Bas:Match de football de Kaltenhouse(0204FS0002) : Différence entre versions

 
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|Contexte_et_analyse_fr='''Kaltenhouse, un village marqué par les destructions de la Seconde Guerre mondiale'''<br>
 
|Contexte_et_analyse_fr='''Kaltenhouse, un village marqué par les destructions de la Seconde Guerre mondiale'''<br>
  
Kaltenhouse est un petit village alsacien, qui se situe dans le département du Bas-Rhin. Dans cet extrait de film amateur, les habitants de Kaltenhouse ont l’air heureux et on ne voit plus de bâtiments ou de maisons détruits. Malgré tout, Kaltenhouse fut un des villages alsaciens le plus détruit durant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque l‘Alsace fut annexée au Troisième Reich en 1940, Kaltenhouse paya un lourd tribut. Ayant servi comme cité de cantonnement aux soldats de la ligne Maginot en 1939 et en 1940, Kaltenhouse a déjà souffert pendant la période connue sous le nom de drôle de guerre, lors de laquelle le village avait  à déplorer ses premières victimes. Entre juin 1940 et janvier 1945, Kaltenhouse devait compter encore d’autres victimes. Parmi les 41 morts, deux sont tombés pour l‘armée française, trente-deux ont été tué au service l‘armée allemande et six en tant que civiles. Le 10 décembre 1944, Kaltenhouse fut libéré par les soldats américains. Dans les deux mois suivants, le Troisième Reich ne voulait pas abandonner l‘Alsace. Ainsi, ils menèrent l‘opération Nordwind. Il s‘agit d‘une des dernières offensives militaires de la Wehrmacht, qui avait comme but de reconquérir le front de l‘Ouest. Entre le 31 décembre 1944 et le 25 janvier 1945, les troupes nazies attaquaient ainsi les villages alsaciens. Le 23 janvier, les avions allemands ont lâché des bombes sur Kaltenhouse, Gries et Weitbruch. A la fin du mois de janvier, les troupes alliées ont réussi à stopper l‘offensive militaire de la Wehrmacht. Lorsque les habitants de Kaltenhouse sont retournés dans leur village, une bonne partie des bâtiments était détruite. Ils retrouvaient un village en ruine, dont quatre-vingts maisons ont été complètement détruites, tandis que la mairie et le clocher furent presque entièrement démolis. Entre 1945 et 1946, donc dans la période de notre film, la reconstruction du village a eu lieu. Avec tous les morts dans les différentes armées et la destruction du village, la Seconde Guerre mondiale a fait de Kaltenhouse un village martyr. Ayant perdu presque un cinquième de la population entre 1931 et 1946, le village a été très fortement marqué par la guerre<ref>« Historique de la Commune », ''Kaltenhouse – Le site officiel de la commune'', [en ligne], URL : http://www.kaltenhouse.fr/crbst_9.html, [consulté le 30 décembre 2020].<br>
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Kaltenhouse est un petit village alsacien, qui se situe dans le département du Bas-Rhin. Dans cet extrait de film amateur, les habitants de Kaltenhouse ont l’air heureux et on ne voit pas de bâtiments ou de maisons détruits. Malgré tout, Kaltenhouse fut un des villages alsaciens le plus détruit durant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque l‘Alsace fut annexée au Troisième Reich en 1940, Kaltenhouse paya un lourd tribut. Ayant servi comme cité de cantonnement aux soldats de la ligne Maginot en 1939 et en 1940, Kaltenhouse a déjà souffert pendant la "Drôle de guerre", lors de laquelle le village déplora ses premières victimes. Entre juin 1940 et janvier 1945, Kaltenhouse compta encore d’autres victimes. Parmi les 41 morts, deux sont tombés pour l'armée française, trente-deux ont été tués au service l‘armée allemande et six en tant que civils. Le 10 décembre 1944, Kaltenhouse fut libéré par les soldats américains. Mais l'opération Nordwind, l'une des dernières offensives militaires de la Wehrmacht, embrasa à nouveau ce coin d'Alsace entre le 31 décembre 1944 et le 25 janvier 1945. Le 23 janvier, les avions allemands lâchèrent des bombes sur Kaltenhouse, Gries et Weitbruch. A la fin du mois de janvier, les troupes alliées réussirent à stopper l'offensive militaire de la Wehrmacht. Lorsque les habitants de Kaltenhouse sont retournés dans leur village, une bonne partie des bâtiments était détruite. Ils retrouvèrent un village en ruine, dont quatre-vingts maisons ont été complètement détruites, tandis que la mairie et le clocher furent presque entièrement démolis. Avec tous les morts dans les différentes armées et la destruction du village, la Seconde Guerre mondiale a fait de Kaltenhouse un village martyr. Ayant perdu presque un cinquième de la population entre 1931 et 1946, le village a été très fortement marqué par la guerre<ref>« Historique de la Commune », ''Kaltenhouse – Le site officiel de la commune'', [en ligne], URL : http://www.kaltenhouse.fr/crbst_9.html, [consulté le 30 décembre 2020].<br>
« La Libération de HAGUNAU et de sa région », ''Airshow de la libération'', [en ligne], URL : http://sites.estvideo.net/airshow-hague/liberation.php, [consulté le 30 décembre 2020].</ref>
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« La Libération de HAGUNAU et de sa région », ''Airshow de la libération'', [en ligne], URL : http://sites.estvideo.net/airshow-hague/liberation.php, [consulté le 30 décembre 2020].</ref> Entre 1945 et 1946, au moment où Robert Guépattre a tourné son film, la reconstruction du village était déjà bien avancée et tout les villageois aspiraient au retour à une vie normale.
  
 
'''La transformation du football alsacien, de la période d‘avant-guerre jusqu‘à la fin de la Seconde Guerre mondiale'''<br>
 
'''La transformation du football alsacien, de la période d‘avant-guerre jusqu‘à la fin de la Seconde Guerre mondiale'''<br>
  
Créée en 1919, la Ligue d‘Alsace de football association, LAFA, est chargée d‘organiser les compétitions de football à l’échelle de l’Alsace. Etant un organe fédéral dépendant de la Fédération française de football, aussi FFF, la LAFA est devenu un des acteurs majeurs du football français dans les années 30 à cause du professionnalisme de certaines équipes alsaciennes, tel que par exemple le FC Mulhouse, le RC Strasbourg et le SR Colmar. 246 clubs et 10.000 licenciés appartenaient en 1939 à la LAFA. Durant les années 30, le football alsacien connaissait une véritable ère de progrès, grâce aux nouvelles réformes et aux nouvelles commissions élues.  
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Créée en 1919, la Ligue d‘Alsace de football association, LAFA, est chargée d‘organiser les compétitions de football à l’échelle de l’Alsace. Etant un organe fédéral dépendant de la Fédération française de football, aussi FFF, la LAFA est devenu un des acteurs majeurs du football français dans les années 30 à cause du professionnalisme de certaines équipes alsaciennes, tel que par exemple le FC Mulhouse, le RC Strasbourg et le SR Colmar. 246 clubs et 10.000 licenciés appartenaient en 1939 à la LAFA. Durant les années 1930, le football alsacien connut une véritable ère de progrès, grâce aux nouvelles réformes et aux nouvelles commissions élues.  
L‘éclatement de la Seconde Guerre mondiale et l’annexion au Troisième Reich marquèrent le début d’une période difficile pour le football alsacien et freinèrent considérablement l‘essor du football local. D‘autant plus, les années de guerre ont remis en doute l‘identité française du football alsacien. Sous l‘occupation nazie, la LAFA a été dissolu et le football alsacien fut placé sous l’égide du ''Gaufachwart Fussball''. Incorporé aux nouvelles compétitions allemandes, le championnat alsacien de football a pu continuer sous contrôle nazi. Sous l‘occupation, le football est devenu un élément important pour les alsaciens pour revendiquer leur identité française. Dès la saison 1940/1941, la ''Gaufachwart Fussball'' a organisé le championnat de Division d‘Honneur. La première saison, le championnat était encore divisé en deux groupes, mais à partir de la deuxième saison, toutes les équipes étaient réunis dans un même groupe. Pour les supporters et les joueurs des clubs alsaciens, la Division d‘Honneur fut la possibilité de lutter passivement contre les Allemands et de revendiquer leur attachement à la France lorsqu‘ils jouaient contre des équipes nazies.  
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L‘éclatement de la Seconde Guerre mondiale et l’annexion au Troisième Reich marquèrent le début d’une période difficile pour le football alsacien et freinèrent considérablement l‘essor du football local. D'autant plus, les années de guerre ont remis en doute l‘identité française du football alsacien. Sous l'occupation nazie, la LAFA fut dissoute et le football alsacien placé sous la tutelle du ''Gaufachwart Fussball''. Incorporé aux nouvelles compétitions allemandes, le championnat alsacien de football a pu continuer sous contrôle nazi. Sous l'occupation, le football est devenu un élément important pour les Alsaciens pour revendiquer leur identité française. Dès la saison 1940/1941, la ''Gaufachwart Fussball'' a organisé le championnat de Division d'Honneur. La première saison, le championnat était encore divisé en deux groupes, mais à partir de la deuxième saison, toutes les équipes étaient réunis dans un même groupe. Pour les supporters et les joueurs des clubs alsaciens, la Division d'Honneur fut la possibilité de lutter passivement contre le nazisme et de revendiquer leur attachement à la France lorsqu‘ils jouaient contre des équipes allemandes.  
Le 22 juillet 1945, la LAFA se réunit pour la première fois après les années néfastes de guerre et se réforme. La période de l’occupation nazie était très difficile pour les clubs alsaciens. Ainsi, après presque six ans de cauchemar, la LAFA annonce la reprise du championnat de football en Alsace. Cette décision a été entendue avec plaisir par les clubs et de nombreux nouveaux clubs se sont créés. 341 clubs attendent patiemment la reprise officielle des championnats amateurs alsaciens lors de la saison 1946/1947. Quant aux équipes professionnelles en Alsace, ils n‘existaient que deux : le FC Mulhouse et le RC Strasbourg. Le SR Colmar a quitté le monde professionnel en 1946 après sa relégation en Division d‘Honneur<ref>« 1939-1949, la renaissance après le cauchemar », ''District d’Alsace de Football'', [en ligne], URL : https://lafa.fff.fr/simple/1939-1949-la-renaissance-apres-le-cauchemar/, [consulté le 30 décembre 2020].</ref>
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Le 22 juillet 1945, la LAFA se réunit pour la première fois après les années néfastes de guerre et se réforme: après presque six ans de cauchemar, la LAFA annonce la reprise du championnat de football en Alsace. Cette décision a été entendue avec plaisir par les footballeurs et de nombreux nouveaux clubs se sont créés. 341 clubs attendent patiemment la reprise officielle des championnats amateurs alsaciens lors de la saison 1946/1947. Quant aux équipes professionnelles en Alsace, ils n‘existaient que deux : le FC Mulhouse et le RC Strasbourg. Le SR Colmar a quitté le monde professionnel en 1946 après sa relégation en Division d‘Honneur<ref>« 1939-1949, la renaissance après le cauchemar », ''District d’Alsace de Football'', [en ligne], URL : https://lafa.fff.fr/simple/1939-1949-la-renaissance-apres-le-cauchemar/, [consulté le 30 décembre 2020].</ref>
  
 
'''Comment est-ce qu‘on jouait du football à l‘époque ?'''<br>
 
'''Comment est-ce qu‘on jouait du football à l‘époque ?'''<br>
  
Venu d’Angleterre, le football est un sport de masse qui s‘est surtout développé pendant la Première Guerre mondiale sur le continent européen. A Noël 1915, des soldats allemands et britanniques ont joué par exemple un match de football amical dans le no man‘s land entre leurs tranchées près de Laventie en France. Dans le film amateur, produit dans les années 1945 ou 1946, quatre équipes différentes participent au tournois, organisé par le village de Kaltenhouse. En jouant leurs matchs sur un terrain sablonneux sans tribunes, on peut voir que les joueurs ne suivent aucune tactique, mais qu‘ils courent plutôt sauvagement et jouent le ballon en avant où que ce soit. Dans certaines situations, beaucoup d‘entre-eux ne frappent même pas la balle, mais perforent des trous d‘air. Même le gardien de but n‘a pas l‘air très doué et joue même sans gants, qui ne sont pas encore obligatoires à l‘époque. Dès la coupe du monde 1970, les gants de gardiens de but deviennent obligatoires, notamment grâce au gardien anglais Gordon Banks qui les porta dans chaque match. A l‘époque, le football n‘était pas caractérisé par la tactique, mais reposait principalement sur la joie de jouer et l‘effort physique. Il est d‘autant plus fascinant que seulement quelques mois ou un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le village de Kaltenhouse organise un tel tournoi avec de nombreuses personnes. En regardant la condition de la pelouse, le manque de lignes marquant le milieu de terrain et de ligne de touche, ainsi que le manque de tribunes, on peut constater que la guerre a frappé Kaltenhouse assez durement. Le manque de dossard souligne cette affirmation. Apparu pour la première fois en 1911 en Australie, les dossards ne sont devenus obligatoires qu’à partir de 1939 lors de matchs internationaux. Il est ainsi très impressionnant que seulement quelques mois ou un ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un si grand nombre de gens soient venus au tournoi supporter les différentes équipes.
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Venu d’Angleterre, le football est un sport de masse qui s‘est surtout développé pendant la Première Guerre mondiale sur le continent européen. A Noël 1915, des soldats allemands et britanniques ont joué par exemple un match de football amical dans le no man‘s land entre leurs tranchées près de Laventie en France. Dans le film amateur, produit dans les années 1945 ou 1946, quatre équipes différentes participent au tournois, organisé par le village de Kaltenhouse. En jouant leurs matchs sur un terrain sablonneux sans tribunes, on peut voir que les joueurs ne suivent aucune tactique, mais qu'ils courent plutôt sauvagement et jouent le ballon en avant où que ce soit. Dans certaines situations, beaucoup d‘entre-eux ne frappent même pas la balle, mais perforent des trous d‘air. Même le gardien de but n'a pas l‘air très doué et joue même sans gants, qui ne sont pas encore obligatoires à l‘époque. Ce n'est que lors de la Coupe du monde 1970 que les gants de gardiens de but devinrent obligatoires, notamment grâce au gardien anglais Gordon Banks qui les portait à chaque match. En 1946, le football n'était pas caractérisé par la tactique, mais reposait principalement sur la joie de jouer et l'effort physique. Il est d‘autant plus fascinant que seulement quelques mois ou un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le village de Kaltenhouse organise un tel tournoi avec de nombreuses personnes. En regardant la condition de la pelouse, le manque de lignes marquant le milieu de terrain et de ligne de touche, ainsi que le manque de tribunes, on peut constater que la guerre a frappé Kaltenhouse assez durement. Le manque de dossard souligne cette affirmation. Apparu pour la première fois en 1911 en Australie, les dossards ne sont devenus obligatoires qu’à partir de 1939 lors de matchs internationaux. Il est ainsi très impressionnant que seulement quelques mois ou un ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un si grand nombre de gens soient venus au tournoi supporter les différentes équipes.
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|Bibliographie=LIGUE ALSACE FOOTBALL, ''Le football tout un monde de passion'', Strasbourg : LAFA, 2003.<br>
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LIGUE D’ALSACE DE FOOTBALL-ASSOCIATION, ''Livre d’or du football alsacien'', Paris/Strasbourg : Publi-promotion conseil, 1978.<br>
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ZALOGA Steven J., ''Operation Nordwind 1945 : Hitler’s last offensive in the West'', Oxford/New York : Osprey, 2010.
 
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Version actuelle datée du 8 janvier 2021 à 10:04


[1] Avertissement[2]

Résumé


Le film reflète les relations sociales et la vie quotidienne dans l’espace rural, à l’aide d’une marche commune vers le terrain, différents matchs de football, des repas en groupe et des conversations amicales après le match.

Description


Tout au début du film amateur, le spectateur voit l’inscription « Arrivée des sociétés sur le terrain ». Maintenant, le spectateur peut voir plusieurs personnes qui marchent ordonnés dans la rue. Plusieurs hommes portent un étendard avec un drapeau. Un peu plus tard, on voit des hommes vêtus en blanc qui jouent plusieurs instruments, à savoir des tambours et divers cuivres. Dans ce train de personnes marchant dans la rue, on peut apercevoir des hommes et des femmes de tout âges, ainsi que des enfants. Tout est très ordonné et personne n’est hors ligne. Peu de temps après, plusieurs hommes en uniforme passent devant la caméra. La perspective change et des hommes en maillot de football sont filmés. Ceux-ci sont suivis par une foule. Maintenant, l’équipe adverse est filmée, qui est également accompagnée d’une foule. Le spectateur voit maintenant une séquence sur laquelle il peut lire les mots « présentation des équipes ». On peut maintenant voir un quarteron d‘hommes en uniforme debout sur la pelouse. Le spectateur voit maintenant un homme en costume avec un chapeau, qui a un bloc-notes à la main. Maintenant, les équipes sont filmées par la caméra. La première équipe porte un maillot rayé avec un pantalon court foncé. La deuxième équipe porte un maillot en forme de V avec un short de couleur claire, tandis que la troisième équipe porte un maillot de couleur claire et un short foncé. Les matchs de football commencent après le carton « coup d’envoi ». Après le carton « Quelques phases du tournoi », les différents matchs commencent. Les deux premières équipes courent sur le terrain et les deux capitaines jouent pour le coup d‘envoie. L‘équipe au short blanc commence de gauche à droite. Dans ce qui suit, on peut voir plusieurs séquences dans lesquelles les joueurs effectuent assez souvent des décalages verticaux dans le jeu. Ensuite, des scènes de zone de but sont montrées, ainsi que des tacles, des conquêtes de balles, des actions dans la surface de réparation, des coups d‘envoie de buts et des remises en jeu. Le carton avec l’inscription « les spectateurs étaient nombreux » permet la transition vers une autre séquence. Plusieurs centaines de spectateurs sont montrés le long des lignes de touche. Certains d‘entre eux sont allongés sur le sol ou assis sur une colline en train de regarder les matchs. Il y a aussi quelques policiers parmi les spectateurs qui regardent le match et assurent également la sécurité. La prochaine séquence montre un va-et-vient des spectateurs. Tous les groupes d‘âges sont représentés sur le terrain. Un extrait est maintenant présenté aux spectateurs dans lequel on peut voir deux hommes qui sont allés chercher quelques choses à manger et à boire. Les remplaçants des deux équipes sont montrés assis sur des bancs en bois le long de la pelouse. A la fin du tournoi, les gens restent encore sur place. Il y a encore quelque chose à manger et à boire sur place, et les gens sont assis sur des bancs et des tables et s‘amusent. On aperçoit des policiers qui sont en train de fumer des cigarettes et un joueur qui est, entouré par des gens, assis sur une table. A la fin, le film nous montre plusieurs serveurs et caissiers qui sont en train de servir les gens et d‘encaisser.

Métadonnées

N° support :  0204FS0002
Date :  Entre 1945 et 1946
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:00:00
Cinéastes :  Guépratte, Roger
Format original :  16 mm
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Football
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Kaltenhouse, un village marqué par les destructions de la Seconde Guerre mondiale

Kaltenhouse est un petit village alsacien, qui se situe dans le département du Bas-Rhin. Dans cet extrait de film amateur, les habitants de Kaltenhouse ont l’air heureux et on ne voit pas de bâtiments ou de maisons détruits. Malgré tout, Kaltenhouse fut un des villages alsaciens le plus détruit durant la Seconde Guerre mondiale. Lorsque l‘Alsace fut annexée au Troisième Reich en 1940, Kaltenhouse paya un lourd tribut. Ayant servi comme cité de cantonnement aux soldats de la ligne Maginot en 1939 et en 1940, Kaltenhouse a déjà souffert pendant la "Drôle de guerre", lors de laquelle le village déplora ses premières victimes. Entre juin 1940 et janvier 1945, Kaltenhouse compta encore d’autres victimes. Parmi les 41 morts, deux sont tombés pour l'armée française, trente-deux ont été tués au service l‘armée allemande et six en tant que civils. Le 10 décembre 1944, Kaltenhouse fut libéré par les soldats américains. Mais l'opération Nordwind, l'une des dernières offensives militaires de la Wehrmacht, embrasa à nouveau ce coin d'Alsace entre le 31 décembre 1944 et le 25 janvier 1945. Le 23 janvier, les avions allemands lâchèrent des bombes sur Kaltenhouse, Gries et Weitbruch. A la fin du mois de janvier, les troupes alliées réussirent à stopper l'offensive militaire de la Wehrmacht. Lorsque les habitants de Kaltenhouse sont retournés dans leur village, une bonne partie des bâtiments était détruite. Ils retrouvèrent un village en ruine, dont quatre-vingts maisons ont été complètement détruites, tandis que la mairie et le clocher furent presque entièrement démolis. Avec tous les morts dans les différentes armées et la destruction du village, la Seconde Guerre mondiale a fait de Kaltenhouse un village martyr. Ayant perdu presque un cinquième de la population entre 1931 et 1946, le village a été très fortement marqué par la guerre[3] Entre 1945 et 1946, au moment où Robert Guépattre a tourné son film, la reconstruction du village était déjà bien avancée et tout les villageois aspiraient au retour à une vie normale.

La transformation du football alsacien, de la période d‘avant-guerre jusqu‘à la fin de la Seconde Guerre mondiale

Créée en 1919, la Ligue d‘Alsace de football association, LAFA, est chargée d‘organiser les compétitions de football à l’échelle de l’Alsace. Etant un organe fédéral dépendant de la Fédération française de football, aussi FFF, la LAFA est devenu un des acteurs majeurs du football français dans les années 30 à cause du professionnalisme de certaines équipes alsaciennes, tel que par exemple le FC Mulhouse, le RC Strasbourg et le SR Colmar. 246 clubs et 10.000 licenciés appartenaient en 1939 à la LAFA. Durant les années 1930, le football alsacien connut une véritable ère de progrès, grâce aux nouvelles réformes et aux nouvelles commissions élues. L‘éclatement de la Seconde Guerre mondiale et l’annexion au Troisième Reich marquèrent le début d’une période difficile pour le football alsacien et freinèrent considérablement l‘essor du football local. D'autant plus, les années de guerre ont remis en doute l‘identité française du football alsacien. Sous l'occupation nazie, la LAFA fut dissoute et le football alsacien placé sous la tutelle du Gaufachwart Fussball. Incorporé aux nouvelles compétitions allemandes, le championnat alsacien de football a pu continuer sous contrôle nazi. Sous l'occupation, le football est devenu un élément important pour les Alsaciens pour revendiquer leur identité française. Dès la saison 1940/1941, la Gaufachwart Fussball a organisé le championnat de Division d'Honneur. La première saison, le championnat était encore divisé en deux groupes, mais à partir de la deuxième saison, toutes les équipes étaient réunis dans un même groupe. Pour les supporters et les joueurs des clubs alsaciens, la Division d'Honneur fut la possibilité de lutter passivement contre le nazisme et de revendiquer leur attachement à la France lorsqu‘ils jouaient contre des équipes allemandes. Le 22 juillet 1945, la LAFA se réunit pour la première fois après les années néfastes de guerre et se réforme: après presque six ans de cauchemar, la LAFA annonce la reprise du championnat de football en Alsace. Cette décision a été entendue avec plaisir par les footballeurs et de nombreux nouveaux clubs se sont créés. 341 clubs attendent patiemment la reprise officielle des championnats amateurs alsaciens lors de la saison 1946/1947. Quant aux équipes professionnelles en Alsace, ils n‘existaient que deux : le FC Mulhouse et le RC Strasbourg. Le SR Colmar a quitté le monde professionnel en 1946 après sa relégation en Division d‘Honneur[4]

Comment est-ce qu‘on jouait du football à l‘époque ?

Venu d’Angleterre, le football est un sport de masse qui s‘est surtout développé pendant la Première Guerre mondiale sur le continent européen. A Noël 1915, des soldats allemands et britanniques ont joué par exemple un match de football amical dans le no man‘s land entre leurs tranchées près de Laventie en France. Dans le film amateur, produit dans les années 1945 ou 1946, quatre équipes différentes participent au tournois, organisé par le village de Kaltenhouse. En jouant leurs matchs sur un terrain sablonneux sans tribunes, on peut voir que les joueurs ne suivent aucune tactique, mais qu'ils courent plutôt sauvagement et jouent le ballon en avant où que ce soit. Dans certaines situations, beaucoup d‘entre-eux ne frappent même pas la balle, mais perforent des trous d‘air. Même le gardien de but n'a pas l‘air très doué et joue même sans gants, qui ne sont pas encore obligatoires à l‘époque. Ce n'est que lors de la Coupe du monde 1970 que les gants de gardiens de but devinrent obligatoires, notamment grâce au gardien anglais Gordon Banks qui les portait à chaque match. En 1946, le football n'était pas caractérisé par la tactique, mais reposait principalement sur la joie de jouer et l'effort physique. Il est d‘autant plus fascinant que seulement quelques mois ou un an après la fin de la Seconde Guerre mondiale, le village de Kaltenhouse organise un tel tournoi avec de nombreuses personnes. En regardant la condition de la pelouse, le manque de lignes marquant le milieu de terrain et de ligne de touche, ainsi que le manque de tribunes, on peut constater que la guerre a frappé Kaltenhouse assez durement. Le manque de dossard souligne cette affirmation. Apparu pour la première fois en 1911 en Australie, les dossards ne sont devenus obligatoires qu’à partir de 1939 lors de matchs internationaux. Il est ainsi très impressionnant que seulement quelques mois ou un ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, un si grand nombre de gens soient venus au tournoi supporter les différentes équipes.

Lieux ou monuments


Kaltenhouse

Bibliographie


LIGUE ALSACE FOOTBALL, Le football tout un monde de passion, Strasbourg : LAFA, 2003.

LIGUE D’ALSACE DE FOOTBALL-ASSOCIATION, Livre d’or du football alsacien, Paris/Strasbourg : Publi-promotion conseil, 1978.

ZALOGA Steven J., Operation Nordwind 1945 : Hitler’s last offensive in the West, Oxford/New York : Osprey, 2010.


Article rédigé par

Pol Wilhelm, 30 décembre 2020


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  3. « Historique de la Commune », Kaltenhouse – Le site officiel de la commune, [en ligne], URL : http://www.kaltenhouse.fr/crbst_9.html, [consulté le 30 décembre 2020].
    « La Libération de HAGUNAU et de sa région », Airshow de la libération, [en ligne], URL : http://sites.estvideo.net/airshow-hague/liberation.php, [consulté le 30 décembre 2020].
  4. « 1939-1949, la renaissance après le cauchemar », District d’Alsace de Football, [en ligne], URL : https://lafa.fff.fr/simple/1939-1949-la-renaissance-apres-le-cauchemar/, [consulté le 30 décembre 2020].