La revue du 14 juillet 1935 (0126FN0002) : Différence entre versions
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Version actuelle datée du 7 mars 2020 à 13:11
Résumé
Description
Un panneau d'information renseigne de la date de l'évènement: le 14 juillet 1935. On aperçoit le Palais du Rhin, avec un groupe de personnes devant. Sur le plan suivant, des groupes de soldats marchent en rang, allant vers le défilé avec un officier à cheval à leur tête. Viennent ensuite des chevaux, tirant des charrettes. Le plan suivant montre des soldats en uniforme clair défiler en rang. Le plan suivant montre des cavaliers, défilant en rangs, sabre à la main. Des voitures, avec des passagers officiers et porte drapeaux passent. Au plan suivant, la caméra montre des semi-chenillés, tirant des canons d'artillerie et d'autres de réparation sur le plan suivant. On aperçoit des gens qui traversent la chaussée entre le passage des soldats. Des motocyclistes et automitrailleuses Laffly 50AM défilent. Au plan suivant on aperçoit des chars légers AMR 33. Viennent ensuite des Side-cars avec mitrailleuse. Un plan fixe montre l'arrivée d'autres side-cars, accompagnés d'automitrailleuses Laffly 80AM. Ces dernières s'arrêtent. Des chars légers AMR 33 défilent. Coupe brutale, le reste de la vidéo est noir.
Contexte et analyse
Un symbole de puissance:
Alors que l'Allemagne Hitlérienne monte en puissance et que les puissances européennes persistent dans la voie du pacifisme, il est assez étonnant de voir un défilé militaire aussi important à l'occasion de la fête nationale française du 14 juillet à Strasbourg. A l'occasion de celui-ci, on aperçoit que l'armée française n'hésite pas à montrer ses dernières technologies et derniers modèles de chars, en témoigne par exemple les nombreuses automitrailleuses de reconnaissance/chars légers AMR33, construits entre 1933 et 1935 et qui formaient à l'époque l'un des plus importants chars de l'armée française par son nombre. On aperçoit également nombre d'automitrailleuses, comme des Laffly 80 AM qui sortent à peine de production, des Laffly 50AM plus anciennes mais elles aussi en nombre etc. La plupart des forces présentées appartiennent d'ailleurs aux corps de cavalerie français, avec tout d'abord d'authentiques cavaliers, arborant le sabre au clair, mais également des éléments de cavalerie motorisée qui les suivent ensuite, à l'instar des motocyclistes, des side-cars Bernanet Dragon-Portés et les automitrailleuses déjà mentionnées. On aperçoit cependant quand même des soldats d'infanterie, reconnaissables à leur paquetage et leurs casques Adrian, ainsi que des soldats d'infanterie avec des uniformes plus clairs, probablement des soldats de la légion étrangère ou d'infanterie légère africaine(On ne peut rien affirmer à cause de la distance). Par cette manœuvre, l'Etat français entend montrer à la population strasbourgeoise la puissance de la France, son avancée technologique et l'importance de ces forces armées.
Un réalisateur témoin de cette puissance: Par delà cette démonstration de puissance assez simple à comprendre, on peut voir à travers ce film la volonté de son réalisateur, amateur, de montrer tout le défilé du 14 juillet. Il filme ainsi chaque arrivée de véhicules, chaque arrivée de régiments de fantassins, comme un simple spectateur qui regardait les soldats défiler sur la route. Il n'utilise peu ou pas de méthodes sophistiquées pour filmer, mais ne fait des plans que pour filmer la rue et les activités militaires qui s'y déroulent. On devine les rues du centre-ville de Strasbourg, et les alentours du Palais du Rhin, mais la caméra reste avant tout concentrée sur l'action en cours. On devine donc que, si celui qui filme est un habitué du maniement de la caméra et des films, comme en témoigne un montage qui est dans l'ensemble très propre et bien découpé, il n'a en revanche pas vraiment souhaité faire d'exercice particulier avec ce film, se contentant de filmer le défilé au fur et à mesure de sa progression.
Un Message à Strasbourg ?
En replaçant ce défilé dans son contexte, et en utilisant les images prises par Mr Durr, on peut se rendre à l'évidence que cette vidéo entend avant tout montrer quelque chose: Strasbourg est définitivement entre les mains françaises, et les forces armées y défilent lors de la fête nationale. Le fait que le Palais du Rhin, montré en début de vidéo, soit le lieu ou se regroupe énormément de personnes n'a rien du hasard. Ce dernier, construit sous Guillaume II, est un rappel de la présence allemande passée. Dans le contexte de l'entre-deux-guerres, avec notamment la montée en puissance d'Adolf Hitler qui veut rompre le traité de Versailles, faire défiler l'armée française devant un ancien symbole allemand capturé 20 ans auparavant ne semble pas être dû au hasard. Cet évènement semble être extrêmement important également par le fait qu'on voit les interactions entre soldats français et strasbourgeois: ces derniers ne semblent pas choqués par la présence des soldats français, et échangent des salutations avec.
En conclusion:
Ce film est extrêmement intéressant, à la fois par ce qu'il montre mais également par le contexte qui l'entoure. Ce défilé fait le 14 juillet à Strasbourg prend tout son sens lorsque on le replace dans son contexte d'entre-deux-guerres, alors que le nazisme monte en puissance Outre-Rhin et que Strasbourg n'est française que depuis 20 ans après une cinquantaine d'années en Allemagne.Lieux ou monuments
Bibliographie
Le site des Side-Cars Bernanet: https://www.bernardet.com/sidecars/sidecars_militaires.html
BELLEC, Olivier, 1940, le soldat français. Tome 1, Uniformes, coiffures, insignes, Paris, Histoire et collections, 2010
FUNCKEN, Fred et Liliane, L'uniforme et les armes des soldats de la guerre 1939-1945. Tome 1 : France, Allemagne, Autriche, U.R.S.S.,Tchécoslovaquie, Pologne, Belgique,1933-1941. Infanterie, cavalerie, blindés, aviation., Paris, Casterman, 1974
SAINT-MARTIN, Bernard, L'arme blindée française. Tome 1, Mai-juin 1940 ! Les blindés français dans la tourmente , Paris, Economica, 2011
Article rédigé par
Vincent Durut, 19 décembre 2019