Paysans à Hoffen (0026FN0004) : Différence entre versions

 
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|titre=Paysans à Hoffen et Oberseebach et lavandières à Châtenois
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|Texte=Ces scènes de rue dans trois villages du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre. On peut notamment voir des lavandières rincer et frotter leur linge au lavoir de Châtenois.
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|Resume_fr=Ces scènes de rue à Hoffen et Oberseebach du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre.  
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|Description_fr=Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.  
|Texte=Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.  
 
  
  
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Châtenois. Un cheval de trait s'abreuve à une fontaine de Châtenois puis avance au pas dans la rue. Les femmes au lavoir avec simples planches de bois ; un jeune garçon tire une charrette de sacs de grains, un homme le suit portant une faux ; en arrière-plan le château de l'Ortebourg. Un homme passe sur un charrois vide tiré par un boeuf. Deux femmes sur un pas de porte et un homme.
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|Contexte_et_analyse_fr=[[Fichier:Jeunes filles et enfants de (...)Spindler Charles btv1b102265286.jpg|vignette|gauche|Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]]
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===Charles et Paul Spindler : l'étude du folklore alsacien===
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Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, est un véritable folkloriste de par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896, Spindler publie avec Joseph Sattler ''Elsaesser Bilderbogen'' (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud. D'après lui elle est tout à la fois un signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et un ornement décoratif, changeant au gré de la « coquetterie féminine » <ref>IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537</ref>. Il créé en 1898 la ''Revue alsacienne illustrée'', qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi ''Costumes et coutumes d’Alsace'' qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que ''Réflexion sur le costume alsacien'' en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits traditionnels. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir [[Paysans_(0026FN0003)|Paysans, 1928]]). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, en compagnie du peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, appelé Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits rustiques qui s'affairent ou qui passent avec empressement. <br>
|Langue=fr
 
|Texte=[[Fichier:Jeunes filles et enfants de (...)Spindler Charles btv1b102265286.jpg|vignette|gauche|Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : gallica.BnF.fr]]
 
'''Charles et Paul Spindler et l'étude du folklore alsacien'''
 
  
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Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis sont mis en scène avec le costume alsacien (voir 0026FN0020, ''Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien'', 1928-29 ; 0026FN0034, ''Modèles'', 1929).
  
Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, à Hoffen, Oberseebach et Châtenois, est un véritable folkloriste, notamment par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896 déjà, Spindler publie avec Joseph Sattler ''Elsaesser Bilderbogen'' (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud, d'après lui tout à la fois signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et attrait décoratif, évoluant au gré de la « coquetterie féminine » <ref>IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537</ref>. Il créé en 1898 la ''Revue alsacienne illustrée'', qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi ''Costumes et coutumes d’Alsace'' qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que ''Réflexion sur le costume alsacien'' en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir 0026FN0003, ''Paysans'', 1928 ; 0026FN0006, ''Canards, Hunspach, Hoffen'', 1928). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, avec le peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, dit Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits paysans qui s'affairent ou qui passent avec empressement.
 
Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis portent le costume alsacien et posent (voir 0026FN0020, ''Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien'', 1928-29 ; 0026FN0034, ''Modèles'', 1929).
 
  
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===L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions encrées===
  
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Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable à travers ses maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, diverses séquences de fêtes locales y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, ''Fête-Dieu à Schleithal'', 0026FN0006, 1929).
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En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198</ref>. Cette bourgade historiquement protestante est principalement agricole, notamment par son activité céréalière importante, et compte de nombreuses fermes. <br>
  
'''L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions rurales fortes, à l'opposée de Châtenois, commune industrialisée de la plaine d'Alsace'''
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Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974), souvent représentée par Charles Spindler, est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, cette localité compte déjà un peu moins de 1500 habitants<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)</ref>. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est aujourd'hui un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le ''Streisselhochzeit'', ou mariage au bouquet, qui s’y déroule chaque année. <br>
  
Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable, à travers ces maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, plusieurs séquences de fêtes folkloriques y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, ''Fête-Dieu à Schleithal'', 0026FN0006, 1929 ; Heckler, ''Saisons à Wissembourg (Les)'', 0023FH0001, 1961 attention droits).
 
En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198</ref> et était le lieu d’une activité céréalière importante. Ce village historiquement protestant est donc principalement agricole et compte de nombreuses fermes.
 
  
Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974) est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, elle compte déjà un peu moins de 1500 habitants<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)</ref>. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le ''Streisselhochzeit'' ou mariage au bouquet qui s’y déroule chaque année. De ce fait, Seebach est souvent représentée par Charles Spindler.  
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[[Fichier:Paysan de Hunspach en costume (...)Spindler Charles btv1b10226552r.jpg|vignette|droite|Charles Spindler. Paysan de Hunspach en costume de travail, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.]]
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===Le vêtement de travail du paysan alsacien===
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Dans l'imaginaire, le costume alsacien se compose d'une grande coiffe à nœud noire et d'une jupe rouge. Or, ce vêtement, bien qu’existant et porté dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870. Les Alsaciennes installées en France rajoutent souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871<ref>voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend</ref>. En réalité, ce costume alsacien essentiellement rural et parfois richement orné, n'est pas l'habit porté au quotidien, mais un vêtement de fête. C'est l'amélioration de la condition paysanne alsacienne à partir du 18e siècle qui a permis aux villageois l'achat d'étoffes plus fines et le port d'une toilette plus fastueuse pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Ce vêtement est multiforme. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la portent noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses<ref>WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16</ref>. <br>
  
Châtenois est quant à elle située dans la plaine d'Alsace. Contrairement aux communes voisines très rurales comme Scherwiller, elles’est rapidement inscrite comme une petite ville industrielle. A partir de la première moitié du 19e siècle déjà, on note la présence de nombreux métiers à tisser dans la ville, qui finissent par être rachetés par les manufactures de Sainte Marie aux Mines. Le textile est une des grandes spécialités castinétaine jusque dans les années 1970. A côté de cela, on note également dans la ville, à l’époque de la séquence tournée par Paul Spindler, la présence de fabriques de cigares et d’une brasserie. Ainsi, les Castinétains sont principalement issus de la classe ouvrière et plus nombreux : dans les années 1930 on y compte environ 2500 habitants<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=8793</ref>. Bien sûr, Châtenois conservait aussi une activité agricole, comme on le voit à différents moments : passage d’une charrette tirée par un enfant et contenant probablement du foin ; courte scène avec des vendangeuses autour de hottes disposées sur un chariot.
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Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces atours de fête, mieux entretenus et moins usés que l’habit de travail qui était jeté ou transformé en chiffon une fois passé<ref>''Op. cit'' WOLFF, Anne p.20</ref>. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, l'habit quotidien est peu représenté dans les musées. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment les villageois pouvait s'y mouvoir. C'est ce qui est notable dans cet extrait : les costumes portés sont des vêtements de la vie courante, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les habitants dans leur costume de fête (voir [[Paysans_(0026FN0003)|Paysans, 1928]]). <br>
  
Ces différences se ressentent bien dans la séquence : on note que les habitants de Châtenois, et plus particulièrement les lavandières, ne sont pas en costume rural, tandis que les Hoffenois sont tous en habit de travail traditionnel.  
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La tenue de travail est d'allure identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative mais peu pratique, est remplacée au travail par un foulard blanc, un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche. Cette ''Schindelkapp'', aussi appelée quichenotte dans d'autres régions, permet de se protéger du soleil grâce aux lattes de bois qui la composent et qui maintiennent le tissu autour du visage. Une lavandière porte ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi que la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes portent aussi des foulards blancs. La coiffure féminine peut également être représentative du territoire. Ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen. <br>
  
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L'habit de travail de l'agriculteur consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet. L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet qui varie selon les régions. On note ici à Hoffen deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. A l'instar des hommes et enfants de cette région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le ''Marschelskapp'' ou ''Morischelkapp'', soit coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on porte une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir [[Mariage Oberseebach (0005FI0013)|Mariage à Oberseebach, 1937]]). <br>
  
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Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs. Autrement les paysans se chaussent de souliers à lacets. Dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots. A l’inverse, à Châtenois, localité plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.<br>
  
'''Le vêtement de travail du paysan alsacien'''
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Dans ces pays ruraux, l'entretien du linge fait partie d'un véritable rituel et est l'occasion de festivités jusqu'au début du 20e siècle. <br>
  
Lorsque l’on évoque le costume traditionnel alsacien, on pense évidemment à cette Alsacienne portant une grande coiffe à nœud noire et une jupe rouge. Or, ce costume, bien qu’existant et porté les jours de fête dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870 : les Alsaciennes étant partie en France rajoute souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871<ref>voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend</ref>. En réalité, le costume alsacien, porté principalement par les ruraux, est multiple. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la porte noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses<ref>WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16</ref>.
 
A partir du 18e siècle, la condition des paysans alsaciens s’améliore : ils se permettent l'achat d'étoffes plus fines et se vêtissent avec plus de fastes pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces tenues de fête, mieux entretenues et moins usées que l’habit de travail qui était jeté une fois usé ou transformé en chiffon<ref>''Op. cit'' WOLFF, Anne p.20</ref>. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, ils sont peu représentés dans les musées de la région. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment le paysan se mouvait avec. Les quelques costumes de travail conservés dénotent d’un état d’usure et de saleté qui nous rappelle qu’ils étaient beaucoup reprisés et peu lavés.
 
Dans cet extrait, les costumes portés sont des vêtements du quotidien, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les villageois dans leur costume de fête (voir Spindler 0026FN0003, ''Paysans'', 1928).
 
  
La tenue de travail est de silhouette identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative certes, mais peu pratique, est remplacée par un foulard blanc ou un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche, aussi appelée une quichenotte ou une halette, portée aussi ailleurs en France, comme en Vendée. On l’appelle en Alsace la ''Schindelkapp'' : elle permet de se protéger du soleil et est composé avec du tissu et des lattes de bois qui maintiennent le tout vers l’avant. D’ailleurs, on peut noter la présence d’une lavandière portant ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi qu’à Hoffen sur la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes, comme dans d’autres régions de France, portaient aussi des foulards blancs. La coiffure féminine est aussi typique de la région dans laquelle on se trouve, ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen.
 
L'habit de travail masculin consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet.
 
L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet, différents selon les régions. On peut voir ici à Hoffen, deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. Comme les hommes et enfants de la région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le ''Marschelskapp'' ou ''Morischelkapp'', ou coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on retrouve aussi une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir Meyer 0052FN0035, ''Oberseebach'', 1937).
 
Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs, autrement les paysans se chaussent de chaussures à lacets comme on en voit ici. On note que dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots, renforçant l’impression forte de ruralité qui émane de cette séquence. A l’inverse, à Châtenois, ville beaucoup plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.
 
  
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Bauern in Hoffen und Oberseebach'''</big>
  
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'''Charles und Paul Spindler: das Studium elsässischen Brauchtums'''
  
'''Les lavandières'''
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Charles Spindler, hier von seinem Sohn Paul gefilmt, ist durch sein Studium der elsässischen Tracht ein wahrer Volkskundler. Zwischen 1893 und 1896 veröffentlichte Spindler mit Joseph Sattler den ''Elsaesser Bilderbogen'', in dem er die Geschichte der berühmten Elsässer Schleifenhaube nachzeichnet. Ihm zufolge ist sie sowohl ein Zeichen der Identität, das sich im Zuge der politischen Ereignisse weiterentwickelt, als auch eine Verzierung, die sich mit der „Koketterie der Frauen“ wandelt [1]. 1898 schuf er die ''Illustrierte Elsässische Rundschau'', die bis 1914 erschien. Erwähnenswert sind auch die ''Trachten und Sitten im Elsass'' (Costumes et coutumes d’Alsace), das er 1902 mit seinem Kameraden vom Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, veröffentlicht hat und das sich als Standardwerk für das Studium der elsässischen Tracht durchgesetzt hat sowie ''Réflexion sur le costume alsacien'' (Überlegung zur elsässischen Tracht) 1937. Er hat natürlich sehr viele Porträts von Elsässern in traditioneller Tracht angefertigt. In MIRA-Bestand sind zahlreiche Bilder von Charles Spindler und seinem Sohn bei ihren Besuchen elsässischer Dörfer zu sehen (siehe Bauern, 1928). Hier scheint der Aquarellist und Intarsienkünstler durch ein Freilichtmuseum zu spazieren, begleitet von dem Schweizer Maler Edouard Elzingre und einem Freund von Paul Spindler namens Lulu. Die drei Männer stechen durch ihre Lässigkeit und ihre wohlhabende Kleidung unter den Bewohnern hervor, die rustikale Kleidung tragen, beschäftigt sind oder mit Eile vorübergehen.
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Paul Spindler trat in die Fußstapfen seines Vaters als Intarsienkünstler und Aquarellist in der Werkstatt der Familie in Saint-Léonard. Neben seiner Vorliebe für Reisebilder und Familienszenen nutzte er den Film für künstlerische Studien und immer mit großem Interesse am ländlichen Elsass. Das ist in mehreren seiner Filme festzustellen, insbesondere in bestimmten Sequenzen, in denen seine Freunde mit elsässischer Tracht auftreten (siehe 0026FN0020, Dr. Beysinges, ''Miles in elsässischer Tracht,'' 1928-29; 0026FN0034, Modelle, 1929).
  
Avec l'apparition d'une politique communale hygiéniste, les communes se dotent de lavoirs en Alsace durant la seconde partie du 19e siècle surtout et jusqu’au milieu du 20e siècle. Jusqu'à l'apparition de la machine à laver dans les environs des années 1950, les lessives se faisaient à la main et au lavoir, et étaient l'apanage des femmes, les lavandières, appelées ainsi qu'elles en aient fait leur métier ou pas.
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'''Die verschiedenen Facetten des ländlichen Elsass'''
Bien sûr, les femmes issues de classes aisées les emploient (on les appelle aussi alors des laveuses ou buandières) pour leur linge peu délicat et à la blanchisseuse pour le linge plus fin. . La lavandière n'a pas d'âge : On voit sur la séquence des jeunes filles, des femmes et une dame beaucoup plus âgée, ainsi qu'une enfant.
 
Le lavoir de Châtenois a été immortalisé en 1945 par Robert Doisneau.
 
  
Jusqu'au début du 20e siècle, dans le milieu rural en particulier le lavage du linge n’avait lieu que deux à trois fois par an et était appelé « la buée ».
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''Outre-Forêt, eine Gegend mit tief verwurzelten Traditionen''
Cette grande lessive durait en principe trois jours et consistait au lavage du linge de maison et des vêtements peu délicats. Elle était composée de trois étapes aux noms plutôt évocateurs au vu de la dureté de la tâche. D’abord, lors du « Purgatoire », les lavandières laissent tremper le linge dans des grandes cuves en terre ou dans des baquets de bois le plus généralement à domicile, dans un espace dédié ou dans la cuisine, pour le décrasser. La cuve était ensuite recouverte d’un drap plein de cendres de bois fin dont les propriétés (carbonate de potasse) sont nettoyantes et font office de lessive. Alors, c’est l’enfer et ses vapeurs qui débutent : la lavandière verse sur les cendre de l’eau bouillante. Dans les années 1920 cependant, apparaît le savon en paillette, ce qui diminue la longueur de cette étape. Le lendemain enfin, le linge est chargé dans des bassines et des hottes sur des brouettes et amené au lavoir afin d’y être battu et d’en extraire le maximum de lessive, rincé puis essoré auprès d’une source d’eau. Ici, on remarque bien au bord du lavoir les brouettes et les bassines. Le linge retrouve sa pureté : c’est le " Paradis ". Il est à noter que cette étape du rinçage dans des lavoirs publics était une nécessité, puisque l’eau courante et potable n’étaient pas généralisée. Il existait dans les villages des lavoirs privés pour les habitations ayant directement accès à l’eau d’une rivière. Il a fallu attendre 1935 à Strasbourg pour que les ménages disposent de canalisations reliées à leurs intérieurs (BLOCH-RAYMOND Anny. op. cit.. p.10). Enfin, le linge était suspendu ou étalé sur l’herbe pour sécher, ou blanchit.  
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Mais dans les années 1930, le lavage du linge devient hebdomadaire : il est entreposé dans des buanderies propres aux fermes ou dans les caves. Ainsi à Strasbourg, en 1900 des logements nouvellement construits sont équipés de buanderies (BLOCH-RAYMOND Anny, op. cit. p.7), c’est d’ailleurs certainement le cas ici. Les lavoirs communaux étaient gratuits dans les campagnes. Puis, à partir des années 1950, le lave-linge se démocratise. Néanmoins, en 1961, 26% des ménages alsaciens possèdent un lave-linge (BLOCH-RAYMOND, Anny, op. cit. p.14). Encore dans les années 1970, il fait figure d’exception dans la campagne alsacienne. Un film produit par l’Electricité de Strasbourg en 1975, montre l’arrivée et la révolution de l’électricité dans le village d’Oberseebach, avec entre autres, le lave-linge (voir fonds ES, 0030NN0001 : droits ?). Pompage de l'eau sur un puits à balancier, ou « Schwenkelbrunne », comme il en existe de nombreux dans la région de l’Outre Forêt à Hoffen, qui dispose de trois cours d’eau communaux.  
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Die Dörfer Hoffen und Oberseebach liegen in der naturräumlichen Region Outre-Forêt ( Unteremwald auf elsässisch), ganz im Norden des Elsass. Lange Zeit durch den Haguenauer Wald vom Rest der Region getrennt, zeichnete sie sich durch die Erhaltung ihrer Bräuche und ihrer Architektur mit weißen Fachwerkhäuser aus, wie man auf diesen Bildern sehen kann. In den MIRA-Beständen befinden sich diverse Sequenzen lokaler Feste, die über mehrere Jahrzehnte hinweg gefilmt wurden und von der Vitalität ihres Brauchtums zeugen (Spindler, ''Fronleichnam in Schleithal'', 0026FN0006, 1929). 1928 war Hoffen ein kleines Dorf mit knapp 500 Einwohnern[2]. Dieses historisch protestantische Dorf war hauptsächlich landwirtschaftlich geprägt, mit viel Getreideanbau und zahlreichen Bauernhöfen.
Le travail est difficile, on le voit bien ici. Les femmes sont sur les genoux, courbées vers l’eau et frottent vigoureusement le linge sur les planches. On note que certaines sont agenouillées dans des caisses, qui servent à les protéger des giclures de l’eau. Elles devaient encore battre le linge puis ramener les baquets dans la charrette.  
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Il est à noter aussi la présence d’un petit enfant, accompagnant certainement sa mère et qui lui aussi frotte le linge. Laver le linge est une transmission de mère en fille. Fait
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Oberseebach (Seebach seit seinem Zusammenschluss mit Niederseebach 1974), das von Charles Spindler oft dargestellt wurde, liegt etwa 1 km von Hoffen entfernt. In den 1930er Jahren hatte diese Ortschaft bereits knapp 1500 Einwohner[3]. Architektonisch zeichnet sich Seebach durch seine vielen Fachwerkbauernhöfe aus dem 18. Jahrhundert aus. Heute ist dieses Dorf eine Hochburg elsässischen Brauchtums, vor allem mit der Streisselhochzeit oder der Blumenstrauß-Hochzeit, die die dort jedes Jahr gefeiert wird.  
Ainsi, ce que l’on peut voir à l’image dans la rue ici est l’étape du rinçage. Le ruisseau communal passant à Chatenois a, de mémoire d’homme, toujours été utilisé pour laver le linge et pour éteindre les incendies. Les femmes y venaient encore dans les années 1950 pour faire leur linge, jusqu’à la condamnation du ruisseau au moment de la canalisation de la ville dans les années 1970(d’après Jean-Philippe Dussourd, Président du Groupe patrimoine de Châtenois, interview réalisée le 3 août 2018).  
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Concernant le costume alsacien, seul les éléments en blanc étaient lavés lors de ces grandes buées : chemises, chaussettes, tabliers… Les pièces plus fines, comme les bonnets, n’étaient jamais nettoyés.  
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La lavandière est aussi entourée de vieilles croyances comme celle de la Lavandière de nuit, revenantes lavant le linge la nuit ou celui des défunts était annonciatrice d’une mort prochaine ou expiant un pêché, comme avoir lavé le linge un dimanche. Dans les Vosges du nord, à Oberbronn, l’apparition d’une dame blanche lavant son linge était présage de décès dans la famille d’une laveuse (source : GIRAUDON Daniel, Lavandières de jour, lavandières de nuits. Bretagne et pays celtiques. Mémoire, CRBC, 1996, p.20).
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'''Die Arbeitskleidung des elsässischen Bauern'''
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|bibliographie={{HTmulti3
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In der allgemeinen Vorstellung besteht die elsässische Tracht aus einen großen schwarzen Schleifenhaube und einem roten Rock. Diese Kleidung aber, die zwar seit 1850 im Raum Kochersberg und Hanau existiert und getragen wird, ist jedoch eine volkstümliche Darstellung, die sich im Zuge der historischen Ereignisse seit der Annexion 1870 entwickelt hat. Die in Frankreich lebenden Elsässerinnen fügten oft eine Kokarde, das patriotische Symbol schlechthin, zu ihrer Schleifenhaube hinzu, wie es der Maler Jean-Jacques Henner 1871 gemalt hat[5]. In Wirklichkeit wird diese elsässische Tracht hauptsächlich auf dem Land getragen und ist manchmal reich verziert. Es handelt sich nicht um eine Alltagskleidung, sondern um ein Festgewand. Die Verbesserung des Lebensstandards der elsässischen Bauern ab dem 18. Jahrhundert hat es den Dorfbewohnern ermöglicht, feinere Stoffe zu kaufen und eine aufwendigere Kleidung für besondere Anlässe, Dorffeste oder an den Sonntagen zu tragen. Diese Kleidung ist sehr vielgestaltig. Sie entwickelte sich im Laufe der Zeit, war ab dem 19. Jahrhundert je nach Region, je nach Konfession und sogar je nach Familienstand der Frauen unterschiedlich. In der Gegend Outre-Forêt tragen übrigens die Witwen eine schwarze Haube. Dort sind auch die Unterschiede zwischen den Trachten katholischer und protestantischer Frauen am größten[6].  
|Langue=fr
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|Texte=BLOCH-RAYMOND Anny. « Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries. Des relations entre espaces publics, espaces privés » in ''Revue des Sciences sociales'', n°13, n°13bis, 1984
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Die in den regionalen Museen erhaltenen Trachten sind natürlich diese Festtagstrachten, die besser gepflegt und weniger abgenutzt wurden als die Arbeitskleidung, die zum Schluss weggeworfen oder zu Lumpen verarbeitet wurde[7]. Aus diesen Gründen und weil sie lange Zeit weniger Interesse geweckt hat, wird in den Museen wenig Alltagskleidung gezeigt. Die von Paul Spindler gedrehten Bilder sind daher unentbehrlich, um zu verstehen, wie diese Kleidung getragen wurde und wie sich die Dorfbewohner darin bewegt haben. Das bemerkenswerte in diesem Ausschnitt: Die getragenen Trachten sind Alltagskleidungen, im Gegensatz zu mehreren anderen Sequenzen, die uns die Bewohner in ihren festlichen Trachten zeigen (siehe Bauern, 1928).
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Die Arbeitskleidung sieht genauso aus wie die Festtagskleidung, aber sie ist leichter, aus weniger feinen Stoffen, solider und nicht so stark verziert. Der elsässische Kopfschmuck der Frauen, der zwar sehr dekorativ, aber nicht sehr praktisch ist, wird bei der Arbeit durch einen weißen Schal, einen Strohhut oder eine Art große weiße Haube ersetzt. Diese ''Schindelkapp'', in anderen Regionen auch Quichenotte genannt, schützt vor der Sonne, weil die in der Kopfbedeckung enthaltenen Holzlatten den Stoff um das Gesicht halten. Eine Waschfrau trägt diese Art von Kopfbedeckung in der Sequenz am Waschplatz, ebenso wie die Bäuerin, die hinter Edouard Elzingre geht. Natürlich tragen die Frauen für die verschiedenen Arbeiten auch weiße Schals. An der Frisur der Frauen kann man auch erkennen, woher sie kommen. So steckten die Frauen in der Gegend des Outre-Forêt ihr geflochtenes Haar hoch, wie hier in der Hoffen gedrehten Sequenz zu sehen ist.
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Die Arbeitskleidung des Bauern bestand hauptsächlich aus einem bestickten blauen Kittel und einem Hut. Die Festtagskleidung der Männer war weniger vielfältig als die Tracht der Frauen, aber sie passte sich der französischen Mode und der Entwicklung der Militäruniform ab, wie hier mit den sehr typischen Knopfreihen an den Jacken und Westen. Der Mann trägt auch eine Kappe, die die je nach Region unterschiedlich ist. Hier sind in Hoffen zwei typische elsässische Kleidungen zu sehen, die von zwei Männern getragen werden, von denen einer seinen Hof fegt. Wie die Männer und Kinder dieser Gegend von Wissembourg haben sie eine Kappe aus Strickwolle auf, die ''Marschelskapp'' oder ''Morischelkapp'', also Morchelkappe genannt wird. In Seebach tragen die Männer eine weitere bemerkenswerte Kopfbedeckung, nämlich den berühmten Hut aus Iltisfell (siehe Hochzeit in Oberseebach, 1937).
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Die Holzschuhe werden für die Arbeit auf dem Feld verwendet. Ansonsten tragen die Bauern Schnürschuhe. In der Sequenz in Hoffen tragen viele Bewohner Holzschuhe. In Châtenois dagegen, einem Ort mit mehr Industrie, werden keine Holzschuhe getragen, außer von einer kleinen Gruppe älterer Menschen.
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In diesen ländlichen Gegenden ist die Wäschepflege Teil eines echten Rituals und gibt bis Anfang des 20. Jahrhunderts Anlass für Feste.  
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GIRAUDON Daniel, Lavandières de jour, lavandières de nuits. Bretagne et pays celtiques. Mémoire, CRBC, 1996, 23 p.  
  
 
IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537
 
IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537
  
WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. 25 p.
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|Bibliographie=WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. 25 p.
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Version actuelle datée du 22 mars 2019 à 09:40

Résumé


Ces scènes de rue à Hoffen et Oberseebach du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre.

Description


Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.


Oberseebach ? Enfants dans la cour d'une ferme. Un homme harnache un cheval. Couple de paysans et un enfant. Une charrette passe.

Métadonnées

N° support :  0026FN0004
Date :  1928
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:11
Cinéastes :  Spindler, Paul
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Identité, Traditions, Vie rurale
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Charles et Paul Spindler : l'étude du folklore alsacien

Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, est un véritable folkloriste de par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896, Spindler publie avec Joseph Sattler Elsaesser Bilderbogen (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud. D'après lui elle est tout à la fois un signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et un ornement décoratif, changeant au gré de la « coquetterie féminine » [1]. Il créé en 1898 la Revue alsacienne illustrée, qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi Costumes et coutumes d’Alsace qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que Réflexion sur le costume alsacien en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits traditionnels. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir Paysans, 1928). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, en compagnie du peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, appelé Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits rustiques qui s'affairent ou qui passent avec empressement.

Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis sont mis en scène avec le costume alsacien (voir 0026FN0020, Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien, 1928-29 ; 0026FN0034, Modèles, 1929).


L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions encrées

Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable à travers ses maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, diverses séquences de fêtes locales y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, Fête-Dieu à Schleithal, 0026FN0006, 1929). En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ[2]. Cette bourgade historiquement protestante est principalement agricole, notamment par son activité céréalière importante, et compte de nombreuses fermes.

Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974), souvent représentée par Charles Spindler, est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, cette localité compte déjà un peu moins de 1500 habitants[3]. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est aujourd'hui un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le Streisselhochzeit, ou mariage au bouquet, qui s’y déroule chaque année.


Charles Spindler. Paysan de Hunspach en costume de travail, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Le vêtement de travail du paysan alsacien

Dans l'imaginaire, le costume alsacien se compose d'une grande coiffe à nœud noire et d'une jupe rouge. Or, ce vêtement, bien qu’existant et porté dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870. Les Alsaciennes installées en France rajoutent souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871[4]. En réalité, ce costume alsacien essentiellement rural et parfois richement orné, n'est pas l'habit porté au quotidien, mais un vêtement de fête. C'est l'amélioration de la condition paysanne alsacienne à partir du 18e siècle qui a permis aux villageois l'achat d'étoffes plus fines et le port d'une toilette plus fastueuse pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Ce vêtement est multiforme. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la portent noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses[5].

Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces atours de fête, mieux entretenus et moins usés que l’habit de travail qui était jeté ou transformé en chiffon une fois passé[6]. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, l'habit quotidien est peu représenté dans les musées. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment les villageois pouvait s'y mouvoir. C'est ce qui est notable dans cet extrait : les costumes portés sont des vêtements de la vie courante, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les habitants dans leur costume de fête (voir Paysans, 1928).

La tenue de travail est d'allure identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative mais peu pratique, est remplacée au travail par un foulard blanc, un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche. Cette Schindelkapp, aussi appelée quichenotte dans d'autres régions, permet de se protéger du soleil grâce aux lattes de bois qui la composent et qui maintiennent le tissu autour du visage. Une lavandière porte ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi que la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes portent aussi des foulards blancs. La coiffure féminine peut également être représentative du territoire. Ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen.

L'habit de travail de l'agriculteur consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet. L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet qui varie selon les régions. On note ici à Hoffen deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. A l'instar des hommes et enfants de cette région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le Marschelskapp ou Morischelkapp, soit coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on porte une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir Mariage à Oberseebach, 1937).

Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs. Autrement les paysans se chaussent de souliers à lacets. Dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots. A l’inverse, à Châtenois, localité plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.

Dans ces pays ruraux, l'entretien du linge fait partie d'un véritable rituel et est l'occasion de festivités jusqu'au début du 20e siècle.

Personnages identifiés


Spindler, Charles; Elzingre, Edouard

Lieux ou monuments


Hoffen; Oberseebach; Châtenois

Bibliographie


WOLFF, Anne. Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde, catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. 25 p.


Article rédigé par

Marion Brun, 15 octobre 2018


  1. IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». Revue d’Alsace, n° 135, 2009, 533-537
  2. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198
  3. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)
  4. voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend
  5. WOLFF, Anne. Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde, catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16
  6. Op. cit WOLFF, Anne p.20