Strasbourg : place de l'Université (0086NN0019) : Différence entre versions
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− | |Description_fr=Images floues : une femme jette de la neige à son enfant qui pleure et se dirige vers l’opérateur. La femme prend l’enfant et lui nettoie le visage (coupe). Panorama sur les chaussures de l’enfant (coupe). De dos, un homme tire l’enfant sur une luge (coupe). La luge est ensuite tirée par la femme qui fait le tour du monument Luis Pasteur sur la place de l’université (coupe). Panorama sur l’édifice allégorique représentant Pasteur, devant lui l’enfant et son chien. La femme tire la luge et l’enfant en croisant la caméra vers la gauche, avec en arrière-plan, un bâtiment, des hommes et des voitures qui circulent. La femme sac à la main et l’enfant sur la luge traversent devant la caméra, ensuite la femme pose l’enfant sur un petit mur qui entoure le monument et l’aide à marcher sur le mur en lui tenant son bras (coupe). La femme pousse la luge, bref panoramique sur un groupe d’enfant qui observent la scène (coupe). La femme tire l’enfant avec la luge en courant dans les bois avec en arrière-plan | + | |Description_fr=Images floues : une femme jette de la neige à son enfant qui pleure et se dirige vers l’opérateur. La femme prend l’enfant et lui nettoie le visage (coupe). Panorama sur les chaussures de l’enfant (coupe). De dos, un homme tire l’enfant sur une luge (coupe). La luge est ensuite tirée par la femme qui fait le tour du monument Luis Pasteur sur la place de l’université (coupe). Panorama sur l’édifice allégorique représentant Pasteur, devant lui l’enfant et son chien. La femme tire la luge et l’enfant en croisant la caméra vers la gauche, avec en arrière-plan, un bâtiment, des hommes et des voitures qui circulent. La femme sac à la main et l’enfant sur la luge traversent devant la caméra, ensuite la femme pose l’enfant sur un petit mur qui entoure le monument et l’aide à marcher sur le mur en lui tenant son bras (coupe). La femme pousse la luge, bref panoramique sur un groupe d’enfant qui observent la scène (coupe). La femme tire l’enfant avec la luge en courant dans les bois avec en arrière-plan la statue de Goethe (coupe). L’enfant, aidé par sa mère, tire la luge, (coupe) l’enfant tire tout seul la luge (coupe) un homme pousse l’enfant avec la luge. |
− | |Contexte_et_analyse_fr=Depuis 1870 l’Alsace est au cœur du conflit entre la France et l’Allemagne. Annexé par les allemands en 1871, il devient français avec l’armistice de novembre 1918. Cette longue période d’occupation et le rattachement au Reichsland finit par forger une mythologie française de « l’alsace, province perdue ». Après la première guerre mondiale, l’Alsace reconquit oscille entre un patriotisme « de bon en aloi » et un militantisme politique plus radicale avec un l’autonomisme qui se développe. Symbole de prestige intellectuel et culturel de l’Allemagne durant l’annexion, l’université de Strasbourg est au cœur du projet de francisation de l’alsace du gouvernement français | + | |Contexte_et_analyse_fr=Depuis 1870 l’Alsace est au cœur du conflit entre la France et l’Allemagne. Annexé par les allemands en 1871, il devient français avec l’armistice de novembre 1918. Cette longue période d’occupation et le rattachement au Reichsland finit par forger une mythologie française de « l’alsace, province perdue ». Après la première guerre mondiale, l’Alsace reconquit oscille entre un patriotisme « de bon en aloi » et un militantisme politique plus radicale avec un l’autonomisme qui se développe. Symbole de prestige intellectuel et culturel de l’Allemagne durant l’annexion, l’université de Strasbourg est au cœur du projet de francisation de l’alsace du gouvernement français avec l’envoi à Strasbourg d’éminents professeurs comme Marc Bloch en 1919. |
− | L’université enjeu des conflits franco-allemands | + | '''L’université de Strasbour : un enjeu des conflits franco-allemands''' |
− | Après la défaite de Sedan, l’Alsace est annexé à l’Allemagne en 1870. | + | Après la défaite de Sedan, l’Alsace est annexé à l’Allemagne en 1870. Le Kaiser Guillaume 1er et le chancelier Otto Von Bismarck |
+ | [[Fichier:Monument Pasteur devant l'université.jpg|vignette|Inauguration du monument Louis Pasteur sur la place de l'université en 1923. source : BNU]] | ||
+ | entendent assimiler ce nouveau territoire au Reich, tout en renvoyant une image prestigieuse du nouvel empire allemand. Strasbourg et sont université en deviennent la vitrine et le symbole d’un prestige intellectuel et culturel. En 1872, un décret impérial institue le Kaiser-Wilhelms-Universitat Strasburg. Construite en 1879-1884, par Otto Warth l’université est inaugurée en octobre 1884<ref>Jean-Marie PEROUSSE, Brigitte PARENT, La dictionnaire du patrimoine p. 286-287.</ref> en présence de l’empereur, en remplacement de l’académie française. L’université allemande de Strasbourg compte cinq facultés dont une faculté de philosophie, une faculté des sciences et mathématiques, une faculté de droit et de sciences politiques, une faculté de médecine et une faculté de théologie protestante. A partir de la rentrée d’hiver 1903-1904, une faculté de théologie catholique est mise en place<ref>François IGERSHEIM, L'Alsace et ses historiens 1680-1914. La fabrique des monuments, 2006.</ref>. Après la réintégration de l’Alsace à la France en 1919, l’université conserve son prestige. Une partie des références germaniques comme la statue Germania est gommée dans le cadre de la francisation de l’Alsace mais aussi par l’arrivée à Strasbourg d’éminents professeur comme Marc Bloch en 1919. D’important réaménagement pédagogique sont effectués au niveau de l’enseignement de l’université qui ne conserve qu’une chaire d’histoire des religions comme héritage des allemands. A l’occasion du centenaire de la naissance de la naissance de Louis Pasteur en 1923, un monument à l’honneur de Pasteur est érigé par Jean Baptiste Larrivé<ref>Strasbourg 1914-1924, le retour à la France, p. 79.</ref>. Cet obélisque de 9m de haut planté dans un bassin à décoration allégorique, représentant le chien enragé et le jeune Joseph Meister qui remercie pasteur après sa vaccination, entre dans la volonté de franciser l’ancien Kaiser-Wilhelms-Universität, vitrine du génie allemand et mise en place pour « germaniser les élites locales ». En 1929, Marc Bloch et Lucien Febvre mettent en place l’école des annales qui rompe avec l’histoire politique pour une histoire économique et sociale et œuvre pour une histoire intégrée du Rhin. En 1940, l’Allemagne de Hitler occupe à nouveau Strasbourg à la suite du « drôle de guerre » et instaure la Reichsuniversitat de Strasbourg. Loin d’être une résurrection du Kaiser-Wilhelms-Universität, la Reichuniversität constitue un outil du régime nazi. Elle est inaugurée en 1941 en présence de 8000 invités, tandis que l’université française de Strasbourg s’est repliée sur Clermont-Ferrand où des étudiants et des personnels sont torturés ou exécutés par la gestapo, c’est le cas des historiens comme Paul Collomp et de Marc Bloch. La libération de Strasbourg le 23 novembre 1944 permet à l’université de faire sa rentrée au palais universitaire sous le patronage du General de Gaulle et du ministre de l’éducation nationale René Capitant le 5 octobre 1945. Elle accueille en 1949 la première assemblée du conseil de l’Europe, en présence du général de Gaulle et de Winston Churchill. | ||
+ | [[Fichier:Place de l'université.jpg|vignette|source : BNU]] | ||
+ | '''Un calme inhabituel''' | ||
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+ | On voit dans ce film de Robert Forrer (1866-1947), une femme et son enfant qui occupe l’essentiel des séquences avec quelques apparitions d’un homme qui doit être probablement le père de l’enfant. La fixation du camera autour de l’enfant est remarquable dans ce film avec quelques prises de vue sur le paysage avec la neige, les arbres et quelques bâtiments qui entourent la Place de l’Université. Les tenues vestimentaires des acteurs, un plan fixe sur les chaussures de l'enfant, la luge et un sol enneigé montrent que le film est tourné en hiver. Forrer effectue un plan fixe sur le monument de Luis Pasteur inauguré en 1923 par Alexandre Millerand. Cependant, il est un peu étonnant d’observer que le bâtiment du palais universitaire n’apparait pas dans ce film tourné devant ses portes mais aussi on se demander pourquoi la place est si calme comme le constate t-on dans cette séquence alors qu’elle accueille des milliers d’étudiants ? Peut-etre que le film a été tourné soit en weekend soit pendant les vacances de noël. Mais quoi qu'il en soit, les differentes prises de vue et les angles de vision choisient par Robert Forrer traduit une volonté de centralisation de la séquence autour des acteurs concernés et le bref panoramique sur un groupe d'enfant qui observaient la scéne illustre ce constat. Donc il apparait clairement comme dans tous les films de famille que la concentration du film autour des personnes et de leurs actions traduit une volonté apparente "de mettre en branle la mémoire des spectateurs familiaux". | ||
+ | |Bibliographie=PEROUSSE Jean-Marie, PARENT Brigitte, Le dictionnaire du patrimoine, Editions Place de la victoire/La Nuée Bleue, 2011. | ||
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+ | Strasbourg 1918-1924, le retour à la France, Le Verger Editeur, 2018. | ||
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Version actuelle datée du 8 mars 2020 à 19:56
Résumé
Description
Images floues : une femme jette de la neige à son enfant qui pleure et se dirige vers l’opérateur. La femme prend l’enfant et lui nettoie le visage (coupe). Panorama sur les chaussures de l’enfant (coupe). De dos, un homme tire l’enfant sur une luge (coupe). La luge est ensuite tirée par la femme qui fait le tour du monument Luis Pasteur sur la place de l’université (coupe). Panorama sur l’édifice allégorique représentant Pasteur, devant lui l’enfant et son chien. La femme tire la luge et l’enfant en croisant la caméra vers la gauche, avec en arrière-plan, un bâtiment, des hommes et des voitures qui circulent. La femme sac à la main et l’enfant sur la luge traversent devant la caméra, ensuite la femme pose l’enfant sur un petit mur qui entoure le monument et l’aide à marcher sur le mur en lui tenant son bras (coupe). La femme pousse la luge, bref panoramique sur un groupe d’enfant qui observent la scène (coupe). La femme tire l’enfant avec la luge en courant dans les bois avec en arrière-plan la statue de Goethe (coupe). L’enfant, aidé par sa mère, tire la luge, (coupe) l’enfant tire tout seul la luge (coupe) un homme pousse l’enfant avec la luge.
Contexte et analyse
Depuis 1870 l’Alsace est au cœur du conflit entre la France et l’Allemagne. Annexé par les allemands en 1871, il devient français avec l’armistice de novembre 1918. Cette longue période d’occupation et le rattachement au Reichsland finit par forger une mythologie française de « l’alsace, province perdue ». Après la première guerre mondiale, l’Alsace reconquit oscille entre un patriotisme « de bon en aloi » et un militantisme politique plus radicale avec un l’autonomisme qui se développe. Symbole de prestige intellectuel et culturel de l’Allemagne durant l’annexion, l’université de Strasbourg est au cœur du projet de francisation de l’alsace du gouvernement français avec l’envoi à Strasbourg d’éminents professeurs comme Marc Bloch en 1919.
L’université de Strasbour : un enjeu des conflits franco-allemands
Après la défaite de Sedan, l’Alsace est annexé à l’Allemagne en 1870. Le Kaiser Guillaume 1er et le chancelier Otto Von Bismarck
entendent assimiler ce nouveau territoire au Reich, tout en renvoyant une image prestigieuse du nouvel empire allemand. Strasbourg et sont université en deviennent la vitrine et le symbole d’un prestige intellectuel et culturel. En 1872, un décret impérial institue le Kaiser-Wilhelms-Universitat Strasburg. Construite en 1879-1884, par Otto Warth l’université est inaugurée en octobre 1884[2] en présence de l’empereur, en remplacement de l’académie française. L’université allemande de Strasbourg compte cinq facultés dont une faculté de philosophie, une faculté des sciences et mathématiques, une faculté de droit et de sciences politiques, une faculté de médecine et une faculté de théologie protestante. A partir de la rentrée d’hiver 1903-1904, une faculté de théologie catholique est mise en place[3]. Après la réintégration de l’Alsace à la France en 1919, l’université conserve son prestige. Une partie des références germaniques comme la statue Germania est gommée dans le cadre de la francisation de l’Alsace mais aussi par l’arrivée à Strasbourg d’éminents professeur comme Marc Bloch en 1919. D’important réaménagement pédagogique sont effectués au niveau de l’enseignement de l’université qui ne conserve qu’une chaire d’histoire des religions comme héritage des allemands. A l’occasion du centenaire de la naissance de la naissance de Louis Pasteur en 1923, un monument à l’honneur de Pasteur est érigé par Jean Baptiste Larrivé[4]. Cet obélisque de 9m de haut planté dans un bassin à décoration allégorique, représentant le chien enragé et le jeune Joseph Meister qui remercie pasteur après sa vaccination, entre dans la volonté de franciser l’ancien Kaiser-Wilhelms-Universität, vitrine du génie allemand et mise en place pour « germaniser les élites locales ». En 1929, Marc Bloch et Lucien Febvre mettent en place l’école des annales qui rompe avec l’histoire politique pour une histoire économique et sociale et œuvre pour une histoire intégrée du Rhin. En 1940, l’Allemagne de Hitler occupe à nouveau Strasbourg à la suite du « drôle de guerre » et instaure la Reichsuniversitat de Strasbourg. Loin d’être une résurrection du Kaiser-Wilhelms-Universität, la Reichuniversität constitue un outil du régime nazi. Elle est inaugurée en 1941 en présence de 8000 invités, tandis que l’université française de Strasbourg s’est repliée sur Clermont-Ferrand où des étudiants et des personnels sont torturés ou exécutés par la gestapo, c’est le cas des historiens comme Paul Collomp et de Marc Bloch. La libération de Strasbourg le 23 novembre 1944 permet à l’université de faire sa rentrée au palais universitaire sous le patronage du General de Gaulle et du ministre de l’éducation nationale René Capitant le 5 octobre 1945. Elle accueille en 1949 la première assemblée du conseil de l’Europe, en présence du général de Gaulle et de Winston Churchill.
Un calme inhabituel
On voit dans ce film de Robert Forrer (1866-1947), une femme et son enfant qui occupe l’essentiel des séquences avec quelques apparitions d’un homme qui doit être probablement le père de l’enfant. La fixation du camera autour de l’enfant est remarquable dans ce film avec quelques prises de vue sur le paysage avec la neige, les arbres et quelques bâtiments qui entourent la Place de l’Université. Les tenues vestimentaires des acteurs, un plan fixe sur les chaussures de l'enfant, la luge et un sol enneigé montrent que le film est tourné en hiver. Forrer effectue un plan fixe sur le monument de Luis Pasteur inauguré en 1923 par Alexandre Millerand. Cependant, il est un peu étonnant d’observer que le bâtiment du palais universitaire n’apparait pas dans ce film tourné devant ses portes mais aussi on se demander pourquoi la place est si calme comme le constate t-on dans cette séquence alors qu’elle accueille des milliers d’étudiants ? Peut-etre que le film a été tourné soit en weekend soit pendant les vacances de noël. Mais quoi qu'il en soit, les differentes prises de vue et les angles de vision choisient par Robert Forrer traduit une volonté de centralisation de la séquence autour des acteurs concernés et le bref panoramique sur un groupe d'enfant qui observaient la scéne illustre ce constat. Donc il apparait clairement comme dans tous les films de famille que la concentration du film autour des personnes et de leurs actions traduit une volonté apparente "de mettre en branle la mémoire des spectateurs familiaux".Lieux ou monuments
Bibliographie
PEROUSSE Jean-Marie, PARENT Brigitte, Le dictionnaire du patrimoine, Editions Place de la victoire/La Nuée Bleue, 2011.
Article rédigé par
Oumar Ciss, 08 janvier 2020
- ↑ Cette fiche est considérée comme achevée par son auteur, mais elle n'a pas encore été validée par une autorité scientifique.
- ↑ Jean-Marie PEROUSSE, Brigitte PARENT, La dictionnaire du patrimoine p. 286-287.
- ↑ François IGERSHEIM, L'Alsace et ses historiens 1680-1914. La fabrique des monuments, 2006.
- ↑ Strasbourg 1914-1924, le retour à la France, p. 79.