Bas:Jeux d'enfants (0210FH0005) : Différence entre versions

 
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6’40 - 6’45 :  Dernier plan. Zoom sur deux enfants du groupe qui jouent avec des toupies. Nous pouvons ensuite en apercevoir un autre sur la balançoire. Sur cette séquence, nous pouvons voir le doigt du cameraman.
 
6’40 - 6’45 :  Dernier plan. Zoom sur deux enfants du groupe qui jouent avec des toupies. Nous pouvons ensuite en apercevoir un autre sur la balançoire. Sur cette séquence, nous pouvons voir le doigt du cameraman.
|Contexte_et_analyse_fr=Lucien Israël (1925-1966) est un psychiatre et psychanalyste français, originaire de Moselle. Après des études de psychiatrie à l’Université de Strasbourg, il y devient professeur tout en travaillant comme chef de service du centre hospitalier universitaire de Strasbourg. A partir de 1954, il exerce également la psychanalyse. Ainsi, il associe souvent dans son travail la psychanalyse et la psychologie médicale. Il est notamment influencé par Lacan et est membre de l’Ecole freudienne de Paris. Lucien Israël est connu pour avoir influencé le domaine de la psychanalyse à Strasbourg et dans sa région. Il est l’auteur d’ouvrages scientifiques dont notamment Le médecin face au malade et L’hystérique, le sexe et le médecin.  
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|Contexte_et_analyse_fr=Lucien Israël (1925-1966) est un psychiatre et psychanalyste français, originaire de Moselle. Après des études de psychiatrie à l’Université de Strasbourg, il y devient professeur tout en travaillant comme chef de service du centre hospitalier universitaire de Strasbourg. A partir de 1954, il exerce également la psychanalyse. Ainsi, il associe souvent dans son travail la psychanalyse et la psychologie médicale. Notamment influencé par Lacan, il est membre de l’Ecole freudienne de Paris. Lucien Israël est connu pour avoir influencé le domaine de la psychanalyse à Strasbourg et dans sa région. Il est l’auteur d’ouvrages scientifiques dont notamment Le médecin face au malade et L’hystérique, le sexe et le médecin.  
A partir de la fin des années 50 et jusque dans les années 70, Lucien Israel filme ses voyages ou sa famille lors de promenades ou de dimanches après-midi au parc afin de conserver des souvenirs. Les films qu’il réalise sont donc personnels et destinés à être diffusés dans un milieu familial. Comme se souvient sa fille, Michèle Jablon, il utilisait une petite caméra qu’il était possible de tenir dans une main.  
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A partir de la fin des années 50 et jusque dans les années 70, Lucien Israel filme ses voyages ou sa famille lors de promenades ou de dimanches après-midi au parc afin de conserver des souvenirs. Les films qu’il réalise sont donc personnels et destinés à être diffusés dans un milieu familial. Comme se souvient sa fille, Michèle Jablon, il utilisait une petite caméra qu’il était possible de tenir dans une main. Cette petite caméra lui permet de jouer avec les lumières et de réaliser différents plans. Il effectue des zooms sur certains éléments comme les cygnes de l’Orangerie ou les enfants. Il s’attarde sur certaines scènes comme par exemple le plan d’eau de l’Orangerie en fin d’après-midi d’automne. Il filme les passants et ses proches de différentes manières de face et de dos, en action et en position statique, en contre-plongée et en travelling. Lucien Israël met en scène son film et le travaille afin de le rendre agréable à l’œil. Il le structure et lui donne même un titre, indiqué sur une affiche au début du film.  
Le film ''Jeux d’enfants'' se divise en deux parties. La première est réalisée en automne et permet de découvrir le parc de l’Orangerie au début des années 60, plus précisément les infrastructures, les jeux, les arbres, les plantations et les animaux présents. Lucien Israël filme notamment les enfants qui jouent et courent, ses proches qui se promènent. Les plus petits sont encore dans leurs poussettes et font leurs premiers pas alors que les plus grands jouent seuls sur les balançoires et les toboggans du parc. Lucien Israël insiste sur les expressions des enfants et leurs regards.  
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Le film Jeux d’enfants se divise en deux parties. La première est réalisée en automne et permet de découvrir le parc de l’Orangerie au début des années 60, plus précisément les infrastructures, les jeux, les arbres, les plantations, les allées et les animaux présents. Lucien Israël filme notamment les enfants qui jouent et courent, ses proches qui se promènent. Les plus petits sont encore dans leurs poussettes et font leurs premiers pas alors que les plus grands jouent seuls sur les balançoires et les toboggans du parc. Lucien Israël insiste sur les expressions des enfants et leurs regards.  
La deuxième partie est tournée en été dans une zone boisée sur les hauteurs de Thannenkirch où la famille disposait d’une maison de vacances. Il filme les enfants jouant et évoluant dans ce milieu naturel sous la surveillance des adultes.
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La deuxième partie est tournée en été dans une zone boisée sur les hauteurs de Thannenkirch où la famille disposait d’une maison de vacances. Il filme les enfants jouant et évoluant dans ce milieu naturel sous la surveillance des adultes.  
Ce film permet également de nous donner un aperçu des jeux plébiscités par les enfants au début des années 60 dont les toboggans, les vélos et les balançoires et de certaines pratiques courantes à l’époque et aujourd’hui interdites comme donner du pain aux cygnes.
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Lucien Israël et sa famille, habitant l’avenue de la Forêt-Noire, se rendent régulièrement au parc de l’Orangerie. De confession juive et en tant que professeur à l’Université de Strasbourg, il n’est pas surprenant que le réalisateur fréquente ces quartiers. En effet, comme le démontre Simon Stern dans son étude, la communauté juive est principalement implantée dans les quartiers Halles - Contades et Orangerie.
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Le parc de l’Orangerie est depuis le XVIIIᵉ siècle une promenade appréciée des Strasbourgeois. Le parc d’une superficie de 26 hectares représente un patrimoine naturel et paysager majeur de la ville. Il offre aux Strasbourgeois, la possibilité de se promener dans un espace vert en pleine ville agrémenté d’arbres centenaires et d’aménagements paysagers travaillés et variés. Les allées du parc comptent plus de 3 000 arbres dont 32 remarquables. Lucien Israël filme également les animaux présents tels que les biches et les cygnes ainsi qu’une partie du pavillon d’entrée du zoo. Le zoo de l’Orangerie est apparu au XIXe siècle dans un but récréatif mais aussi scientifique, puisqu’il devait permettre l’observation des animaux.
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Alfred-Auguste Ernouf déclarait dans L’art des jardins, en 1868 : « Sans doute la question d’art eût suffi à justifier ces créations, mais les jardins publics dans les villes sont des œuvres non moins utiles qu’agréables. Derrière leur gratuité apparente, squares et jardins sont prescriptifs : on ne s’y rend pas pour ne rien faire mais pour respirer, se reposer, se rétablir ». 
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A Strasbourg, c’est au XVIIᵉ que la première promenade bucolique est créée. Tout au long du XVIIIᵉ, le parc évolue et se développe. Au XIXᵉ, le parc continue de s’agrandir et se nourrit d’un nouveau style. Le fort impact du jardin naturaliste à l’anglaise se fait ressentir comme dans d’autres centres urbains européens, « la ville minérale est ponctuée d’un ensemble de squares, de grands parcs […] dérivés de modèles anglais. Un parallèle peut être tracé ici avec cette autre interprétation des expériences britanniques que sont les parcs dessinés par Lenné à Potsdam et Berlin. »
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Le parc est alors intégré au quartier allemand de la Neustadt. La Neustadt résulte des modifications urbanistiques opérées durant l’annexion de l’Alsace entre 1871 et 1918. Ce projet avait pour but de transformer Strasbourg en « une vitrine » de l’Empire grâce à son architecture et de loger la population. Le quartier a été divisé en onze secteurs, parmi lesquels se trouve l’Orangerie. Les secteurs appartiennent à un même ensemble architectural mais ils sont fréquentés par des personnes de milieux sociaux différents. Ainsi, les zones de la Neustadt qui bordent la gare sont assez populaires et ceux de l’Orangerie plus bourgeois.
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Enfin, les dernières transformations du parc datent de 1949 avec la construction des bâtiments du Conseil de l’Europe.
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Lucien Israël nous offre un témoignage précieux sur le parc et les habitudes des Strasbourgeois en ce lieu. Le parc représente la nature insérée dans la ville au sein d’un espace limité. Cette nature a certes un caractère artificiel, aménagé et ordonné mais elle se compose néanmoins de végétaux, arbres, fleurs qui est profondément différent du reste du milieu urbain. Il s’agit non seulement d’un banal espace habituel d’une ville mais également un lieu unique et à l’écart de l’animation de ses luxuriants boulevards. Le Parc de l’Orangerie en tant que jardin public ouvre ses portes gratuitement à des visiteurs très variés et d’horizons divers, destiné à accueillir tous les citadins. Cependant dans les faits, l’aisance de la fréquentation d’un parc témoigne du niveau socio-économique élevé du quartier. Ainsi, le parc de l’Orangerie est davantage fréquenté par des familles de classes moyennes et aisées.
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Comme le rappelle la sociologue Maïté Clavel, « dans les espaces publics, les individus s’exposent au regard d’autrui et chacun est à la fois observable et observant. » Dans son analyse, un espace urbain, « public » et ouvert dans la ville, par opposition à l’espace fermé et dit « privé » de l’habitation, devient le support de relations et de situations diverses, routinières ou exceptionnelles.
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Le film de Lucien Israël permet également de nous donner un aperçu des jeux plébiscités par les enfants au début des années 60 dont les toboggans, les vélos et les balançoires. La volonté d’offrir des espaces de jeu en plein air aux enfants n’est pas nouvelle, elle est souvent attribuée au pédagogue allemand Friedrich Fröbel, le créateur des « jardins d’enfants » (1837). Il déclarait alors que « chaque ville devrait avoir son terrain de jeu ». Ce sont sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale que se sont développés les espaces de jeux en plein air pour enfants. Dans les quartiers détruits d'Amsterdam, l'architecte Aldo van Eyck propose entre 1947 et 1978 plus de 700 aires de jeux ouvertes sur la rue assez rudimentaires. Il a été influencé par le paysagiste danois Carl Theodor Sorensen qui avait transformé dans les années 1940 un terrain vague de Copenhague en un terrain de jeux géant. Cette première aire de jeux influence les autres pays européens qui se mettent à développer eux aussi leurs propres aires de jeux. Les jeux filmés par Lucien Israël témoignent de l’évolution d’activités ludiques pour enfants. Certains jeux sont aujourd’hui interdits et doivent se plier à de nouvelles réglementations. En 1989 puis en 1994, le gouvernement réglemente et normalise les aires de jeux.
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Les enfants filmés au parc permettent également de mettre en avant les relations des enfants entre eux sous la surveillance d’adultes. En tant qu’espaces collectifs, les espaces verts comprenant des aires de jeux impliquent directement un partage des lieux et des jouets. Les structures sont réservées à des enfants d’âges déterminés et en plus d’être ludiques, elles visent à développer la motricité des enfants comme le démontre Daniel Gayet dans son étude sur les aires de jeux. De plus, ces jeux améliorent les conduites sociales. Les enfants s’approprient souvent les jeux proposés dans les parcs et prétendent en avoir l’usage exclusif.
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Le film permet donc de documenter les évolutions du parc et de la société. Ainsi, Lucien Israël nous pousse également à voir certaines pratiques courantes à l’époque et aujourd’hui interdites comme celle de donner du pain aux cygnes.
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Dès le XVIIIᵉ siècle, on s’interroge sur l’intérêt du jeu dans le développement éducatif de l’enfant et sa valeur ludique. Dans les années 60, les aires de jeux sont en plein essor en France et leur réalisation tente de répondre à ses problématiques. Ainsi, Lucien Israël par son film Jeux d’enfants illustre et témoigne de la place du jeu et des espaces verts dans la société française.
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|Bibliographie='''Entretien téléphonique avec Madame Michèle Jablon, fille de Lucien Israël.'''
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Association A.D.I.Q., ''Le quartier des XV et l’Orangerie'', Strasbourg, éditions Oberlin, 1985.
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Blanc-Reibel (Cathy), « La Neustadt de Strasbourg : L’exemple de co-construction d’un patrimoine urbain », ''Revue des sciences sociales'', 2017, p. 104-111.
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Calenge (Christian), « Du parc au parc, invocation d'une figure de l’urbanité », ''Cahiers de la Méditerranée'', 60, 2000, 1, p. 179-201.
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Clavel (Maïté), « Un ailleurs au sein de la ville. Le parc des Buttes-Chaumont », ''Ethnologie française'', 40, 2010, n°4, p. 609-621.
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Cohen (Jean-Louis) et Frank (Hartmut), « De la question urbaine », in ''Interférences Allemagne-France architecture 1800 - 2000'', Strasbourg, éditions des Musées de Strasbourg, 2013, p. 62.
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Eberhardt Sophie, « La préservation de l’image de la ville à Strasbourg aux prémices du XXe siècle. Entre composition, recomposition et sauvegarde », Histoire urbaine, 45, 2016, n°1, p. 167-186.
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Gayet (Daniel), « Enfants et parents dans les aires de jeux », ''Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle'', 38, 2005, n°2, p. 11-24.
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Prêtheur (Julie), « Des aires de jeux permissives pour des enfants plus libres », ''Le Monde'', 13/ 02/2015, (en ligne), https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2015/02/13/jeux-d-anges-heureux_4574960_4500055.html, (22 avril 2021).
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Stern (Simon), « Le comportement spatial des juifs de Strasbourg », ''Revue Géographique de l'Est,'' 34,1994, n°2, p. 129-145.
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Strasbourg métropole, « Parcours le parc de l’orangerie », https://www.strasbourg.eu/documents/976405/1163507/0/4658a7d5-2b5b-1577-4f72 f4a81a31575d, (21 avril 2021).
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|Documents_annexes=[[Fichier:Orangerie 1914.jpg|vignette|Figure 2 :  Plan de l’Orangerie (1914) in Association A.D.I.Q., Le quartier des XV et l’Orangerie, Strasbourg, éditions Oberlin, 1985.]]
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[[Fichier:Orangerie Temple 1985.jpg|vignette|Figure 3 : Temple de l’Orangerie (1985) in Association A.D.I.Q., Le quartier des XV et l’Orangerie, Strasbourg, éditions Oberlin, 1985.]]
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[[Fichier:Orangerie Temple 2021.jpg|vignette|Figure 4 :  Temple de l’Orangerie (2021), collection personnelle d’Antony Saunders. ]]
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[[Fichier:Jeux d'enfants.jpg|vignette|Figure 5 : Enfant sur une « cage à poule », New York, 1946 in Elsa Mourgues, « L'aire de jeu, entre phénomène social et artistique », France culture, 23/04/2021, https://www.franceculture.fr/architecture/laire-de-jeu-entre-phenomene-social-et-artistique (27/04/2021).]]
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[[Fichier:Capture d’écran 2021-04-27 à 13.17.37.jpg|vignette|Figure 6 : Carte postale du village de Thannenkirch in Annuaire Mairie Thannenkirch, « Photos et cartes postales de Thannenkirch », https://www.annuaire-mairie.fr/mairie-thannenkirch.html (25/04/2021).]]
 
}}
 
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Version actuelle datée du 27 avril 2021 à 12:24


Avertissement[1]

Résumé


Le film Jeux d’enfants est un film amateur tourné par Lucien Israël en 1962. Il appartient au fonds Jablon, du nom de la fille du réalisateur. Ce film d’une durée de 6 minutes et 45 secondes immortalise un après-midi en famille au parc de l’Orangerie à Strasbourg ainsi qu’une journée dans la forêt du Taennchel, située sur les hauteurs de Thannenkirch. Dans ce film, Lucien Israël filme sa famille et ses proches mais il s’intéresse particulièrement aux interactions et activités des enfants, les siens et ceux de ses proches.

Description


00’00 - 0’03 : Premier plan et mise au point de la caméra. Des signaux lumineux apparaissent à l’écran.

00’03 - 00’11 : Début du film. Le caméraman zoome sur une pancarte fixée à un fil. Il y est inscrit en une écriture enfantine « Jeux d’enfants ». De plus, un petit train, un ballon, ainsi que la date 1982, y figurent.

00’12 - 00’39 : Le caméraman s’intéresse à deux cygnes qui nagent et mangent dans un étang.

00’40 - 01’03 : Il y a un changement de plan. Désormais, le spectateur peut voir des familles nourrir et observer les cygnes. Il est possible de se rendre compte que les images ont été tournées en automne ou en hiver. Les promeneurs sont chaudement habillés et les feuilles des arbres sont dans les tons orangés.

01’04 - 01’50 : Des familles se promènent dans les allées du parc, des parents poussent des landaus et des poussettes.Plusieurs plans s’enchaînent montrant successivement ces familles se promener dans le parc. A l’arrière plan des enfants jouent sur des balançoires. Ensuite, un enfant apparaît sur son vélo. Puis, à nouveau, plusieurs plans sur les promeneurs.

01’51-1’55 : Un petit enfant habillé tout en blanc est filmé en contre plongée et gros plan. Il marche et fait ses premiers pas.

1’56 - 2’03 : Plan fixe sur un panneau situé derrière un grillage. Il y est inscrit en noir sur un fond blanc : « Les cigognes de Strasbourg reçoivent avec plaisir des commandes…. ».

2’04 - 2’43 : Des enfants jouent sur trois toboggans devant leurs parents. Plusieurs plans montrent ces enfants d’âges différents entrain de jouer. Sur le dernier plan, on peut voir une succession d’enfants se laissant glisser sur le toboggan. Le dernier d’entre eux arrive en gros plan face à la caméra.

2’44 - 3’04 : Des familles vues de dos, en plan moyen, marchent dans une des allées centrales du parc. Devant elles on peut remarquer le pavillon Joséphine. L’une d’entre elle tourne sur sa gauche et l’autre continue tout droit. La caméra suit le chemin de celle qui se dirige vers la gauche.

3’04 - 3’26 : Plan fixe. Le caméraman se trouve derrière un banc et observe l’étang en fin de journée. Puis léger travelling vers la gauche. Un couple avec un landau fait son apparition.

3’27 - 3’37 : plan fixe sur une biche dans un enclos.

3’38 - 3’56 : plan sur les arbres d’automne orangés. Des familles se promènent dans les allées. Le cameraman tourne sur la gauche et filme un rassemblement de gens discutant. Le travelling continue sur des promeneurs qui observent sans doute des animaux dans un enclos.

3’57 - 4’34 : on retrouve le même petit enfant habillé de blanc de la fin de la première minute. Il est désormais dans sa poussette. Le cameraman se met à sa hauteur. Ainsi, on ne peut pas voir le visage du parent qui se trouve derrière la poussette. Plusieurs plans fixes sous différents angles filment l’enfant. Le dernier plan est en contre-plongée et l’enfant rit. On peut apercevoir sa mère et un autre enfant se pencher au dessus de la poussette.

4 ’35 - 4’47 : Désormais, nous sommes en été. Des enfants jouent sous la surveillance d’adultes dans un lieu boisé.

4’48 - 4’57 : Toujours dans ce même lieu, un enfant se met à courir entre les arbres pour enfin monter sur une petite butte.

4’58 - 5’02 : Un deuxième enfant s’amuse à escalader les rochers. Il se laisse glisser pour redescendre de la pierre sur laquelle il se trouvait.

5’03 - 6’07 : Une petite fille est filmée en contre plongée. Elle regarde autour d’elle. Sa mère vient la chercher. La caméraman reste encore une fois à la hauteur de l’enfant. Ainsi, nous voyons seulement les jambes de la mère. Cette dernière l’aide à marcher puis petit à petit nous pouvons voir la mère de plein pied. Le dernier plan est un plan fixe sur la petite fille qui semble intriguée par la caméra.

6’08 - 6’10 : Plan en contre-plongée et travelling sur le lieu.

6’11 - 6’40 : Des enfants jouent autour d’un arbre. Une balançoire est suspendue à une branche. Le plan est à nouveau en contre-plongée. Les enfants lancent des regards en direction de la caméra et continuent de jouer tout en restant intrigués.

6’40 - 6’45 : Dernier plan. Zoom sur deux enfants du groupe qui jouent avec des toupies. Nous pouvons ensuite en apercevoir un autre sur la balançoire. Sur cette séquence, nous pouvons voir le doigt du cameraman.

Métadonnées

N° support :  0210FH0005
Date :  Entre 1962 et 1963
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:06:45
Cinéastes :  Israël, Lucien
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Environnement, Activités de plein-air
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Lucien Israël (1925-1966) est un psychiatre et psychanalyste français, originaire de Moselle. Après des études de psychiatrie à l’Université de Strasbourg, il y devient professeur tout en travaillant comme chef de service du centre hospitalier universitaire de Strasbourg. A partir de 1954, il exerce également la psychanalyse. Ainsi, il associe souvent dans son travail la psychanalyse et la psychologie médicale. Notamment influencé par Lacan, il est membre de l’Ecole freudienne de Paris. Lucien Israël est connu pour avoir influencé le domaine de la psychanalyse à Strasbourg et dans sa région. Il est l’auteur d’ouvrages scientifiques dont notamment Le médecin face au malade et L’hystérique, le sexe et le médecin. A partir de la fin des années 50 et jusque dans les années 70, Lucien Israel filme ses voyages ou sa famille lors de promenades ou de dimanches après-midi au parc afin de conserver des souvenirs. Les films qu’il réalise sont donc personnels et destinés à être diffusés dans un milieu familial. Comme se souvient sa fille, Michèle Jablon, il utilisait une petite caméra qu’il était possible de tenir dans une main. Cette petite caméra lui permet de jouer avec les lumières et de réaliser différents plans. Il effectue des zooms sur certains éléments comme les cygnes de l’Orangerie ou les enfants. Il s’attarde sur certaines scènes comme par exemple le plan d’eau de l’Orangerie en fin d’après-midi d’automne. Il filme les passants et ses proches de différentes manières de face et de dos, en action et en position statique, en contre-plongée et en travelling. Lucien Israël met en scène son film et le travaille afin de le rendre agréable à l’œil. Il le structure et lui donne même un titre, indiqué sur une affiche au début du film. Le film Jeux d’enfants se divise en deux parties. La première est réalisée en automne et permet de découvrir le parc de l’Orangerie au début des années 60, plus précisément les infrastructures, les jeux, les arbres, les plantations, les allées et les animaux présents. Lucien Israël filme notamment les enfants qui jouent et courent, ses proches qui se promènent. Les plus petits sont encore dans leurs poussettes et font leurs premiers pas alors que les plus grands jouent seuls sur les balançoires et les toboggans du parc. Lucien Israël insiste sur les expressions des enfants et leurs regards. La deuxième partie est tournée en été dans une zone boisée sur les hauteurs de Thannenkirch où la famille disposait d’une maison de vacances. Il filme les enfants jouant et évoluant dans ce milieu naturel sous la surveillance des adultes. Lucien Israël et sa famille, habitant l’avenue de la Forêt-Noire, se rendent régulièrement au parc de l’Orangerie. De confession juive et en tant que professeur à l’Université de Strasbourg, il n’est pas surprenant que le réalisateur fréquente ces quartiers. En effet, comme le démontre Simon Stern dans son étude, la communauté juive est principalement implantée dans les quartiers Halles - Contades et Orangerie. Le parc de l’Orangerie est depuis le XVIIIᵉ siècle une promenade appréciée des Strasbourgeois. Le parc d’une superficie de 26 hectares représente un patrimoine naturel et paysager majeur de la ville. Il offre aux Strasbourgeois, la possibilité de se promener dans un espace vert en pleine ville agrémenté d’arbres centenaires et d’aménagements paysagers travaillés et variés. Les allées du parc comptent plus de 3 000 arbres dont 32 remarquables. Lucien Israël filme également les animaux présents tels que les biches et les cygnes ainsi qu’une partie du pavillon d’entrée du zoo. Le zoo de l’Orangerie est apparu au XIXe siècle dans un but récréatif mais aussi scientifique, puisqu’il devait permettre l’observation des animaux. Alfred-Auguste Ernouf déclarait dans L’art des jardins, en 1868 : « Sans doute la question d’art eût suffi à justifier ces créations, mais les jardins publics dans les villes sont des œuvres non moins utiles qu’agréables. Derrière leur gratuité apparente, squares et jardins sont prescriptifs : on ne s’y rend pas pour ne rien faire mais pour respirer, se reposer, se rétablir ». A Strasbourg, c’est au XVIIᵉ que la première promenade bucolique est créée. Tout au long du XVIIIᵉ, le parc évolue et se développe. Au XIXᵉ, le parc continue de s’agrandir et se nourrit d’un nouveau style. Le fort impact du jardin naturaliste à l’anglaise se fait ressentir comme dans d’autres centres urbains européens, « la ville minérale est ponctuée d’un ensemble de squares, de grands parcs […] dérivés de modèles anglais. Un parallèle peut être tracé ici avec cette autre interprétation des expériences britanniques que sont les parcs dessinés par Lenné à Potsdam et Berlin. » Le parc est alors intégré au quartier allemand de la Neustadt. La Neustadt résulte des modifications urbanistiques opérées durant l’annexion de l’Alsace entre 1871 et 1918. Ce projet avait pour but de transformer Strasbourg en « une vitrine » de l’Empire grâce à son architecture et de loger la population. Le quartier a été divisé en onze secteurs, parmi lesquels se trouve l’Orangerie. Les secteurs appartiennent à un même ensemble architectural mais ils sont fréquentés par des personnes de milieux sociaux différents. Ainsi, les zones de la Neustadt qui bordent la gare sont assez populaires et ceux de l’Orangerie plus bourgeois. Enfin, les dernières transformations du parc datent de 1949 avec la construction des bâtiments du Conseil de l’Europe. Lucien Israël nous offre un témoignage précieux sur le parc et les habitudes des Strasbourgeois en ce lieu. Le parc représente la nature insérée dans la ville au sein d’un espace limité. Cette nature a certes un caractère artificiel, aménagé et ordonné mais elle se compose néanmoins de végétaux, arbres, fleurs qui est profondément différent du reste du milieu urbain. Il s’agit non seulement d’un banal espace habituel d’une ville mais également un lieu unique et à l’écart de l’animation de ses luxuriants boulevards. Le Parc de l’Orangerie en tant que jardin public ouvre ses portes gratuitement à des visiteurs très variés et d’horizons divers, destiné à accueillir tous les citadins. Cependant dans les faits, l’aisance de la fréquentation d’un parc témoigne du niveau socio-économique élevé du quartier. Ainsi, le parc de l’Orangerie est davantage fréquenté par des familles de classes moyennes et aisées. Comme le rappelle la sociologue Maïté Clavel, « dans les espaces publics, les individus s’exposent au regard d’autrui et chacun est à la fois observable et observant. » Dans son analyse, un espace urbain, « public » et ouvert dans la ville, par opposition à l’espace fermé et dit « privé » de l’habitation, devient le support de relations et de situations diverses, routinières ou exceptionnelles. Le film de Lucien Israël permet également de nous donner un aperçu des jeux plébiscités par les enfants au début des années 60 dont les toboggans, les vélos et les balançoires. La volonté d’offrir des espaces de jeu en plein air aux enfants n’est pas nouvelle, elle est souvent attribuée au pédagogue allemand Friedrich Fröbel, le créateur des « jardins d’enfants » (1837). Il déclarait alors que « chaque ville devrait avoir son terrain de jeu ». Ce sont sur les ruines de la Seconde Guerre mondiale que se sont développés les espaces de jeux en plein air pour enfants. Dans les quartiers détruits d'Amsterdam, l'architecte Aldo van Eyck propose entre 1947 et 1978 plus de 700 aires de jeux ouvertes sur la rue assez rudimentaires. Il a été influencé par le paysagiste danois Carl Theodor Sorensen qui avait transformé dans les années 1940 un terrain vague de Copenhague en un terrain de jeux géant. Cette première aire de jeux influence les autres pays européens qui se mettent à développer eux aussi leurs propres aires de jeux. Les jeux filmés par Lucien Israël témoignent de l’évolution d’activités ludiques pour enfants. Certains jeux sont aujourd’hui interdits et doivent se plier à de nouvelles réglementations. En 1989 puis en 1994, le gouvernement réglemente et normalise les aires de jeux. Les enfants filmés au parc permettent également de mettre en avant les relations des enfants entre eux sous la surveillance d’adultes. En tant qu’espaces collectifs, les espaces verts comprenant des aires de jeux impliquent directement un partage des lieux et des jouets. Les structures sont réservées à des enfants d’âges déterminés et en plus d’être ludiques, elles visent à développer la motricité des enfants comme le démontre Daniel Gayet dans son étude sur les aires de jeux. De plus, ces jeux améliorent les conduites sociales. Les enfants s’approprient souvent les jeux proposés dans les parcs et prétendent en avoir l’usage exclusif. Le film permet donc de documenter les évolutions du parc et de la société. Ainsi, Lucien Israël nous pousse également à voir certaines pratiques courantes à l’époque et aujourd’hui interdites comme celle de donner du pain aux cygnes.

Dès le XVIIIᵉ siècle, on s’interroge sur l’intérêt du jeu dans le développement éducatif de l’enfant et sa valeur ludique. Dans les années 60, les aires de jeux sont en plein essor en France et leur réalisation tente de répondre à ses problématiques. Ainsi, Lucien Israël par son film Jeux d’enfants illustre et témoigne de la place du jeu et des espaces verts dans la société française.

Lieux ou monuments


Parc de l'Orangerie, Strasbourg; Thannenkirch

Bibliographie


Entretien téléphonique avec Madame Michèle Jablon, fille de Lucien Israël.

Association A.D.I.Q., Le quartier des XV et l’Orangerie, Strasbourg, éditions Oberlin, 1985.

Blanc-Reibel (Cathy), « La Neustadt de Strasbourg : L’exemple de co-construction d’un patrimoine urbain », Revue des sciences sociales, 2017, p. 104-111.

Calenge (Christian), « Du parc au parc, invocation d'une figure de l’urbanité », Cahiers de la Méditerranée, 60, 2000, 1, p. 179-201.

Clavel (Maïté), « Un ailleurs au sein de la ville. Le parc des Buttes-Chaumont », Ethnologie française, 40, 2010, n°4, p. 609-621.

Cohen (Jean-Louis) et Frank (Hartmut), « De la question urbaine », in Interférences Allemagne-France architecture 1800 - 2000, Strasbourg, éditions des Musées de Strasbourg, 2013, p. 62.

Eberhardt Sophie, « La préservation de l’image de la ville à Strasbourg aux prémices du XXe siècle. Entre composition, recomposition et sauvegarde », Histoire urbaine, 45, 2016, n°1, p. 167-186.

Gayet (Daniel), « Enfants et parents dans les aires de jeux », Les Sciences de l'éducation - Pour l'Ère nouvelle, 38, 2005, n°2, p. 11-24.

Prêtheur (Julie), « Des aires de jeux permissives pour des enfants plus libres », Le Monde, 13/ 02/2015, (en ligne), https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2015/02/13/jeux-d-anges-heureux_4574960_4500055.html, (22 avril 2021).

Stern (Simon), « Le comportement spatial des juifs de Strasbourg », Revue Géographique de l'Est, 34,1994, n°2, p. 129-145.

Strasbourg métropole, « Parcours le parc de l’orangerie », https://www.strasbourg.eu/documents/976405/1163507/0/4658a7d5-2b5b-1577-4f72 f4a81a31575d, (21 avril 2021).

Documents annexes


Figure 2 : Plan de l’Orangerie (1914) in Association A.D.I.Q., Le quartier des XV et l’Orangerie, Strasbourg, éditions Oberlin, 1985.
Figure 3 : Temple de l’Orangerie (1985) in Association A.D.I.Q., Le quartier des XV et l’Orangerie, Strasbourg, éditions Oberlin, 1985.
Figure 4 : Temple de l’Orangerie (2021), collection personnelle d’Antony Saunders.
Figure 5 : Enfant sur une « cage à poule », New York, 1946 in Elsa Mourgues, « L'aire de jeu, entre phénomène social et artistique », France culture, 23/04/2021, https://www.franceculture.fr/architecture/laire-de-jeu-entre-phenomene-social-et-artistique (27/04/2021).
Figure 6 : Carte postale du village de Thannenkirch in Annuaire Mairie Thannenkirch, « Photos et cartes postales de Thannenkirch », https://www.annuaire-mairie.fr/mairie-thannenkirch.html (25/04/2021).


Article rédigé par

Adèle Grody, 12 avril 2021


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