Carnaval de Strasbourg (0050FH0002) : Différence entre versions

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|Resume_fr=Il s'agit d'un film amateur qui se déroule pendant le Carnaval de Strasbourg, entre 1958 et 1962. Une partie du film se focalise sur le cortège de chars tandis qu'une autre se concentre sur un repas de famille.
 
|Resume_fr=Il s'agit d'un film amateur qui se déroule pendant le Carnaval de Strasbourg, entre 1958 et 1962. Une partie du film se focalise sur le cortège de chars tandis qu'une autre se concentre sur un repas de famille.
 
|Description_fr=Les premières séquences sont tournées sur un mode similaire : il s'agit de plans d'ensemble fixes, assez courts. Postée sur un trottoir - en face de la Brasserie du Pêcheur et de la boutique de "''Vêtements Klotz''", toutes deux situées à l'angle de Grand'Rue et de la rue des Francs-Bourgeois - et surplombant une foule très dense, la caméra suit les chars qui défilent. Ces premières images sont très floues et on distingue mal ce qu'il s'y passe.
 
|Description_fr=Les premières séquences sont tournées sur un mode similaire : il s'agit de plans d'ensemble fixes, assez courts. Postée sur un trottoir - en face de la Brasserie du Pêcheur et de la boutique de "''Vêtements Klotz''", toutes deux situées à l'angle de Grand'Rue et de la rue des Francs-Bourgeois - et surplombant une foule très dense, la caméra suit les chars qui défilent. Ces premières images sont très floues et on distingue mal ce qu'il s'y passe.
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[[Fichier:Carnaval - repas.png|vignette|gauche|Une table de fête décorée de serpentins et parsemée de bouteilles vides.]]Tombant traditionnellement au cours des sept jours gras, à savoir la semaine précédant le Carême, le carnaval est aussi l'occasion de repas de famille copieux et festifs. Une partie de ce film amateur est justement consacrée à une soirée familiale. Le film dévoile une table décorée et festive, comptant une vingtaine de couverts, de nombreux plats et bouteilles de vin. Le repas « gras » se traduit ainsi par une certaine opulence des mets et de l'alcool. Peut-être moins par strict respect des coutumes religieuses que par opportunité, le carnaval permet aux familles de se réunir, de dîner ensemble et de faire la fête. Ivres, les gens s'amusent et dansent, de façon presque frénétique pour certains et rappelant à cet égard les traditionnelles danses ubuesques du carnaval. [[Fichier:Carnaval - fête.png|vignette|droite|Après avoir enlevé son pantalon et être monté sur une chaise, un homme, décidément ivre, fait mine d'uriner dans une bassine.]]Cette scène de repas, si elle n'est pas nécessairement représentative de ce que font toutes les familles strasbourgeoises un soir de carnaval, est donc assez judicieusement insérée dans ce film dédié au carnaval. Tandis qu'on reproche au « ''Carnaval des Marchands'' » d'être trop bon enfant, cette famille semble finalement faire davantage honneur à l'esprit frondeur et licencieux du carnaval traditionnel.  
 
[[Fichier:Carnaval - repas.png|vignette|gauche|Une table de fête décorée de serpentins et parsemée de bouteilles vides.]]Tombant traditionnellement au cours des sept jours gras, à savoir la semaine précédant le Carême, le carnaval est aussi l'occasion de repas de famille copieux et festifs. Une partie de ce film amateur est justement consacrée à une soirée familiale. Le film dévoile une table décorée et festive, comptant une vingtaine de couverts, de nombreux plats et bouteilles de vin. Le repas « gras » se traduit ainsi par une certaine opulence des mets et de l'alcool. Peut-être moins par strict respect des coutumes religieuses que par opportunité, le carnaval permet aux familles de se réunir, de dîner ensemble et de faire la fête. Ivres, les gens s'amusent et dansent, de façon presque frénétique pour certains et rappelant à cet égard les traditionnelles danses ubuesques du carnaval. [[Fichier:Carnaval - fête.png|vignette|droite|Après avoir enlevé son pantalon et être monté sur une chaise, un homme, décidément ivre, fait mine d'uriner dans une bassine.]]Cette scène de repas, si elle n'est pas nécessairement représentative de ce que font toutes les familles strasbourgeoises un soir de carnaval, est donc assez judicieusement insérée dans ce film dédié au carnaval. Tandis qu'on reproche au « ''Carnaval des Marchands'' » d'être trop bon enfant, cette famille semble finalement faire davantage honneur à l'esprit frondeur et licencieux du carnaval traditionnel.  
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Ainsi, jugée coûteuse et trop éloignée de son rôle social originel, cette manifestation, qui ressemble davantage à une gentille fête familiale qu'à un véritable carnaval, finit par lasser les Strasbourgeois et disparaît après 1962.
 
Ainsi, jugée coûteuse et trop éloignée de son rôle social originel, cette manifestation, qui ressemble davantage à une gentille fête familiale qu'à un véritable carnaval, finit par lasser les Strasbourgeois et disparaît après 1962.
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|Contexte_et_analyse_de='''<big>Der Straßburger Karneval</big>'''
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'''Karneval, eine jahrhundertealte Tradition'''
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Der Karneval, der in einer Zeit zwischen der Mitte des Winters und dem Anfang des Sommers stattfindet, ist ein ländliches und städtisches Fest. Er zeichnet sich durch Mummerei oder Maskerade  und durch ritualisierte Überschreitungen von Verboten und anderen Tabus aus. Im Mittelalter wurde dieser Brauch von der Kirche überwacht. In Verbindung mit christlichen Festen und als Teil des Zyklus vor der Fastenzeit greift er die religiösen Themen von Tod und Wiedergeburt, Chaos und Ordnung auf, in deren Mittelpunkt die Verherrlichung des wilden Mannes eine vermittelnde Rolle spielt. Das Karnevalsfest endet in der Regel mit dem Opfer des wilden Mannes , Symbol für die Rückkehr zur Ruhe, für den Sieg der Gesellschaft  über das Chaos. Hinter der herrschenden Anarchie spielt der Karneval in Wirklichkeit eine wichtige soziale Rolle, da er es jedem ermöglicht, unter dem Deckmantel monströser oder grotesker Wesen exzessiv und subversiv zu sein; der Karneval ähnelt also einer Art populärer Katharsis.
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'''Der Straßburger Karneval'''
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In Straßburg ging diese Tradition jedoch während der Reichslandzeit verloren und verschwand schließlich ganz, nachdem die deutsche Verwaltung erfolglos versucht hatte, sie wiederzubeleben. Nachdem der „Karneval der Deutschen“[2] zunächst vom Besatzer gefördert worden war, wurde er 1902 letztendlich abgeschafft, als die Elsässer beschlossen, diese Tradition zum Teil einer relativ deutschfeindlichen Regionalkultur zu machen.
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Im Februar 1956 beschlossen Germain Muller und Raymond Vogel, die Gründer des Straßburger Kabaretts „De Barabli“, diese lange Zeit vergessene Tradition wieder aufleben zu lassen und organisierten zu Ehren von Crocus Morus, der am gleichen Abend auf dem Place Broglie verbrannt wurde, einen großen satirischen Umzug, der im Wesentlichen aus Kabarettisten bestand. Aber trotz einer hohen Anzahl an Besuchern ging dieser Karneval nicht wirklich in die Geschichte der Stadt und galt als Misserfolg.
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'''Der „Karneval der Kaufleute“ - Eve Cerf'''
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Ein Lieferwagen in den Farben der Brauerei Kronenbourg nimmt am Umzug teil.
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Im folgenden Jahr jedoch beschlossen die Straßburger Kaufleute, den Versuch erneut zu wagen und die Tradition des Karnevals zu modernisieren und wieder aufleben zu lassen, um das Stadtzentrum zu beleben und Touristen anzuziehen. Die Veranstaltung war eine Prestige-Aktion, um Straßburg die Ausstrahlung einer wohlhabenden Stadt am Rhein zu verleihen.
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Ein Wagen mit Figuren der Comicserie ''Tim und Struppi'' von Hergé: Captain Haddock, Tim, Struppi und [auf dem Foto nicht sichtbar] Professor Bienlein.
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Der Karneval wurde von den Kaufleuten selbst finanziert, wie die vielen Wagen mit Werbung für einige Straßburger Firmen zeigen. Die anderen Wagen und Kostüme entfernen sich von den traditionellen Karnevalsthemen; sie stellen das Spektakuläre über das Monströse, sie sind vor allem riesig und majestätisch und wurden größtenteils von Karneval-Profis gebaut. Sie greifen Themen aus dem Alltag, aus dem elsässischen Brauchtum und sogar als der Popkultur auf, mit „Motiven, die das Publikum mit Freizeit und Unterhaltung verbindet“[3]. An einigen Wagen ist jedoch noch, wenn auch nur schwach, der rebellische Geist des Karnevals spürbar.
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Man sieht deutlich Konrad Adenauer und seinen belgischen Amtskollegen Achille Van Acker. De Gaulle steht hinter ihnen.
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Davon zeugt zum Beispiel der Wagen mit den vier nebeneinander sitzenden Alten, die in schlechter Verfassung oder sogar krank zu sein scheinen. Unter ihnen erkennt man Konrad Adenauer, deutscher Bundeskanzler von 1949 bis 1963, der einen Schal in den Farben der Bundesrepublik Deutschland trägt. An seiner Seite, mit einer runden Brille, steht Achille Van Acker, belgischer Premierminister mit einer zweiten Amtszeit von 1954 bis 1958 - vielleicht erlaubt uns seine Anwesenheit, diesen Film genauer zu datieren: Es wäre dann das Jahr 1958. General De Gaulle, der um einen Kopf größer ist als die anderen und an seinen abstehenden Ohren und seiner markanten Nase erkennbar ist, ist ebenfalls dabei. Der subversive Aspekt ist jedoch sehr verhalten, es handelt sich vor allem um einen Dekor, da das Publikum als passiver Zuschauer in Wirklichkeit niemals mitmacht und nur beobachtet.
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'''Ein festliches und „fettes“ Essen'''
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Ein festlicher Tisch, der mit Luftschlangen verziert ist und auf dem leeren Flaschen stehen.
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Der Karneval, der traditionell während der sieben fetten Tage, also in der Woche vor der Fastenzeit, gefeiert wird, ist auch eine Gelegenheit für reichhaltige und festliche Familienmahlzeiten. Ein Teil dieses Amateurfilms ist einem solchen Familienabend gewidmet. Der Film zeigt eine festlich geschmückte Tafel mit etwa 20 Gedecken, zahlreichen Schüsseln und Flaschen Wein. Die „fette“ Mahlzeit bedeutet also, dass es viel zu essen und viel Alkohol gibt. Den Familien geht es vielleicht weniger um die religiösen Bräuche als um einen Vorwand zum Feiern. So gibt ihnen der Karneval die Gelegenheit, sich zu einem gemeinsamen Essen zusammenzufinden und Spaß zu haben. Die angeheiterten Menschen amüsieren sich und tanzen – einige von ihnen fast frenetisch – und erinnern damit an die grotesken Tänze des Karnevals.
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Ein offensichtlich betrunkener Mann, der seine Hose ausgezogen hat und auf einen Stuhl gestiegen ist, tut so, als würde er in eine Wanne urinieren.
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Diese Szene ist zwar nicht unbedingt repräsentativ für das, was die Straßburger Familien an einem Karnevalsabend machen, wurde aber sehr passend in diesen Karnevalsfirm eingefügt. Während dem „Karneval der Kaufleute“ zum Vorwurf gemacht wurde, dass er zu brav ist, scheint diese Familie letztendlich den rebellischen und frivolen, anstößigen Geist des traditionellen Karnevals hoch zu halten.
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So wurden die Straßburger dieser Veranstaltung, die als zu kostspielig und zu weit von ihrer ursprünglichen sozialen Rolle entfernt galt und mehr einem netten Familienfest als einem echten Karneval glich, allmählich müde, so dass sie nach 1962 vollends verschwand.
 
|Bibliographie=Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », ''Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est'', n°7, 1978, pp.24-37
 
|Bibliographie=Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », ''Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est'', n°7, 1978, pp.24-37
  
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Freddy Raphaël et Geneviève Herberich-Marx, « Éléments pour une sociologie du rire et du blasphème », ''Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est'', n°21, 1994, pp. 4-10
 
Freddy Raphaël et Geneviève Herberich-Marx, « Éléments pour une sociologie du rire et du blasphème », ''Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est'', n°21, 1994, pp. 4-10
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|descripteurs=Carnaval; Strasbourg (67); Fête populaire; Famille; Repas de fête
 
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Version actuelle datée du 22 mars 2019 à 11:46


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Événements filmés ou en lien


Carnaval de Strasbourg

Résumé


Il s'agit d'un film amateur qui se déroule pendant le Carnaval de Strasbourg, entre 1958 et 1962. Une partie du film se focalise sur le cortège de chars tandis qu'une autre se concentre sur un repas de famille.
Développer

Métadonnées

N° support :  0050FH0002
Date :  Entre 1958 et 1962
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:11:30
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Manger et Festoyer, Carnaval, Habit traditionnel
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Le carnaval, une tradition séculaire

Se déroulant au cours d'une période allant du milieu de l'hiver au début de l'été, le carnaval est une fête rurale et urbaine caractérisée par le travestissement et la transgression ritualisée d'interdits et autres tabous. Dès le Moyen-Âge, cette pratique est encadrée par l’Église. Associée à des fêtes chrétiennes et s'insérant dans le cycle précédant le Carême, elle reprend les thèmes religieux de la mort et de la renaissance, du chaos et de l'ordre, au centre desquels l'exaltation de l'homme sauvage fait office de médiation. La procession burlesque se clôt généralement par le sacrifice de l'homme sauvage, symbole du retour au calme, du triomphe de la société sur le chaos. Derrière l'anarchie ambiante, le carnaval tient en réalité un rôle social important permettant à chacun, sous les traits d'êtres monstrueux ou grotesques, l'excès et la subversion ; le carnaval s'apparente ainsi à une sorte de catharsis populaire.

Le carnaval de Strasbourg

A Strasbourg, cette tradition se perd néanmoins à l'époque du Reichsland et finit par disparaître complètement après que l'administration allemande a vainement tenté de la relancer. En effet, d'abord encouragé par l'occupant, le « Carnaval des Allemands »[2] est finalement supprimé en 1902 lorsque les Alsaciens décident d'intégrer cette tradition à la valorisation d'une culture régionale relativement germanophobe.

En février 1956, Germain Muller et Raymond Vogel, les fondateurs du cabaret strasbourgeois « De Barabli » font le pari de relancer cette tradition longtemps oubliée et organisent une grande procession satirique, essentiellement composée d'acteurs du cabaret, en l'honneur de Crocus Morus, brûlé le soir-même sur la Place Broglie. Mais, s'ils sont déjà nombreux à venir y assister, ce carnaval ne marque pas vraiment l'histoire de la ville et est considéré comme un échec.

Le « Carnaval des Marchands » - Eve Cerf

Une camionnette aux couleurs de la Brasserie Kronenbourg prend part au cortège.
L'année suivante cependant, les commerçants strasbourgeois décident de retenter l'expérience et de remettre aux goûts du jour la tradition du carnaval afin d'animer le centre-ville et d'attirer les touristes. La manifestation fait figure d'opération de prestige visant à offrir à Strasbourg le rayonnement d'une ville rhénane prospère.
Un char à l'effigie des personnages de la bande dessinée d'Hergé, Tintin : le capitaine Haddock, Tintin, Milou et [non visible sur la photo] le professeur Tournesol.
Le carnaval est ainsi financé par les commerçants eux-mêmes, en attestent certains chars faisant de la publicité pour quelques enseignes strasbourgeoises. Les autres chars et déguisements s'éloignent des thématiques carnavalesques traditionnelles ; préférant le spectaculaire au monstrueux, ils sont surtout immenses et majestueux, construits pour la majeur partie par des carnavaliers de profession. Ils reprennent ainsi des thèmes issus du quotidien, du folklore alsacien voire de la culture populaire avec des "motifs que le public associe aux loisirs et aux divertissements"[3]. Enfin, l'esprit frondeur du carnaval, bien que discret, est tout de même perceptible sur certains chars.
On distingue parfaitement Konrad Adenauer et son homologue belge, Achille Van Acker. De Gaulle se tient derrière eux.
En témoigne par exemple le char des quatre vieillards, assis les uns à côté des autres, qui semblent mal en point, malades pour certains. Parmi eux, on reconnaît Konrad Adenauer, Chancelier fédéral d'Allemagne de 1949 à 1963, qui porte une écharpe aux couleurs de la République Fédérale d'Allemagne. A ses côtés, derrière les lunettes rondes, se cache Achille Van Acker, Premier Ministre belge pour la deuxième fois de 1954 à 1958 - peut-être sa présence nous permet-elle d'ailleurs de dater avec une plus grande précision ce film : il s'agirait alors de l'année 1958. Dépassant les autres d'une tête, le Général De Gaulle, dont on ne distingue que les oreilles décollées et le nez proéminent, est aussi présent. La subversion est toutefois policée et elle est surtout un décor de façade puisque le public, spectateur passif, n'y prend en réalité jamais part et ne fait que l'observer.


Un repas festif et "gras"

Une table de fête décorée de serpentins et parsemée de bouteilles vides.
Tombant traditionnellement au cours des sept jours gras, à savoir la semaine précédant le Carême, le carnaval est aussi l'occasion de repas de famille copieux et festifs. Une partie de ce film amateur est justement consacrée à une soirée familiale. Le film dévoile une table décorée et festive, comptant une vingtaine de couverts, de nombreux plats et bouteilles de vin. Le repas « gras » se traduit ainsi par une certaine opulence des mets et de l'alcool. Peut-être moins par strict respect des coutumes religieuses que par opportunité, le carnaval permet aux familles de se réunir, de dîner ensemble et de faire la fête. Ivres, les gens s'amusent et dansent, de façon presque frénétique pour certains et rappelant à cet égard les traditionnelles danses ubuesques du carnaval.
Après avoir enlevé son pantalon et être monté sur une chaise, un homme, décidément ivre, fait mine d'uriner dans une bassine.
Cette scène de repas, si elle n'est pas nécessairement représentative de ce que font toutes les familles strasbourgeoises un soir de carnaval, est donc assez judicieusement insérée dans ce film dédié au carnaval. Tandis qu'on reproche au « Carnaval des Marchands » d'être trop bon enfant, cette famille semble finalement faire davantage honneur à l'esprit frondeur et licencieux du carnaval traditionnel.


Ainsi, jugée coûteuse et trop éloignée de son rôle social originel, cette manifestation, qui ressemble davantage à une gentille fête familiale qu'à un véritable carnaval, finit par lasser les Strasbourgeois et disparaît après 1962.

Lieux ou monuments


Place Kléber, Strasbourg; Rue des Francs-Bourgeois, Strasbourg; Grand'Rue, Strasbourg; Avenue de la Paix, Strasbourg; Grande Synagogue de la Paix, Strasbourg

Bibliographie


Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°7, 1978, pp.24-37

Eve Cerf, « Wackes Fasenacht : le Carnaval des Voyous à Strasbourg », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°21, 1994, pp.40-47

Jacques Heers, Fêtes des fous et Carnavals, Paris : Fayard, 1983

Freddy Raphaël et Geneviève Herberich-Marx, « Éléments pour une sociologie du rire et du blasphème », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°21, 1994, pp. 4-10
© OpenStreetMap contributors


Article rédigé par

Valentine Vis, 02 janvier 2019


  1. Aller En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. Aller Eve Cerf, « Carnavals en Alsace : tradition, évolution, manipulation », Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°7, 1978, p. 27
  3. Aller Eve Cerf, "Carnaval en Alsace : tradition, évolution, manipulation", Revue des Sciences Sociales de la France et de l'Est, n°7, 1978, p.30