande. De 1919 à 1935, on peut retrouver dans les comptes rendus administratifs un « office municipal de propagande et des expositions », qui demeure mal connu. Les dossiers personnels de personnes ayant travaillé en son sein comme celui de Charles Baruthio<ref>Archive municipale de Strasbourg : 72 W 1760</ref> qui en fut le responsable à partir de 1927, permettent heureusement d'en savoir un peu plus. Son poste de responsable pour l'organisation de la foire du Wacken, indique qu'on lui assigne le rôle de mettre en valeur la ville de Strasbourg, ainsi que son industrie. |
− | Les foires-expositions du Wacken ont également comme but d’attirer les touristes. Dès la fin de la guerre, des projets sont imaginés afin d’attirer des visiteurs à Strasbourg | + | Les foires-expositions du Wacken ont également comme but d’attirer les touristes. Dès la fin de la guerre, des projets sont imaginés afin d’attirer des visiteurs à Strasbourg. C’est toute la famille qui est ciblée, ainsi un feu d’artifice appelé « la fête de la nuit » est organisé en même temps que la foire-exposition. Il y a également des courses de tricycle et de trottinettes, ainsi que des concours de poupée qui s'y déroulent. Afin de rendre populaire la foire-exposition, de la publicité est mise en place à travers des affiches. Ces affiches ont pour but de faire venir le plus grand nombre de personnes. Ainsi en 1931 près de 51 000 francs sont investis dans la propagande en France, mais aussi dans les autres pays européens. Cependant, la volonté politique d'attirer les des touristes se solde par un semi-échec. Le public est fortement local, tendance entretenue par la distribution gratuite de tickets d’entrées aux employés municipaux. |
− | ===Un pavillon | + | === Un pavillon autour de la radio === |
− | Emile Breesé était passionné d’équipement radio. Il a travaillé dans la | + | Emile Breesé était passionné d’équipement radio. Il a travaillé dans le domaine de la radiophonie. Ce n’est donc pas étonnant qu’il décide de filmer le pavillon dédié à l’audiovisuel. Il semblerait que les images qu’il nous montre ont été filmées lors de la foire-exposition de 1936. Pour la première fois depuis la création de cette foire, la radio est présente. Ce n’est donc pas étonnant qu’Émile Breesé décide de filmer ce pavillon, pour montrer le développement de son équipement de travail, son violon d’Ingres. En effet nous pouvons retrouver plusieurs brèves dans des organes de presse de l’époque comme dans le Nouveau Journal du 11 septembre 1936, qui souligne l’importance de ce premier salon<ref>Archive municipale de Strasbourg : 234 MW 385</ref>. Ce lieu est véritablement mis en avant à travers le discours par Monsieur Wolff, représentant du pavillon, le jour de l’inauguration. Les exposants essayent également de mettre en avant leur stand grâce une loterie gratuite. Elle a pour but d’attirer le plus grand nombre de visiteurs à travers les différents prix offert. |
− | + | Nous pouvons retrouver plusieurs stands issus de l’audiovisuel comme Pathé ou bien encore Solura, deux grandes marques provenant de pays différents. Solura est une marque belge et Pathé est une marque française, signe de l’internationalisation de la foire. Afin que le pavillon reste agréable, tous les exposants doivent faire fonctionner leur appareil sur le même poste émetteur<ref>Ibid.</ref>. | |
− | + | La radio connaît un véritable essor durant l’entre-guerre. C’est en 1920 que naissent les premiers postes de Radio. En France naît un modèle de double secteur, ou radio privée et radio publique coexiste cote à côte. Ainsi au début des années 30, ils existent treize émetteurs privés. Cependant à partir de 1933, une reprise en main du réseau par l’état a lieu. L’instauration de la redevance en mai 1933 rend les stations publiques dépendantes, elles sont privées des revenus publicitaires en 1935. | |
− | Il y a également | + | La croissance des équipements radios est constante. En 1933, il y a 1,3 million de postes de radio en France. En 1938, il y a 4,7 millions de récepteurs. C’est une industrie en plein essor. Il y a également de plus en plus de programmes. La journée radiophonique s’allonge. En 1930, elle dure 5 heures, alors qu’en 1935, des stations diffusent entre 17h et 18h de programme<ref>CHAUVEAU Agnès, Introduction à l'histoire des médias en France de 1881 à nos jours, Paris, Armand Colin, 1999, p35</ref>. Ce nouveau média invente ses propres formats. Les journées radiophoniques commencent le matin avec de la musique, des revues de presse et des nouvelles, de la météorologie. Le soir, il y a des retransmissions de radio-concert. Les stations privées inventent des formulent d’émissions comme radio-crochet ou la course au trésor. L’information joue un rôle important dans la programmation de la radio. Elle représente plus de 20 % du temps de diffusions entre 1930 et 1939. Dans un premier temps, les informations sont reprises et lues des journaux, et la radio n’est qu’un relais. Mais peu à peu à travers le sport plus précisément le Tour de France, la radio essaye de créer ses propres reportages. En 1935 un véritable conflit oppose les journaux et la radio. Les journaux voient dans la radio un véritable concurrent. La radio est également de plus en plus utilisée dans la politique et même dans les campagnes à partir de 1932 et des essais d’André Tardieu lors des élections législatives françaises. En 1934, Gaston Doumergue utilise les ondes pour la première fois afin de parler directement à la nation |
− | + | ===Des entreprises locales à l'honneur=== | |
− | + | Des vendeurs locaux sont également mis en valeur: Pierre Benjamin possédait un magasin de vente de postes de radio, qui se trouvait au 8, avenue des Vosges. Son étal est ici, lors de la foire-exposition remplie de poste de radio, afin de montrer les différents modèles en vente. La foire-exposition de Strasbourg essaye toujours de mettre en avant les entreprises locales. Emile Breesé a l’air de s’intéresser à eux, car il les filme plusieurs fois: nous pouvons penser qu’ils se connaissaient. Ainsi lorsqu’il filme en plongée, il fait un zoom sur le stand, tenu par un homme et une femme. Lors du dernier plan, il filme à nouveau le stand de Pierre Benjamin. Un homme s’avance vers lui, on peut supposer qu’il s’agit du propriétaire du stand, mais l’image est trop sombre pour nous permettre de le distinguer. | |
− | + | La foire-exposition de Strasbourg promeut également d’autres boutiques de radio de Strasbourg comme Radio Rone, qui était situé au numéro quatre de la place de l’Homme de Fer (voir annexe 2). Il vendait des radios à tous les prix mais devait faire face à une grosse concurrence. En effet à Strasbourg il existait une multitude d’autres magasins de Radio comme Radio d’Alsace, Radio Bourse, Radio-Braun , Radio Jost ou encore Schmid Dubled. Ces boutiques vendaient des modèles similaires (voir annexe 1). | |
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− | BACHMANN Claire, BEIL Marie et BURCKEL Franck, Rétro d'expos : | + | C’est également le cas de l’entreprise locale Elcosa, fondée en 1924. Elle crée des récepteurs de TSF (Télégraphie sans fil) qui sont des postes émetteur et le plus souvent récepteur de radio utilisant des ondes hertziennes<ref>HAU Michel et VOGLER Bernard, Histoire économique de l‘Alsace, Strasbourg, la Nuée bleu, 1997, p279</ref>. Dans les années 1930, Elcosa est agréé comme fournisseur de matériel électrique et radioélectrique des ministères de la Guerre et de la Marine. L'usine située à la Meinau produit à partir de 1932 des récepteurs américains et sort de nombreux récepteurs comme : Le modèle Tetradyne créée en 1932. Le modèle : Pentadyne en bois, le deuxième modèle est créé en 1933, il est composé de 3 lampes-écran, une penthode (diode), il est en monoréglage, il comporte un Cadran lumineux, ainsi que 3 boutons et ce modèle coûtait 1650 francs français. Un autre modèle : l'Hexadyne était en bois, et fut créée en 1932, il est composé de : six lampes dont une valve, il est en monoréglage, comporte des Haut-parleurs licence Thomson-Houston et ce modèle coûtait 2 550 francs français. D’autres modèles ont vu le jour avec des noms plus explicites comme le Troubadour de 1934 qui a également un boîtier en bois, il coûtait 1850 francs français. À Strasbourg, la boutique se situait de 1928 à 1934 au 4 Rue des Francs-Bourgeois, puis en 1934-1935 au 3 Rue Schertz avant de revenir en 1935 au 4 rue des Francs-Bourgeois. Elcoas possédait également une succursale à Mulhouse à partir de 1935 au 24 rue des Maréchaux, et enfin a ouvert un magasin de vente au 26 rue de la Pépinière à Paris en 1931. |
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+ | Dans un premier temps nous pourrions croire que ce pavillon n’attire pas les foules. En effet quand Émile Breesé filme lors des premières secondes, les allées du pavillon ont l’air vides. Cependant lorsque Émile Breesé change de plan et fait un plan en plongée sur tout le hall du pavillon à huit secondes, l’image change et nous laisse découvrir qu’il y a beaucoup de visiteurs. Les allées sont remplies, ce qui nous montre la réussite de la foire-exposition et du pavillon qui intéresse bon nombre de personnes. | ||
+ | |Bibliographie=ALMEIDA Fabrice, ''Histoire des médias en France : de la Grande guerre à nos jours'', Paris, Flammarion 2003 | ||
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+ | BACHMANN Claire, BEIL Marie et BURCKEL Franck, ''Rétro d'expos : quarante ans d'expositions : Strasbourg 1895-1937'', Barr, Le Verger Editeur, 2017 | ||
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+ | CHAUVEAU Agnès, ''Introduction à l'histoire des médias en France de 1881 à nos jours'', Paris, Armand Colin, 1999 | ||
HAU Michel et VOGLER Bernard, ''Histoire économique de l‘Alsace'', Strasbourg, la Nuée bleu, 1997 | HAU Michel et VOGLER Bernard, ''Histoire économique de l‘Alsace'', Strasbourg, la Nuée bleu, 1997 | ||
− | KAUFFMANN Vincent et WENDLING Phillipe, ''Strasbourg au fil des commerces 1900-1930 | + | KAUFFMANN Vincent et WENDLING Phillipe, ''Strasbourg au fil des commerces 1900-1930'', Ars-sur-Moselle, Serge Domini éditeur, 2015. |
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+ | SARG Freddy, ''Le Wacken, Strasbourg,'' Oberlin, 1985. | ||
+ | |Documents_annexes=[[Fichier:Pub_radio_ronex.png|200px|thumb|left| Publicité ''Radio Ronex'']] Issu des publicités de ''La Tribune juive : organe indépendant du judaïsme de l'Est de la France'', le 25 décembre 1936. Nous y retrouvons Radio-Ronex. | ||
+ | Disponible sous : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6290442w/f1 | ||
− | + | [[Fichier:Radio-Ronex.png|200px|thumb|left| La devanture de la boutique de Radio-Ronex]] | |
− | + | [[Fichier:Radio_Elcosa.png|200px|thumb|left|Publicité pour le nouveau modèle de radio : Le Pentadyne]] | |
− | + | [[Fichier:Foire-Exposition_de_Strasbourg_1931.png|200px|thumb|left|Exemple d'affiche utilisé lors des Foires-Expositions à Strasbourg]] | |
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Version actuelle datée du 6 mars 2020 à 17:35
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
Le film débute par un plan en plongée sur la foire-exposition du Wacken. Nous apercevons deux personnes qui doivent faire partie des exposants. Dans l’allée il y a deux autres personnes qui discutent ensemble. On semble pouvoir lire sur un écriteau sur un stand : SOLURA. Ensuite la caméra se déplace, et nous laisse apercevoir entre deux stands une roue dans laquelle des objets sont exposés et sur laquelle il est écrit T.S.F. Sur le stand à sa suite on peut lire : « Pierre Benjamin ». Il y a ensuite un changement de plan on voit le pavillon en entier et où l’on peut lire une multitude de marques comme SIREST, PATHE, ET ERLECO, etc. Des gens sont présents dans les allées entre les stands. Il y a ensuite un changement de plan ou Emile Breesé présente particulièrement le stand de Pierre Benjamin. Avant d’avoir un autre changement de plan. Il se repositionne en hauteur au centre de la foire exposition et filme en plongée sur les stands. Notre œil est directement attiré par le panneau SIREST au centre de la foire. Emile Breesé filme ensuite les allées. La qualité est assez mauvaise, mais nous pouvons apercevoir un homme en face du caméraman. Nous pouvons lire au-dessus de lui, le nom du stand à sa gauche qui se nomme Radio Ronex. Il y a un dernier changement de plan, mais l’image reste de mauvaise qualité et on peut apercevoir un homme qui traverse l’allée.
Contexte et analyse
Les foires-expositions sont issues d’une longue tradition qu’on pourrait faire remonter jusqu’aux foires du Moyen Âge. On en retrouve trace tout au long du XIX siècle à travers des expositions comme celle de Vienne en 1835 sur l’artisanat. Il existe aussi les grandes manifestations internationales, dont les plus connues sont les expositions universelles. À Strasbourg, les expositions se développent après l’annexion par le Reich allemand en 1871, sous l'impulsion des chambres de commerces et d’industrie. La première, « l’exposition industrielle et artisanale du parc de l’Orangerie », se tient en 1895. Les expositions sur différentes thématiques se succèdent. La ville de Strasbourg encourage ces démarches et crée un service spécifique. Ainsi entre 1895 et 1914, ce ne sont pas moins de huit expositions qui se déroulent à Strasbourg. Lorsque Strasbourg redevient française en 1918, les expositions continuent à rythmer le calendrier. Dès 1919 a lieu une exposition pour célébrer le retour de l’Alsace à la France. En outre, Strasbourg par sa position à la frontière, joue un rôle de vitrine de son pays. De tout nouveaux pavillons sont créés au Wacken, un quartier choisi car il est desservi par le tram. Ces expositions sont des évènements publicitaires et commerciaux. Dès 1923, on essaye d’instaurer une foire annuelle à Strasbourg, mais il faudra attendre 1926 pour que la foire-exposition du Wacken devienne un rendez-vous régulier, chaque automne. La première foire de 1926, focalisée sur la gastronomie, remporte un véritable succès. En réponse à cette première réussite, il est décidé de construire une plus grande galerie. C’est Paul Doppf qui est chargé de la construction. Il décide de rénover les bâtiments déjà existants, d’aménager le terrain et de construire le Grand Palais. Ce dernier, achevé durant l’été 1927, devient un symbole de la modernité. À partir de 1927, la Foire-exposition gastronomique de Strasbourg est nommée : « Foire-Exposition de Strasbourg »[1]. Elle s’ouvre ainsi à toutes les activités économiques, et les différents pavillons ont chacun sa spécialité. Très vite la foire-exposition de Strasbourg a pour but de devenir internationale et pour ce faire encourage les exposants à venir de tous les pays frontaliers. Le succès mitigé amène la décision de changer le nom en 1933 et de l’appeler « Foire européenne de Strasbourg »[2]. Le film amateur qui nous est offert de voir a été filmé par Émile Breesé. Il nous présente ici uniquement un pavillon.
Les foires-expositions, entre propagande et vente
Les foires-exposition peuvent se développer à Strasbourg grâce aux facilités de transport. En effet la ville est particulièrement bien desservie par les chemins de fer. Un service de la mairie est dédié aux expositions et à la propagande. De 1919 à 1935, on peut retrouver dans les comptes rendus administratifs un « office municipal de propagande et des expositions », qui demeure mal connu. Les dossiers personnels de personnes ayant travaillé en son sein comme celui de Charles Baruthio[3] qui en fut le responsable à partir de 1927, permettent heureusement d'en savoir un peu plus. Son poste de responsable pour l'organisation de la foire du Wacken, indique qu'on lui assigne le rôle de mettre en valeur la ville de Strasbourg, ainsi que son industrie.
Les foires-expositions du Wacken ont également comme but d’attirer les touristes. Dès la fin de la guerre, des projets sont imaginés afin d’attirer des visiteurs à Strasbourg. C’est toute la famille qui est ciblée, ainsi un feu d’artifice appelé « la fête de la nuit » est organisé en même temps que la foire-exposition. Il y a également des courses de tricycle et de trottinettes, ainsi que des concours de poupée qui s'y déroulent. Afin de rendre populaire la foire-exposition, de la publicité est mise en place à travers des affiches. Ces affiches ont pour but de faire venir le plus grand nombre de personnes. Ainsi en 1931 près de 51 000 francs sont investis dans la propagande en France, mais aussi dans les autres pays européens. Cependant, la volonté politique d'attirer les des touristes se solde par un semi-échec. Le public est fortement local, tendance entretenue par la distribution gratuite de tickets d’entrées aux employés municipaux.
Un pavillon autour de la radio
Emile Breesé était passionné d’équipement radio. Il a travaillé dans le domaine de la radiophonie. Ce n’est donc pas étonnant qu’il décide de filmer le pavillon dédié à l’audiovisuel. Il semblerait que les images qu’il nous montre ont été filmées lors de la foire-exposition de 1936. Pour la première fois depuis la création de cette foire, la radio est présente. Ce n’est donc pas étonnant qu’Émile Breesé décide de filmer ce pavillon, pour montrer le développement de son équipement de travail, son violon d’Ingres. En effet nous pouvons retrouver plusieurs brèves dans des organes de presse de l’époque comme dans le Nouveau Journal du 11 septembre 1936, qui souligne l’importance de ce premier salon[4]. Ce lieu est véritablement mis en avant à travers le discours par Monsieur Wolff, représentant du pavillon, le jour de l’inauguration. Les exposants essayent également de mettre en avant leur stand grâce une loterie gratuite. Elle a pour but d’attirer le plus grand nombre de visiteurs à travers les différents prix offert.
Nous pouvons retrouver plusieurs stands issus de l’audiovisuel comme Pathé ou bien encore Solura, deux grandes marques provenant de pays différents. Solura est une marque belge et Pathé est une marque française, signe de l’internationalisation de la foire. Afin que le pavillon reste agréable, tous les exposants doivent faire fonctionner leur appareil sur le même poste émetteur[5].
La radio connaît un véritable essor durant l’entre-guerre. C’est en 1920 que naissent les premiers postes de Radio. En France naît un modèle de double secteur, ou radio privée et radio publique coexiste cote à côte. Ainsi au début des années 30, ils existent treize émetteurs privés. Cependant à partir de 1933, une reprise en main du réseau par l’état a lieu. L’instauration de la redevance en mai 1933 rend les stations publiques dépendantes, elles sont privées des revenus publicitaires en 1935.
La croissance des équipements radios est constante. En 1933, il y a 1,3 million de postes de radio en France. En 1938, il y a 4,7 millions de récepteurs. C’est une industrie en plein essor. Il y a également de plus en plus de programmes. La journée radiophonique s’allonge. En 1930, elle dure 5 heures, alors qu’en 1935, des stations diffusent entre 17h et 18h de programme[6]. Ce nouveau média invente ses propres formats. Les journées radiophoniques commencent le matin avec de la musique, des revues de presse et des nouvelles, de la météorologie. Le soir, il y a des retransmissions de radio-concert. Les stations privées inventent des formulent d’émissions comme radio-crochet ou la course au trésor. L’information joue un rôle important dans la programmation de la radio. Elle représente plus de 20 % du temps de diffusions entre 1930 et 1939. Dans un premier temps, les informations sont reprises et lues des journaux, et la radio n’est qu’un relais. Mais peu à peu à travers le sport plus précisément le Tour de France, la radio essaye de créer ses propres reportages. En 1935 un véritable conflit oppose les journaux et la radio. Les journaux voient dans la radio un véritable concurrent. La radio est également de plus en plus utilisée dans la politique et même dans les campagnes à partir de 1932 et des essais d’André Tardieu lors des élections législatives françaises. En 1934, Gaston Doumergue utilise les ondes pour la première fois afin de parler directement à la nation
Des entreprises locales à l'honneur
Des vendeurs locaux sont également mis en valeur: Pierre Benjamin possédait un magasin de vente de postes de radio, qui se trouvait au 8, avenue des Vosges. Son étal est ici, lors de la foire-exposition remplie de poste de radio, afin de montrer les différents modèles en vente. La foire-exposition de Strasbourg essaye toujours de mettre en avant les entreprises locales. Emile Breesé a l’air de s’intéresser à eux, car il les filme plusieurs fois: nous pouvons penser qu’ils se connaissaient. Ainsi lorsqu’il filme en plongée, il fait un zoom sur le stand, tenu par un homme et une femme. Lors du dernier plan, il filme à nouveau le stand de Pierre Benjamin. Un homme s’avance vers lui, on peut supposer qu’il s’agit du propriétaire du stand, mais l’image est trop sombre pour nous permettre de le distinguer.
La foire-exposition de Strasbourg promeut également d’autres boutiques de radio de Strasbourg comme Radio Rone, qui était situé au numéro quatre de la place de l’Homme de Fer (voir annexe 2). Il vendait des radios à tous les prix mais devait faire face à une grosse concurrence. En effet à Strasbourg il existait une multitude d’autres magasins de Radio comme Radio d’Alsace, Radio Bourse, Radio-Braun , Radio Jost ou encore Schmid Dubled. Ces boutiques vendaient des modèles similaires (voir annexe 1).
C’est également le cas de l’entreprise locale Elcosa, fondée en 1924. Elle crée des récepteurs de TSF (Télégraphie sans fil) qui sont des postes émetteur et le plus souvent récepteur de radio utilisant des ondes hertziennes[7]. Dans les années 1930, Elcosa est agréé comme fournisseur de matériel électrique et radioélectrique des ministères de la Guerre et de la Marine. L'usine située à la Meinau produit à partir de 1932 des récepteurs américains et sort de nombreux récepteurs comme : Le modèle Tetradyne créée en 1932. Le modèle : Pentadyne en bois, le deuxième modèle est créé en 1933, il est composé de 3 lampes-écran, une penthode (diode), il est en monoréglage, il comporte un Cadran lumineux, ainsi que 3 boutons et ce modèle coûtait 1650 francs français. Un autre modèle : l'Hexadyne était en bois, et fut créée en 1932, il est composé de : six lampes dont une valve, il est en monoréglage, comporte des Haut-parleurs licence Thomson-Houston et ce modèle coûtait 2 550 francs français. D’autres modèles ont vu le jour avec des noms plus explicites comme le Troubadour de 1934 qui a également un boîtier en bois, il coûtait 1850 francs français. À Strasbourg, la boutique se situait de 1928 à 1934 au 4 Rue des Francs-Bourgeois, puis en 1934-1935 au 3 Rue Schertz avant de revenir en 1935 au 4 rue des Francs-Bourgeois. Elcoas possédait également une succursale à Mulhouse à partir de 1935 au 24 rue des Maréchaux, et enfin a ouvert un magasin de vente au 26 rue de la Pépinière à Paris en 1931.
Dans un premier temps nous pourrions croire que ce pavillon n’attire pas les foules. En effet quand Émile Breesé filme lors des premières secondes, les allées du pavillon ont l’air vides. Cependant lorsque Émile Breesé change de plan et fait un plan en plongée sur tout le hall du pavillon à huit secondes, l’image change et nous laisse découvrir qu’il y a beaucoup de visiteurs. Les allées sont remplies, ce qui nous montre la réussite de la foire-exposition et du pavillon qui intéresse bon nombre de personnes.Lieux ou monuments
Bibliographie
ALMEIDA Fabrice, Histoire des médias en France : de la Grande guerre à nos jours, Paris, Flammarion 2003
BACHMANN Claire, BEIL Marie et BURCKEL Franck, Rétro d'expos : quarante ans d'expositions : Strasbourg 1895-1937, Barr, Le Verger Editeur, 2017
CHAUVEAU Agnès, Introduction à l'histoire des médias en France de 1881 à nos jours, Paris, Armand Colin, 1999
HAU Michel et VOGLER Bernard, Histoire économique de l‘Alsace, Strasbourg, la Nuée bleu, 1997
KAUFFMANN Vincent et WENDLING Phillipe, Strasbourg au fil des commerces 1900-1930, Ars-sur-Moselle, Serge Domini éditeur, 2015.
SARG Freddy, Le Wacken, Strasbourg, Oberlin, 1985.Documents annexes
Disponible sous : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6290442w/f1
Article rédigé par
Jean-Baptiste Roos, 06 janvier 2020
- ↑ BACHMANN Claire, BEIL Marie et BURCKEL Franck, Rétro d'expos : quarante ans d'expositions : Strasbourg 1895-1937, Barr, Le Verger Editeur, 2017, p 67
- ↑ Ibid., p74
- ↑ Archive municipale de Strasbourg : 72 W 1760
- ↑ Archive municipale de Strasbourg : 234 MW 385
- ↑ Ibid.
- ↑ CHAUVEAU Agnès, Introduction à l'histoire des médias en France de 1881 à nos jours, Paris, Armand Colin, 1999, p35
- ↑ HAU Michel et VOGLER Bernard, Histoire économique de l‘Alsace, Strasbourg, la Nuée bleu, 1997, p279