Paysans à Hoffen (0026FN0004) : Différence entre versions

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|titre=Paysans à Hoffen et Oberseebach et lavandières à Châtenois
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|personnages_identifies=Spindler Charles (1865-1938); Elzingre Edouard (1880-1966)
 
 
|lieux_ou_monuments=Hoffen; Oberseebach; Châtenois
 
|lieux_ou_monuments=Hoffen; Oberseebach; Châtenois
|Resume_fr=Ces scènes de rue dans trois villages du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre. On peut notamment voir des lavandières rincer et frotter leur linge au lavoir de Châtenois.
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|Resume_fr=Ces scènes de rue à Hoffen et Oberseebach du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre.  
 
|Description_fr=Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.  
 
|Description_fr=Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.  
  
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Châtenois. Un cheval de trait s'abreuve à une fontaine de Châtenois puis avance au pas dans la rue. Les femmes au lavoir avec simples planches de bois ; un jeune garçon tire une charrette de sacs de grains, un homme le suit portant une faux ; en arrière-plan le château de l'Ortebourg. Un homme passe sur un charrois vide tiré par un boeuf. Deux femmes sur un pas de porte et un homme.
 
 
|Contexte_et_analyse_fr=[[Fichier:Jeunes filles et enfants de (...)Spindler Charles btv1b102265286.jpg|vignette|gauche|Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]]
 
|Contexte_et_analyse_fr=[[Fichier:Jeunes filles et enfants de (...)Spindler Charles btv1b102265286.jpg|vignette|gauche|Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]]
'''Charles et Paul Spindler : l'étude du folklore alsacien'''
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===Charles et Paul Spindler : l'étude du folklore alsacien===
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Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, est un véritable folkloriste de par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896, Spindler publie avec Joseph Sattler ''Elsaesser Bilderbogen'' (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud. D'après lui elle est tout à la fois un signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et un ornement décoratif, changeant au gré de la « coquetterie féminine » <ref>IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537</ref>. Il créé en 1898 la ''Revue alsacienne illustrée'', qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi ''Costumes et coutumes d’Alsace'' qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que ''Réflexion sur le costume alsacien'' en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits traditionnels. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir [[Paysans_(0026FN0003)|Paysans, 1928]]). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, en compagnie du peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, appelé Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits rustiques qui s'affairent ou qui passent avec empressement. <br>
  
Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, est un véritable folkloriste de par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896, Spindler publie avec Joseph Sattler ''Elsaesser Bilderbogen'' (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud. D'après lui elle est tout à la fois un signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et un ornement décoratif, changeant au gré de la « coquetterie féminine » <ref>IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537</ref>. Il créé en 1898 la ''Revue alsacienne illustrée'', qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi ''Costumes et coutumes d’Alsace'' qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que ''Réflexion sur le costume alsacien'' en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits traditionnels. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir 0026FN0003, ''Paysans'', 1928 ; 0026FN0006, ''Canards, Hunspach, Hoffen'', 1928). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, en compagnie du peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, appelé Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits rustiques qui s'affairent ou qui passent avec empressement.
 
 
Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis sont mis en scène avec le costume alsacien (voir 0026FN0020, ''Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien'', 1928-29 ; 0026FN0034, ''Modèles'', 1929).
 
Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis sont mis en scène avec le costume alsacien (voir 0026FN0020, ''Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien'', 1928-29 ; 0026FN0034, ''Modèles'', 1929).
  
  
'''Les diverses facettes de l'Alsace rurale'''
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===L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions encrées===
  
''L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions encrées''
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Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable à travers ses maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, diverses séquences de fêtes locales y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, ''Fête-Dieu à Schleithal'', 0026FN0006, 1929).
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En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198</ref>. Cette bourgade historiquement protestante est principalement agricole, notamment par son activité céréalière importante, et compte de nombreuses fermes. <br>
  
Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable à travers ses maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, diverses séquences de fêtes locales y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, ''Fête-Dieu à Schleithal'', 0026FN0006, 1929 ; Heckler, ''Saisons à Wissembourg (Les)'', 0023FH0001, 1961 attention droits).
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Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974), souvent représentée par Charles Spindler, est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, cette localité compte déjà un peu moins de 1500 habitants<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)</ref>. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est aujourd'hui un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le ''Streisselhochzeit'', ou mariage au bouquet, qui s’y déroule chaque année. <br>
En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198</ref>. Cette bourgade historiquement protestante est principalement agricole, notamment par son activité céréalière importante, et compte de nombreuses fermes.  
 
  
Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974), souvent représentée par Charles Spindler, est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, cette localité compte déjà un peu moins de 1500 habitants<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)</ref>. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est aujourd'hui un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le ''Streisselhochzeit'', ou mariage au bouquet, qui s’y déroule chaque année.
 
  
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[[Fichier:Paysan de Hunspach en costume (...)Spindler Charles btv1b10226552r.jpg|vignette|droite|Charles Spindler. Paysan de Hunspach en costume de travail, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.]]
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===Le vêtement de travail du paysan alsacien===
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Dans l'imaginaire, le costume alsacien se compose d'une grande coiffe à nœud noire et d'une jupe rouge. Or, ce vêtement, bien qu’existant et porté dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870. Les Alsaciennes installées en France rajoutent souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871<ref>voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend</ref>. En réalité, ce costume alsacien essentiellement rural et parfois richement orné, n'est pas l'habit porté au quotidien, mais un vêtement de fête. C'est l'amélioration de la condition paysanne alsacienne à partir du 18e siècle qui a permis aux villageois l'achat d'étoffes plus fines et le port d'une toilette plus fastueuse pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Ce vêtement est multiforme. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la portent noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses<ref>WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16</ref>. <br>
  
''Châtenois, commune industrialisée de la plaine d'Alsace''
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Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces atours de fête, mieux entretenus et moins usés que l’habit de travail qui était jeté ou transformé en chiffon une fois passé<ref>''Op. cit'' WOLFF, Anne p.20</ref>. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, l'habit quotidien est peu représenté dans les musées. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment les villageois pouvait s'y mouvoir. C'est ce qui est notable dans cet extrait : les costumes portés sont des vêtements de la vie courante, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les habitants dans leur costume de fête (voir [[Paysans_(0026FN0003)|Paysans, 1928]]). <br>
  
Châtenois est quant à elle située dans la plaine d'Alsace. Contrairement aux communes voisines très rurales comme Scherwiller, elle s’est rapidement établie en tant que petite agglomération industrielle. A partir de la première moitié du 19e siècle, on y relève la présence de nombreux métiers à tisser : le textile est une des grandes spécialités de Châtenois jusque dans les années 1970. On constate parallèlement dans la ville, à l’époque de la séquence tournée par Paul Spindler, la présence de fabriques de cigares et d’une brasserie. Ainsi, les Castinétains sont essentiellement issus de la classe ouvrière et la population plus nombreuse qu'à Hoffen : dans les années 1930 on y compte environ 2500 habitants<ref>http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=8793</ref>. Bien sûr, Châtenois conserve aussi une activité agricole, comme on le voit à différents instants du film, avec le passage d’une charrette tirée par un enfant et contenant probablement du foin, ou la courte scène avec des vendangeuses autour de hottes disposées sur un chariot.  
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La tenue de travail est d'allure identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative mais peu pratique, est remplacée au travail par un foulard blanc, un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche. Cette ''Schindelkapp'', aussi appelée quichenotte dans d'autres régions, permet de se protéger du soleil grâce aux lattes de bois qui la composent et qui maintiennent le tissu autour du visage. Une lavandière porte ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi que la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes portent aussi des foulards blancs. La coiffure féminine peut également être représentative du territoire. Ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen. <br>
  
Ces différences se ressentent bien dans la séquence : les habitants de Châtenois, les lavandières en particulier, ne sont pas en costume rural, tandis que les Hoffenois portent tous l'habit de travail traditionnel.  
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L'habit de travail de l'agriculteur consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet. L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet qui varie selon les régions. On note ici à Hoffen deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. A l'instar des hommes et enfants de cette région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le ''Marschelskapp'' ou ''Morischelkapp'', soit coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on porte une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir [[Mariage Oberseebach (0005FI0013)|Mariage à Oberseebach, 1937]]). <br>
  
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Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs. Autrement les paysans se chaussent de souliers à lacets. Dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots. A l’inverse, à Châtenois, localité plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.<br>
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Dans ces pays ruraux, l'entretien du linge fait partie d'un véritable rituel et est l'occasion de festivités jusqu'au début du 20e siècle. <br>
  
[[Fichier:Paysan de Hunspach en costume (...)Spindler Charles btv1b10226552r.jpg|vignette|droite|Charles Spindler. Paysan de Hunspach en costume de travail, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.]]
 
'''Le vêtement de travail du paysan alsacien'''
 
  
Dans l'imaginaire, le costume alsacien se compose d'une grande coiffe à nœud noire et d'une jupe rouge. Or, ce vêtement, bien qu’existant et porté dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870. Les Alsaciennes installées en France rajoutent souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871<ref>voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend</ref>. En réalité, ce costume alsacien essentiellement rural et parfois richement orné, n'est pas l'habit porté au quotidien, mais un vêtement de fête. C'est l'amélioration de la condition paysanne alsacienne à partir du 18e siècle qui a permis aux villageois l'achat d'étoffes plus fines et le port d'une toilette plus fastueuse pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Ce vêtement est multiforme. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la portent noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses<ref>WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16</ref>.
 
  
Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces atours de fête, mieux entretenus et moins usés que l’habit de travail qui était jeté ou transformé en chiffon une fois passé<ref>''Op. cit'' WOLFF, Anne p.20</ref>. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, l'habit quotidien est peu représenté dans les musées. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment les villageois pouvait s'y mouvoir. C'est ce qui est notable dans cet extrait : les costumes portés sont des vêtements de la vie courante, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les habitants dans leur costume de fête (voir Spindler 0026FN0003, ''Paysans'', 1928).
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Bauern in Hoffen und Oberseebach'''</big>
  
La tenue de travail est d'allure identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative mais peu pratique, est remplacée au travail par un foulard blanc, un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche. Cette ''Schindelkapp'', aussi appelée quichenotte dans d'autres régions, permet de se protéger du soleil grâce aux lattes de bois qui la composent et qui maintiennent le tissu autour du visage. Une lavandière porte ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi que la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes portent aussi des foulards blancs. La coiffure féminine peut également être représentative du territoire. Ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen.
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'''Charles und Paul Spindler: das Studium elsässischen Brauchtums'''
  
L'habit de travail de l'agriculteur consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet. L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet qui varie selon les régions. On note ici à Hoffen deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. A l'instar des hommes et enfants de cette région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le ''Marschelskapp'' ou ''Morischelkapp'', soit coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on porte une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir Meyer 0052FN0035, ''Oberseebach'', 1937).  
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Charles Spindler, hier von seinem Sohn Paul gefilmt, ist durch sein Studium der elsässischen Tracht ein wahrer Volkskundler. Zwischen 1893 und 1896 veröffentlichte Spindler mit Joseph Sattler den ''Elsaesser Bilderbogen'', in dem er die Geschichte der berühmten Elsässer Schleifenhaube nachzeichnet. Ihm zufolge ist sie sowohl ein Zeichen der Identität, das sich im Zuge der politischen Ereignisse weiterentwickelt, als auch eine Verzierung, die sich mit der „Koketterie der Frauen“ wandelt [1]. 1898 schuf er die ''Illustrierte Elsässische Rundschau'', die bis 1914 erschien. Erwähnenswert sind auch die ''Trachten und Sitten im Elsass'' (Costumes et coutumes d’Alsace), das er 1902 mit seinem Kameraden vom Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, veröffentlicht hat und das sich als Standardwerk für das Studium der elsässischen Tracht durchgesetzt hat sowie ''Réflexion sur le costume alsacien'' (Überlegung zur elsässischen Tracht) 1937. Er hat natürlich sehr viele Porträts von Elsässern in traditioneller Tracht angefertigt. In MIRA-Bestand sind zahlreiche Bilder von Charles Spindler und seinem Sohn bei ihren Besuchen elsässischer Dörfer zu sehen (siehe Bauern, 1928). Hier scheint der Aquarellist und Intarsienkünstler durch ein Freilichtmuseum zu spazieren, begleitet von dem Schweizer Maler Edouard Elzingre und einem Freund von Paul Spindler namens Lulu. Die drei Männer stechen durch ihre Lässigkeit und ihre wohlhabende Kleidung unter den Bewohnern hervor, die rustikale Kleidung tragen, beschäftigt sind oder mit Eile vorübergehen.
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Paul Spindler trat in die Fußstapfen seines Vaters als Intarsienkünstler und Aquarellist in der Werkstatt der Familie in Saint-Léonard. Neben seiner Vorliebe für Reisebilder und Familienszenen nutzte er den Film für künstlerische Studien und immer mit großem Interesse am ländlichen Elsass. Das ist in mehreren seiner Filme festzustellen, insbesondere in bestimmten Sequenzen, in denen seine Freunde mit elsässischer Tracht auftreten (siehe 0026FN0020, Dr. Beysinges, ''Miles in elsässischer Tracht,'' 1928-29; 0026FN0034, Modelle, 1929).  
  
Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs. Autrement les paysans se chaussent de souliers à lacets. Dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots. A l’inverse, à Châtenois, localité plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.
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'''Die verschiedenen Facetten des ländlichen Elsass'''
  
Dans ces pays ruraux, l'entretien du linge fait partie d'un véritable rituel et est l'occasion de festivités jusqu'au début du 20e siècle.
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''Outre-Forêt, eine Gegend mit tief verwurzelten Traditionen''
  
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Die Dörfer Hoffen und Oberseebach liegen in der naturräumlichen Region Outre-Forêt ( Unteremwald auf elsässisch), ganz im Norden des Elsass. Lange Zeit durch den Haguenauer Wald vom Rest der Region getrennt, zeichnete sie sich durch die Erhaltung ihrer Bräuche und ihrer Architektur mit weißen Fachwerkhäuser aus, wie man auf diesen Bildern sehen kann. In den MIRA-Beständen befinden sich diverse Sequenzen lokaler Feste, die über mehrere Jahrzehnte hinweg gefilmt wurden und von der Vitalität ihres Brauchtums zeugen (Spindler, ''Fronleichnam in Schleithal'', 0026FN0006, 1929). 1928 war Hoffen ein kleines Dorf mit knapp 500 Einwohnern[2]. Dieses historisch protestantische Dorf war hauptsächlich landwirtschaftlich geprägt, mit viel Getreideanbau und zahlreichen Bauernhöfen.
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Oberseebach (Seebach seit seinem Zusammenschluss mit Niederseebach 1974), das von Charles Spindler oft dargestellt wurde, liegt etwa 1 km von Hoffen entfernt. In den 1930er Jahren hatte diese Ortschaft bereits knapp 1500 Einwohner[3]. Architektonisch zeichnet sich Seebach durch seine vielen Fachwerkbauernhöfe aus dem 18. Jahrhundert aus. Heute ist dieses Dorf eine Hochburg elsässischen Brauchtums, vor allem mit der Streisselhochzeit oder der Blumenstrauß-Hochzeit, die die dort jedes Jahr gefeiert wird.
  
  
'''La lessive au lavoir : un rituel immuable et exclusivement féminin'''
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'''Die Arbeitskleidung des elsässischen Bauern'''
  
Les lessives se faisaient à la main et au lavoir et étaient l'apanage des femmes, qu'on appelait alors les lavandières. La lavandière n'a pas d'âge : on voit sur la séquence des jeunes filles, des femmes et même une femme beaucoup plus âgée, ainsi qu'une enfant. Dans les villages alsaciens, seules les pièces de linge blanc étaient lavées lors de ces grandes lessives bi-annuelles : chemises, chaussettes, tabliers…  Les éléments les plus fins, comme les bonnets, n’étaient jamais nettoyés.  
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In der allgemeinen Vorstellung besteht die elsässische Tracht aus einen großen schwarzen Schleifenhaube und einem roten Rock. Diese Kleidung aber, die zwar seit 1850 im Raum Kochersberg und Hanau existiert und getragen wird, ist jedoch eine volkstümliche Darstellung, die sich im Zuge der historischen Ereignisse seit der Annexion 1870 entwickelt hat. Die in Frankreich lebenden Elsässerinnen fügten oft eine Kokarde, das patriotische Symbol schlechthin, zu ihrer Schleifenhaube hinzu, wie es der Maler Jean-Jacques Henner 1871 gemalt hat[5]. In Wirklichkeit wird diese elsässische Tracht hauptsächlich auf dem Land getragen und ist manchmal reich verziert. Es handelt sich nicht um eine Alltagskleidung, sondern um ein Festgewand. Die Verbesserung des Lebensstandards der elsässischen Bauern ab dem 18. Jahrhundert hat es den Dorfbewohnern ermöglicht, feinere Stoffe zu kaufen und eine aufwendigere Kleidung für besondere Anlässe, Dorffeste oder an den Sonntagen zu tragen. Diese Kleidung ist sehr vielgestaltig. Sie entwickelte sich im Laufe der Zeit, war ab dem 19. Jahrhundert je nach Region, je nach Konfession und sogar je nach Familienstand der Frauen unterschiedlich. In der Gegend Outre-Forêt tragen übrigens die Witwen eine schwarze Haube. Dort sind auch die Unterschiede zwischen den Trachten katholischer und protestantischer Frauen am größten[6].  
Les femmes issues de classes plus aisées confient leur linge peu délicat à ces lavandières que l'on nomme aussi laveuses ou buandières quand elles en font leur métier. Quant aux toilettes les plus délicates, c'est la blanchisseuse qui en a la charge.  
 
La lavandière fait aujourd'hui partie de l'imagerie populaire lorsqu'on évoque la vie rurale d'antan. Le lavoir de Châtenois a d'ailleurs été immortalisé en 1945 par Robert Doisneau. La laveuse est entourée de vieilles croyances comme celle des Lavandières de nuit, annonciatrice d’une mort prochaine, comme à Oberbronn<ref>GIRAUDON Daniel, Lavandières de jour, lavandières de nuits. Bretagne et pays celtiques. Mémoire, CRBC, 1996, p.20</ref>, ou expiatrice d'un pêché, comme celui de laver le linge le dimanche ou le Vendredi Saint.  
 
[[Fichier:Une Lessive à Metzeral Lix Frédéric btv1b102008454.jpg|vignette|gauche|Lix Frédéric Théodore, Une lessive à Metzeral, 1889. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]]
 
  
Jusqu'au début du 20e siècle, dans le milieu rural en particulier, la lessive n’avait lieu que deux à trois fois par an et était appelé « la buée ».  
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Die in den regionalen Museen erhaltenen Trachten sind natürlich diese Festtagstrachten, die besser gepflegt und weniger abgenutzt wurden als die Arbeitskleidung, die zum Schluss weggeworfen oder zu Lumpen verarbeitet wurde[7]. Aus diesen Gründen und weil sie lange Zeit weniger Interesse geweckt hat, wird in den Museen wenig Alltagskleidung gezeigt. Die von Paul Spindler gedrehten Bilder sind daher unentbehrlich, um zu verstehen, wie diese Kleidung getragen wurde und wie sich die Dorfbewohner darin bewegt haben. Das bemerkenswerte in diesem Ausschnitt: Die getragenen Trachten sind Alltagskleidungen, im Gegensatz zu mehreren anderen Sequenzen, die uns die Bewohner in ihren festlichen Trachten zeigen (siehe Bauern, 1928).
Elle durait en principe trois jours correspondant à trois étapes aux noms évoquant la dureté de la tâche. D’abord, lors du « Purgatoire », les lavandières laissent tremper le linge dans des grandes cuves en terre ou dans des baquets de bois souvent à domicile, dans un espace dédié ou dans la cuisine, pour le décrasser. La cuve est ensuite recouverte d’un drap plein de cendres de bois fin dont les propriétés (carbonate de potasse) sont nettoyantes. Alors, c’est « l’Enfer »  et ses vapeurs qui débutent : la lavandière verse sur les cendre de l’eau bouillante pour les diffuser. Dans les années 1920 cependant, apparaît le savon en paillette, ce qui fait évoluer cette étape. Le lendemain, le linge ainsi mouillé et imbibé est chargé dans des hottes sur des brouettes et amené au lavoir afin d’y être battu pour en extraire le maximum de lessive, rincé, puis essoré auprès d’une source d’eau. Ici, on remarque bien au bord du lavoir les brouettes et les bassines des lavandières. Le linge retrouve sa pureté : c’est le « Paradis », après quoi il est suspendu ou étalé sur l’herbe pour sécher ou blanchir.  
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Die Arbeitskleidung sieht genauso aus wie die Festtagskleidung, aber sie ist leichter, aus weniger feinen Stoffen, solider und nicht so stark verziert. Der elsässische Kopfschmuck der Frauen, der zwar sehr dekorativ, aber nicht sehr praktisch ist, wird bei der Arbeit durch einen weißen Schal, einen Strohhut oder eine Art große weiße Haube ersetzt. Diese ''Schindelkapp'', in anderen Regionen auch Quichenotte genannt, schützt vor der Sonne, weil die in der Kopfbedeckung enthaltenen Holzlatten den Stoff um das Gesicht halten. Eine Waschfrau trägt diese Art von Kopfbedeckung in der Sequenz am Waschplatz, ebenso wie die Bäuerin, die hinter Edouard Elzingre geht. Natürlich tragen die Frauen für die verschiedenen Arbeiten auch weiße Schals. An der Frisur der Frauen kann man auch erkennen, woher sie kommen. So steckten die Frauen in der Gegend des Outre-Forêt ihr geflochtenes Haar hoch, wie hier in der Hoffen gedrehten Sequenz zu sehen ist.  
  
Avec la mise en place de politiques hygiénistes, les villages d'Alsace aménagent de nombreux lavoirs communaux gratuits durant la seconde partie du 19e siècle et jusqu’au milieu du 20e siècle. En 1928, même s'il existe dans les villages des lavoirs privés pour les habitations ayant directement accès à l’eau d’une rivière, le rinçage dans des lavoirs publics reste une nécessité, puisque l’eau courante et potable n’est pas généralisée. Le démontre cette femme que l'on voit à Hoffen pomper de l'eau sur un puits à balancier, ou ''Schwenkelbrunne'', nombreux dans la région de l’Outre Forêt, et la porter ensuite dans un seau. Il a fallu attendre 1935 à Strasbourg pour que les ménages disposent de canalisations reliées à leurs intérieurs <ref>BLOCH-RAYMOND Anny. « Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries. Des relations entre espaces publics, espaces privés » in ''Revue des Sciences sociales'', n°13, n°13bis, 1984, p.10</ref>. Le lavoir pouvait être à ciel ouvert, comme ici, ou au fil d'un cours d'eau (voir Hugel, 0010NN0006 à 0010NN0009, ''Lessive dans la Fecht'', 1930 env.), aménagé ou non. Dans cet extrait, on voit que le lavoir a été agencé : de part et d'autre du ruisseau ont été installées de larges dalles. Les lavoirs pouvaient aussi simplement consister en un bassin bénéficiant de l'écoulement d'une fontaine ou d'une source, ou être couverts par une toiture<ref>A ce propos voir : http://espritdepays.com/patrimoines-en-perigord/patrimoine-bati-du-perigord/les-lavoirs-du-perigord/typologie-des-lavoirs</ref>. A Strasbourg, pendant longtemps, les lavoirs prenaient la forme de ''Wächspritsche'', ou bateaux-lavoirs.
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Die Arbeitskleidung des Bauern bestand hauptsächlich aus einem bestickten blauen Kittel und einem Hut. Die Festtagskleidung der Männer war weniger vielfältig als die Tracht der Frauen, aber sie passte sich der französischen Mode und der Entwicklung der Militäruniform ab, wie hier mit den sehr typischen Knopfreihen an den Jacken und Westen. Der Mann trägt auch eine Kappe, die die je nach Region unterschiedlich ist. Hier sind in Hoffen zwei typische elsässische Kleidungen zu sehen, die von zwei Männern getragen werden, von denen einer seinen Hof fegt. Wie die Männer und Kinder dieser Gegend von Wissembourg haben sie eine Kappe aus Strickwolle auf, die ''Marschelskapp'' oder ''Morischelkapp'', also Morchelkappe genannt wird. In Seebach tragen die Männer eine weitere bemerkenswerte Kopfbedeckung, nämlich den berühmten Hut aus Iltisfell (siehe Hochzeit in Oberseebach, 1937).
[[Fichier:Alte Waschpritschen = Vieux bateau (...) btv1b10228278t (1).jpg|vignette|gauche|Hartmann. Alte Waschpritschen, Strasbourg, 1911. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg]]
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Die Holzschuhe werden für die Arbeit auf dem Feld verwendet. Ansonsten tragen die Bauern Schnürschuhe. In der Sequenz in Hoffen tragen viele Bewohner Holzschuhe. In Châtenois dagegen, einem Ort mit mehr Industrie, werden keine Holzschuhe getragen, außer von einer kleinen Gruppe älterer Menschen.
  
Le travail de la lavandière est difficile. Les femmes sont sur les genoux, courbées vers l’eau et frottent vigoureusement le linge sur les planches à laver. Certaines sont agenouillées dans des boîtes à laver, ces caisses de bois qui servent à les protéger de l’eau, et qui, agrémentées de paille et de tissus, rendent leur position moins inconfortable. Mais elles devaient encore battre durement le linge puis ramener les lourds baquets dans des charrettes.  
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In diesen ländlichen Gegenden ist die Wäschepflege Teil eines echten Rituals und gibt bis Anfang des 20. Jahrhunderts Anlass für Feste.  
  
C'est dans les années 1930 que le lavage du linge devient hebdomadaire, comme cela doit être le cas ici à Châtenois. Les techniques changent avec la laveuse, la possibilité d'acheter et d'entreposer plus de linge dans des buanderies et l'apparition graduelle de l'eau courante. Les fermes possédaient parfois leur propre buanderie. Puis, à partir des années 1950, le lave-linge se démocratise. Néanmoins, en 1961, 26% des ménages alsaciens possèdent un lave-linge (BLOCH-RAYMOND, Anny, op. cit. p.14). Encore dans les années 1970, il fait figure d’exception dans la campagne alsacienne. Le ruisseau communal passant à Châtenois, le ''Fleckenbach'', a de mémoire d’homme, toujours été utilisé pour laver le linge et pour éteindre les incendies. Alimenté par le ''Muhlbach'', canal de dérivation de la Liévrette, il fut aménagé avec des pierres de taille en grès en 1846, lieu idéal pour servir de lavoir. Les femmes y venaient encore dans les années 1950 pour faire leur linge, jusqu’à la condamnation du ruisseau au moment de la canalisation de la ville dans les années 1970 <ref>d’après Jean-Philippe Dussourd, Président du Groupe patrimoine de Châtenois, entretien réalisé le 3 août 2018 </ref>. Un film produit par l’Electricité de Strasbourg en 1975, montre l’arrivée et la révolution de l’électricité dans le village d’Oberseebach, avec entre autres, le lave-linge (voir fonds ES, 0030NN0001 : droits ?).
 
|Bibliographie_fr=BLOCH-RAYMOND Anny. « Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries. Des relations entre espaces publics, espaces privés » in ''Revue des Sciences sociales'', n°13, n°13bis, 1984
 
  
 
GIRAUDON Daniel, Lavandières de jour, lavandières de nuits. Bretagne et pays celtiques. Mémoire, CRBC, 1996, 23 p.  
 
GIRAUDON Daniel, Lavandières de jour, lavandières de nuits. Bretagne et pays celtiques. Mémoire, CRBC, 1996, 23 p.  
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IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537
 
IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». ''Revue d’Alsace'', n° 135, 2009, 533-537
  
WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. 25 p.
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|Bibliographie=WOLFF, Anne. ''Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde'', catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. 25 p.
|Documents_annexes_fr=[[Fichier:Châtenois 1961.jpg|vignette|centré|Des femmes faisant leur lessive à Châtenois en 1961. Groupe Patrimoine et Histoire de Châtenois]]
 
 
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Version actuelle datée du 22 mars 2019 à 09:40

Résumé


Ces scènes de rue à Hoffen et Oberseebach du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre.

Description


Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.


Oberseebach ? Enfants dans la cour d'une ferme. Un homme harnache un cheval. Couple de paysans et un enfant. Une charrette passe.

Métadonnées

N° support :  0026FN0004
Date :  1928
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:11
Cinéastes :  Spindler, Paul
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Identité, Traditions, Vie rurale
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Charles et Paul Spindler : l'étude du folklore alsacien

Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, est un véritable folkloriste de par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896, Spindler publie avec Joseph Sattler Elsaesser Bilderbogen (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud. D'après lui elle est tout à la fois un signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et un ornement décoratif, changeant au gré de la « coquetterie féminine » [1]. Il créé en 1898 la Revue alsacienne illustrée, qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi Costumes et coutumes d’Alsace qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que Réflexion sur le costume alsacien en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits traditionnels. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir Paysans, 1928). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, en compagnie du peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, appelé Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits rustiques qui s'affairent ou qui passent avec empressement.

Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis sont mis en scène avec le costume alsacien (voir 0026FN0020, Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien, 1928-29 ; 0026FN0034, Modèles, 1929).


L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions encrées

Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable à travers ses maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, diverses séquences de fêtes locales y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, Fête-Dieu à Schleithal, 0026FN0006, 1929). En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ[2]. Cette bourgade historiquement protestante est principalement agricole, notamment par son activité céréalière importante, et compte de nombreuses fermes.

Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974), souvent représentée par Charles Spindler, est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, cette localité compte déjà un peu moins de 1500 habitants[3]. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est aujourd'hui un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le Streisselhochzeit, ou mariage au bouquet, qui s’y déroule chaque année.


Charles Spindler. Paysan de Hunspach en costume de travail, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Le vêtement de travail du paysan alsacien

Dans l'imaginaire, le costume alsacien se compose d'une grande coiffe à nœud noire et d'une jupe rouge. Or, ce vêtement, bien qu’existant et porté dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870. Les Alsaciennes installées en France rajoutent souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871[4]. En réalité, ce costume alsacien essentiellement rural et parfois richement orné, n'est pas l'habit porté au quotidien, mais un vêtement de fête. C'est l'amélioration de la condition paysanne alsacienne à partir du 18e siècle qui a permis aux villageois l'achat d'étoffes plus fines et le port d'une toilette plus fastueuse pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Ce vêtement est multiforme. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la portent noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses[5].

Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces atours de fête, mieux entretenus et moins usés que l’habit de travail qui était jeté ou transformé en chiffon une fois passé[6]. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, l'habit quotidien est peu représenté dans les musées. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment les villageois pouvait s'y mouvoir. C'est ce qui est notable dans cet extrait : les costumes portés sont des vêtements de la vie courante, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les habitants dans leur costume de fête (voir Paysans, 1928).

La tenue de travail est d'allure identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative mais peu pratique, est remplacée au travail par un foulard blanc, un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche. Cette Schindelkapp, aussi appelée quichenotte dans d'autres régions, permet de se protéger du soleil grâce aux lattes de bois qui la composent et qui maintiennent le tissu autour du visage. Une lavandière porte ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi que la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes portent aussi des foulards blancs. La coiffure féminine peut également être représentative du territoire. Ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen.

L'habit de travail de l'agriculteur consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet. L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet qui varie selon les régions. On note ici à Hoffen deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. A l'instar des hommes et enfants de cette région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le Marschelskapp ou Morischelkapp, soit coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on porte une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir Mariage à Oberseebach, 1937).

Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs. Autrement les paysans se chaussent de souliers à lacets. Dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots. A l’inverse, à Châtenois, localité plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.

Dans ces pays ruraux, l'entretien du linge fait partie d'un véritable rituel et est l'occasion de festivités jusqu'au début du 20e siècle.

Personnages identifiés


Spindler, Charles; Elzingre, Edouard

Lieux ou monuments


Hoffen; Oberseebach; Châtenois

Bibliographie


WOLFF, Anne. Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde, catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. 25 p.


Article rédigé par

Marion Brun, 15 octobre 2018


  1. IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». Revue d’Alsace, n° 135, 2009, 533-537
  2. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198
  3. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)
  4. voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend
  5. WOLFF, Anne. Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde, catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16
  6. Op. cit WOLFF, Anne p.20