Ecole à Marlenheim (0019FH0004) : Différence entre versions
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+ | |Resume_fr=En 1941, l’avocat Rodolphe Klein (1899-1975) – maire de Marlenheim de 1945 à 1971 – filme la classe de sa fille Domiane Scheer (née Klein en 1939), en classe à Marlenheim. | ||
+ | Pendant la Seconde Guerre mondiale, les autorités nationales socialistes imposent aux enseignants un programme dont la musique et le sport font partie. | ||
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+ | La musique est « le plus allemand de tous les arts ». Arthur Schopenhauer (1768-1860) va faire une échelle de valeur des arts. En haut, il va mettre la musique, car « c’est l’art du temps et non pas de l’espace, c’est un art spirituel ». La musique a joué un grand rôle dans la formation et l’unification de l’État-nation allemand au XIXe siècle. L’Allemagne a fondé son identité sur les compositeurs, poètes et auteurs germanophones. En 1928, Alfred Rosenberg (1893-1946) – théoricien du parti national-socialiste – crée la Kampf Bund für deutsche Kultur (KfdK). C’est par le biais de cette ligue, qu’il réutilise la musique de ces auteurs pour enseigner aux Allemands ce qui est légitime comme musique. Le mouvement Völkisch, nationaliste allemand, va vouloir faire sortir tout ce qui ne possède pas cette culture allemande... Au niveau musical qu’est-ce qui est permis et non permis ? Le jazz est interdit parce que c’est la musique des afro-américains, une musique d’improvisation et de mélange. Or s’il y a une improvisation on sait où l’on part et l’on sait où l’on va arriver. Tout système totalitaire est anti-improvisation. La musique nazie est donnée à l’avance, les pas sont ordonnés… Au moment de l’annexion en juin 1940, les élèves alsaciens subissent cette regermanisation (Rückdeutschung), ce qui bouleverse le climat scolaire. La journée commence par un chant patriotique et se termine par un chant national-socialiste. Les exercices physiques (Leiberserziehung) forgent le caractère, le courage, et la volonté. Des interventions sur la supériorité de l’esprit germanique, sur les théories raciales, l’idéologie nationale-socialiste, l’histoire de l’Allemagne ont également lieu. C’est l’époque où interviennent les opéras de Richard Wagner (1813-1883) au sein de la société. Tous les opéras de Wagner sont basés sur la mythologie allemande – sauf deux, notamment les Nibelungen – qu’il réutilise, recompose, et compose son opéra à partir de cela. Wagner dit de lui-même, qu’il est un « messie culturel », car il se dit porteur de l’idéal et du sentiment nationaliste allemand. Son opéra aide les Allemands à se réunir, car la seule société homogène est grecque selon lui, une société où tout le monde se ressemble. | ||
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+ | '''La maison d’école de Marlenheim.''' | ||
+ | [[Fichier:Ecole de Marlenheim (1942) ADBR 545D417.png|300px|thumb|right|Ecole de Marlenheim (1942) ADBR 545D417.]] | ||
+ | En 1941, Marlenheim compte une école pour 1600 habitants. 184 élèves dont 94 garçons et 90 filles réparties sur 6 classes. Marlenheim est une commune où la communauté catholique est très présente. L’école compte 176 élèves catholiques pour 8 protestants. Construit au milieu du XIXe siècle en pierre de carrière, le bâtiment d’école se trouve à côté de la mairie. « L’entrée se fait par une véranda en verre. L’étage supérieur est accessible par un escalier extérieur et contient trois salles de classes mal conçues », d’après un rapport daté de 1942. La salle de classe du rez-de-chaussée est utilisée comme jardin d'enfants. Domiane fréquente le jardin d’enfants avec 9 garçons et 9 autres filles (nés en 1936 ou après). Au mur de chaque salle de classe se trouve un crucifix. La séparation de l’État et de l’Église en France (1905) ne s’est pas appliquée en Alsace en vertu du traité de Francfort (10 mai 1871) qui a annexé l’Alsace à l’Empire allemand. On retrouve aussi le portrait du Führer Adolf Hitler (1889-1945) dans chaque salle de classe, pour perpétuer le culte de personnalité voulu par le national-socialisme. | ||
+ | [[Fichier:Salle de classe de Marlenheim (1942) ADBR 545D417.png|300px|thumb|right|Salle de classe de Marlenheim (1942) ADBR 545D417.]] | ||
+ | '''Musique et activités en plein air''' | ||
+ | En 1941, l’avocat Rodolphe Klein (1899-1975) – maire de Marlenheim de 1945 à 1971 – filme la classe de sa fille Domiane Scheer (née Klein en 1939), en classe à Marlenheim. La caméra 8mm reste stable et statique sur les enfants qui bougent, gesticulent et font la farandole. L’église de Marlenheim est perceptible en arrière-plan. Sur la deuxième scène du film, on voit que l’auteur fixe une jeune fille jouant de l’accordéon. Il s’agit de sa fille Domiane. La musique et les activités sportives en plein air sont très importantes dans l’éducation des enfants voulue par le IIIe Reich. Domiane joue de son instrument de musique au centre, les autres qui dansent et chantent de façon collégiale en formant un cercle au milieu d’un jardin. En 1942, le Professeur E.Schelling de Karlsruhe effectue une inspection sanitaire des installations mises à dispositions par les communes pour l’éducation des enfants du Reich. Outre les dimensions des salles de classe, des fenêtres, du nombre de commodités et de la mise en place de canalisations d’eau, l’une des requêtes de l’inspection concerne la présence d’un jardin d’école. « L’école dispose-t-elle d’un jardin scolaire ? Non. La municipalité peut-elle fournir un jardin adapté ? Oui. Taille du jardin ? 200 m2. Emplacement du jardin ? À 600 mètres de l’école. La création d’un jardin scolaire est prévue à la décharge ». Il est possible que cet évènement de danse et de chant dispensé pour la classe dite Kindergarten, se soit déroulé dans ce jardin sous la surveillance de l’institutrice Colette Minder – fille du germaniste Robert Minder (1902-1980), professeur au Collège de France – et de sa collègue. | ||
+ | [[Fichier:Cour de l'école de Marlenheim (1942) ADBR 545D417.png|300px|thumb|right|Cour de l'école de Marlenheim (1942) ADBR 545D417.]] | ||
+ | |Bibliographie=• Archives Départementales du Bas-Rhin : 128 AL 4373 ; 128 AL 4374 ; 128 AL 4375 ; 128 AL 4581 ; 545 D 417 ; 1024 W 21. | ||
+ | • BISCH Yves, Écoles d’Alsace. Les leçons de l’histoire, Mulhouse, Éditions du Rhin, 1996. | ||
+ | • MATCHADO Tamar, La musique comme outil de propagande au service du régime national-socialiste, conférence dispensée à Yad Vashem (Jérusalem) le jeudi 18 juillet 2019 (prise de notes). | ||
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Version actuelle datée du 11 décembre 2020 à 14:57
Résumé
En 1941, l’avocat Rodolphe Klein (1899-1975) – maire de Marlenheim de 1945 à 1971 – filme la classe de sa fille Domiane Scheer (née Klein en 1939), en classe à Marlenheim.
Contexte et analyse
La musique instrumentalisée
La musique est « le plus allemand de tous les arts ». Arthur Schopenhauer (1768-1860) va faire une échelle de valeur des arts. En haut, il va mettre la musique, car « c’est l’art du temps et non pas de l’espace, c’est un art spirituel ». La musique a joué un grand rôle dans la formation et l’unification de l’État-nation allemand au XIXe siècle. L’Allemagne a fondé son identité sur les compositeurs, poètes et auteurs germanophones. En 1928, Alfred Rosenberg (1893-1946) – théoricien du parti national-socialiste – crée la Kampf Bund für deutsche Kultur (KfdK). C’est par le biais de cette ligue, qu’il réutilise la musique de ces auteurs pour enseigner aux Allemands ce qui est légitime comme musique. Le mouvement Völkisch, nationaliste allemand, va vouloir faire sortir tout ce qui ne possède pas cette culture allemande... Au niveau musical qu’est-ce qui est permis et non permis ? Le jazz est interdit parce que c’est la musique des afro-américains, une musique d’improvisation et de mélange. Or s’il y a une improvisation on sait où l’on part et l’on sait où l’on va arriver. Tout système totalitaire est anti-improvisation. La musique nazie est donnée à l’avance, les pas sont ordonnés… Au moment de l’annexion en juin 1940, les élèves alsaciens subissent cette regermanisation (Rückdeutschung), ce qui bouleverse le climat scolaire. La journée commence par un chant patriotique et se termine par un chant national-socialiste. Les exercices physiques (Leiberserziehung) forgent le caractère, le courage, et la volonté. Des interventions sur la supériorité de l’esprit germanique, sur les théories raciales, l’idéologie nationale-socialiste, l’histoire de l’Allemagne ont également lieu. C’est l’époque où interviennent les opéras de Richard Wagner (1813-1883) au sein de la société. Tous les opéras de Wagner sont basés sur la mythologie allemande – sauf deux, notamment les Nibelungen – qu’il réutilise, recompose, et compose son opéra à partir de cela. Wagner dit de lui-même, qu’il est un « messie culturel », car il se dit porteur de l’idéal et du sentiment nationaliste allemand. Son opéra aide les Allemands à se réunir, car la seule société homogène est grecque selon lui, une société où tout le monde se ressemble.
La maison d’école de Marlenheim.
En 1941, Marlenheim compte une école pour 1600 habitants. 184 élèves dont 94 garçons et 90 filles réparties sur 6 classes. Marlenheim est une commune où la communauté catholique est très présente. L’école compte 176 élèves catholiques pour 8 protestants. Construit au milieu du XIXe siècle en pierre de carrière, le bâtiment d’école se trouve à côté de la mairie. « L’entrée se fait par une véranda en verre. L’étage supérieur est accessible par un escalier extérieur et contient trois salles de classes mal conçues », d’après un rapport daté de 1942. La salle de classe du rez-de-chaussée est utilisée comme jardin d'enfants. Domiane fréquente le jardin d’enfants avec 9 garçons et 9 autres filles (nés en 1936 ou après). Au mur de chaque salle de classe se trouve un crucifix. La séparation de l’État et de l’Église en France (1905) ne s’est pas appliquée en Alsace en vertu du traité de Francfort (10 mai 1871) qui a annexé l’Alsace à l’Empire allemand. On retrouve aussi le portrait du Führer Adolf Hitler (1889-1945) dans chaque salle de classe, pour perpétuer le culte de personnalité voulu par le national-socialisme.
Musique et activités en plein air En 1941, l’avocat Rodolphe Klein (1899-1975) – maire de Marlenheim de 1945 à 1971 – filme la classe de sa fille Domiane Scheer (née Klein en 1939), en classe à Marlenheim. La caméra 8mm reste stable et statique sur les enfants qui bougent, gesticulent et font la farandole. L’église de Marlenheim est perceptible en arrière-plan. Sur la deuxième scène du film, on voit que l’auteur fixe une jeune fille jouant de l’accordéon. Il s’agit de sa fille Domiane. La musique et les activités sportives en plein air sont très importantes dans l’éducation des enfants voulue par le IIIe Reich. Domiane joue de son instrument de musique au centre, les autres qui dansent et chantent de façon collégiale en formant un cercle au milieu d’un jardin. En 1942, le Professeur E.Schelling de Karlsruhe effectue une inspection sanitaire des installations mises à dispositions par les communes pour l’éducation des enfants du Reich. Outre les dimensions des salles de classe, des fenêtres, du nombre de commodités et de la mise en place de canalisations d’eau, l’une des requêtes de l’inspection concerne la présence d’un jardin d’école. « L’école dispose-t-elle d’un jardin scolaire ? Non. La municipalité peut-elle fournir un jardin adapté ? Oui. Taille du jardin ? 200 m2. Emplacement du jardin ? À 600 mètres de l’école. La création d’un jardin scolaire est prévue à la décharge ». Il est possible que cet évènement de danse et de chant dispensé pour la classe dite Kindergarten, se soit déroulé dans ce jardin sous la surveillance de l’institutrice Colette Minder – fille du germaniste Robert Minder (1902-1980), professeur au Collège de France – et de sa collègue.
Lieux ou monuments
Bibliographie
• Archives Départementales du Bas-Rhin : 128 AL 4373 ; 128 AL 4374 ; 128 AL 4375 ; 128 AL 4581 ; 545 D 417 ; 1024 W 21.
• BISCH Yves, Écoles d’Alsace. Les leçons de l’histoire, Mulhouse, Éditions du Rhin, 1996.
Article rédigé par
Paul Anthony, 17 septembre 2020
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