Banquet en l'honneur du général Leclerc (0005FH0006) : Différence entre versions
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+ | |Resume_fr=Fête commémorative de la Libération de Strasbourg en présence du Général Leclerc le 23 novembre 1946. Un banquet, un discours du balcon de l’Hôtel de Ville et la remise des cadeaux sont représentés. | ||
|Contexte_et_analyse_fr=== La Libération de Strasbourg et le général Leclerc == | |Contexte_et_analyse_fr=== La Libération de Strasbourg et le général Leclerc == | ||
− | Le général Philippe François Marie de Hautecloque, dit Leclerc, est intimement lié à l’Histoire de l’Alsace et de la ville de Strasbourg pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce lien est créé symboliquement dès l’année 1941 après la prise de l’oasis de Koufra en février. Le général y fait le serment avec ses hommes de ne déposer les armes que lorsque le drapeau tricolore flottera sur la cathédrale de Strasbourg. La ville devient alors un de ses objectifs centraux. En 1943, il forme la 2ème Division Blindée en Afrique qui sera l’une des forces armées françaises décisives dans la Libération de l’Alsace durant l’hiver 1944-45. La campagne militaire alsacienne se fait progressivement et sur deux fronts. Un au Sud déclenché au niveau de la Trouée de Belfort et l’autre des Vosges centrales. Les armées américaines se sont occupées du Nord de la région. L’armée du Sud est dirigée par le général Béthouart qui libère la ville de Mulhouse le 21 novembre 1944. Deux jours plus tard c’est au tour de Strasbourg d’être libérée par le Général Leclerc après une longue charge démarrée fin octobre dans les Vosges. Le général devient ainsi le personnage emblématique de la Libération de Strasbourg. Deux ans exactement après les faits, il revient pour la première fois dans la ville alsacienne à l’occasion d’une commémoration de grande envergure. Celle-ci commence le 22 novembre 1946 à Saverne et se termine le 24 novembre 1946 à Erstein. Durant ces trois jours, Leclerc suivra le chemin pris lors de la Libération de 1944 et s’arrêtera dans chaque village libéré au cours de la charge. Le 23 novembre, il arrive dans Strasbourg pour une journée organisée autour de la commémoration de la Libération de la ville. Après un passage en revue des troupes sur la place Kléber et une messe à la cathédrale le matin, le général, ainsi qu’un grand nombre de personnalités politiques et militaires, sont invités vers 12 heures à un banquet financé par la Mairie de Strasbourg. Ce banquet sera suivi de discours au balcon de l’Hôtel de Ville devant une Place Broglie noire de monde. C’est le maire de l’époque, Charles Frey, qui parle en premier et remet le diplôme de citoyen d’honneur au général en guise de remerciement symbolique. Dans son discours, Leclerc éprouve dès les premières phrases sa joie de retourner à Strasbourg après deux années d’absence et son émotion face à la restauration progressive de la ville. Il continue en rappelant les faits d’armes qui ont conduit à la Libération et termine son allocution par un cordiale : « Vive l’Alsace, vive la France ! ». Il s’en suit une série de dons offerts par la municipalité et différents corps de l’artisanat strasbourgeois. | + | Le général Philippe François Marie de Hautecloque, dit Leclerc, est intimement lié à l’Histoire de l’Alsace et de la ville de Strasbourg pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce lien est créé symboliquement dès l’année 1941 après la prise de l’oasis de Koufra en février. Le général y fait le serment avec ses hommes de ne déposer les armes que lorsque le drapeau tricolore flottera sur la cathédrale de Strasbourg. La ville devient alors un de ses objectifs centraux. En 1943, il forme la 2ème Division Blindée en Afrique qui sera l’une des forces armées françaises décisives dans la Libération de l’Alsace durant l’hiver 1944-45. La campagne militaire alsacienne se fait progressivement et sur deux fronts. Un au Sud déclenché au niveau de la Trouée de Belfort et l’autre des Vosges centrales. Les armées américaines se sont occupées du Nord de la région. L’armée du Sud est dirigée par le général Béthouart qui libère la ville de Mulhouse le 21 novembre 1944. Deux jours plus tard c’est au tour de Strasbourg d’être libérée par le Général Leclerc après une longue charge démarrée fin octobre dans les Vosges. Le général devient ainsi le personnage emblématique de la Libération de Strasbourg. Deux ans exactement après les faits, il revient pour la première fois dans la ville alsacienne à l’occasion d’une commémoration de grande envergure. Celle-ci commence le 22 novembre 1946 à Saverne et se termine le 24 novembre 1946 à Erstein. Durant ces trois jours, Leclerc suivra le chemin pris lors de la Libération de 1944 et s’arrêtera dans chaque village libéré au cours de la charge. Le 23 novembre, il arrive dans Strasbourg pour une journée organisée autour de la commémoration de la Libération de la ville. Après un passage en revue des troupes sur la place Kléber et une messe à la cathédrale le matin, le général, |
+ | ainsi qu’un grand nombre de personnalités politiques et militaires, sont invités vers 12 heures à un banquet financé par la Mairie de Strasbourg. Ce banquet sera suivi de discours au balcon de l’Hôtel de Ville devant une Place Broglie noire de monde. C’est le maire de l’époque, Charles Frey, qui parle en premier et remet le diplôme de citoyen d’honneur au général en guise de remerciement symbolique. Dans son discours, Leclerc éprouve dès les premières phrases sa joie de retourner à Strasbourg après deux années d’absence et son émotion face à la restauration progressive de la ville. Il continue en rappelant les faits d’armes qui ont conduit à la Libération et termine son allocution par un cordiale : « Vive l’Alsace, vive la France ! ». Il s’en suit une série de dons offerts par la municipalité et différents corps de l’artisanat strasbourgeois. | ||
== Les enjeux d’une commémoration == | == Les enjeux d’une commémoration == | ||
− | Il existe une tension dans la commémoration de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et particulièrement forte dans les années qui suivirent directement 1944 et 1945. Il y a un véritable désir de passer à l’après-guerre et d’en finir avec le passé douloureux. Certains plans du film témoignent de l’importance de l’évènement et de la commémoration : une place Broglie bondée et la présence de caméraman dans les coulisses des cérémonies. Le 23 novembre 1946 devient la commémoration la plus importante depuis la fin de la guerre car elle rassemble pour la première fois les grands libérateurs de Strasbourg en un même lieu. Elle est aussi de grande envergure puisqu’elle dure près de trois jours consécutifs et se déroule dans plusieurs lieux différents. Auprès du général Leclerc on peut voir Jacques Massu, lieutenant-colonel à la 2ème Division Blindée lors des opérations de 1944, présent en 1946 malgré ses multiples déplacements dans le monde. Avec eux, on distingue également Raoul Magrin-Vernerey, adjoint au général commandant supérieur des troupes du Levant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Par leur présence, ce rassemblement détient une importance particulière. La Mairie de Strasbourg a pris soin de ne pas uniquement inviter des personnalités politiques : sur le balcon on distingue à la gauche de Leclerc Marcel-Edmond Naegelen, adjoint au maire de Strasbourg en 1945 puis Ministre de l’Éducation Nationale en 1946. Sur un plan du balcon également, on aperçoit Thérèse de Gargan, l’épouse du Général Leclerc. Le film se divise en trois parties et est assuré par plusieurs personnes. On peut notamment observer dans la scène du balcon la prise, sous différents angles, du moment où Jacques Massu passe devant le Général Leclerc. La première partie du film, bien que courte, est consacrée au banquet organisé en l’honneur des libérateurs. Une deuxième partie montre le discours du maire au cours duquel est décerné au général le titre de citoyen d'honneur. Il s'en suit le discours de Leclerc avec une présentation des deux autres personnalités militaires. La dernière partie, toujours sur le balcon de l’Hôtel de Ville, filme la remise de cadeaux au Général. Ces biens sont tous offerts par les différents corps de l'artisanat strasbourgeois. La Chambre des Métiers, qui est à l'initiative du projet,leur a laissé une entière liberté. Le premier cadeau que l'on aperçoit dans le film est un livre offert par les maitres relieurs de la ville et qui porte l'écusson de la Deuxième Division Blindée. Un plateau sculpté aux armoiries de Strasbourg est offert par Monsieur Deybach, un maitre sculpteur de la ville. Les patrons ferblantiers offrent, quant à eux, un chandelier exécuté par Jules Bayer à Strasbourg s'inspirant du vitrail de la Vierge dans la cathédrale. Un coffre est offert par les maîtres serruriers et exécuté par la maison Breininger de Strasbourg, l'ornementation, avec le blason de la ville, est exécutée par le maître serrurier Albert Meyer. Les vitriers strasbourgeois ont offert un paravent-triptique représentant la cathédrale. Celle ci apparait également sur le tableau offert par les Corporations de l'Habillement strasbourgeoises. Une commode miniature est offerte par le Syndicat du Bois du Bas-Rhin qui regroupe les ébénistes et les menuisiers. | + | Il existe une tension dans la commémoration de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et particulièrement forte dans les années qui suivirent directement 1944 et 1945. Il y a un véritable désir de passer à l’après-guerre et d’en finir avec le passé douloureux. Certains plans du film témoignent de l’importance de l’évènement et de la commémoration : une place Broglie bondée et la présence de caméraman dans les coulisses des cérémonies. Le 23 novembre 1946 devient la commémoration la plus importante depuis la fin de la guerre car elle rassemble pour la première fois les grands libérateurs de Strasbourg en un même lieu. Elle est aussi de grande envergure puisqu’elle dure près de trois jours consécutifs et se déroule dans plusieurs lieux différents. Auprès du général Leclerc on peut voir Jacques Massu, lieutenant-colonel à la 2ème Division Blindée lors des opérations de 1944, présent en 1946 malgré ses multiples déplacements dans le monde. Avec eux, on distingue également Raoul Magrin-Vernerey, adjoint au général commandant supérieur des troupes du Levant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Par leur présence, ce rassemblement détient une importance particulière. La Mairie de Strasbourg a pris soin de ne pas uniquement inviter des personnalités politiques : sur le balcon on distingue à la gauche de Leclerc Marcel-Edmond Naegelen, adjoint au maire de Strasbourg en 1945 puis Ministre de l’Éducation Nationale en 1946. Sur un plan du balcon également, on aperçoit Thérèse de Gargan, l’épouse du Général Leclerc. Le film se divise en trois parties et est assuré par plusieurs personnes. On peut notamment observer dans la scène du balcon la prise, sous différents angles, du moment où Jacques Massu passe devant le Général Leclerc. [[Fichier:article journal.jpg|200px|thumb|right|L'article du journal Honneur et Patrie du 10 décembre 1946]] La première partie du film, bien que courte, est consacrée au banquet organisé en l’honneur des libérateurs. Ce dernier a débuté vers 12h00 directement après la messe qui eut lieu à la cathédrale en fin de matinée. Weiss n'a filmé qu'une table mais on peut aisément distinguer l'importance des invités. Ils correspondent pour la plupart aux personnes invitées à la revue des troupes du début de matinée place Kléber : des adjoints, des députés, des préfets, des sous préfets, des personnalités militaires etc. Le repas est servi par des serveuses portant un costume folklorique alsacien. Si cela peut apparaitre comme un détail, le symbole est particulièrement fort: c'est l'Alsace qui donne le repas aux libérateurs. Convivial et loin de la gastronomie complexe, le cochon à la broche est un repas traditionnel des grandes fêtes alsaciennes. Le folklore et l'identité sont encrés dans ce banquet comme pour montrer que rien n'a été perdu pendant la guerre. Une deuxième partie montre le discours du maire au cours duquel est décerné au général le titre de citoyen d'honneur. Il s'en suit le discours de Leclerc avec une présentation des deux autres personnalités militaires. La dernière partie, toujours sur le balcon de l’Hôtel de Ville, filme la remise de cadeaux au Général. Ces biens sont tous offerts par les différents corps de l'artisanat strasbourgeois. La Chambre des Métiers, qui est à l'initiative du projet,leur a laissé une entière liberté. Le premier cadeau que l'on aperçoit dans le film est un livre offert par les maitres relieurs de la ville et qui porte l'écusson de la Deuxième Division Blindée. Un plateau sculpté aux armoiries de Strasbourg est offert par Monsieur Deybach, un maitre sculpteur de la ville. Les patrons ferblantiers offrent, quant à eux, un chandelier exécuté par Jules Bayer à Strasbourg s'inspirant du vitrail de la Vierge dans la cathédrale. Un coffre est offert par les maîtres serruriers et exécuté par la maison Breininger de Strasbourg, l'ornementation, avec le blason de la ville, est exécutée par le maître serrurier Albert Meyer. Les vitriers strasbourgeois ont offert un paravent-triptique représentant la cathédrale. Celle ci apparait également sur le tableau offert par les Corporations de l'Habillement strasbourgeoises. Une commode miniature est offerte par le Syndicat du Bois du Bas-Rhin qui regroupe les ébénistes et les menuisiers. |
Ce qui ressort particulièrement de ce film est l'ampleur de l'évènement et c'est ce que le réalisateur a voulu démontrer. Les plans sur la foule immense, les festivités et l'attardement sur la remise des cadeaux montrent toute la gratitude de Strasbourg envers ses libérateurs. Si la commémoration a duré près de trois jours, ce film est un parfait témoignage de la cohésion lors des évènements. | Ce qui ressort particulièrement de ce film est l'ampleur de l'évènement et c'est ce que le réalisateur a voulu démontrer. Les plans sur la foule immense, les festivités et l'attardement sur la remise des cadeaux montrent toute la gratitude de Strasbourg envers ses libérateurs. Si la commémoration a duré près de trois jours, ce film est un parfait témoignage de la cohésion lors des évènements. | ||
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+ | == Lieu == | ||
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+ | Hotel de Ville de Strasbourg | ||
+ | |Bibliographie=GRANIER Jacques,FOESSEL Georges,IRJUD Georges, "La Libération de Strasbourg", La Nuée Bleue, 1994 | ||
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+ | NAMER Gérard, "Bataille pour la mémoire", Papyrus, Paris, 1983 | ||
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+ | "L'artisanat strasbourgeois a rendu à Leclerc un témoignage émouvant de reconnaissance" dans: Honneur et Patrie, du vendredi 13 décembre 1946 | ||
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Version actuelle datée du 29 juin 2020 à 08:29
Résumé
Contexte et analyse
La Libération de Strasbourg et le général Leclerc
Le général Philippe François Marie de Hautecloque, dit Leclerc, est intimement lié à l’Histoire de l’Alsace et de la ville de Strasbourg pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce lien est créé symboliquement dès l’année 1941 après la prise de l’oasis de Koufra en février. Le général y fait le serment avec ses hommes de ne déposer les armes que lorsque le drapeau tricolore flottera sur la cathédrale de Strasbourg. La ville devient alors un de ses objectifs centraux. En 1943, il forme la 2ème Division Blindée en Afrique qui sera l’une des forces armées françaises décisives dans la Libération de l’Alsace durant l’hiver 1944-45. La campagne militaire alsacienne se fait progressivement et sur deux fronts. Un au Sud déclenché au niveau de la Trouée de Belfort et l’autre des Vosges centrales. Les armées américaines se sont occupées du Nord de la région. L’armée du Sud est dirigée par le général Béthouart qui libère la ville de Mulhouse le 21 novembre 1944. Deux jours plus tard c’est au tour de Strasbourg d’être libérée par le Général Leclerc après une longue charge démarrée fin octobre dans les Vosges. Le général devient ainsi le personnage emblématique de la Libération de Strasbourg. Deux ans exactement après les faits, il revient pour la première fois dans la ville alsacienne à l’occasion d’une commémoration de grande envergure. Celle-ci commence le 22 novembre 1946 à Saverne et se termine le 24 novembre 1946 à Erstein. Durant ces trois jours, Leclerc suivra le chemin pris lors de la Libération de 1944 et s’arrêtera dans chaque village libéré au cours de la charge. Le 23 novembre, il arrive dans Strasbourg pour une journée organisée autour de la commémoration de la Libération de la ville. Après un passage en revue des troupes sur la place Kléber et une messe à la cathédrale le matin, le général,
ainsi qu’un grand nombre de personnalités politiques et militaires, sont invités vers 12 heures à un banquet financé par la Mairie de Strasbourg. Ce banquet sera suivi de discours au balcon de l’Hôtel de Ville devant une Place Broglie noire de monde. C’est le maire de l’époque, Charles Frey, qui parle en premier et remet le diplôme de citoyen d’honneur au général en guise de remerciement symbolique. Dans son discours, Leclerc éprouve dès les premières phrases sa joie de retourner à Strasbourg après deux années d’absence et son émotion face à la restauration progressive de la ville. Il continue en rappelant les faits d’armes qui ont conduit à la Libération et termine son allocution par un cordiale : « Vive l’Alsace, vive la France ! ». Il s’en suit une série de dons offerts par la municipalité et différents corps de l’artisanat strasbourgeois.
Les enjeux d’une commémoration
Il existe une tension dans la commémoration de la fin de la Seconde Guerre Mondiale et particulièrement forte dans les années qui suivirent directement 1944 et 1945. Il y a un véritable désir de passer à l’après-guerre et d’en finir avec le passé douloureux. Certains plans du film témoignent de l’importance de l’évènement et de la commémoration : une place Broglie bondée et la présence de caméraman dans les coulisses des cérémonies. Le 23 novembre 1946 devient la commémoration la plus importante depuis la fin de la guerre car elle rassemble pour la première fois les grands libérateurs de Strasbourg en un même lieu. Elle est aussi de grande envergure puisqu’elle dure près de trois jours consécutifs et se déroule dans plusieurs lieux différents. Auprès du général Leclerc on peut voir Jacques Massu, lieutenant-colonel à la 2ème Division Blindée lors des opérations de 1944, présent en 1946 malgré ses multiples déplacements dans le monde. Avec eux, on distingue également Raoul Magrin-Vernerey, adjoint au général commandant supérieur des troupes du Levant à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Par leur présence, ce rassemblement détient une importance particulière. La Mairie de Strasbourg a pris soin de ne pas uniquement inviter des personnalités politiques : sur le balcon on distingue à la gauche de Leclerc Marcel-Edmond Naegelen, adjoint au maire de Strasbourg en 1945 puis Ministre de l’Éducation Nationale en 1946. Sur un plan du balcon également, on aperçoit Thérèse de Gargan, l’épouse du Général Leclerc. Le film se divise en trois parties et est assuré par plusieurs personnes. On peut notamment observer dans la scène du balcon la prise, sous différents angles, du moment où Jacques Massu passe devant le Général Leclerc. La première partie du film, bien que courte, est consacrée au banquet organisé en l’honneur des libérateurs. Ce dernier a débuté vers 12h00 directement après la messe qui eut lieu à la cathédrale en fin de matinée. Weiss n'a filmé qu'une table mais on peut aisément distinguer l'importance des invités. Ils correspondent pour la plupart aux personnes invitées à la revue des troupes du début de matinée place Kléber : des adjoints, des députés, des préfets, des sous préfets, des personnalités militaires etc. Le repas est servi par des serveuses portant un costume folklorique alsacien. Si cela peut apparaitre comme un détail, le symbole est particulièrement fort: c'est l'Alsace qui donne le repas aux libérateurs. Convivial et loin de la gastronomie complexe, le cochon à la broche est un repas traditionnel des grandes fêtes alsaciennes. Le folklore et l'identité sont encrés dans ce banquet comme pour montrer que rien n'a été perdu pendant la guerre. Une deuxième partie montre le discours du maire au cours duquel est décerné au général le titre de citoyen d'honneur. Il s'en suit le discours de Leclerc avec une présentation des deux autres personnalités militaires. La dernière partie, toujours sur le balcon de l’Hôtel de Ville, filme la remise de cadeaux au Général. Ces biens sont tous offerts par les différents corps de l'artisanat strasbourgeois. La Chambre des Métiers, qui est à l'initiative du projet,leur a laissé une entière liberté. Le premier cadeau que l'on aperçoit dans le film est un livre offert par les maitres relieurs de la ville et qui porte l'écusson de la Deuxième Division Blindée. Un plateau sculpté aux armoiries de Strasbourg est offert par Monsieur Deybach, un maitre sculpteur de la ville. Les patrons ferblantiers offrent, quant à eux, un chandelier exécuté par Jules Bayer à Strasbourg s'inspirant du vitrail de la Vierge dans la cathédrale. Un coffre est offert par les maîtres serruriers et exécuté par la maison Breininger de Strasbourg, l'ornementation, avec le blason de la ville, est exécutée par le maître serrurier Albert Meyer. Les vitriers strasbourgeois ont offert un paravent-triptique représentant la cathédrale. Celle ci apparait également sur le tableau offert par les Corporations de l'Habillement strasbourgeoises. Une commode miniature est offerte par le Syndicat du Bois du Bas-Rhin qui regroupe les ébénistes et les menuisiers.Ce qui ressort particulièrement de ce film est l'ampleur de l'évènement et c'est ce que le réalisateur a voulu démontrer. Les plans sur la foule immense, les festivités et l'attardement sur la remise des cadeaux montrent toute la gratitude de Strasbourg envers ses libérateurs. Si la commémoration a duré près de trois jours, ce film est un parfait témoignage de la cohésion lors des évènements.
Lieu
Hotel de Ville de StrasbourgBibliographie
GRANIER Jacques,FOESSEL Georges,IRJUD Georges, "La Libération de Strasbourg", La Nuée Bleue, 1994
NAMER Gérard, "Bataille pour la mémoire", Papyrus, Paris, 1983
"L'artisanat strasbourgeois a rendu à Leclerc un témoignage émouvant de reconnaissance" dans: Honneur et Patrie, du vendredi 13 décembre 1946
Article rédigé par
Arnaud Issler, 05 janvier 2020