Oberseebach (0052FN0035) : Différence entre versions

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|realisateurs=Meyer, Jean
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|descripteurs=Costume alsacien; Danse (loisir); Fanfare; Vie rurale; fête de village; villageois; appareil photo; sapin; enfants; couples; animation; Oberseebach
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Plan d’ensemble représentant une procession de jeunes gens qui marchent dans la rue (principale?). Certains garçons se chamaillent au premier plan.  A nouveau, plan d’ensemble court mettant en scène d'une part des adolescents en tenue traditionnelle qui se courent après, et d'autre part deux jeunes hommes et une jeune femme habillés très élégamment. L'ambiance semble bonne-enfant et tous sont souriants.  
 
Plan d’ensemble représentant une procession de jeunes gens qui marchent dans la rue (principale?). Certains garçons se chamaillent au premier plan.  A nouveau, plan d’ensemble court mettant en scène d'une part des adolescents en tenue traditionnelle qui se courent après, et d'autre part deux jeunes hommes et une jeune femme habillés très élégamment. L'ambiance semble bonne-enfant et tous sont souriants.  
  
Le plan moyen suivant filme deux entités différentes. Au premier plan, la caméra suit un adolescent en mouvement vêtu d’un costume traditionnel. Au second plan, le cameraman semble retenir son attention sur deux hommes et deux femmes très bien habillés (certainement les mêmes que sur le plan précédant) qui marchent dans la rue. Un des deux hommes porte un appareil photo autour du cou.  A l’arrière plan, on aperçoit une voiture garée devant une maison.  
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Le plan moyen suivant représente deux entités différentes. Au premier plan, la caméra suit un adolescent en mouvement vêtu d’un costume traditionnel. Au second plan, le cameraman semble retenir son attention sur deux hommes et deux femmes très bien habillés (certainement les mêmes que sur le plan précédant) qui marchent dans la rue. Un des deux hommes porte un appareil photo autour du cou.  A l’arrière plan, on aperçoit une voiture garée devant une maison.  
  
 
Plan rapproché d’un homme relativement âgé, souriant, vêtu d’un chapeau et d’un manteau d’hiver. Il semble discuter avec le cameraman.  
 
Plan rapproché d’un homme relativement âgé, souriant, vêtu d’un chapeau et d’un manteau d’hiver. Il semble discuter avec le cameraman.  
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|Contexte_et_analyse_fr==== Oberseebach, un village paysan au coeur de l'Outre-forêt ===
 
|Contexte_et_analyse_fr==== Oberseebach, un village paysan au coeur de l'Outre-forêt ===
 
Le village d’Oberseebach <ref>Aujourd’hui appelé Seebach, après sa fusion avec le village voisin de Niederseebach en 1974</ref> se situe à l’extrême Nord de l’Alsace, à environs 9km au sud de la ville de Wissembourg et de la frontière allemande.  
 
Le village d’Oberseebach <ref>Aujourd’hui appelé Seebach, après sa fusion avec le village voisin de Niederseebach en 1974</ref> se situe à l’extrême Nord de l’Alsace, à environs 9km au sud de la ville de Wissembourg et de la frontière allemande.  
Son histoire début au cours de l’époque romaine. La présence de nombreux tumuli dans les forêts avoisinantes ainsi que les traces d’anciennes routes celtes au départ de Brumath jusqu’à Wissembourg, et donc passants par Oberseebach permettent de confirmer la présence celte dans le village. Avec l’arrivée des Alamans et plus particulièrement des Francs au Vie siècle ap. JC, le christianisme fait son apparition à Oberseebach. La première évocation officielle du village se trouve dans la charte de l’empereur Otton I qui l’évoque comme étant « à la frontière sud de la forêt wissembourgeoise du Mundat (forêt aux alentours de Wissembourg qui s’étend jusque dans la Pfalz) ». Le village aurait, à partir de cette date et jusqu’à la Révolution française, appartenu à l’abbaye de Wissembourg<ref>Knittel G. (chanoine): "Oberseebach", ''Odilien-Kalender für das Jahr 1937''. Cité dans: ''Seebach'', Strasbourg, Editions COPRUR, 1985. p. 167</ref>.  
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Son histoire début au cours de l’époque romaine. La présence de nombreux tumuli dans les forêts avoisinantes ainsi que les traces d’anciennes routes celtes au départ de Brumath jusqu’à Wissembourg, et donc passants par Oberseebach permettent de confirmer la présence celte dans le village. Avec l’arrivée des Alamans et plus particulièrement des Francs au VIe siècle ap. JC, le christianisme fait son apparition à Oberseebach. La première évocation officielle du village se trouve dans la charte de l’empereur Otton I qui l’évoque comme étant « à la frontière sud de la forêt wissembourgeoise du Mundat (forêt aux alentours de Wissembourg qui s’étend jusque dans la Pfalz) ». Le village aurait, à partir de cette date et jusqu’à la Révolution française, appartenu à l’abbaye de Wissembourg<ref>George KNITTEL (chanoine): "Oberseebach", ''Odilien-Kalender für das Jahr 1937''. Cité dans: ''Seebach'', Strasbourg, Editions COPRUR, 1985. p. 167</ref>.  
Selon la description du village faite par le chanoine George Knittel dans le Odilien-Kalender de l’an 1937, les villageois d’Oberseebach seraient des « agriculteurs zélés et très actifs<ref>Ibid., p. 174</ref> ». En parallèle des activités d’élevage, ils exploitaient également leurs terres fertiles qui étaient propices à toutes sortes de cultures (céréales, pomme de terre). Lorsqu’ils ne sont pas aux champs, les habitants consacrent leur temps libre à la religion et aux fêtes locales. La grande particularité de ce village, réside dans la cohabitation fraternelle entre la population catholique et protestante, départagée géographiquement au niveau de la mairie. Les catholiques vivaient au sud, tandis que les protestants réformés habitaient au nord de la mairie. En tant qu'agriculteurs ils avaient pour habitude d'habiter dans des corps de ferme à colombage en forme de U, dont le torchis était recouvert de chaux blanche, donnant un ton uniforme à l'ensemble des habitations du village.  
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Selon la description du village faite par le chanoine George Knittel dans le ''Odilien-Kalender'' de l’an 1937, les villageois d’Oberseebach seraient des « agriculteurs zélés et très actifs<ref>Ibid., p. 174</ref> ». En parallèle des activités d’élevage, ils exploitaient également leurs terres fertiles qui étaient propices à toutes sortes de cultures (céréales, pomme de terre). Lorsqu’ils ne sont pas aux champs, les habitants consacrent leur temps libre à la religion et aux fêtes locales. La grande particularité de ce village réside dans la cohabitation fraternelle entre la population catholique et protestante, départagée géographiquement au niveau de la mairie. Les catholiques vivaient au sud, tandis que les protestants réformés habitaient au nord de la mairie. En tant qu'agriculteurs ils avaient pour habitude d'habiter dans des corps de ferme à colombage en forme de U, dont le torchis était recouvert de chaux blanche, donnant un ton uniforme à l'ensemble des habitations du village.  
 
[[Fichier:Oberseebach, vue partielle. Société du Musée Alsacien, Strasbourg, BNUS, 1913. .jpg|vignette|gauche|Maisons à colombages blanches, typique d'Oberseebach. BNUS, 1913]]
 
[[Fichier:Oberseebach, vue partielle. Société du Musée Alsacien, Strasbourg, BNUS, 1913. .jpg|vignette|gauche|Maisons à colombages blanches, typique d'Oberseebach. BNUS, 1913]]
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=== Les fêtes, moments de joie et d’allégresse  ===
 
=== Les fêtes, moments de joie et d’allégresse  ===
Même si les techniques agricoles se sont très largement mécanisées après la Grande Guerre, en remplaçant progressivement les chevaux et bœufs par des tracteurs, ce qui a permis de rendre la tâche quotidienne un peu plus facile, les habitants d’Oberseebach restaient néanmoins très occupés aux champs et à la ferme pendant la semaine. C’est alors le dimanche et les jours fériés que les villageois profitent de leur temps libre. Le caractère dynamique des oberseebachois n’est pas uniquement valable au travail, mais aussi lors de ces moments de décompression. En effet, les jours chômés étaient synonymes de sorties joyeuses, que ce soit pour aller à l’église ou pour se rendre à la kermesse du village (aussi appelé ''Karwe'' par les habitants), on prenait le temps de quitter ses vêtements de travail et de s’endimancher pour se retrouver mais aussi se rencontrer. Il est relativement délicat de définir exactement de quelle festivité il s’agit dans cette vidéo. De nos jour, le village est connu pour ses festivités de la ''Streisselhochzeit'' (mariage au bouquet de fleur), mais cette dernière n’existe que depuis les années 1980. En 1937 et d’après le chanoine Knittel, le village serait connu pour ses festivités liées à la Fête-Dieu (''Fronleichnam'') mais cette procession ne ressemble pas à celles ayant lieu lors de cette fête. De plus, la scène semble être tournée à la mi-saison, en automne ou au début de l’hiver. Certaines personnes portent des manteaux, des écharpes et des couvre-chefs, alors que d’autres ne portent rien. Il ne doit donc certainement pas faire très froid, ni très chaud. La Fête-Dieu se déroule traditionnellement au mois de juin, ce qui ne correspond pas à la météo figurant dans la vidéo. L’hypothèse la plus probable se porte sur celle de la fête du village, la ''Karwe''. Si l’on se fie aux dates actuelles, elle devait avoir lieu au courant du mois de novembre. Ceci correspondrait à la météo et aussi à l’aspect « laïque » de la fête que retranscrit la vidéo. L'ambiance se veut joyeuse et festive. On imagine un fond sonore composé de cuivres qui accompagne les villageois le long de leur procession. Ne serait-ce pas le fameux Kaarwetànz<ref>Pour plus d'informations à ce sujet: http://www.sammle.org/fr/dr-seebacher-kaarwetanz-la-danse-de-seebach</ref>, la danse du village d'Oberseebach, que l'on aperçoit à la fin de la vidéo? Cette festivité semble d'ailleurs attirer une foule assez conséquente de villageois ou tout simplement de curieux. L'aspect "événementiel" de cette dernière peut notamment être perçu par l'utilisation d'appareil photos et de caméras que notre cameraman filme au cours de sa vidéo. Les temps évoluent, les moeurs changent. Le cinéma et la photographie font désormais partie des habitudes pour capturer des instants inhabituels.  
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Même si les techniques agricoles se sont très largement mécanisées après la Grande Guerre, en remplaçant progressivement les chevaux et bœufs par des tracteurs, ce qui a permis de rendre la tâche quotidienne un peu plus facile, les habitants d’Oberseebach restaient néanmoins très occupés aux champs et à la ferme pendant la semaine. C’est alors le dimanche et les jours fériés que les villageois profitent de leur temps libre. Le caractère dynamique des oberseebachois n’est pas uniquement valable au travail, mais aussi lors de ces moments de décompression. En effet, les jours chômés étaient synonymes de sorties joyeuses, que ce soit pour aller à l’église ou pour se rendre à la kermesse du village (aussi appelé ''Karwe'' par les habitants), on prenait le temps de quitter ses vêtements de travail et de s’endimancher pour se retrouver mais aussi se rencontrer. Il est relativement délicat de définir exactement de quelle festivité il s’agit dans ce film. De nos jours, le village est connu pour ses festivités de la ''Streisselhochzeit'' (mariage au bouquet de fleur), mais elles n’existent que depuis les années 1980. En 1937 et d’après le chanoine Knittel, le village serait connu pour ses festivités liées à la Fête-Dieu (''Fronleichnam'') mais cette procession ne ressemble pas à celles ayant lieu lors de cette fête. De plus, la scène semble être tournée à la mi-saison, en automne ou au début de l’hiver. Certaines personnes portent des manteaux, des écharpes et des couvre-chefs, alors que d’autres ne portent rien. Il ne doit donc certainement pas faire très froid, ni très chaud. La Fête-Dieu se déroule traditionnellement au mois de juin, ce qui ne correspond pas à la météo du film. L’hypothèse la plus probable se porte sur celle de la fête du village, la ''Karwe''. Si l’on se fie aux dates actuelles, elle devait avoir lieu au courant du mois de novembre. Ceci correspondrait à la météo et aussi à l’aspect « laïque » de la fête retranscrit dans les images.  
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L'ambiance se veut joyeuse et festive. Les jeunes gens en costume traditionnel dansent très certainement la branle-double ou la courante, une danse pratiquée en ligne lors de cortège, dont le parcours se fait en sautillant et en zigzagant. L'homme que l'on aperçoit au début du film et aussi à l'avant du cortège brandit un sapin au dessus de sa tête. Il pourrait s'agir d'un arbre de mai, le ''Maibaum'', symbole végétal utilisé lors de danses traditionnelles en Alsace mais plus largement dans tout l'Occident. Cet objet représenterait d'une part, le centre d'une aire réservée à la danse. Dans notre cas, par extension, le commencement du cortège folklorique. Sa symbolique est essentiellement sacrée et surnaturelle, elle représente ainsi le centre du monde. La cime du sapin quant à elle permettrait de relier le monde des vivants aux cieux. Plus largement, le ''Maibaum'' symboliserait également la fertilité, de la terre mais aussi du mariage. Il est de ce fait largement utilisé lors de danses nuptiales. On imagine un fond sonore composé de cuivres qui accompagne les villageois le long de leur procession. Ne serait-ce pas le fameux Kaarwetànz<ref>Pour plus d'informations à ce sujet: http://www.sammle.org/fr/dr-seebacher-kaarwetanz-la-danse-de-seebach</ref>, la danse du village d'Oberseebach, que l'on aperçoit à la fin de la séquence? Cette festivité semble d'ailleurs attirer une foule assez conséquente de villageois ou tout simplement de curieux. L'aspect "événementiel" de cette dernière peut notamment être perçu par l'utilisation d'appareil photos et de caméras que notre cameraman filme au cours de son tournage. Les temps évoluent, les moeurs changent. Le cinéma et la photographie font désormais partie des habitudes pour capturer des instants inhabituels.  
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=== Les costumes traditionnels, marqueurs sociaux du temps qui passe ===
 
=== Les costumes traditionnels, marqueurs sociaux du temps qui passe ===
Ce sont pour ces occasions festives que les costumes traditionnels prennent tout leur sens. Pour reprendre les termes d’André Leroi-Gourhan cités par Marie-Claude Delroeux dans son article<ref>Marie-Clotilde DELROEUX, Seebach et son costume, dans: ''Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est'', n° 12, 1983, p. 240. </ref>, ces derniers sont de réels marqueurs sociaux et permettent une « reconnaissance sociale ». Ceci est d’une importance sans égal, dans une société encore très ritualisée où les mariages n’étaient pas mixtes, d’autant plus dans un village comme Oberseebach où les différents cultes se côtoient. Les costumes traditionnels étaient alors spécifiques à la confession mais aussi à l’âge de celui ou celle qui le porte. Leur omniprésence s’est néanmoins beaucoup estompée dès le début du siècle dernier où la mode contemporaine a eu raison des costumes traditionnels. Ils n’étaient plus portés par l’intégralité de la population, en témoignent les images de la vidéo : au cortège de personnes en habit traditionnel se mêlent des personnes vêtues à la mode de l’époque. L’habit traditionnel ne fait plus partie du quotidien mais est volontiers mis en scène lors de grandes fêtes.  
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[[Fichier:Costumes_de_Seebach.jpg|vignette|droite|Scène de vie quotidienne. A gauche, un couple d'enfants en tenue traditionnelle. A droite, un homme semble travailler l'osier. Le petit garçon et l'homme portent un bonnet morille, tandis que la fille porte un béguin. Planche de Michel Charvet, Coiffes et Costume d'Alsace, Infolio Carnets d'Artistes, 1997.]]
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Ce sont pour ces occasions festives que les costumes traditionnels prennent tout leur sens. Pour reprendre les termes d’André Leroi-Gourhan cités par Marie-Clotilde Delroeux dans son article<ref>Marie-Clotilde DELROEUX, Seebach et son costume, dans: ''Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est'', n° 12, 1983, p. 240. </ref>, ces derniers sont de réels marqueurs sociaux et permettent une « reconnaissance sociale ». Ceci est d’une importance sans égal, dans une société encore très ritualisée où les mariages n’étaient pas mixtes, d’autant plus dans un village comme Oberseebach où les différents cultes se côtoient. Les costumes traditionnels étaient alors spécifiques à la confession mais aussi à l’âge de celui ou celle qui le porte. Leur omniprésence s’est néanmoins beaucoup estompée dès le début du siècle dernier où la mode contemporaine a eu raison des costumes traditionnels. Ils n’étaient plus portés par l’intégralité de la population, en témoignent les images: au cortège de personnes en habit traditionnel se mêlent des personnes vêtues à la mode de l’époque. L’habit traditionnel ne fait plus partie du quotidien mais est volontiers mis en scène lors de grandes fêtes.  
 
Le couvre-chef et la coiffe font entièrement partie des signes distinctifs de l’habillement qui en disent long sur celui qui le porte. Il en est peut-être même le plus important, car on les remarque d’emblée.  Les garçons et jeunes hommes d’Oberseebach portaient notamment des bonnets noirs. Faits de laine tricotée, leur bordure se présente sous la forme d’une natte. La forme générale du chapeau rappelle celui d’une morille, d’où leur nom de « bonnets morilles » ou ''Morischelskapp'' en dialecte.  
 
Le couvre-chef et la coiffe font entièrement partie des signes distinctifs de l’habillement qui en disent long sur celui qui le porte. Il en est peut-être même le plus important, car on les remarque d’emblée.  Les garçons et jeunes hommes d’Oberseebach portaient notamment des bonnets noirs. Faits de laine tricotée, leur bordure se présente sous la forme d’une natte. La forme générale du chapeau rappelle celui d’une morille, d’où leur nom de « bonnets morilles » ou ''Morischelskapp'' en dialecte.  
  
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Les jeunes gens faisant partie du cortège folklorique sont habillés selon les codes protestants. Ainsi les hommes portent un pantalon et une chemise blanche, au-dessus de laquelle ils endossent une petite veste courte, similaire à la redingote, à double rangée de boutons métalliques. Pour parfaire la tenue à l'instar d'une cravate, ils portent un tour de cou noir. Il ne faut pas oublier la fameuse et significative toque des jeunes hommes célibataires et protestants d’Oberseebach en fourrure de putois.
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En ce qui concerne les jeunes femmes, elles portent une chemise en lin blanche retroussée aux manches, qui s’insère dans une jupe noire à broderies fleuries. Par-dessus, elles portent un corselet noir également brodé de fleurs dans lequel est intégré un plastron rigide de forme triangulaire, surplombé sur le torse par un gros noeud généralement de couleur sombre. Le foulard vient également agrémenter la tenue et signifier d’un statut social plus ou moins aisé en fonction de sa taille. La coiffe portée par les danseuses et également la jeune fille prise en gros plan est typique des jeunes femmes protestantes, on l’appelle la ''Rotkapp'' en dialecte alsacien. Il s’agit d’un petit bonnet en brocart généralement rouge (il peut être noir en temps de deuil) sur lequel est fixé un ruban de soie d’une dizaine de centimètres, dont les extrémités sont croisées à l’arrière puis ramenées vers l’avant de la tête où elles se finissent en nœud. Lorsque la femme est mariée, sa coiffe est noire et le nœud se trouve à l’arrière de la tête. Les petites filles quant à elles, portent généralement toujours le béguin. La coiffe et le couvre-chef ne font pas seulement écho de l’appartenance sociale et religieuse de la personne, mais aussi des différents stades de la vie des villageois et villageoises.
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[[Fichier:Michel Jaeger Oberseebach Ducourtioux G btv1b10213573p.jpg|vignette|centré|Couple de jeunes protestants d'Oberseebach en tenue traditionnel. L'homme porte la toque en peau de putois, tandis que la femme porte la coiffe en brocard ornée d'un noeud rouge, la Rotkapp. BNUS, 1900 ]]
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Oberseebach'''</big>
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'''Oberseebach, ein Bauerndorf im Herzen des Outre-Forêt (Unteremwald)'''
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Das Dorf Oberseebach [1] liegt im äußersten Norden des Elsass, etwa 9 km südlich der Stadt Wissembourg und der deutschen Grenze. Seine Geschichte begann in der Römerzeit. Zahlreiche Grabhügel in den umliegenden Wäldern sowie Spuren alter keltischer Straßen von Brumath nach Wissembourg, die somit durch Oberseebach führten, bestätigen die keltische Präsenz im Dorf. Mit der Ankunft der Alamannen und insbesondere der Franken im 6. Jahrhundert n. Chr. zog das Christentum in Oberseebach ein. Die erste offizielle Erwähnung des Dorfes findet sich in der Urkunde von Kaiser Otto I., die es als „an der Südgrenze des Mundatwaldes von Wissembourg (Wald um Wissembourg, der sich bis in die Pfalz erstreckt)“ bezeichnet. Von diesem Zeitpunkt bis zur Französischen Revolution habe das Dorf zum Kloster Weißenburg gehört[2]. Laut Beschreibung des Domherrn George Knittel im ''Odilien-Kalender'' von 1937 sind die Oberseebacher Dorfbewohner „eifrige und sehr aktive Bauern[3]“. Neben der Viehzucht bewirtschafteten sie auch ihr fruchtbares Land, das für alle Arten von Kulturen (Getreide, Kartoffeln) geeignet war. Wenn sie nicht auf den Feldern sind, widmen die Bewohner ihre Freizeit der Religion und den lokalen Festen. Die große Besonderheit dieses Dorfes liegt im brüderlichen Zusammenleben zwischen katholischer und protestantischer Bevölkerung, die auf Höhe des Rathauses voneinander getrennt sind. Die Katholiken lebten im Süden, während die reformierten Protestanten nördlich des Rathauses lebten. Als Bauern lebten sie in U-förmigen Höfen mit Fachwerkhäusern, deren Strohlehm mit weißem Kalk bedeckt war, was allen Häusern im Dorf eine einheitliche Farbe verlieh.
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'''Festtage, Momente der Freude'''
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Obwohl die landwirtschaftlichen Techniken nach dem Ersten Weltkrieg weitgehend mechanisiert wurden, Pferde und Ochsen allmählich durch Traktoren ersetzt wurden, was die tägliche Arbeit etwas erleichterte, hatten die Oberseebacher unter der Woche noch sehr viel auf den Feldern und auf dem Bauernhof zu tun. An Sonn- und Feiertagen genießen die Dorfbewohner dann ihre Freizeit. Der dynamische Charakter der Oberseebacher gilt nicht nur bei der Arbeit, sondern auch in diesen Momenten der Entspannung. In der Tat waren die freien Tage gleichbedeutend mit fröhlichen Ausflügen, sei es in die Kirche oder zum Dorffest (von den Bewohnern auch ''Karwe'' genannt). Man nahm sich die Zeit, aus seiner Arbeitskleidung zu schlüpfen und das  Sonntagsgewand anzuziehen, um sich zu treffen, aber auch, um sich kennenzulernen. Es ist relativ schwierig zu definieren, um welche Art von Fest es sich in diesem Film handelt. Heutzutage ist das Dorf für seine ''Streisselhochzeit'' (Blumenstrauß-Hochzeit) bekannt, aber dieses Fest existiert erst seit den 1980er Jahren. 1937 und laut Beschreibung des Domherrn Knittel war das Dorf für sein Fest zu Fronleichnam bekannt, aber diese Prozession sieht nicht aus wie eine Fronleichnamsprozession. Darüber hinaus scheint die Szene in der Übergangszeit, im Herbst oder im frühen Winter gedreht worden zu sein. Einige Menschen tragen Mäntel, Schals und Kopfbedeckungen, während andere nichts tragen. Es ist also sicher nicht sehr kalt, und auch nicht sehr warm. Das Fronleichnamsfest findet traditionell im Juni statt, was nicht dem Wetter im Film entspricht. Am wahrscheinlichsten ist also, dass es sich um das Dorffest, die ''Karwe'' handelt. Wenn man von den aktuellen Terminen ausgeht, dürfte es im November stattgefunden haben. Dies würde dem Wetter und auch dem „weltlichen“ Aspekt des Festes entsprechen, der in den Bildern zum Ausdruck kommt. Die Atmosphäre ist fröhlich und festlich. Die jungen Leute in traditioneller Tracht tanzen sicher eine Branle-double oder eine Courante, einen Reigentanz, der im Umzug getanzt wurde und bei dem man sich springend im Zickzack bewegt. Der Mann, der zu Beginn des Films und auch an der Spitze des Zugs zu sehen ist, hält einen Baum über seinem Kopf. Es könnte ein Maibaum sein, ein pflanzliches Symbol, das bei traditionellen Tänzen im Elsass, aber auch in der ganzen westlichen Welt verwendet wurde. Dieses Objekt würde einerseits das Zentrum eines für den Tanz reservierten Bereichs darstellen. In unserem Fall, im weiteren Sinne, den Beginn des Trachtenumzugs. Er ist ein  heiliges und übernatürliches Symbol und stellt den Mittelpunkt der Welt dar. Die Spitze der Tanne würde die Welt der Lebenden mit dem Himmel verbinden. Im weiteren Sinne solle der Maibaum auch die Fruchtbarkeit symbolisieren, der Erde, aber auch der Ehe. Daher wird er häufig bei Hochzeitstänzen verwendet. Wir können uns einen musikalische Untermalung mit Blechmusik vorstellen, die den Umzug der Dorfbewohner begleitet. Kann man am Ende der Sequenz nicht den berühmten ''Kaarwetànz''[4], den Tanz des Dorfes Oberseebach sehen? Dieses Fest scheint eine ziemlich große Menge von Dorfbewohnern oder einfach neugierige Menschen anzulocken. An der Verwendung von Fotoapparaten und von Kameras, die unser Kameramann filmt, ist zu erkennen, dass es sich um ein besonderes Ereignis handelt. Die Zeiten ändern sich, die Sitten auch. Film und Fotografie sind nunmehr Teil der Gewohnheiten, um ungewöhnliche Momente festzuhalten.
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'''Trachten, soziale Indikatoren des Laufs der Zeit'''
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Zu diesen festlichen Anlässen erhalten die Trachten ihre volle Bedeutung. Um die von Marie-Clotilde Delroeux in ihrem Artikel[5] zitierten Worte von André Leroi-Gourhan zu verwenden, sind die Trachten echte soziale Indikatoren und ermöglichen eine „gesellschaftliche Anerkennung“. Von ganz enormer Bedeutung war dies in einer Gesellschaft, die noch immer stark von Ritualen geprägt war und in der es keine Mischehen gab, besonders in einem Dorf wie Oberseebach, in dem die verschiedenen Konfessionen nebeneinander existierten. Die Trachten waren unterschiedlich, je nachdem ob es sich um Katholiken oder Protestanten handelte, aber sie änderten sich auch mit dem Alter der Person. Ihre Allgegenwart hat jedoch seit Anfang des letzten Jahrhunderts stark abgenommen, als die Trachten der modernen Mode wichen. Sie wurden nicht mehr von der gesamten Bevölkerung getragen, wie die Bilder zeigen: Unter den Umzug der Menschen in Tracht mischen sich Menschen, die nach der damaligen Mode gekleidet sind. Die Tracht gehört nicht mehr zum Alltag, wird aber gerne zu besonderen Anlässen getragen. Die Kopfbedeckung und die Schleifenhaube sagen viel über die Person aus, die sie trägt. Sie sind vielleicht sogar die wichtigsten Unterscheidungsmerkmale, weil man sie auf Anhieb erkennt. Die Jungen und jungen Männer von Oberseebach trugen schwarze Kappen. Sie waren aus Wolle gestrickt und hatten einen Rand in Form eines Zopfes. Die allgemeine Form des Hutes erinnert an eine Morchel, daher der Name „''Morchelkappen''“ oder ''Morischelskapp'' im Dialekt.
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Die jungen Leute im Trachtenumzug sind nach protestantischer Kleiderordnung gekleidet. So tragen die Männer eine Hose und ein weißes Hemd, über dem sie eine kleine Kurzjacke, wie eine Art Gehrock, mit einer doppelten Reihe von Metallknöpfen tragen. Zur Abrundung des Anzugs, tragen sie einen schwarzen Kragen. Nicht zu vergessen ist der berühmte, so besondere Hut der jungen ledigen und protestantischen Männer von Oberseebach aus Iltisfell. Die jungen Frauen tragen ein weißes Leinenhemd, das an den Ärmeln hochgekrempelt ist und in einen schwarzen Rock mit Blumenstickereien gesteckt ist. Darüber tragen sie ein ebenfalls mit Blumen besticktes schwarzes Mieder, in das eine starre, dreieckige Hemdbrust eingeschoben ist, mit einer großen, in der Regel dunklen Schleife an der Brust. Diese Kleidung wird von einem Schal geschmückt, der je nach Größe auf den mehr oder weniger wohlhabenden sozialen Status der Person hinweist. Der Kopfschmuck, den die tanzenden Frauen und auch das junge Mädchen, das in Nahaufnahme gezeigt wird, tragen, ist typisch für protestantische Frauen und wird im elsässischen Dialekt als ''Rotkapp'' bezeichnet. Es handelt sich um eine kleine Brokatkappe, die normalerweise rot ist (sie kann in Zeiten der Trauer schwarz sein), an der ein etwa zehn Zentimeter langes Seidenband befestigt ist, dessen Enden auf der Rückseite gekreuzt und dann an der Vorderseite des Kopfes zu einer Schleife gebunden werden. Wenn die Frau verheiratet ist, ist ihre Kappe schwarz und die Schleife befindet sich am Hinterkopf. Kleine Mädchen hingegen tragen normalerweise eine schwarze Mütze. Schleifenhaube und Hut geben nicht nur Aufschluss über die gesellschaftliche und religiöse Zugehörigkeit der Person, sondern auch über die verschiedenen Lebensabschnitte der Dorfbewohner und Dorfbewohnerinnen.
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|Bibliographie=Caisse Mutuelle de Dépôts et de Prêts de Seebach, ''Seebach'', Strasbourg, Editions CORPRUR, 1985.
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CHARVET Michel, Coiffes et Costumes d'Alsace, Infolio, Carnets d'artistes, 1997.
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DELROEUX Marie-Clotilde, Seebach et son costume, dans: ''Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est'', n° 12, 1983.
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DOERFLINGER Marguerite, MATZEN Raymond, SCHNEIDER Richard, STINTZI Paul, Folklore et tradition en Alsace, tome 2, Colmar-Ingersheim, Editions SAEP, 1973.
  
Les jeunes gens faisant partie du cortège folklorique sont habillés selon les codes protestants. Ainsi les hommes portent un pantalon et une chemise blanche, au-dessus de laquelle ils endossent une petite veste courte, similaire à la redingote, à double rangée de boutons métalliques. Pour protéger le cou et parfaire la tenue, ils portent un tour de cou noir. Il ne faut pas oublier la fameuse et significative toque des jeunes hommes célibataires et protestants d’Oberseebach en fourrure de putois.  
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Site officiel de la commune de Seebach: https://www.seebach.alsace
En ce qui concerne les jeunes femmes, elles portent une chemise en lin blanche retroussée aux manches, qui s’insère dans une jupe noire à broderies fleuries. Par-dessus, elles portent un corselet noir également brodé de fleurs dans lequel est intégré un plastron rigide de forme triangulaire. Le foulard vient également agrémenter la tenue et signifier d’un statut social plus ou moins aisé en fonction de sa taille. La coiffe portée par les danseuses et également la jeune fille prise en gros plan est typique des jeunes femmes protestantes, on l’appelle la ''Rotkapp'' en dialecte alsacien. Il s’agit d’un petit bonnet en brocart généralement rouge (il peut être noir en temps de deuil) sur lequel est fixé un ruban de soie d’une dizaine de centimètres, dont les extrémités sont croisées à l’arrière puis ramenées vers l’avant de la tête où elles se finissent en nœud. Lorsque la femme est mariée, sa coiffe est noire et le nœud se trouve à l’arrière de la tête. Les petites filles quant à elles, portent généralement toujours le béguin. La coiffe et le couvre-chef ne font pas seulement écho de l’appartenance sociale et religieuse de la personne, mais aussi des différents stades de la vie des villageois et villageoises.
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|descripteurs=Costume alsacien; Danse (loisir); Fanfare; Vie rurale; fête de village; villageois; appareil photo; sapin; enfants; couples; animation; Oberseebach
 
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Version actuelle datée du 19 janvier 2021 à 11:37

Résumé


Fête locale dans le village d'Oberseebach (région de Wissembourg). Au cortège composé de danseurs folkloriques, d'une fanfare et d'enfants en costumes locaux, se mêle une foule de villageois endimanchés.

Description


[Oberseebach, scènes de jour, probablement tournées à la mi-saison, certaines personnes portent des vestes plus épaisses ainsi que des couvre-chefs alors que d'autres non.]

Plan moyen d’un jeune homme vêtu d'une tenue traditionnelle qui sautille en pleine rue en tenant un petit sapin au dessus de sa tête. Un regroupement de personnes observe la scène

Plan d’ensemble représentant une procession de jeunes gens qui marchent dans la rue (principale?). Certains garçons se chamaillent au premier plan. A nouveau, plan d’ensemble court mettant en scène d'une part des adolescents en tenue traditionnelle qui se courent après, et d'autre part deux jeunes hommes et une jeune femme habillés très élégamment. L'ambiance semble bonne-enfant et tous sont souriants.

Le plan moyen suivant représente deux entités différentes. Au premier plan, la caméra suit un adolescent en mouvement vêtu d’un costume traditionnel. Au second plan, le cameraman semble retenir son attention sur deux hommes et deux femmes très bien habillés (certainement les mêmes que sur le plan précédant) qui marchent dans la rue. Un des deux hommes porte un appareil photo autour du cou. A l’arrière plan, on aperçoit une voiture garée devant une maison.

Plan rapproché d’un homme relativement âgé, souriant, vêtu d’un chapeau et d’un manteau d’hiver. Il semble discuter avec le cameraman.

Plan moyen d’un autre homme grisonnant, il est vêtu d’un manteau d’hiver et porte un couvre-chef de type béret. Il tient un appareil photo entre ses mains. Ses traits sont tirés et il semble être pris au dépourvu par le cameraman. Pendant qu’il marche, il croise une fois le regard de la caméra, avant de détourner le regard et de fixer une nouvelle fois l’objectif.

Plan d’ensemble représentant les déambulations d’un cortège de gens vêtus de costumes traditionnels. Le cameraman reste à sa place tandis que le cortège avance et dévoile au fur et à mesure des nouveaux participants. Des jeunes garçons ouvrent le cortège, suivis par un homme qui danse et sautille en tenant un sapin orné de rubans au dessus de sa tête. Il est suivi de près par un groupe de danseurs folkloriques qui se tiennent bras dessus, bras dessous et dansent, le tout en tenues traditionnelles. Ils sont suivis par des enfants qui font de même. A la suite du train, on aperçoit une petite fanfare composée de joueurs de tubas et de trompette. Des villageois, vêtus d'habits du dimanche les suivent, majoritairement à pied, mais aussi à bicyclette.

Plan poitrine qui fixe une jeune fille vêtue d’un habit traditionnel et entourée d’autres enfants habillés de la même façon.

Plan d’ensemble mettant un scène deux couples qui dansent en tournoyant dans la rue. Des spectateurs observent la scène en arrière-plan.

Métadonnées

N° support :  0052FN0035
Date :  1937
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:19
Cinéastes :  Meyer, Marcel
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Fêtes locales, Habit traditionnel, Vie rurale
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Oberseebach, un village paysan au coeur de l'Outre-forêt

Le village d’Oberseebach [1] se situe à l’extrême Nord de l’Alsace, à environs 9km au sud de la ville de Wissembourg et de la frontière allemande. Son histoire début au cours de l’époque romaine. La présence de nombreux tumuli dans les forêts avoisinantes ainsi que les traces d’anciennes routes celtes au départ de Brumath jusqu’à Wissembourg, et donc passants par Oberseebach permettent de confirmer la présence celte dans le village. Avec l’arrivée des Alamans et plus particulièrement des Francs au VIe siècle ap. JC, le christianisme fait son apparition à Oberseebach. La première évocation officielle du village se trouve dans la charte de l’empereur Otton I qui l’évoque comme étant « à la frontière sud de la forêt wissembourgeoise du Mundat (forêt aux alentours de Wissembourg qui s’étend jusque dans la Pfalz) ». Le village aurait, à partir de cette date et jusqu’à la Révolution française, appartenu à l’abbaye de Wissembourg[2]. Selon la description du village faite par le chanoine George Knittel dans le Odilien-Kalender de l’an 1937, les villageois d’Oberseebach seraient des « agriculteurs zélés et très actifs[3] ». En parallèle des activités d’élevage, ils exploitaient également leurs terres fertiles qui étaient propices à toutes sortes de cultures (céréales, pomme de terre). Lorsqu’ils ne sont pas aux champs, les habitants consacrent leur temps libre à la religion et aux fêtes locales. La grande particularité de ce village réside dans la cohabitation fraternelle entre la population catholique et protestante, départagée géographiquement au niveau de la mairie. Les catholiques vivaient au sud, tandis que les protestants réformés habitaient au nord de la mairie. En tant qu'agriculteurs ils avaient pour habitude d'habiter dans des corps de ferme à colombage en forme de U, dont le torchis était recouvert de chaux blanche, donnant un ton uniforme à l'ensemble des habitations du village.

Maisons à colombages blanches, typique d'Oberseebach. BNUS, 1913


Les fêtes, moments de joie et d’allégresse

Même si les techniques agricoles se sont très largement mécanisées après la Grande Guerre, en remplaçant progressivement les chevaux et bœufs par des tracteurs, ce qui a permis de rendre la tâche quotidienne un peu plus facile, les habitants d’Oberseebach restaient néanmoins très occupés aux champs et à la ferme pendant la semaine. C’est alors le dimanche et les jours fériés que les villageois profitent de leur temps libre. Le caractère dynamique des oberseebachois n’est pas uniquement valable au travail, mais aussi lors de ces moments de décompression. En effet, les jours chômés étaient synonymes de sorties joyeuses, que ce soit pour aller à l’église ou pour se rendre à la kermesse du village (aussi appelé Karwe par les habitants), on prenait le temps de quitter ses vêtements de travail et de s’endimancher pour se retrouver mais aussi se rencontrer. Il est relativement délicat de définir exactement de quelle festivité il s’agit dans ce film. De nos jours, le village est connu pour ses festivités de la Streisselhochzeit (mariage au bouquet de fleur), mais elles n’existent que depuis les années 1980. En 1937 et d’après le chanoine Knittel, le village serait connu pour ses festivités liées à la Fête-Dieu (Fronleichnam) mais cette procession ne ressemble pas à celles ayant lieu lors de cette fête. De plus, la scène semble être tournée à la mi-saison, en automne ou au début de l’hiver. Certaines personnes portent des manteaux, des écharpes et des couvre-chefs, alors que d’autres ne portent rien. Il ne doit donc certainement pas faire très froid, ni très chaud. La Fête-Dieu se déroule traditionnellement au mois de juin, ce qui ne correspond pas à la météo du film. L’hypothèse la plus probable se porte sur celle de la fête du village, la Karwe. Si l’on se fie aux dates actuelles, elle devait avoir lieu au courant du mois de novembre. Ceci correspondrait à la météo et aussi à l’aspect « laïque » de la fête retranscrit dans les images. L'ambiance se veut joyeuse et festive. Les jeunes gens en costume traditionnel dansent très certainement la branle-double ou la courante, une danse pratiquée en ligne lors de cortège, dont le parcours se fait en sautillant et en zigzagant. L'homme que l'on aperçoit au début du film et aussi à l'avant du cortège brandit un sapin au dessus de sa tête. Il pourrait s'agir d'un arbre de mai, le Maibaum, symbole végétal utilisé lors de danses traditionnelles en Alsace mais plus largement dans tout l'Occident. Cet objet représenterait d'une part, le centre d'une aire réservée à la danse. Dans notre cas, par extension, le commencement du cortège folklorique. Sa symbolique est essentiellement sacrée et surnaturelle, elle représente ainsi le centre du monde. La cime du sapin quant à elle permettrait de relier le monde des vivants aux cieux. Plus largement, le Maibaum symboliserait également la fertilité, de la terre mais aussi du mariage. Il est de ce fait largement utilisé lors de danses nuptiales. On imagine un fond sonore composé de cuivres qui accompagne les villageois le long de leur procession. Ne serait-ce pas le fameux Kaarwetànz[4], la danse du village d'Oberseebach, que l'on aperçoit à la fin de la séquence? Cette festivité semble d'ailleurs attirer une foule assez conséquente de villageois ou tout simplement de curieux. L'aspect "événementiel" de cette dernière peut notamment être perçu par l'utilisation d'appareil photos et de caméras que notre cameraman filme au cours de son tournage. Les temps évoluent, les moeurs changent. Le cinéma et la photographie font désormais partie des habitudes pour capturer des instants inhabituels.


Les costumes traditionnels, marqueurs sociaux du temps qui passe

Scène de vie quotidienne. A gauche, un couple d'enfants en tenue traditionnelle. A droite, un homme semble travailler l'osier. Le petit garçon et l'homme portent un bonnet morille, tandis que la fille porte un béguin. Planche de Michel Charvet, Coiffes et Costume d'Alsace, Infolio Carnets d'Artistes, 1997.

Ce sont pour ces occasions festives que les costumes traditionnels prennent tout leur sens. Pour reprendre les termes d’André Leroi-Gourhan cités par Marie-Clotilde Delroeux dans son article[5], ces derniers sont de réels marqueurs sociaux et permettent une « reconnaissance sociale ». Ceci est d’une importance sans égal, dans une société encore très ritualisée où les mariages n’étaient pas mixtes, d’autant plus dans un village comme Oberseebach où les différents cultes se côtoient. Les costumes traditionnels étaient alors spécifiques à la confession mais aussi à l’âge de celui ou celle qui le porte. Leur omniprésence s’est néanmoins beaucoup estompée dès le début du siècle dernier où la mode contemporaine a eu raison des costumes traditionnels. Ils n’étaient plus portés par l’intégralité de la population, en témoignent les images: au cortège de personnes en habit traditionnel se mêlent des personnes vêtues à la mode de l’époque. L’habit traditionnel ne fait plus partie du quotidien mais est volontiers mis en scène lors de grandes fêtes. Le couvre-chef et la coiffe font entièrement partie des signes distinctifs de l’habillement qui en disent long sur celui qui le porte. Il en est peut-être même le plus important, car on les remarque d’emblée. Les garçons et jeunes hommes d’Oberseebach portaient notamment des bonnets noirs. Faits de laine tricotée, leur bordure se présente sous la forme d’une natte. La forme générale du chapeau rappelle celui d’une morille, d’où leur nom de « bonnets morilles » ou Morischelskapp en dialecte.

Les jeunes gens faisant partie du cortège folklorique sont habillés selon les codes protestants. Ainsi les hommes portent un pantalon et une chemise blanche, au-dessus de laquelle ils endossent une petite veste courte, similaire à la redingote, à double rangée de boutons métalliques. Pour parfaire la tenue à l'instar d'une cravate, ils portent un tour de cou noir. Il ne faut pas oublier la fameuse et significative toque des jeunes hommes célibataires et protestants d’Oberseebach en fourrure de putois. En ce qui concerne les jeunes femmes, elles portent une chemise en lin blanche retroussée aux manches, qui s’insère dans une jupe noire à broderies fleuries. Par-dessus, elles portent un corselet noir également brodé de fleurs dans lequel est intégré un plastron rigide de forme triangulaire, surplombé sur le torse par un gros noeud généralement de couleur sombre. Le foulard vient également agrémenter la tenue et signifier d’un statut social plus ou moins aisé en fonction de sa taille. La coiffe portée par les danseuses et également la jeune fille prise en gros plan est typique des jeunes femmes protestantes, on l’appelle la Rotkapp en dialecte alsacien. Il s’agit d’un petit bonnet en brocart généralement rouge (il peut être noir en temps de deuil) sur lequel est fixé un ruban de soie d’une dizaine de centimètres, dont les extrémités sont croisées à l’arrière puis ramenées vers l’avant de la tête où elles se finissent en nœud. Lorsque la femme est mariée, sa coiffe est noire et le nœud se trouve à l’arrière de la tête. Les petites filles quant à elles, portent généralement toujours le béguin. La coiffe et le couvre-chef ne font pas seulement écho de l’appartenance sociale et religieuse de la personne, mais aussi des différents stades de la vie des villageois et villageoises.


Couple de jeunes protestants d'Oberseebach en tenue traditionnel. L'homme porte la toque en peau de putois, tandis que la femme porte la coiffe en brocard ornée d'un noeud rouge, la Rotkapp. BNUS, 1900

Bibliographie


Caisse Mutuelle de Dépôts et de Prêts de Seebach, Seebach, Strasbourg, Editions CORPRUR, 1985.

CHARVET Michel, Coiffes et Costumes d'Alsace, Infolio, Carnets d'artistes, 1997.

DELROEUX Marie-Clotilde, Seebach et son costume, dans: Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, n° 12, 1983.

DOERFLINGER Marguerite, MATZEN Raymond, SCHNEIDER Richard, STINTZI Paul, Folklore et tradition en Alsace, tome 2, Colmar-Ingersheim, Editions SAEP, 1973.

Site officiel de la commune de Seebach: https://www.seebach.alsace


Article rédigé par

Madeline Hammer, 04 janvier 2019


  1. Aujourd’hui appelé Seebach, après sa fusion avec le village voisin de Niederseebach en 1974
  2. George KNITTEL (chanoine): "Oberseebach", Odilien-Kalender für das Jahr 1937. Cité dans: Seebach, Strasbourg, Editions COPRUR, 1985. p. 167
  3. Ibid., p. 174
  4. Pour plus d'informations à ce sujet: http://www.sammle.org/fr/dr-seebacher-kaarwetanz-la-danse-de-seebach
  5. Marie-Clotilde DELROEUX, Seebach et son costume, dans: Revue des Sciences Sociales de la France de l'Est, n° 12, 1983, p. 240.