Bas:Vendanges à Riquewihr (0010VM0001) : Différence entre versions

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'''L'Alsace, une civilisation du vin.'''
 
'''L'Alsace, une civilisation du vin.'''
  
La culture de la vigne fait partie intégrante du paysage alsacien, elle en est même un des symbole. Si la vigne est cultivée en Alsace depuis l'Antiquité, le vignoble alsacien connaît son heure de gloire au XVIe siècle. Après la Guerre de Trente Ans (1618-1648) les viticulteurs alsaciens font le choix d'augmenter la production. Cette période de vignomanie entraine une baisse du coût et de la qualité du vin d'Alsace. Le vignoble alsacien est alors deux fois plus étendu que maintenant, des vignes sont même plantés dans la plaine d'Alsace. Au XIXe siècle après l'introduction du ''Zollverein'' en Allemagne et le manque de débouchés en France le vignoble alsacien entame une période de déclin. Après sa quasi-destruction pendant la crise du phylloxéra, sa lente reconstruction dans l’Entre-Deux-Guerres, le vignoble alsacien entre après la Seconde Guerre mondiale dans une période de prospérité. Suite à la définition des appellations d’origine des Vins d’Alsace le 2 novembre 1945, le vignoble se développe grandement, s'exporte et les viticulteurs concentrent leurs travaux sur les cépages locaux. Riquewihr, situé dans le Haut-Rhin à une quinzaine de kilomètres de Colmar est un village viticole reconnu depuis le Moyen-Âge. Placé sur les hauteurs des collines sous-vosgiennes, Riquewihr est au coeur du vignoble alsacien. Alfred Hugel natif de la ville et viticulteur local filme ainsi son environnement quotidien, d’où l’absence de panoramas ou de prises de vue montrant le village et le vignoble, comme on peut le voir dans le film amateur d’Albert Schott, ''Tabac, houblon et raisin'' de 1976. Alfred Hugel se contente de montrer les gestes et les visages de ses employés.  
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La culture de la vigne fait partie intégrante du paysage alsacien, elle en est même un des symboles. Si la vigne est cultivée en Alsace depuis l'Antiquité, le vignoble alsacien connaît son heure de gloire au XVIe siècle. Après la Guerre de Trente Ans (1618-1648) les viticulteurs alsaciens font le choix d'augmenter la production. Cette période de vignomanie entraine une baisse du coût et de la qualité du vin d'Alsace. Le vignoble alsacien est alors deux fois plus étendu que maintenant, des vignes sont même plantés dans la plaine d'Alsace. Au XIXe siècle après l'introduction du ''Zollverein'' en Allemagne et le manque de débouchés en France le vignoble alsacien entame une période de déclin. Après sa quasi-destruction pendant la crise du phylloxéra, sa lente reconstruction dans l’Entre-Deux-Guerres, le vignoble alsacien entre après la Seconde Guerre mondiale dans une période de prospérité. Suite à la définition des appellations d’origine des Vins d’Alsace le 2 novembre 1945, le vignoble se développe grandement, s'exporte et les viticulteurs concentrent leurs travaux sur les cépages locaux. Riquewihr, situé dans le Haut-Rhin à une quinzaine de kilomètres de Colmar est un village viticole reconnu depuis le Moyen-Âge. Placé sur les hauteurs des collines sous-vosgiennes, Riquewihr est au coeur du vignoble alsacien. Alfred Hugel, natif de la ville et viticulteur local, filme ainsi son environnement quotidien, d’où l’absence de panoramas ou de prises de vue montrant le village et le vignobles l'inverse d'un autre film amateur traitant d'un sujet similaire ''Tabac, houblon et raisin'' d’Albert Schott, de 1976. Alfred Hugel se contente de montrer les gestes et les visages de ses employés.  
 
   
 
   
 
'''Le dur labeur des vendanges'''
 
'''Le dur labeur des vendanges'''
  
On voit ici que les conditions matériels ne sont guère différentes de celle des vendanges de 1929 filmées par le même Alfred Hugel. Mis à part les sécateurs et les seaux en plastique, le reste de l’équipement du vendangeur et du vigneron sont similaires, les hottes en bois et les seaux restent rustiques. Cependant on aperçoit à plusieurs reprises la remorque portant les cuves pour les transporter entre les parcelles et la cave, il semble d'après la scène floue à la cave à la quatrième minute que celle-ci est tractée par un véhicule motorisée. Les campagnes alsaciennes sont ainsi marquées à cet époque par une lenteur dans la modernisation des méthodes de production. La vendange se fait ici dans une parcelle ancienne, on peut le voir à la culture des ceps, dite ici en quenouille, où le cep est attachée à des bouts de bois pour le faire monter à entre 1m50 et 2m50 de haut afin d’éviter une accumulation d’humidité autour du pied. Après la Seconde Guerre mondiale la règle est plutôt à la culture dite en palissage où le cep se développe horizontalement via des fils de fer. On voit dans les nombreuses séquences la répartition des tâches entre les vendangeurs. Les hommes agés, les enfants mais surtout les femmes cueillent les grappes de raisin mûres avec un sécateur et les place dans des seaux en plastique. Seaux qui, une fois plein, seront versés dans de lourdes hottes en bois. Ces hottes sont exclusivement portées par de jeunes hommes, qui les verseront ensuite dans des cuves posées sur une charrette qu'on aperçoit à 2 minutes 40 derrière deux hommes buvant du vin au tonnelet.  
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On voit ici que les conditions matériels ne sont guère différentes de celle des vendanges de 1929 filmées par le même Alfred Hugel. Mis à part les sécateurs et les seaux en plastique, le reste de l’équipement du vendangeur et du vigneron sont similaires et rudimentaires, les hottes en bois et les seaux restent rustiques. Cependant on aperçoit à plusieurs reprises la remorque portant les cuves pour les transporter entre les parcelles et la cave, il semble d'après la scène floue à la cave à la quatrième minute que celle-ci est tractée par un véhicule motorisée. Les campagnes alsaciennes sont ainsi marquées à cet époque par une lenteur dans la modernisation des méthodes de production. La vendange se fait ici dans une parcelle ancienne, on peut le voir à la culture des ceps, dite ici en quenouille, où le cep est attachée à des bouts de bois pour le faire monter à entre 1m50 et 2m50 de haut afin d’éviter une accumulation d’humidité autour du pied. Après la Seconde Guerre mondiale la règle est plutôt à la culture dite en palissage où le cep se développe horizontalement via des fils de fer. On voit dans les nombreuses séquences la répartition des tâches entre les vendangeurs. Les hommes agés, les enfants mais surtout les femmes cueillent les grappes de raisin mûres avec un sécateur et les place dans des seaux en plastique. Seaux qui, une fois plein, seront versés dans de lourdes hottes en bois. Ces hottes sont exclusivement portées par de jeunes hommes, qui les verseront ensuite dans des cuves posées sur une charrette qu'on aperçoit à 2 minutes 40 derrière deux hommes buvant du vin au tonnelet.  
  
 
'''Sociabilité et mixité dans les campagnes alsaciennes.'''  
 
'''Sociabilité et mixité dans les campagnes alsaciennes.'''  
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Dans les villages viticoles le moment des vendanges est un moment privilégié où se regroupe le village et où tous participent aux activités. ''On voit les travailleurs arrivés dans les parcelles via un tracteur et se répartir en plusieurs groupes, les cueilleurs et les porteurs de hotte. Si l’on compare cette scène avec celle des vendanges de 1929  on observe une nette modernisation des vendanges avec des tracteurs, sécateurs et seaux en plastique. Malgré tout ces objets neufs cohabitent avec de multiples outils en bois et les tracteurs tirent des chars en bois.''  
 
Dans les villages viticoles le moment des vendanges est un moment privilégié où se regroupe le village et où tous participent aux activités. ''On voit les travailleurs arrivés dans les parcelles via un tracteur et se répartir en plusieurs groupes, les cueilleurs et les porteurs de hotte. Si l’on compare cette scène avec celle des vendanges de 1929  on observe une nette modernisation des vendanges avec des tracteurs, sécateurs et seaux en plastique. Malgré tout ces objets neufs cohabitent avec de multiples outils en bois et les tracteurs tirent des chars en bois.''  
 
Riquewihr situé à 15 km de Colmar sur la route des vins d'Alsace est emblématique est une image d'Epinal de l'Alsace, avec ses maisons médiévales et son charme typique
 
Riquewihr situé à 15 km de Colmar sur la route des vins d'Alsace est emblématique est une image d'Epinal de l'Alsace, avec ses maisons médiévales et son charme typique
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|Bibliographie=BIANQUIS Isabelle, Alsace, De l’homme au vin, Thionville, Gérard Klopp, 1988.
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MULLER Claude, Alsace, une civilisation de la vigne : du VIIIe siècle à nos jours, Nancy, Place Stanislas, 2010.
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MULLER Claude, Chronique de la viticulture alsacienne au XXe siècle, t. 2, Riquewihr, Éditions Reber,, 2002, 304 p.
 
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Version actuelle datée du 28 avril 2021 à 10:30


[1] Avertissement[2]

Résumé


Film amateur muet en noir et blanc sur les vendanges à Riquewihr. Le réalisateur filme les vendangeurs et les vendangeuses dans leurs activités à la vigne.

Description


Des hommes discutent et fument. Une femme sourit à a caméra. Les vendangeurs se rendent à la vigne. Des femmes portent des seaux. Des vendangeurs et des vendangeuses cueillent le raisin. Les vendangeurs en pause. Des vendangeuses récoltent le raisin. Portraits de vendangeurs au travail. Des hommes boivent dans des tonnelets. Des femmes portent des seaux remplies. Gros plan sur des femmes. Des hommes portent des hottes. Déchargement des hottes à la cave. Vendangeurs marchant dans la vigne. Vendangeurs marchant à la cave. Les vendangeurs descendent un escalier. Repas des vendangeurs. Les hommes et les femmes rient et boivent du vin. Gros plan sur des vendangeurs. Homme debout à coté d'une hotte.

Métadonnées

N° support :  0010VM0001
Date :  Entre 1945 et 1950
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:05:00
Cinéastes :  Hugel, Alfred
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Vie rurale, Agriculture et pratiques agricoles

Contexte et analyse


Alfred Hugel né à Riquewihr en 1899 et décédé en 1958 est un viticulteur et un cinéaste amateur. Il est membre de la famille Hugel, installée à Riquewihr depuis 1639 et dont l'exploitation agricole est toujours en activité. Il dirige à partir de 1922 l'exploitation viticole familiale à Riquewihr et y filme des scènes de la vie rurale avec sa caméra 9,5mm. Il consacre à la viticulture deux films amateurs, les scènes de vendanges de 1929 et celles-ci datées entre 1945 et 1950. Après la Seconde Guerre mondiale, la viticulture alsacienne est en reconstruction mais la modernisation des moyens de productions ainsi que l'ordonnance du 2 novembre 1945, qui introduit l'appellation "Alsace" permettent au vignoble alsacien de se développer et de s'enrichir. Alfred Hugel capture ici un aperçu du travail lors des vendanges, il montre les gestes des travailleurs et les outils mais s'attarde surtout sur les visages des hommes et des femmes qui travaillent pour lui. Ce film montre que la présence d'une caméra à la vigne est perçue comme exceptionnelle, tous les vendangeurs se retournent, sourient ou discutent avec le réalisateur.

L'Alsace, une civilisation du vin.

La culture de la vigne fait partie intégrante du paysage alsacien, elle en est même un des symboles. Si la vigne est cultivée en Alsace depuis l'Antiquité, le vignoble alsacien connaît son heure de gloire au XVIe siècle. Après la Guerre de Trente Ans (1618-1648) les viticulteurs alsaciens font le choix d'augmenter la production. Cette période de vignomanie entraine une baisse du coût et de la qualité du vin d'Alsace. Le vignoble alsacien est alors deux fois plus étendu que maintenant, des vignes sont même plantés dans la plaine d'Alsace. Au XIXe siècle après l'introduction du Zollverein en Allemagne et le manque de débouchés en France le vignoble alsacien entame une période de déclin. Après sa quasi-destruction pendant la crise du phylloxéra, sa lente reconstruction dans l’Entre-Deux-Guerres, le vignoble alsacien entre après la Seconde Guerre mondiale dans une période de prospérité. Suite à la définition des appellations d’origine des Vins d’Alsace le 2 novembre 1945, le vignoble se développe grandement, s'exporte et les viticulteurs concentrent leurs travaux sur les cépages locaux. Riquewihr, situé dans le Haut-Rhin à une quinzaine de kilomètres de Colmar est un village viticole reconnu depuis le Moyen-Âge. Placé sur les hauteurs des collines sous-vosgiennes, Riquewihr est au coeur du vignoble alsacien. Alfred Hugel, natif de la ville et viticulteur local, filme ainsi son environnement quotidien, d’où l’absence de panoramas ou de prises de vue montrant le village et le vignobles l'inverse d'un autre film amateur traitant d'un sujet similaire Tabac, houblon et raisin d’Albert Schott, de 1976. Alfred Hugel se contente de montrer les gestes et les visages de ses employés.

Le dur labeur des vendanges

On voit ici que les conditions matériels ne sont guère différentes de celle des vendanges de 1929 filmées par le même Alfred Hugel. Mis à part les sécateurs et les seaux en plastique, le reste de l’équipement du vendangeur et du vigneron sont similaires et rudimentaires, les hottes en bois et les seaux restent rustiques. Cependant on aperçoit à plusieurs reprises la remorque portant les cuves pour les transporter entre les parcelles et la cave, il semble d'après la scène floue à la cave à la quatrième minute que celle-ci est tractée par un véhicule motorisée. Les campagnes alsaciennes sont ainsi marquées à cet époque par une lenteur dans la modernisation des méthodes de production. La vendange se fait ici dans une parcelle ancienne, on peut le voir à la culture des ceps, dite ici en quenouille, où le cep est attachée à des bouts de bois pour le faire monter à entre 1m50 et 2m50 de haut afin d’éviter une accumulation d’humidité autour du pied. Après la Seconde Guerre mondiale la règle est plutôt à la culture dite en palissage où le cep se développe horizontalement via des fils de fer. On voit dans les nombreuses séquences la répartition des tâches entre les vendangeurs. Les hommes agés, les enfants mais surtout les femmes cueillent les grappes de raisin mûres avec un sécateur et les place dans des seaux en plastique. Seaux qui, une fois plein, seront versés dans de lourdes hottes en bois. Ces hottes sont exclusivement portées par de jeunes hommes, qui les verseront ensuite dans des cuves posées sur une charrette qu'on aperçoit à 2 minutes 40 derrière deux hommes buvant du vin au tonnelet.

Sociabilité et mixité dans les campagnes alsaciennes.

Dans les villages viticoles le moment des vendanges est un moment privilégié où se regroupe le village et où tous participent aux activités. On le voit ici par la diversité des âges et des sexes lors de la cueillette. Les vendanges sont un moyen d'assurer un travail pour tous mais aussi une cohésion sociale pour le village. Les scènes de pause et de repas montre cette ambiance. D'après Alfred Hugel dans un témoignage audio à la MIRA, les repas sont invariablement constitués de pommes de terre en robe des champs, d'une tranche de cervelas, de munster et accompagné de vin. Le repas est normalement fourni par le propriétaire de l'exploitation qui est aussi chargé de loger les travailleurs ainsi que les rémunérer. De plus les vendanges permettent des rencontres et des rapprochements via les fêtes de fin de vendanges qui sont des événements importants dans la vie des villages viticoles. Si la nature de leur travail est différente, lors des vendanges, hommes et femmes sont, par le travail, égaux. Enfin on peut noter que la présence d'une caméra tenu par le gérant de l'exploitation au milieu possède une dimension inouïe, les vendangeurs s'arrêtent tous de travailler lorsqu'ils sont filmés et tous ont un comportement lié à la présence de la caméra. Certains sont gênés, d'autres attirent l'attention ou rient et une partie des vendangeurs parlent directement au réalisateur, ce qui témoigne de leur manque de familiarité avec l'objet qu'est une caméra sans prise de son. Ainsi ce film amateur montre les conditions de travail en zone rurale et dépeint aussi un certain rapport à la modernité des hommes et des femmes des campagnes alsaciennes.

Bibliographie


BIANQUIS Isabelle, Alsace, De l’homme au vin, Thionville, Gérard Klopp, 1988.

MULLER Claude, Alsace, une civilisation de la vigne : du VIIIe siècle à nos jours, Nancy, Place Stanislas, 2010.

MULLER Claude, Chronique de la viticulture alsacienne au XXe siècle, t. 2, Riquewihr, Éditions Reber,, 2002, 304 p.


Article rédigé par

Léo Antoine, 26 avril 2021


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
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