Vendanges 1953 (0009FS0003) : Différence entre versions

 
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|Resume_fr=Vendanges de l'automne 1953 dans trois coopératives viticoles du Bas-Rhin: Cleebourg, Moslheim et Andlau-Barr.
 
|Resume_fr=Vendanges de l'automne 1953 dans trois coopératives viticoles du Bas-Rhin: Cleebourg, Moslheim et Andlau-Barr.
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|Contexte_et_analyse_fr=En 1953, la France sort de la période de reconstruction et dit adieu aux cartes d’alimentation. L’Europe du plan Monnet de 1950 va bientôt bouleverser les économies nationales, de l’industrie (CECA de 1952) à la Politique agricole commune qui débute en 1962. En 1957, le sociologue Henri Mendras sème le désarroi et déclenche le débat avec ''La Fin des paysans ?'', qui expose que ce groupe autrefois majoritaire doit se moderniser ou renoncer, et disparaîtra en tant que civilisation à court terme.
 
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L’Alsace reste une terre profondément rurale en dépit de la forte industrialisation de la région. L’économie agricole y pâtit, selon les mots du géographe Etienne Juillard en 1953, de « cinquante années d’inertie ». Le constat d’un retard dans la productivité au regard de régions déjà modernisées, riches (Bassin parisien) ou moins (Sud-Ouest), mobilise la Direction des Services agricoles du Bas-Rhin dont Armand Gerber est l’ingénieur principal. Comme Juillard dans son ultime chapitre « Pour une politique agricole », le technicien livre dans ce film et son jumeau de 1952 ([[Progrès agricole (0009FS0002)|Progrès agricole]]) un plaidoyer pour la fin des maux d’une agriculture qui n’a pas su évoluer depuis son apogée au milieu du XIXe siècle : révolution verte (engrais, mécanisation, choix des semences et sélection des races d’élevage), remembrement et spécialisation des exploitations pour l’essor de la qualité et du rendement.
En 1953, la France sort de la période de reconstruction et dit adieu aux cartes d’alimentation. L’Europe du plan Monnet de 1950 va bientôt bouleverser les économies nationales, de l’industrie (CECA de 1952) à la Politique agricole commune qui débute en 1962. En 1957, le sociologue Henri Mendras sème le désarroi et déclenche le débat avec La Fin des paysans ?, qui expose que ce groupe autrefois majoritaire doit se moderniser ou renoncer, et disparaîtra en tant que civilisation à court terme.
 
L’Alsace reste une terre profondément rurale en dépit de la forte industrialisation de la région. L’économie agricole y pâtit, selon les mots du géographe Etienne Juillard en 1953, de « cinquante années d’inertie ». Le constat d’un retard dans la productivité au regard de régions déjà modernisées, riches (Bassin parisien) ou moins (Sud-Ouest), mobilise la Direction des Services agricoles du Bas-Rhin dont Armand Gerber est l’ingénieur principal. Comme Juillard dans son ultime chapitre « Pour une politique agricole », le technicien livre dans ce film et son jumeau de 1952 (0009FS0004) un plaidoyer pour la fin des maux d’une agriculture qui n’a pas su évoluer depuis son apogée au milieu du XIXe siècle : révolution verte (engrais, mécanisation, choix des semences et sélection des races d’élevage), remembrement et spécialisation des exploitations pour l’essor de la qualité et du rendement.
 
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Un paysage viticole ancien'''
 
 
 
La présence du vignoble est attestée en Alsace depuis l’Antiquité romaine, et cette culture a connu un premier pic au Moyen Age, profitant comme les voisins de Champagne d’une position clef au carrefour d’importants axes de communication. Les viticulteurs ont longtemps produit surtout de la quantité, même si s’est peu à peu dessinée une carte tributaire des terroirs sur lesquels s’épanouit la vigne. Dans le Haut-Rhin, les contreforts des Vosges et la vallée du Rhin offrent un terrain idéal qui favorise l’émergence de propriétaires-récoltants-vignerons. Au nord de la région, où se prolonge une organisation plus communautaire de l’exploitation du sol. En 1895 naît la coopérative de Ribeauvillé, suivie en 1902 par celles d’Eguisheim et Dambach-la-Ville. Après la Seconde Guerre mondiale, une seconde vague voit le jour à Sigolsheim (Haut-Rhin) et Cleebourg en 1946, où la vigne est replantée après avoir souffert lors du conflit. Sa consœur de Molsheim, la cave du roi Dagobert, date de 1952, comme celle d’Andlau-Barr. À Cleebourg, les Allemands avaient déjà réorganisé le finage pour que chaque viticulteur dispose d’une parcelle en lanière d’un seul tenant plantées en haut en Traminer, au milieu en pinot gris et en bas en sylvaner<ref>Jean Tricard, "Le vignoble alsacien", ''L'Information géographique'', 1949, n°1, p. 26. </ref>.  
 
  
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'''Un paysage viticole ancien'''
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[[Fichier:Vin barr.jpg|vignette|Fête des Vendanges à Barr, une tradition réactualisée © BNUS]]
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La présence du vignoble est attestée en Alsace depuis l’Antiquité romaine, et cette culture a connu un premier pic au Moyen Age, profitant comme les voisins de Champagne d’une position clef au carrefour d’importants axes de communication. Les viticulteurs ont longtemps produit surtout de la quantité, même si s’est peu à peu dessinée une carte tributaire des terroirs sur lesquels s’épanouit la vigne. Dans le Haut-Rhin, les contreforts des Vosges et la vallée du Rhin offrent un terrain idéal qui favorise l’émergence de propriétaires-récoltants-vignerons. Au nord de la région, où se prolonge une organisation plus communautaire de l’exploitation du sol. En 1895 naît la coopérative de Ribeauvillé, suivie en 1902 par celles d’Eguisheim et Dambach-la-Ville. Après la Seconde Guerre mondiale, une seconde vague voit le jour à Sigolsheim (Haut-Rhin) et Cleebourg en 1946, où la vigne est replantée après avoir souffert lors du conflit. Sa consœur de Molsheim, la cave du roi Dagobert, date de 1952, comme celle d’Andlau-Barr. À Cleebourg, les Allemands avaient déjà réorganisé avant 1914 le finage pour que chaque viticulteur dispose d’une parcelle en lanière d’un seul tenant plantées en haut en Traminer, au milieu en pinot gris et en bas en sylvaner<ref>Jean Tricard, "Le vignoble alsacien", ''L'Information géographique'', 1949, n°1, p. 26. </ref>. Lors de l'Annexion de 1940-1944, les autorités nazies forcent l'arrachage, auquel participent des prisonniers de guerre, afin de planter des légumineuses. L'échec de la conversion impose finalement le replantage en 1944, qui s'accélère après la fondation de la coopérative et le remembrement.
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[[Fichier:Musée vin.jpg|vignette|Les outils anciens relégués au musée @ Musée du vin de Kientzheim/Société d'histoire de Rixheim]]
 
'''Le travail de la vigne'''
 
'''Le travail de la vigne'''
  
Les cépages comme le sylvaner, le riesling ou le pinot conditionnent les appellations en Alsace. Une réforme de 1955 en réduit une première fois le nombre, avant qu’un texte de 1971 classifie les cépages autorisés pour l’AOC. Andlau est connu notamment pour le riesling Kastelberg, un climat attesté dès 1604. Si d’autres viticulteurs pratiquent les vendanges tardives pour profiter de la pourriture noble, ici on distingue bien des raisins mûrs, aux grappes serrées. Les pieds semblent produire une belle quantité, synonyme de moindre concentration en sucre. La vendange s’effectue de façon manuelle : le gros plans sur la main et la rapidité du geste signent l’expérience de ce récoltant. Le raisin rejoint un seau, lui-même versé dans une hotte d’Alsace à la forme spécifique : un porteur supporte un poids de '''X''' kilogrammes sur un terrain meuble et accidenté, parfois boueux. Il doit ensuite monter sur une échelle et renverser d’un coup le contenu dans une grande cuve. Ces dernières, en bois neuf à Cleebourg, sont transportées vers la cave sur des charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux, dont certaines équipées de pneus. C’est là une mince concession à la modernisation qui se concentre à l’étape suivante.
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Les cépages comme le sylvaner, le riesling ou le pinot conditionnent les appellations en Alsace. Une réforme de 1955 en réduit une première fois le nombre, avant qu’un texte de 1971 classifie les cépages autorisés pour l’AOC. Andlau est connu notamment pour le riesling Kastelberg, un climat attesté dès 1604. Si d’autres viticulteurs pratiquent les vendanges tardives pour profiter de la pourriture noble, ici on distingue bien des raisins mûrs, aux grappes serrées. Les pieds semblent produire une belle quantité, synonyme de moindre concentration en sucre. La vendange s’effectue de façon manuelle : le gros plans sur la main et la rapidité du geste signent l’expérience de ce récoltant. Le raisin rejoint un seau contenant 10 kilogrammes, lui-même versé dans une hotte d’Alsace à la forme spécifique : un porteur supporte un poids de 60-70 kilogrammes (soit près de trois tonnes par jour) sur un terrain meuble et très accidenté, parfois boueux. Il doit ensuite monter sur une échelle et renverser d’un coup le contenu dans une grande cuve. Ces dernières, en bois neuf à Cleebourg, sont transportées vers la cave sur des charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux, dont certaines équipées de pneus. C’est là une mince concession à la modernisation qui se concentre à l’étape suivante.
  
 
'''De la vigne au vin'''
 
'''De la vigne au vin'''
  
Avec ses bâtiments neufs, sans concession aucune au style alsacien imité à Igersheim en 1926, la cave de Cleebourg marque le paysage du seau de la fonctionnalité. Le film révèle une nette coupure entre une récolte manuelle et animale et la vinification mécanisée à toutes les étapes. L’homme utilise désormais des treuils qui soulèvent les lourdes cuves en bois, il surveille leur poids sur la balance, il les envoie à la presse par le truchement d’un wagonnet automatisé et enfin actionne un vaste pressoir. Si Gerber ne filme pas la cave où vieillit le vin, on sait qu’elle contient des cuves en inox en lieu et place des tonneaux en bois, et on a vu dans le film de 1952 des experts calculant le degré d’alcool contenu dans le raisin. Centralisée et rationalisée, la vinification produit des économies importantes pour la grappe des exploitants coopérateurs qui commercialisent une marque bientôt reconnue en Alsace.  
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Avec ses bâtiments neufs, sans concession aucune au style alsacien imité à Igersheim en 1926, la cave de Cleebourg marque le paysage du seau de la fonctionnalité. Le film révèle une nette coupure entre une récolte manuelle, traction animale (qui se maintient jusqu'au milieu des années 1960) et la vinification, mécanisée elle à toutes les étapes. L’homme utilise désormais des treuils qui soulèvent les lourdes cuves en bois, il surveille leur poids sur la balance, il les envoie à la presse par le truchement d’un wagonnet automatisé et enfin actionne un vaste pressoir. Si Gerber ne filme pas la cave où vieillit le vin, on sait qu’elle contient des cuves en béton en lieu et place des tonneaux en bois, et on a vu dans le film de 1952 des experts calculant le degré d’alcool contenu dans le raisin. Centralisée et rationalisée, la vinification produit des économies importantes pour la grappe des exploitants coopérateurs qui commercialisent une marque bientôt reconnue en Alsace.  
 
La défaite de 1870 a coupé l’Alsace de la France, à la fois marché massif de consommation et lieu d’une concurrence poussant à l’innovation. Au retour de la région dans le giron de la République, les viticulteurs tentent de s’organiser et proposent en 1936 la création d’une Appellation d’origine contrôlée. La guerre interrompt le processus, mais dès le 23 novembre 1945 est créé un label « Vins d’Alsace » qui annule l’interdiction de vente aux troupes, avant d’obtenir l’AOC le 3 novembre 1962. En 1953 est créée la seconde route des vins en France après celle des Grands crus de Bourgogne. Le vignoble alsacien se situe alors au début d’une mutation qui prend corps dans les années 1970 avec l’extension de la commercialisation vers l’étranger et dans les années 1980 avec le renouveau du Crémant d’Alsace qui conquiert très vite des parts de marché. En 1994, le vin représentait 40% du produit agricole brut de la région.
 
La défaite de 1870 a coupé l’Alsace de la France, à la fois marché massif de consommation et lieu d’une concurrence poussant à l’innovation. Au retour de la région dans le giron de la République, les viticulteurs tentent de s’organiser et proposent en 1936 la création d’une Appellation d’origine contrôlée. La guerre interrompt le processus, mais dès le 23 novembre 1945 est créé un label « Vins d’Alsace » qui annule l’interdiction de vente aux troupes, avant d’obtenir l’AOC le 3 novembre 1962. En 1953 est créée la seconde route des vins en France après celle des Grands crus de Bourgogne. Le vignoble alsacien se situe alors au début d’une mutation qui prend corps dans les années 1970 avec l’extension de la commercialisation vers l’étranger et dans les années 1980 avec le renouveau du Crémant d’Alsace qui conquiert très vite des parts de marché. En 1994, le vin représentait 40% du produit agricole brut de la région.
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Weinlese 1953'''</big>
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1953 wurde Frankreich gerade mit dem Wiederaufbau fertig. Das Europa des Monnet-Plans von 1950 mit der Gemeinsamen Agrarpolitik (1962) sollte die Volkswirtschaften bald von Grund auf umwälzen. Das Elsass war trotz seiner starken Industrialisierung zutiefst ländlich geblieben. Nachdem ein Rückstand bei der Produktivität im Vergleich zu den bereits modernisierten Regionen festgestellt worden war, wurde die Landwirtschaftsbehörde (DSA) von Bas-Rhin mit ihrem Hauptingenieur Armand Gerber aktiv. Wie der Geograph Étienne Juillard liefert der Techniker in diesem Film und im Film von 1953 (0009FS0003) ein Plädoyer für die Beendigung der Missstände einer Landwirtschaft, die sich seit ihrer Blütezeit in der Mitte des 19. Jahrhunderts nicht mehr weiter entwickelt hat: grüne Revolution (Düngemittel, Mechanisierung, Saatgutauswahl und Auswahl der Nutztierrassen), Flurbereinigung und Spezialisierung der Betriebe zur Steigerung von Qualität und Ertrag.
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'''Eine alte Weinbaulandschaft'''
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Der Weinbau im Elsass ist seit der Römerzeit belegt und dieser Anbau hat seinen ersten Höhepunkt im Mittelalter erreicht, als er, wie seine Nachbarn in der Region Champagne, seine Schlüsselposition am Knotenpunkt wichtiger Verkehrswege nutzte. 1895 wurde die Winzergenossenschaft Ribeauvillé gegründet, 1902 folgten die Genossenschaften Eguisheim und Dambach-la-Ville. Nach dem Zweiten Weltkrieg entstanden weitere Winzergenossenschaften, wie 1946 in Sigolsheim (Haut-Rhin) und Cleebourg, wo nach den Zerstörungen des Kriegs neue Reben gepflanzt wurden. Die Genossenschaft in Molsheim „Cave du Roi Dagobert“ wurde 1952 gegründet, ebenso wie die in Andlau-Barr. In Cleebourg hatten die Deutschen die Gemarkung bereits so umorganisiert, dass jeder Winzer eine Parzelle in Form eines zusammenhängenden Streifens besaß, der oben mit Traminer, in der Mitte mit Pinot Gris und unten mit Sylvaner bepflanzt war (Tricart 1949).
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'''Die Arbeit im Weinberg'''
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Die Appellationen im Elsass sind nach Rebsorten wie Sylvaner, Riesling oder Pinot benannt. Eine Reform im Jahr 1955 reduzierte erstmals die Anzahl der Rebsorten, bevor ein Text von 1971 die für die AOC zugelassenen Rebsorten klassifizierte. Die Rebstöcke produzierten eine hohe Menge, was gleichbedeutend war mit einer geringeren Zuckerkonzentration. Die Lese erfolgte manuell: Die Nahaufnahme der Hand und die Geschwindigkeit der Geste zeigen die langjährige Erfahrung dieses Weinlesers. Die Trauben kommen in einen Eimer, der wiederum in einen typischen elsässischen Tragekorb gefüllt wird: Ein Träger trägt ein Gewicht von x Kilogramm auf einem unbefestigten und unebenen, manchmal schlammigen Boden. Er muss anschließend auf eine Leiter steigen und den Inhalt auf einmal in einen großen Tank schütten. Diese Tanks, die in Cleebourg aus neuem Holz sind, werden auf Wagen, die von Ochsen oder Pferden gezogen werden, in die Kellerei transportiert. Einige Wagen sind mit Reifen ausgestattet, ein winziges Zugeständnis an die Modernisierung, die sich auf den nächsten Schritt konzentriert.
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'''Die Weinbereitung'''
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Mit ihren Neubauten, ohne jegliche Zugeständnisse an den elsässischen Stil, der 1926 in Igersheim nachgeahmt worden war, prägt die Cleebourger Kellerei die Landschaft mit dem Siegel der Funktionalität. Der Film zeigt einen deutlichen Bruch zwischen einer manuellen und tierischen Weinlese und einer in allen Phasen mechanisierten Weinherstellung. Der Mann verwendet jetzt Winden zum Heben der schweren Holztanks, er prüft ihr Gewicht auf der Waage, schickt sie mit Hilfe eines automatisierten Wagens zur Presse und betätigt schließlich riesige rotierende Pressen. Die zentralisierte und rationalisierte Weinherstellung führt zu erheblichen Einsparungen für die Gruppe der Genossenschaftsmitglieder, die eine Marke vermarkten, die bald im Elsass bekannt sein wird.
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Mit der Niederlage von 1870 wurde das Elsass von dem riesigen Konsummarkt Frankreich und seinem innovationsfördernden Wettbewerb abgetrennt. Nach der Rückkehr der Region unter die Obhut der Republik versuchten die Winzer, sich zu organisieren und schlugen 1936 die Schaffung einer kontrollierten Ursprungsbezeichnung (AOC) vor. Der Krieg unterbrach den Prozess, aber bereits am 23. November 1945 wurde das Label „Vins d'Alsace“ geschaffen, mit dem das Verkaufsverbot an die Truppen aufgehoben wurde, bevor  am 3. November 1962 die AOC verliehen wurde. 1953 wurde die zweite Weinstraße Frankreichs, nach der „Route des Grands Crus de Bourgogne“ im Burgund, geschaffen. Das elsässische Weinbaugebiet stand am Anfang eines Wandels, der in den 1970er Jahren mit dem Export und in den 1980er Jahren mit der Wiederbelebung des Crémant d'Alsace, der sehr schnell Marktanteile eroberte, Gestalt angenommen hat. 1994 lag der Anteil des Weins bei 40 % des Brutto-Agrarprodukts der Region.
 
|Bibliographie=Isabelle Bianquis, ''Alsace. De l'homme au vin'', Gérard Klopp, Thionville, 1988.
 
|Bibliographie=Isabelle Bianquis, ''Alsace. De l'homme au vin'', Gérard Klopp, Thionville, 1988.
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''Cleebourg, des vignerons et leur cave... toute une histoire'', ID L'édition, 2010.
 
''Cleebourg, des vignerons et leur cave... toute une histoire'', ID L'édition, 2010.
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Lucien Sittler, ''L'agriculture et la viticulture en Alsace à travers les siècles'', SAEP, Colmar, 1974.
 
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Version actuelle datée du 26 août 2019 à 08:35

Résumé


Vendanges de l'automne 1953 dans trois coopératives viticoles du Bas-Rhin: Cleebourg, Moslheim et Andlau-Barr.

Métadonnées

N° support :  0009FS0003
Date :  1953
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:04:45
Cinéastes :  Gerber, Armand
Format original :  16 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


En 1953, la France sort de la période de reconstruction et dit adieu aux cartes d’alimentation. L’Europe du plan Monnet de 1950 va bientôt bouleverser les économies nationales, de l’industrie (CECA de 1952) à la Politique agricole commune qui débute en 1962. En 1957, le sociologue Henri Mendras sème le désarroi et déclenche le débat avec La Fin des paysans ?, qui expose que ce groupe autrefois majoritaire doit se moderniser ou renoncer, et disparaîtra en tant que civilisation à court terme. L’Alsace reste une terre profondément rurale en dépit de la forte industrialisation de la région. L’économie agricole y pâtit, selon les mots du géographe Etienne Juillard en 1953, de « cinquante années d’inertie ». Le constat d’un retard dans la productivité au regard de régions déjà modernisées, riches (Bassin parisien) ou moins (Sud-Ouest), mobilise la Direction des Services agricoles du Bas-Rhin dont Armand Gerber est l’ingénieur principal. Comme Juillard dans son ultime chapitre « Pour une politique agricole », le technicien livre dans ce film et son jumeau de 1952 (Progrès agricole) un plaidoyer pour la fin des maux d’une agriculture qui n’a pas su évoluer depuis son apogée au milieu du XIXe siècle : révolution verte (engrais, mécanisation, choix des semences et sélection des races d’élevage), remembrement et spécialisation des exploitations pour l’essor de la qualité et du rendement.

Un paysage viticole ancien

Fête des Vendanges à Barr, une tradition réactualisée © BNUS

La présence du vignoble est attestée en Alsace depuis l’Antiquité romaine, et cette culture a connu un premier pic au Moyen Age, profitant comme les voisins de Champagne d’une position clef au carrefour d’importants axes de communication. Les viticulteurs ont longtemps produit surtout de la quantité, même si s’est peu à peu dessinée une carte tributaire des terroirs sur lesquels s’épanouit la vigne. Dans le Haut-Rhin, les contreforts des Vosges et la vallée du Rhin offrent un terrain idéal qui favorise l’émergence de propriétaires-récoltants-vignerons. Au nord de la région, où se prolonge une organisation plus communautaire de l’exploitation du sol. En 1895 naît la coopérative de Ribeauvillé, suivie en 1902 par celles d’Eguisheim et Dambach-la-Ville. Après la Seconde Guerre mondiale, une seconde vague voit le jour à Sigolsheim (Haut-Rhin) et Cleebourg en 1946, où la vigne est replantée après avoir souffert lors du conflit. Sa consœur de Molsheim, la cave du roi Dagobert, date de 1952, comme celle d’Andlau-Barr. À Cleebourg, les Allemands avaient déjà réorganisé avant 1914 le finage pour que chaque viticulteur dispose d’une parcelle en lanière d’un seul tenant plantées en haut en Traminer, au milieu en pinot gris et en bas en sylvaner[1]. Lors de l'Annexion de 1940-1944, les autorités nazies forcent l'arrachage, auquel participent des prisonniers de guerre, afin de planter des légumineuses. L'échec de la conversion impose finalement le replantage en 1944, qui s'accélère après la fondation de la coopérative et le remembrement.

Les outils anciens relégués au musée @ Musée du vin de Kientzheim/Société d'histoire de Rixheim

Le travail de la vigne

Les cépages comme le sylvaner, le riesling ou le pinot conditionnent les appellations en Alsace. Une réforme de 1955 en réduit une première fois le nombre, avant qu’un texte de 1971 classifie les cépages autorisés pour l’AOC. Andlau est connu notamment pour le riesling Kastelberg, un climat attesté dès 1604. Si d’autres viticulteurs pratiquent les vendanges tardives pour profiter de la pourriture noble, ici on distingue bien des raisins mûrs, aux grappes serrées. Les pieds semblent produire une belle quantité, synonyme de moindre concentration en sucre. La vendange s’effectue de façon manuelle : le gros plans sur la main et la rapidité du geste signent l’expérience de ce récoltant. Le raisin rejoint un seau contenant 10 kilogrammes, lui-même versé dans une hotte d’Alsace à la forme spécifique : un porteur supporte un poids de 60-70 kilogrammes (soit près de trois tonnes par jour) sur un terrain meuble et très accidenté, parfois boueux. Il doit ensuite monter sur une échelle et renverser d’un coup le contenu dans une grande cuve. Ces dernières, en bois neuf à Cleebourg, sont transportées vers la cave sur des charrettes tirées par des bœufs ou des chevaux, dont certaines équipées de pneus. C’est là une mince concession à la modernisation qui se concentre à l’étape suivante.

De la vigne au vin

Avec ses bâtiments neufs, sans concession aucune au style alsacien imité à Igersheim en 1926, la cave de Cleebourg marque le paysage du seau de la fonctionnalité. Le film révèle une nette coupure entre une récolte manuelle, traction animale (qui se maintient jusqu'au milieu des années 1960) et la vinification, mécanisée elle à toutes les étapes. L’homme utilise désormais des treuils qui soulèvent les lourdes cuves en bois, il surveille leur poids sur la balance, il les envoie à la presse par le truchement d’un wagonnet automatisé et enfin actionne un vaste pressoir. Si Gerber ne filme pas la cave où vieillit le vin, on sait qu’elle contient des cuves en béton en lieu et place des tonneaux en bois, et on a vu dans le film de 1952 des experts calculant le degré d’alcool contenu dans le raisin. Centralisée et rationalisée, la vinification produit des économies importantes pour la grappe des exploitants coopérateurs qui commercialisent une marque bientôt reconnue en Alsace.

La défaite de 1870 a coupé l’Alsace de la France, à la fois marché massif de consommation et lieu d’une concurrence poussant à l’innovation. Au retour de la région dans le giron de la République, les viticulteurs tentent de s’organiser et proposent en 1936 la création d’une Appellation d’origine contrôlée. La guerre interrompt le processus, mais dès le 23 novembre 1945 est créé un label « Vins d’Alsace » qui annule l’interdiction de vente aux troupes, avant d’obtenir l’AOC le 3 novembre 1962. En 1953 est créée la seconde route des vins en France après celle des Grands crus de Bourgogne. Le vignoble alsacien se situe alors au début d’une mutation qui prend corps dans les années 1970 avec l’extension de la commercialisation vers l’étranger et dans les années 1980 avec le renouveau du Crémant d’Alsace qui conquiert très vite des parts de marché. En 1994, le vin représentait 40% du produit agricole brut de la région.

Lieux ou monuments


Coopérative viticole de Cleebourg; Coopérative viticole de Molsheim; Coopérative viticole d'Andlau-Barr

Bibliographie


Isabelle Bianquis, Alsace. De l'homme au vin, Gérard Klopp, Thionville, 1988.

Cleebourg, des vignerons et leur cave... toute une histoire, ID L'édition, 2010.

Lucien Sittler, L'agriculture et la viticulture en Alsace à travers les siècles, SAEP, Colmar, 1974.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 21 novembre 2018


  1. Jean Tricard, "Le vignoble alsacien", L'Information géographique, 1949, n°1, p. 26.