Bas:Féérie de cristal et de verre (0132FI0007) : Différence entre versions

 
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|Contexte_et_analyse_fr='''M. Albert Schott, cinéaste amateur, conservateur de mémoire'''
 
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L’extrait de quatre minutes est issu d’un documentaire bien plus long – une cinquantaine de minute – dédié à la présentation des métiers liés au travail du verre et filmé par M. Albert Schott. Instituteur depuis 1940, celui-ci est également cinéaste à ses heures libres où il filme par exemple de grands événements de la vie locale. C’est à la retraite que M. Schott se consacre pleinement à cette passion appris en autodidacte afin de conserver la mémoire d’un monde qu’il voit disparaître : la ruralité et l’artisanat. Ainsi, cet ambitieux amateur dévoile dans une série de documentaire filmés les rouages de différents métiers atypiques et en voie de disparition, comme celui qui nous intéresse ici : les métiers verrerie. Du tournage au montage – qui consistait à coller bout à bout des dizaines de petites bobines – en passant par les bruitages, M. Schott travaillait souvent seul. Concernant les commentaires, M. Schott, en bon ancien instituteur, les écrivait dans des cahiers d’écolier avant de les enregistrer lui-même. Il arrivait également que son fils M. Jean-Jacques Schott prête sa voix pour certains commentaires. Le cinéaste consacrait plusieurs mois, voire plusieurs années, au tournage de certain de ses films dû à ses modestes moyens. Toutes ces activités l’occupaient des journées et des soirées entières. Après réalisation, M. Schott présentait ses films lors de séances publiques. Il décida également de présenter certaines de ses réalisations lors de concours de cinéma amateur, comme celui de Pont-à-Mousson (54). Selon son fils, il est fort possible ''Féérie de cristal et de verre'' en fasse partie. M. Schott ne rencontra malheureusement jamais de succès à ces concours, la longueur de ses films lui étant reproché. Ces documentaires présentes toutefois un grand intérêt, permettant la conservation de la mémoire de ces métiers parfois disparus ou en train de disparaitre.
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L’extrait de quatre minutes est issu d’un documentaire bien plus long – une cinquantaine de minutes – dédié à la présentation des métiers liés au travail du verre et filmé par Albert Schott. Instituteur depuis 1940, celui-ci est également cinéaste à ses heures libres où il filme par exemple de grands événements de la vie locale. C’est à la retraite que M. Schott se consacre pleinement à cette passion appris en autodidacte afin de conserver la mémoire d’un monde qu’il voit disparaître : la ruralité et l’artisanat. Ainsi, cet ambitieux amateur dévoile dans une série de documentaire filmés les rouages de différents métiers atypiques et en voie de disparition, comme celui de maître verrier. Du tournage au montage – qui consistait à coller bout à bout des dizaines de petites bobines – en passant par les bruitages, A. Schott travaillait souvent seul. Concernant les commentaires, M. Schott, en bon ancien instituteur, les écrivait dans des cahiers d’écolier avant de les enregistrer lui-même. Il arrivait également que son fils Jean-Jacques prête sa voix pour certains commentaires. Le cinéaste consacrait plusieurs mois, voire plusieurs années, au tournage de certain de ses films, du fait de ses modestes moyens. Toutes ces activités l’occupaient des journées et des soirées entières. Après réalisation, M. Schott présentait ses films lors de séances publiques. Il décida également de présenter certaines de ses réalisations lors de concours de cinéma amateur, comme celui de Pont-à-Mousson (54). Selon son fils, il est fort possible que ''Féérie de cristal et de verre'' en fasse partie. M. Schott ne rencontra malheureusement jamais de succès à ces concours, la longueur de ses films lui étant reprochée. Ces documentaires présentent toutefois un grand intérêt, permettant la conservation de la mémoire de ces métiers parfois disparus ou en train de disparaitre.
  
  
 
'''Histoire de la Cristallerie de Hartzviller et de ses maîtres verriers'''  
 
'''Histoire de la Cristallerie de Hartzviller et de ses maîtres verriers'''  
  
M. Schott tourne son documentaire ''Féérie de cristal et de verre'' à la fin des années 60. Il choisit pour lieu de tournage plusieurs verreries comme celles de Vallérystal et la prestigieuse cristallerie de Baccarat. C’est dans celle de Hartzwiller, fondée en 1932, que les séquences de l’extrait ci-dessus ont été tourné. La fondation de la cristallerie est atypique. En effet, le projet de la construction d’une cristallerie à Hartzviller, petit village de Lorraine – région berceau de la cristallerie française –, est une initiative d’anciens ouvriers de la verrerie de Vallérystal, à quelques kilomètres de là. Après une grève de quatorze semaines en 1929, quarante ouvriers de la verrerie, au savoir-faire unique, ne sont pas réembauchés malgré la promesse faite par la direction de l’entreprise. Ceux-ci décident alors de monter une coopérative à tendance chrétienne qu’ils fondent en 1930 ayant pour objectif de construire une nouvelle cristallerie qu’ils géreraient eux-mêmes. L’événement fait grand bruit et de nombreux journaux de l’époque en suivent  l'avancée (voir annexes). L’année 1931 marque le début de la construction de la cristallerie dont les frais sont en partie couverts par les ouvriers eux-mêmes. Contrairement à d’autres verreries comme celle de Givors (69), la cristallerie de Hartzviller n’adopte pas la mécanisation et garde son savoir-faire artisanal tout au long de ses soixante-douze années d’activités. Les pièces sont soufflées à la bouche par les maîtres verriers et taillées et décorées à la main. La qualité du verre sortant de l’usine en fait sa renommée, ils sont par exemple présents sur les tables de grands hôtels français comme le Ritz. Malheureusement dans la tourmente économique la cristallerie ferme ses portes et éteint définitivement ses fours en 2004. Les bâtiments, trop abimés pour être rénovés, sont détruits en 2019. Malgré la fermeture de l’entreprise, le site internet de la cristallerie est encore visible. On peut y trouver une brève histoire du lieu et de nombreuses photographies dans l’onglet « Les Gestes Authentiques » présentant les différentes techniques utilisées pour la fabrication des pièces (voir annexe).
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M. Schott tourne son documentaire ''Féérie de cristal et de verre'' à la fin des années 1960. Il choisit pour lieu de tournage plusieurs verreries comme celles de Vallérystal et la prestigieuse cristallerie de Baccarat. Selon les précisions du fils d'Albert Schott, c'est dans celle de Hartzwiller, fondée en 1932, que les séquences de l’extrait ci-dessus ont été tournés. La fondation de la cristallerie est atypique. En effet, le projet de la construction d’une cristallerie à Hartzviller, petit village de Lorraine – région berceau de la cristallerie française –, est une initiative d’anciens ouvriers de la verrerie de Vallérystal, à quelques kilomètres de là. Après une grève de quatorze semaines en 1929, quarante ouvriers de la verrerie, au savoir-faire unique, ne sont pas réembauchés malgré la promesse faite par la direction de l’entreprise. Ceux-ci décident alors de monter une coopérative à tendance chrétienne qu’ils fondent en 1930 avec pour objectif de construire une nouvelle cristallerie qu’ils géreraient eux-mêmes. L’événement fait grand bruit et de nombreux journaux de l’époque en suivent  l'avancée (voir annexes).  
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[[Fichier:Retronews - Cristallerie de Hartzviller.png|vignette|Journaux consacrant un ou plusieurs articles à la création de la Cristallerie coopérative de Hartzviller © https://www.retronews.fr/search#allTerms=Cristallerie%20de%20Hartzwiller&sort=score&publishedBounds=from&indexedBounds=from&page=1&searchIn=all  ]]
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L’année 1931 marque le début de la construction de la cristallerie dont les frais sont en partie couverts par les ouvriers eux-mêmes. Contrairement à d’autres verreries comme celle de Givors (69), la cristallerie de Hartzviller n’adopte pas la mécanisation et garde son savoir-faire artisanal tout au long de ses soixante-douze années d’activités. Les pièces sont soufflées à la bouche par les maîtres verriers et taillées et décorées à la main. La qualité du verre sortant de l’usine fait sa renommée: ils sont par exemple présents sur les tables de grands hôtels français comme le Ritz. Malheureusement, dans la tourmente économique, la cristallerie ferme ses portes et éteint définitivement ses fours en 2004. Les bâtiments, trop abimés pour être rénovés, sont détruits en 2019. Malgré la fermeture de l’entreprise, le site Internet de la cristallerie est encore visible. On peut y trouver une brève histoire du lieu et de nombreuses photographies dans l’onglet « Les Gestes Authentiques » présentant les différentes techniques utilisées pour la fabrication des pièces (voir annexes).
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[[Fichier:Site internet de la Cristallerie de Hartzviller.jpg|vignette|Créations de la Cristallerie de Hartzviller © http://cristal.hartzviller.free.fr/]]
  
  
'''Les métiers du verre, une féérie durement obtenue'''
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'''Les métiers du verre, une féérie durement obtenue'''<br>
|Bibliographie=J'adresse mes remerciements à M. Jean-Jacques Schott, fils de M. Schott, pour toutes les informations et précisions qu'il a pu m'apporter.
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Ainsi, c’est à la cristallerie de Hartzviller que M. Schott choisi de filmer, dans ces séquences, le savoir-faire unique des maîtres verriers. L’extrait s’ouvre sur un plan fixe du toit de la halle, lieux où les maîtres verriers soufflent et façonnent le verre fondu afin de lui donner sa forme finale. Dès ses premiers commentaires A. Schott présente le métier de verriers comme difficile : le bruit, la chaleur, la cadence de travail donnent à la halle « des apparences de l’enfer », selon les mots du cinéaste. Les fours, nécessaires à la fabrication et au maintien du verre sous sa forme molle, sont en permanence allumés faisant régner une chaleur étouffante dans la halle et montant parfois à plus de 40°C en été. Ce fonctionnement continu est possible depuis l’introduction des fours à gaz dans les cristalleries remplaçant ceux au bois et au charbon. La chaleur est telle qu’à la fin du XIXe siècle, les ouvriers de la cristallerie de Baccarat se qualifiaient eux-mêmes de « viande à feu ». Alors que A. Schott commente, nous pouvons voir sur les images l’effervescence de l’usine. Dans cette foule en constant mouvement se trouve des verriers, employés de la cristallerie, mais également des figurants, reconnus par le fils d'A. Schott comme étant des hommes de leur village – Walscheid (57). Une brève séquence du film complet leur est d’ailleurs dédié : déguisés en Phéniciens, ceux-ci rejouent la légendaire découverte du verre ; la chaleur d’un grand feu sur une plage aurait fait fondre la silice du sable le transformant en verre. Un petit interlude musical à base de ce qui semble être des cymbales fait une transition entre cette introduction et la description de la fabrication de deux modèles de verre et d’un flacon proposé à la vente par la cristallerie. A. Schott y utilise le vocabulaire du métier en évoquant notamment le « cueillage », le fait de prendre au fond du four un bout de verre fondu avant de le travailler, la « paraison » correspondant au contenant du verre, la palette, outil servant à modeler le verre, etc. (ces termes sont également expliqués sur le site Internet de la cristallerie déjà cité et disponible en annexe).
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[[Fichier:Maillochage.jpg|vignette|Technique du maillochage © http://cristal.hartzviller.free.fr/HTML/verreajambe.htm]]
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Dans son commentaire, A. Schott évoque le fait que les cannes, dans lesquels les verriers soufflent pour faire gonfler la bulle de verre à son extrémité, usent les lèvres. Ce sont les « exigences du métier ». L’usure des lèvres n’est pas la seule conséquence qu’a le travail du verre sur le corps des ouvriers. Ceux-ci s’exposent à de douloureuses brûlures aux mains et aux bras dues à la manipulation de matériel brûlant ou aux éclats de cristal, entrainant dans certain cas des phlegmons (inflammation du tissu pouvant évoluer en abcès), aux fractures ou encore aux plaies. Les maladies sont fréquentes, principalement au XIXe siècle : bronchites chroniques, « catarrhe bronchique », intoxications au plomb menant à des coliques, phtisie, anémies etc. La répétition des mouvements provoque également des rhumatismes articulaires. Malgré certaines améliorations de l’hygiène dans l’usine et des conditions de travail des verriers, ce métier reste tout de même pénible et dangereux. De l’amiante est par exemple utilisée dans les isolants présents dans les usines (autour des fours, dans les protections des ouvriers etc.) jusqu’à son interdiction en 1996. La précision et la poésie des descriptions du réalisateur permettent au spectateur de profiter des mouvements précis des maîtres verriers tout en comprenant leurs manipulations. La séquence est rythmée d’une musique principalement composée de percussions. Quelques instants avant la fin de l’extrait (à environ 3'43) une femme apparaît à l’écran. Elle est la seule à avoir été filmé par M. Schott bien qu’elle ne soit pas la seule ouvrière de la cristallerie. Sur ce plan, il semble qu’elle tienne un chalumeau proche du pied d’un flacon manipulé par un verrier afin de maintenir le verre assez chaud pour être travaillé. Les femmes de la cristallerie ne travaillent habituellement pas dans la halle, celle-ci est occupée par les hommes en raison de la pénibilité du travail. Elles sont employées pour la taille et la décoration des verres, demandant précision et habilité. Ce travail est toutefois pénible: la taille des verres se faisant sous des jets d’eau, elles travaillent toute la journée les mains dans l’eau.
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Ainsi, dans sa description du travail des maîtres verriers de la cristallerie de Hartzviller, A. Schott salue leur savoir-faire unique. En effet, la cristallerie de Hartzviller, comme évoqué plus haut, continue la production artisanale refusant la mécanisation dans la confection de ses pièces. C’est malheureusement la concurrence de cette dernière qui pousse à la fermeture de nombreuses verreries et cristalleries de Lorraine. Le documentaire a donc ici pour but de rappeler l’importance et la beauté du travail artisanal, de l’ouvrier soufflant dans sa canne et modelant son œuvre. A. Schott n’oublie cependant pas de préciser que cette féérie est durement obtenue par ces ouvrières et ouvriers verriers.
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|Bibliographie=J'adresse mes remerciements à M. Jean-Jacques Schott, fils de M. Schott, pour toutes les informations et précisions qu'il a pu m'apporter.<br>
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* Marichalar Pascal, « 3. La viande à feu », dans ''Qui a tué les verriers de Givors ?'', Paris, La Découverte, 2017, p. 63-92. <br>
 
* Marichalar Pascal, « 3. La viande à feu », dans ''Qui a tué les verriers de Givors ?'', Paris, La Découverte, 2017, p. 63-92. <br>
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* « Photos. Hartzviller : le chantier de démolition de l'ancienne cristallerie a démarré », ''Le Républicain Lorrain'', [En ligne : consulté le 16 avril 2021 ; URL : https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-sarrebourg-chateau-salins/2019/07/31/photos-hartzviller-le-chantier-de-demolition-de-l-ancienne-cristallerie-a-demarre].<br>
 
* « Photos. Hartzviller : le chantier de démolition de l'ancienne cristallerie a démarré », ''Le Républicain Lorrain'', [En ligne : consulté le 16 avril 2021 ; URL : https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-sarrebourg-chateau-salins/2019/07/31/photos-hartzviller-le-chantier-de-demolition-de-l-ancienne-cristallerie-a-demarre].<br>
  
* « PHOTOS. Dans les ruines de la cristallerie d'Hartzviller », ''Le Républicain Lorrain'', [En ligne : 16 avril 2021 ; URL : https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-sarrebourg-chateau-salins/2016/05/23/dans-les-ruines-de-la-cristallerie-d-hartzviller].
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* « PHOTOS. Dans les ruines de la cristallerie d'Hartzviller », ''Le Républicain Lorrain'', [En ligne : consulté le 16 avril 2021 ; URL : https://www.republicain-lorrain.fr/edition-de-sarrebourg-chateau-salins/2016/05/23/dans-les-ruines-de-la-cristallerie-d-hartzviller].
|Documents_annexes=* Les journaux consacrant un ou plusieurs articles à la création de la Cristallerie coopérative de Hartzwiller sont disponible sur le site Retronews https://www.retronews.fr/search#allTerms=Cristallerie%20de%20Hartzwiller&sort=score&publishedBounds=from&indexedBounds=from&page=1&searchIn=all<br>
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* De nombreuses photographies de la cristallerie de Hartzviller et de ses maitres verriers sont disponibles sur le site de l'entreprise dans l'onglet "Les Gestes Authentiques" http://cristal.hartzviller.free.fr/
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* De nombreuses photographies de la cristallerie de Hartzviller et de ses maîtres verriers sont disponibles sur le site de l'entreprise dans l'onglet "Les Gestes Authentiques" http://cristal.hartzviller.free.fr/
 
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Version actuelle datée du 20 avril 2021 à 17:51


Avertissement[1]

Résumé


Ce film de 4 minutes filmé par M. Albert Schott à la fin des années 1960, nous présente le travail des ouvriers verriers de la Cristallerie de Hartzviller (57870). M. Schott, au travers de ses commentaires détaillés et poétiques, nous permet de nous en apprend plus sur ce métier en voie de disparition.

Métadonnées

N° support :  0132FI0007
Date :  1976
Coloration :  Couleur
Son :  Sonore
Durée :  00:04:00
Cinéastes :  Schott, Albert
Format original :  Super 8 mm
Langue :  Français
Genre :  Documentaire
Thématiques :  Patrimoine industriel et agricole, Industrie
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


M. Albert Schott, cinéaste amateur, conservateur de mémoire

L’extrait de quatre minutes est issu d’un documentaire bien plus long – une cinquantaine de minutes – dédié à la présentation des métiers liés au travail du verre et filmé par Albert Schott. Instituteur depuis 1940, celui-ci est également cinéaste à ses heures libres où il filme par exemple de grands événements de la vie locale. C’est à la retraite que M. Schott se consacre pleinement à cette passion appris en autodidacte afin de conserver la mémoire d’un monde qu’il voit disparaître : la ruralité et l’artisanat. Ainsi, cet ambitieux amateur dévoile dans une série de documentaire filmés les rouages de différents métiers atypiques et en voie de disparition, comme celui de maître verrier. Du tournage au montage – qui consistait à coller bout à bout des dizaines de petites bobines – en passant par les bruitages, A. Schott travaillait souvent seul. Concernant les commentaires, M. Schott, en bon ancien instituteur, les écrivait dans des cahiers d’écolier avant de les enregistrer lui-même. Il arrivait également que son fils Jean-Jacques prête sa voix pour certains commentaires. Le cinéaste consacrait plusieurs mois, voire plusieurs années, au tournage de certain de ses films, du fait de ses modestes moyens. Toutes ces activités l’occupaient des journées et des soirées entières. Après réalisation, M. Schott présentait ses films lors de séances publiques. Il décida également de présenter certaines de ses réalisations lors de concours de cinéma amateur, comme celui de Pont-à-Mousson (54). Selon son fils, il est fort possible que Féérie de cristal et de verre en fasse partie. M. Schott ne rencontra malheureusement jamais de succès à ces concours, la longueur de ses films lui étant reprochée. Ces documentaires présentent toutefois un grand intérêt, permettant la conservation de la mémoire de ces métiers parfois disparus ou en train de disparaitre.


Histoire de la Cristallerie de Hartzviller et de ses maîtres verriers

M. Schott tourne son documentaire Féérie de cristal et de verre à la fin des années 1960. Il choisit pour lieu de tournage plusieurs verreries comme celles de Vallérystal et la prestigieuse cristallerie de Baccarat. Selon les précisions du fils d'Albert Schott, c'est dans celle de Hartzwiller, fondée en 1932, que les séquences de l’extrait ci-dessus ont été tournés. La fondation de la cristallerie est atypique. En effet, le projet de la construction d’une cristallerie à Hartzviller, petit village de Lorraine – région berceau de la cristallerie française –, est une initiative d’anciens ouvriers de la verrerie de Vallérystal, à quelques kilomètres de là. Après une grève de quatorze semaines en 1929, quarante ouvriers de la verrerie, au savoir-faire unique, ne sont pas réembauchés malgré la promesse faite par la direction de l’entreprise. Ceux-ci décident alors de monter une coopérative à tendance chrétienne qu’ils fondent en 1930 avec pour objectif de construire une nouvelle cristallerie qu’ils géreraient eux-mêmes. L’événement fait grand bruit et de nombreux journaux de l’époque en suivent l'avancée (voir annexes).

Journaux consacrant un ou plusieurs articles à la création de la Cristallerie coopérative de Hartzviller © https://www.retronews.fr/search#allTerms=Cristallerie%20de%20Hartzwiller&sort=score&publishedBounds=from&indexedBounds=from&page=1&searchIn=all

L’année 1931 marque le début de la construction de la cristallerie dont les frais sont en partie couverts par les ouvriers eux-mêmes. Contrairement à d’autres verreries comme celle de Givors (69), la cristallerie de Hartzviller n’adopte pas la mécanisation et garde son savoir-faire artisanal tout au long de ses soixante-douze années d’activités. Les pièces sont soufflées à la bouche par les maîtres verriers et taillées et décorées à la main. La qualité du verre sortant de l’usine fait sa renommée: ils sont par exemple présents sur les tables de grands hôtels français comme le Ritz. Malheureusement, dans la tourmente économique, la cristallerie ferme ses portes et éteint définitivement ses fours en 2004. Les bâtiments, trop abimés pour être rénovés, sont détruits en 2019. Malgré la fermeture de l’entreprise, le site Internet de la cristallerie est encore visible. On peut y trouver une brève histoire du lieu et de nombreuses photographies dans l’onglet « Les Gestes Authentiques » présentant les différentes techniques utilisées pour la fabrication des pièces (voir annexes).

Créations de la Cristallerie de Hartzviller © http://cristal.hartzviller.free.fr/


Les métiers du verre, une féérie durement obtenue

Ainsi, c’est à la cristallerie de Hartzviller que M. Schott choisi de filmer, dans ces séquences, le savoir-faire unique des maîtres verriers. L’extrait s’ouvre sur un plan fixe du toit de la halle, lieux où les maîtres verriers soufflent et façonnent le verre fondu afin de lui donner sa forme finale. Dès ses premiers commentaires A. Schott présente le métier de verriers comme difficile : le bruit, la chaleur, la cadence de travail donnent à la halle « des apparences de l’enfer », selon les mots du cinéaste. Les fours, nécessaires à la fabrication et au maintien du verre sous sa forme molle, sont en permanence allumés faisant régner une chaleur étouffante dans la halle et montant parfois à plus de 40°C en été. Ce fonctionnement continu est possible depuis l’introduction des fours à gaz dans les cristalleries remplaçant ceux au bois et au charbon. La chaleur est telle qu’à la fin du XIXe siècle, les ouvriers de la cristallerie de Baccarat se qualifiaient eux-mêmes de « viande à feu ». Alors que A. Schott commente, nous pouvons voir sur les images l’effervescence de l’usine. Dans cette foule en constant mouvement se trouve des verriers, employés de la cristallerie, mais également des figurants, reconnus par le fils d'A. Schott comme étant des hommes de leur village – Walscheid (57). Une brève séquence du film complet leur est d’ailleurs dédié : déguisés en Phéniciens, ceux-ci rejouent la légendaire découverte du verre ; la chaleur d’un grand feu sur une plage aurait fait fondre la silice du sable le transformant en verre. Un petit interlude musical à base de ce qui semble être des cymbales fait une transition entre cette introduction et la description de la fabrication de deux modèles de verre et d’un flacon proposé à la vente par la cristallerie. A. Schott y utilise le vocabulaire du métier en évoquant notamment le « cueillage », le fait de prendre au fond du four un bout de verre fondu avant de le travailler, la « paraison » correspondant au contenant du verre, la palette, outil servant à modeler le verre, etc. (ces termes sont également expliqués sur le site Internet de la cristallerie déjà cité et disponible en annexe).

Dans son commentaire, A. Schott évoque le fait que les cannes, dans lesquels les verriers soufflent pour faire gonfler la bulle de verre à son extrémité, usent les lèvres. Ce sont les « exigences du métier ». L’usure des lèvres n’est pas la seule conséquence qu’a le travail du verre sur le corps des ouvriers. Ceux-ci s’exposent à de douloureuses brûlures aux mains et aux bras dues à la manipulation de matériel brûlant ou aux éclats de cristal, entrainant dans certain cas des phlegmons (inflammation du tissu pouvant évoluer en abcès), aux fractures ou encore aux plaies. Les maladies sont fréquentes, principalement au XIXe siècle : bronchites chroniques, « catarrhe bronchique », intoxications au plomb menant à des coliques, phtisie, anémies etc. La répétition des mouvements provoque également des rhumatismes articulaires. Malgré certaines améliorations de l’hygiène dans l’usine et des conditions de travail des verriers, ce métier reste tout de même pénible et dangereux. De l’amiante est par exemple utilisée dans les isolants présents dans les usines (autour des fours, dans les protections des ouvriers etc.) jusqu’à son interdiction en 1996. La précision et la poésie des descriptions du réalisateur permettent au spectateur de profiter des mouvements précis des maîtres verriers tout en comprenant leurs manipulations. La séquence est rythmée d’une musique principalement composée de percussions. Quelques instants avant la fin de l’extrait (à environ 3'43) une femme apparaît à l’écran. Elle est la seule à avoir été filmé par M. Schott bien qu’elle ne soit pas la seule ouvrière de la cristallerie. Sur ce plan, il semble qu’elle tienne un chalumeau proche du pied d’un flacon manipulé par un verrier afin de maintenir le verre assez chaud pour être travaillé. Les femmes de la cristallerie ne travaillent habituellement pas dans la halle, celle-ci est occupée par les hommes en raison de la pénibilité du travail. Elles sont employées pour la taille et la décoration des verres, demandant précision et habilité. Ce travail est toutefois pénible: la taille des verres se faisant sous des jets d’eau, elles travaillent toute la journée les mains dans l’eau.

Ainsi, dans sa description du travail des maîtres verriers de la cristallerie de Hartzviller, A. Schott salue leur savoir-faire unique. En effet, la cristallerie de Hartzviller, comme évoqué plus haut, continue la production artisanale refusant la mécanisation dans la confection de ses pièces. C’est malheureusement la concurrence de cette dernière qui pousse à la fermeture de nombreuses verreries et cristalleries de Lorraine. Le documentaire a donc ici pour but de rappeler l’importance et la beauté du travail artisanal, de l’ouvrier soufflant dans sa canne et modelant son œuvre. A. Schott n’oublie cependant pas de préciser que cette féérie est durement obtenue par ces ouvrières et ouvriers verriers.

Lieux ou monuments


Cristallerie de Hartzviller

Bibliographie


J'adresse mes remerciements à M. Jean-Jacques Schott, fils de M. Schott, pour toutes les informations et précisions qu'il a pu m'apporter.


  • Marichalar Pascal, « 3. La viande à feu », dans Qui a tué les verriers de Givors ?, Paris, La Découverte, 2017, p. 63-92.
  • Moriceau Caroline, « L’hygiène à la Cristallerie de Baccarat dans la seconde moitié du XIXe siècle. La santé ouvrière au cœur de la gouvernance industrielle », dans Le Mouvement Social, no 213, no. 4, 2005, p. 53-70.

Documents annexes


  • De nombreuses photographies de la cristallerie de Hartzviller et de ses maîtres verriers sont disponibles sur le site de l'entreprise dans l'onglet "Les Gestes Authentiques" http://cristal.hartzviller.free.fr/


Article rédigé par

Louna Marchand, 16 avril 2021


  1. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.