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− | + | Dans son film, Hippolyte Laemmel présente tout d’abord les deux principaux protagonistes, à savoir le groupe de skieurs en devenir d'une part (minute 00:01), et le groupe de moniteurs d'autre part (minute 00:03), puis il restitue les principales étapes de l’apprentissage des débutants, à savoir le slalom (minutes 00:27 à 03:24), et l’arrêt (minutes 03:40 à 03:48), réalisées sous l’œil avisé des moniteurs. Ces derniers communiquent à l’aide de talkies-walkies (visibles aux minutes 00:31 et 06:28), le moniteur présent au départ annonçant à ceux campés à l’arrivée le moment où s’élance le skieur, afin que le chronomètre puisse être déclenché et les temps de descente calculés. Hippolyte Laemmel varie les points de vue en filmant les skieurs tantôt depuis le départ de la piste, en plongée, tantôt depuis l’arrivée, en contre-plongée. Il se permet également des zooms, permettant de suivre de manière nette la progression du skieur dévalant la piste. Les pistes de ski que l’on voit dans le film sont en pente douce, on peut s’en rendre compte aux minutes 03:20, quand Hippolyte Laemmel filme la descente des skieurs depuis l’arrivée, et 07:25, où la prise de vue est réalisée depuis le départ de la piste. Ce type de pente est adapté pour accueillir des touristes venus en famille, les enfants étant des skieurs débutant. Les skieurs en apprentissage, reconnaissables à leur dossard numéroté, sont composés de jeunes (minutes 00:01, 04:00) mais également d’adultes (minutes 07:22, 07:35). Ils sont approximativement cinquante si l’on se fie au numéro porté par chacun (on aperçoit le dossard 48 à 07:37). Comme la plupart des apprenti-skieurs, ceux-ci suivent des cours collectifs ; disposer d’un enseignant pour des cours particuliers étant un luxe. | |
− | On remarque que les skieurs captés à l’écran par le cinéaste amateur ne sont pas rompus à la pratique du ski, en témoigne leur position peu assurée (minute 00:52) et les quelques chutes qui émaillent leur descente (minutes 01:13, 03:43 et | + | On remarque que les skieurs captés à l’écran par le cinéaste amateur ne sont pas rompus à la pratique du ski, en témoigne leur position peu assurée (minute 00:52) et les quelques chutes qui émaillent leur descente (minutes 01:13, 03:43 et 07:41). Hippolyte Laemmel nous fait apprécier le panorama et les aménagements qu’offre le Champ du Feu à travers des panoramiques (minutes 00:07 à 00:12, 04:20 à 04:27 et 04:48 à 04:58) qui retranscrivent le charme dégagé par une petite station de sport d’hiver des Vosges. La séquence allant de 05:18 à 05:25 prouve que la luge est un autre sport d’hiver pratiqué sur les pentes du Champ du Feu. Aux minutes 05:57 et 06:00, deux séquences d’une durée de trois secondes chacune dépeignent exactement la même vue, si ce n’est que dans la première, un enfant fait irruption dans le champ, gâchant ainsi la sensation de quiétude dégagée par les forêts vosgiennes. Hippolyte Laemmel a manifestement dû réenregistrer son plan mais pourquoi alors avoir garder la première séquence dans le montage final ? Quoi qu’il en soit, cela prouve que les mouvements de caméra effectuées par le cinéaste sont choisis et étudiés au préalable. |
|Bibliographie=Bernard Michon, Thierry Terret, ''Pratiques sportives et identités locales'', Paris, L'Harmattan, 2004 | |Bibliographie=Bernard Michon, Thierry Terret, ''Pratiques sportives et identités locales'', Paris, L'Harmattan, 2004 | ||
Version actuelle datée du 5 mai 2021 à 23:19
Résumé
Point culminant du Bas-Rhin à 1 099 mètres d'altitude et unique station de ski alpin du département, le Champ du Feu est situé à soixante-trois kilomètres de Strasbourg. Propice à la pratique du ski alpin, du ski de fond et des longues balades en raquettes à neige, le domaine skiable du Champ du Feu s'étend sur environ cinquante hectares et trois secteurs : Le Vieux-Prés, la Serva et les Myrtilles. En 1968, quatre remontées mécaniques desservent huit pistes de ski, se répartissant en trois vertes, deux bleues et trois rouges, et dont une partie est équipée de canons à neige.
Contexte et analyse
Le développement du ski au Champ du Feu
Le ski, venant des pays scandinaves, s’est répandu vers le reste de l’Europe via l’Allemagne et a atteint le Champ du Feu dès les années 1880, époque à laquelle l’Alsace faisait partie du Deuxième Reich. Le Champ du Feu est le terrain de ski des Strasbourgeois qui venaient le dimanche en train jusque dans la vallée de la Bruche avant de gagner les hauteurs à pied et de refaire le chemin inverse le soir. C’est pour pouvoir rester sur place plusieurs jours que les premiers clubs ont aménagé ou construit des chalets au Champ du Feu. En effet, les stations de sports d'hivers n'existant pas, les adeptes du ski trouvent peu ou prou un moyen de se loger sur les ballons en plein hiver. Les Hautes Vosges ne comptent que quelques établissements hôteliers : l'hôtel du Grand Ballon, l'hôtel Freppel au lac Blanc, l'hôtel Hazemann au Champ du Feu, l'hôtel Welleda au Donon, en plus des auberges du col de la Schlucht et du Hohneck. Ces maisons offrent le gîte et le couvert aux excursionnistes de l'été. Elles sont souvent fermées en janvier. Jusqu'en 1914, personne ne s'aventure sur les crêtes gelées hormis quelques centaines de skieurs. Mais les hôtels ne sont qu'une solution provisoire car onéreuse. Chaque soir, les skieurs sans fortune doivent redescendre dans la vallée pour prendre le train de la ville. Ils ont tôt fait de conclure qu'il leur serait préférable de disposer d'un toit sur les sommets, un refuge, une hutte, où ils pourraient dormir et préparer un repas chaud. Les seules maisons qui peuplent les champs de neige sont les fermes. Ces quelques marcairies, condamnées à la solitude par le fermier fin septembre, seront leurs premiers chalets. Des accords sont signés avec les communes. Moyennant un loyer, les skieurs sont autorisés à y loger.
En 1950, des parkings sont créés en face de la ferme Morel ainsi que de part et d’autre de la route pour permettre de garer les cars et voitures privées. Après une première installation sommaire, un fil neige avec une ficelle sans câble, qui fonctionne sur la Petite Serva jusqu’en 1961, la compagnie de transports strasbourgeoise Astra installe en 1954-55 le remonte-pente de la Grande Serva. Elle crée pour l’occasion, sans le savoir, un nouveau métier : celui de chauffeur perchiste. Le conducteur du bus convoie les skieurs jusqu’au Champ du Feu puis change de casquette pour manœuvrer le monte-pente. En 1963, deux remonte-pentes démontables sont installés sur le pré de la Petite Serva, alors qu’une installation de type Grande Serva était attendu depuis 1961 pour remplacer le « pionnier agonisant ». Ces deux installations sont des téléskis, l’un de trente perches et l’autre de quarante, pouvant ensemble remonter de quatre-cent-cinquante à six-cents skieurs par heure. Entre la Charbonnière et la Tour du Champ du Feu se trouve le point d’arrivée du remonte-pente du Hochfeld, établit en 1961 pour desservir la pente de la Chaume des Veaux, alors que pour cette dernière piste un téléski démontable, de type fil neige est à l’étude. Dès 1963, deux pistes, l’une à l’avant Serva, l’autre à la Chaume des Veaux, peuvent être recouvertes de neige artificielle en cas d’enneigement défavorable. Il s’agit là de la première implantation de canons à neige en Europe, qui a d’ailleurs suscité l’intérêt d’une délégation d’Autrichiens venue sur place pour découvrir cette technologie et s’en inspirer en vue des Jeux Olympiques d’hiver d’Innsbruck quelques mois plus tard. En 1965, l’illumination de nuit d’une piste de ski alpin est possible, et un téléski supplémentaire de cent-quarante perches pouvant remonter de mille à mille-deux-cents skieurs par heure est installé sur l’arrière Serva. De 1950 à 1965, routes, parkings, remonte-pentes et chalets ont profondément modifié l’aspect des chaumes du Champ du Feu, appelé à être, surtout en hiver, le haut-lieu du tourisme bas-rhinois, ce que symbolise en particulier le « Tour du Champ du Feu », épreuve de ski par laquelle les Vosges-Trotters de Strasbourg, première société implantée sur ses pentes, inaugurent chaque année dans le cadre de la Fédération Française de ski les activités hivernales pour les Vosges entières.
Le regard d'un cinéaste amateur
Dans son film, Hippolyte Laemmel présente tout d’abord les deux principaux protagonistes, à savoir le groupe de skieurs en devenir d'une part (minute 00:01), et le groupe de moniteurs d'autre part (minute 00:03), puis il restitue les principales étapes de l’apprentissage des débutants, à savoir le slalom (minutes 00:27 à 03:24), et l’arrêt (minutes 03:40 à 03:48), réalisées sous l’œil avisé des moniteurs. Ces derniers communiquent à l’aide de talkies-walkies (visibles aux minutes 00:31 et 06:28), le moniteur présent au départ annonçant à ceux campés à l’arrivée le moment où s’élance le skieur, afin que le chronomètre puisse être déclenché et les temps de descente calculés. Hippolyte Laemmel varie les points de vue en filmant les skieurs tantôt depuis le départ de la piste, en plongée, tantôt depuis l’arrivée, en contre-plongée. Il se permet également des zooms, permettant de suivre de manière nette la progression du skieur dévalant la piste. Les pistes de ski que l’on voit dans le film sont en pente douce, on peut s’en rendre compte aux minutes 03:20, quand Hippolyte Laemmel filme la descente des skieurs depuis l’arrivée, et 07:25, où la prise de vue est réalisée depuis le départ de la piste. Ce type de pente est adapté pour accueillir des touristes venus en famille, les enfants étant des skieurs débutant. Les skieurs en apprentissage, reconnaissables à leur dossard numéroté, sont composés de jeunes (minutes 00:01, 04:00) mais également d’adultes (minutes 07:22, 07:35). Ils sont approximativement cinquante si l’on se fie au numéro porté par chacun (on aperçoit le dossard 48 à 07:37). Comme la plupart des apprenti-skieurs, ceux-ci suivent des cours collectifs ; disposer d’un enseignant pour des cours particuliers étant un luxe.
On remarque que les skieurs captés à l’écran par le cinéaste amateur ne sont pas rompus à la pratique du ski, en témoigne leur position peu assurée (minute 00:52) et les quelques chutes qui émaillent leur descente (minutes 01:13, 03:43 et 07:41). Hippolyte Laemmel nous fait apprécier le panorama et les aménagements qu’offre le Champ du Feu à travers des panoramiques (minutes 00:07 à 00:12, 04:20 à 04:27 et 04:48 à 04:58) qui retranscrivent le charme dégagé par une petite station de sport d’hiver des Vosges. La séquence allant de 05:18 à 05:25 prouve que la luge est un autre sport d’hiver pratiqué sur les pentes du Champ du Feu. Aux minutes 05:57 et 06:00, deux séquences d’une durée de trois secondes chacune dépeignent exactement la même vue, si ce n’est que dans la première, un enfant fait irruption dans le champ, gâchant ainsi la sensation de quiétude dégagée par les forêts vosgiennes. Hippolyte Laemmel a manifestement dû réenregistrer son plan mais pourquoi alors avoir garder la première séquence dans le montage final ? Quoi qu’il en soit, cela prouve que les mouvements de caméra effectuées par le cinéaste sont choisis et étudiés au préalable.Lieux ou monuments
Bibliographie
Bernard Michon, Thierry Terret, Pratiques sportives et identités locales, Paris, L'Harmattan, 2004
Claude Kauffmann, Grégoire Gauchet, Histoire des sports d’hiver et du ski en Alsace, Pontarlier, Belvédère, 2016.
Grégoire Gauchet, L’aventure du ski dans les Vosges, Strasbourg, La Nuée Bleue, 2001.
Gonthier Ochsenbein, Le Champ-du-Feu : Ses roches et sa végétation : Ses légendes et son histoire, Strasbourg, 1965.
Daniel Pontoreau, Le Champ du Feu, Strasbourg, Centre européen d'actions artistiques contemporaines, 1992.
Jean-Paul Haas, Le Champ du Feu, Schiltigheim, Mueh-le-Roux, 1990.
Article rédigé par
Mael Schuster, 04 mai 2021
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