Jeunesses hitlériennes (0021FN0003) : Différence entre versions

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Version du 11 février 2019 à 14:54

Description


Un défilé de jeunesses hitlériennes sur le pont de Corbeau. Une groupe des jeunesses hitlériennes en uniforme faisaient la queue sur un pont. Après avoir attendu un garçon qui est rentré dans l’équipe, tous les garçons sont tournés à droit et ont commencé à avancer. La première partie de la queue étaient les petites garçons qui portaient les chemises brunes et les culottes noires. Il y avait des garçons plus âgés en marchant derrière eux, portant les chemises blanches et les pantalons noirs. Un garçon, qui paraissait le chef de la queue, marchait à gauche au premier rang.

Métadonnées

N° support :  0021FN0003
Date :  Entre 1942 et 1943
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:00:19
Cinéastes :  Breesé, Emile
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Frontières, Guerre, Seconde Guerre mondiale : Occupation et annexion
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Dès 1922, le pari nazi a fondé un mouvement de jeunesse en Allemagne dont la première organisation de jeunesse était le Jugendbund der NSDAP (Le Parti National-Socialiste Ouvrier Allemand). Le 2 mai 1925, le développement des mouvements de jeunes fut rebaptisé jeunesse hitlérienne (ou Hitler Jugend). À partir de cette date le terme HJ recouvre deux significations distinctes. La première désigne le mouvement des jeunes nazis dans son ensemble, incluant le groupe de garçon de 10 à 14 ans ainsi que les deux organisations pour les fillettes (10-14 ans) et les filles (14-18 ans); la seconde désigne la jeunesse hitlérienne proprement dite, l'organisation des adolescents de sexe masculin âgés de 14-18 ans.[1] Les garçons de 10 ans ont rejoint le Deutsches Jungvolk (jeunes allemands) jusqu'à l'âge de 13 ans, puis ont été transférés au Hitler Jugend jusqu'à l'âge de 18 ans. En 1936, l'écrivain JR Tunus a écrit sur les activités du HJ. Il a déclaré qu'une partie de leur «athlétisme militaire» comprenait la marche, l'exercice à la baïonnette, le lancement de grenade, le creusement de tranchées, la lecture de cartes, la défense anti-gaz, l'utilisation de pirogues, la façon de passer sous le canon barbelé et au pistolet. Les filles, à l'âge de 10 ans, peuvent rejoindre le Jungmadelbund (Ligue des jeunes filles) et à 14 ans passent au Bund Deutscher Mädel (Ligue des filles allemandes). Les filles devaient être capables de courir 60 mètres en 14 secondes, de lancer une balle de 12 mètres, de marcher 2 heures, de nager 100 mètres et de savoir faire un lit. Les jeunesses hitlériennes portaient un uniforme composé d’une culotte bleu foncé ou brune, d’un calot et d’une chemise bruns, et d’un brassard représentant la croix gammée dans un carré et bande blanche centrale horizontale. Sur la boucle de leur ceinturon, on trouvait la devise «Blut und Ehre» (Sang et Honneur). Les 3 et 4 juillet 1926, la Hitler Jugend fut présenté avec pompe au public allemand. Ils étaient considérés comme les futurs dirigeants du parti nazi et formés comme les futurs guerriers, mais en attendant ils jouaient un rôle important en tant que propagandistes déterminés, paradant dans les rues en bataillons bottés, pendant les campagnes électorales et lors des manifestations organisées par le Parti.

La Réforme éducative en Alsace
Après avoir annexé la région Alsace-Moselle le 27 novembre 1940, les autorités allemandes ont publié plusieurs décrets pour réaliser la nazification. Les nazis multiplient les organisations qui visent à embrigader les différentes couches sociales et professionnelles, en particulier la jeunesse. Les occupants germanisent l'école alsacienne : l'allemand devient la langue d’enseignement, et la Hitler Jugend est mise en place. Les garçons sont orientés vers des exercices prémilitaires et les filles sont occupées à des activités sportives et ménagères. Deux fois par semaine il y avait des réunions en classe, en uniforme, de la Hitler Jugend et du Bund Deutscher Mädel, sous la direction de leurs jeunes Führer. La HJ avait la priorité sur l’école. Elle jouait un rôle clé dans l’organisation des défilés dans le village et lors des grands rassemblements régionaux qui réunissaient parfois plusieurs centaines de jeunes en uniforme. Le premier groupe des HJ alsaciens a été créé pendant l'été 1940, les drapeaux de l'organisation ont été apportés de Kehl le 8 septembre, et fin novembre, le dirigeant des HJ vient officialiser la naissance. En septembre 1941, les Strassburger Neueste Nachrichten se vantent que les HJ ont enrôlé plus de 100 000 jeunes, soit les 3/4 des enfants de la région[2]. Le 2 janvier 1942, l’adhésion à la Hitler Jugend devient obligatoire pour les jeunes Alsaciens âgés de 10 à 18 ans.

Les Dernières nouvelles de Strasbourg au nom traduit en allemand (SNN) et à la rédaction nazifiée exulte:

“Entrée dans la Hitler Jugend
Pour la première fois, comme tous ont pu le voir sur les nombreuses affiches placées dans la ville, tous les jeunes, garçons et filles nés en 1932 entrent obligatoirement dans la jeunesse hitlérienne, confiés par leurs mères aux chefs qui les introduisent dans les responsabilités nationales-socialistes.

Ce jour est pour les jeunes soldats du Führer, le premier grand jour de leur vie ; leur éducation politique est prise désormais en charge par la HJ responsable de l’éducation de toute la jeunesse allemande.
Pour ces jeunes commence le service de la communauté : ils ont à développer leur corps, à éduquer leur esprit dans un sens politique national-socialiste.
--SNN 15 avril 1942.

Karl-Roos s’adressant à ses élèves.jpg


Les activités de la Jeunesses hitlérienne sont entièrement contrôlées et dominées par les nazis, qui espèrent former les guerriers loyaux pour les futures guerres. Les jeunes étaient encouragés à respecter la fierté nationale, à se montrer dignes de l’honneur allemand, à surmonter leurs peurs, à défier le danger, à glorifier la mort au service du Führer. C'était aussi une stratégie pour assimiler les jeunes Alsaciens et maintenir le gouvernement allemand en Alsace. Ce n’était pas seulement une façon de former les futurs soldats hitlériens, mais aussi une façon d’effacer les influences de la culture française dans la région.

À l'issue de la Seconde Guerre mondiale, les Alliés ont dissous les jeunesses hitlériennes qui faisait partie partie intégrante du système nazi. Bien que la plupart d’entre eux n’ont jamais été considérés comme « criminels de guerre », ils ont commis des crimes contre la paix et certains ont atterri en prison.

Lieux ou monuments


Pont du Corbeau

Bibliographie


Lothar Kettenacker, La politique de nazification en Alsace, Istra, Strasbourg, 2 tomes, 1978.

Jean-Denis Lepage, La Hitler Jegund 1922-1945, Paris, Le Grand livre du mois, 2004.
Alessio Ponzio, Shaping the New Man: Youth Training Regimes in Fascist Italy and Nazi Germany, Madison, University of Wisconsin Press, 2015.
3. Michaël H. Kater, «Hitlerjugend und Schule im Dritten Reich», Historische Zeitschrift, n° 228, 1979, pp. 572-623.

4. Herberich Geneviève et Raphaël Freddy, «Les incorporés de force alsaciens [Déni, convocation et provocation de la mémoire]», Vingtième Siècle, n°6, avril-juin 1985, pp. 83-102.


Article rédigé par

Tingyan Li, 31 décembre 2018


  1. Jean-Denis Lepage, La Hitler Jegund 1922-1945, Paris, Le Grand livre du mois, 2004, pp. 26
  2. L'Alsace sous l'oppression nazie, 1940-1944, CRDP Strasbourg, 1977, p. 74.