Journées du mouton (0044FI0004) : Différence entre versions

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Un groupe de personnes devant la halle à l'extérieur posent devant la caméra avec les jeunes femmes en costume alsacien.
 
Un groupe de personnes devant la halle à l'extérieur posent devant la caméra avec les jeunes femmes en costume alsacien.
 
Pancarte « Fin » dessinée
 
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|Contexte_et_analyse_fr=L’Alsace, terre agricole traditionnelle, a su conserver malgré les crises économiques et géopolitiques une agriculture très diversifiée, reflet de la diversité de ses terroirs. La densité de l’habitat rural et le maintien d’une partie des actifs dans le secteur primaire s’expliquent en particulier par l’existence d’un bassin de consommation régional suffisamment important pour absorber l’essentiel de la production par la vente directe sur les marchés ou dans le réseau commercial. Il en va notamment ainsi de l’élevage bovin, porcin et ovin, qui s’est peu à peu spécialisé, concentré et orienté vers la quête de qualité. Si les fermes alsaciennes ont toujours connu bœufs et vaches, animaux de traits fournisseurs de lait, l’essor de la filière porcine a coïncidé au XIXe siècle avec la généralisation de la pomme de terre. Les troupeaux de moutons ont subsisté malgré la réduction des possibilités de transhumance face à la fermeture des frontières (1870-1918), puis la pression de l’urbanisation.
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C’est ce qui explique la concentration des élevages de moutons dans les zones moins fertiles dédiées aux cultures spécialisées commerciales (betterave à sucre, tabac, houblon, vigne) et moins peuplées, comme l’est le territoire de l’Outre-Forêt dans le nord de la région. L’éleveur X Grammes a installé son exploitation en X ; en 1978, elle compte X moutons qui passent une partie de l’année en bergerie, et l’autre en pâture libre (0044FI0002). Les multiples regards complices (et une langue tirée) indiquent le degré d’acceptation de la caméra, banale à la fin des années 1970, et le fait qu’il filme au milieu d’une communauté où sa figure est connue à la fois pour son activité d’éleveur et son hobby de cinéaste amateur.
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'''Un lieu de pédagogie'''
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Le cinéaste amateur, lui-même éleveur d’ovins mais (sans doute pas exposant ce jour-là ?), filme à de multiples reprises brebis et béliers objets de toutes les attentions, et surtout les explications à destination du grand public. C’est ainsi que l’on apprend que les races les plus répandues en Alsace sont d’origine britannique et non espagnole, malgré la création en 1950 d’un syndicat du « Mérinos de l’Est » (0009FS0002). Le Hampshire est également une race à laine qui s’adapte bien au climat froid et dont la viande est réputée savoureuse. Le Suffolk s’est répandu depuis les années 1960 car il correspond bien au climat français et donne une viande peu grasse et du lait en abondance. L’arrivée du Dorset Down est encore plus récente (1967) : ses béliers sont croisés avec des races locales pour apporter de fortes qualités de croissance (poids de viande). Enfin, le Texel importée de l’île hollandaise du même nom, de loin la race la plus rustique, a la particularité de pouvoir être élevé toute l’année en plein air.
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Il n’existe pas de fromage de brebis alsacien traditionnel, ce qui n’empêche pas la confection de tomes en cas d’excédent. Cependant, les débouchés principaux sont la boucherie (plans sur les quartiers de viande), le travail de la laine et celui du cuir. Ces métiers dérivés se cantonnent dans la région à l’artisanat : le coût de la tonte, même électrique, rend non rentable l’exportation de la laine ou des peaux. Les métiers à tisser ou à filer, en bois neuf, s’inscrivent dans la réactivation quasi expérimentale d’une tradition presque éteinte. Il s’agit donc d’une valorisation secondaire pour un marché local – pelotes de laine teintes, jouets du « 5 rue de la Nuée bleue », un magasin de peluches du centre de Strasbourg qui existe toujours, ou le tannage à la main par Roger Zimmer à Goxwiller, village situé en contrebas du Mont Sainte-Odile.
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L’organisation de « journées » du type de celles du mouton inaugurée le 29 avril 1978 fait partie des outils classiques de promotion de corporations, de savoir-faire et de professionnels. Elles sont venues dès la fin du XIXe siècle compléter les foires à vocation commerciale et les concours. Le public se compose des familles des différents exposants et de curieux, ainsi que des groupes scolaires qui laissent penser que les images datent plutôt du samedi 29 matin. Les élèves arrivent en rangs à pied ou bien, accompagnés de leur institutrice religieuse, à vélo. On voit les plus jeunes découvrir les animaux, comme au salon de l’Agriculture, et les plus âgés prendre des notes dans le cadre d’une visite faisant sans doute partie d’une séquence pédagogique comprenant une préparation en classe et un compte-rendu individualisé. Les « journées du mouton » s’adressent à un public novice plutôt urbain, mais elles occasionnent aussi le rassemblement d’une communauté soudée par l’appartenance à un même métier.
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'''Un lieu de sociabilité'''
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Le syndicat des éleveurs de mouton du Bas-Rhin organise la convention de ses adhérents depuis l’ensemble du département, qui concentre aujourd’hui les trois-quarts de la production alsacienne, mais seulement 1% du cheptel national [Pâtre, 29 avril 2015]. La dépense est partagée entre le syndicat – location de la halle à X, fabrication des enclos extérieurs et intérieurs – et les exposants, notamment le transport des bêtes. Si la profession y consent, c’est pour valoriser la renaissance d’une filière de boucherie cherchant à prendre le tournant de la qualité pour séduire le consommateur en dehors des fêtes de Pâques – dont le symbole, en Alsace, est le lammele, petite brioche en forme d’agneau. Partageant parfois les estives, mais la plupart du temps isolés dans leurs lots, les bergers apprécient sans conteste ce type de réunion plus festif qu’une foire, une réunion du syndicat ou une manifestation.
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Les deux publics se mêlent, comme souvent dans les fêtes rurales, autour de la table et de la piste de danse animée par un groupe local amateur. Si le cuisinier sort de ses réserves de belles saucisses de Francfort, donc du porc, certains montrent à la caméra des os qui pourraient être d’agneau. Différentes générations se mêlent autour des verres de bière, les costumes-cravates semblent distinguer les éleveurs en représentation parmi leurs collègues et familles. La tonalité alsacienne, moins sensible pour un produit qui ne participe pas de l’identité régionale, se réduit à la présence de quatre ou cinq jeunes filles parées d’une version folklorique « du » costume traditionnel, tout droit sorti de Hansi. Les poses rigolardes devant l’objectif avec elles suggèrent que cette initiative relève plus d’un petit carnaval amusant que de l’affirmation d’une tradition culturelle.
 
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Version du 9 novembre 2018 à 15:22

Événements filmés ou en lien


Journées du mouton

Résumé


Journées du mouton organisées par le syndicat départemental des éleveurs du Bas-Rhin les 29 et 30 avril 1978.

Présentation des différentes races élevées, du travail de la laine (filage, tissage) et de la peau (tannage). Repas collectif et bal.

Description


29 et 30 avril 1978 – JOURNÉES DU MOUTON organisées par le syndicat départemental des éleveurs de mouton du Bas-Rhin (flou) Extérieur jour Au-dessus d'une route banderole "exposition de moutons" Moutons dans des petits enclos de barrières blanches. Les exposants au milieu des enclos, balayent le sol. Exposition en plein air sur le parking de la halle, visiteurs et exposants, deux jeunes femmes en tenue traditionnelle alsacienne, un gendarme, des hommes en costume cravate Inauguration, un officiel coupe le ruban Bleu-Blanc-Rouge Un grand groupe d’enfants arrivent à pieds pour visiter l’exposition D’autres enfants arrivent à vélo avec leur institutrice bonne sœur, elle aussi sur un vélo Un homme en blouse blanche prend des photos (Image un peu floue par moment) Les enfants près des enclos regardent, prennent des notes Une roulotte en tôle verte objet d’exposition Vue large des enclos des moutons sur le parking, ave auvents verts et pancarte d’identification À l’intérieur du hall, plusieurs hommes avec des tondeuses électriques rasent les moutons La laine de moutons dans des grands paniers en osier Pelote de laine de moutons colorée Des dames tissent la laine de moutons sur des métiers à tisser manuels en bois, au premier plan un gilet en peau de mouton et laine exposé Différentes vues de la machine à tisser la laine, des enfants s'amusent à brosser la laine de moutons sur le stand « 5 rue de la Nuée bleue » Machine à filer la laine ; on peigne la peau de mouton Écriteau « le tannage des peaux de moutons » avec la description du procédé Corps de mouton exposé (agneau) Des parties du mouton exposées Pancarte "Roger Zimmer - artisan tanneur - Goxwiller" Vue sur le stand avec différents types de peaux de moutons exposés et R. Zimmer debout La buvette de l’exposition : des hommes assis à une table boivent de la bière Vue large de la buvette : des gens assis consomment Pancarte « Grande tombola » avec comme lots deux agneaux, un couple de faisans argentés ou 3 peaux de mouton tannées Différentes pancartes au mur sur les races de mouton : « bélier Hampshire » « Dorset-Down », « Suffolk » Gros plan sur des moutons à oreilles noires (Suffolk), puis des moutons tout blancs (Texel), puis des Hampshire. Les hommes en costume cravate trinquent ensemble assis à une table. Jeunes filles en tenues traditionnelles Groupe de musique avec batterie, claviers, guitare, danseurs sur la piste Derrière le bar et en cuisine Un groupe de personnes à table à l’extérieur mangent et sourient à la caméra Un groupe de personnes devant la halle à l'extérieur posent devant la caméra avec les jeunes femmes en costume alsacien. Pancarte « Fin » dessinée

Métadonnées

N° support :  0044FI0004
Date :  29 avril 1978
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:21:12
Cinéastes :  Grammes, Albert
Format original :  Super 8 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Art de vivre - Gastronomie, Fêtes locales, Habit traditionnel, Vie rurale, Agriculture et pratiques agricoles
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


L’Alsace, terre agricole traditionnelle, a su conserver malgré les crises économiques et géopolitiques une agriculture très diversifiée, reflet de la diversité de ses terroirs. La densité de l’habitat rural et le maintien d’une partie des actifs dans le secteur primaire s’expliquent en particulier par l’existence d’un bassin de consommation régional suffisamment important pour absorber l’essentiel de la production par la vente directe sur les marchés ou dans le réseau commercial. Il en va notamment ainsi de l’élevage bovin, porcin et ovin, qui s’est peu à peu spécialisé, concentré et orienté vers la quête de qualité. Si les fermes alsaciennes ont toujours connu bœufs et vaches, animaux de traits fournisseurs de lait, l’essor de la filière porcine a coïncidé au XIXe siècle avec la généralisation de la pomme de terre. Les troupeaux de moutons ont subsisté malgré la réduction des possibilités de transhumance face à la fermeture des frontières (1870-1918), puis la pression de l’urbanisation.

C’est ce qui explique la concentration des élevages de moutons dans les zones moins fertiles dédiées aux cultures spécialisées commerciales (betterave à sucre, tabac, houblon, vigne) et moins peuplées, comme l’est le territoire de l’Outre-Forêt dans le nord de la région. L’éleveur X Grammes a installé son exploitation en X ; en 1978, elle compte X moutons qui passent une partie de l’année en bergerie, et l’autre en pâture libre (0044FI0002). Les multiples regards complices (et une langue tirée) indiquent le degré d’acceptation de la caméra, banale à la fin des années 1970, et le fait qu’il filme au milieu d’une communauté où sa figure est connue à la fois pour son activité d’éleveur et son hobby de cinéaste amateur.

Un lieu de pédagogie

Le cinéaste amateur, lui-même éleveur d’ovins mais (sans doute pas exposant ce jour-là ?), filme à de multiples reprises brebis et béliers objets de toutes les attentions, et surtout les explications à destination du grand public. C’est ainsi que l’on apprend que les races les plus répandues en Alsace sont d’origine britannique et non espagnole, malgré la création en 1950 d’un syndicat du « Mérinos de l’Est » (0009FS0002). Le Hampshire est également une race à laine qui s’adapte bien au climat froid et dont la viande est réputée savoureuse. Le Suffolk s’est répandu depuis les années 1960 car il correspond bien au climat français et donne une viande peu grasse et du lait en abondance. L’arrivée du Dorset Down est encore plus récente (1967) : ses béliers sont croisés avec des races locales pour apporter de fortes qualités de croissance (poids de viande). Enfin, le Texel importée de l’île hollandaise du même nom, de loin la race la plus rustique, a la particularité de pouvoir être élevé toute l’année en plein air.

Il n’existe pas de fromage de brebis alsacien traditionnel, ce qui n’empêche pas la confection de tomes en cas d’excédent. Cependant, les débouchés principaux sont la boucherie (plans sur les quartiers de viande), le travail de la laine et celui du cuir. Ces métiers dérivés se cantonnent dans la région à l’artisanat : le coût de la tonte, même électrique, rend non rentable l’exportation de la laine ou des peaux. Les métiers à tisser ou à filer, en bois neuf, s’inscrivent dans la réactivation quasi expérimentale d’une tradition presque éteinte. Il s’agit donc d’une valorisation secondaire pour un marché local – pelotes de laine teintes, jouets du « 5 rue de la Nuée bleue », un magasin de peluches du centre de Strasbourg qui existe toujours, ou le tannage à la main par Roger Zimmer à Goxwiller, village situé en contrebas du Mont Sainte-Odile.

L’organisation de « journées » du type de celles du mouton inaugurée le 29 avril 1978 fait partie des outils classiques de promotion de corporations, de savoir-faire et de professionnels. Elles sont venues dès la fin du XIXe siècle compléter les foires à vocation commerciale et les concours. Le public se compose des familles des différents exposants et de curieux, ainsi que des groupes scolaires qui laissent penser que les images datent plutôt du samedi 29 matin. Les élèves arrivent en rangs à pied ou bien, accompagnés de leur institutrice religieuse, à vélo. On voit les plus jeunes découvrir les animaux, comme au salon de l’Agriculture, et les plus âgés prendre des notes dans le cadre d’une visite faisant sans doute partie d’une séquence pédagogique comprenant une préparation en classe et un compte-rendu individualisé. Les « journées du mouton » s’adressent à un public novice plutôt urbain, mais elles occasionnent aussi le rassemblement d’une communauté soudée par l’appartenance à un même métier.

Un lieu de sociabilité

Le syndicat des éleveurs de mouton du Bas-Rhin organise la convention de ses adhérents depuis l’ensemble du département, qui concentre aujourd’hui les trois-quarts de la production alsacienne, mais seulement 1% du cheptel national [Pâtre, 29 avril 2015]. La dépense est partagée entre le syndicat – location de la halle à X, fabrication des enclos extérieurs et intérieurs – et les exposants, notamment le transport des bêtes. Si la profession y consent, c’est pour valoriser la renaissance d’une filière de boucherie cherchant à prendre le tournant de la qualité pour séduire le consommateur en dehors des fêtes de Pâques – dont le symbole, en Alsace, est le lammele, petite brioche en forme d’agneau. Partageant parfois les estives, mais la plupart du temps isolés dans leurs lots, les bergers apprécient sans conteste ce type de réunion plus festif qu’une foire, une réunion du syndicat ou une manifestation.

Les deux publics se mêlent, comme souvent dans les fêtes rurales, autour de la table et de la piste de danse animée par un groupe local amateur. Si le cuisinier sort de ses réserves de belles saucisses de Francfort, donc du porc, certains montrent à la caméra des os qui pourraient être d’agneau. Différentes générations se mêlent autour des verres de bière, les costumes-cravates semblent distinguer les éleveurs en représentation parmi leurs collègues et familles. La tonalité alsacienne, moins sensible pour un produit qui ne participe pas de l’identité régionale, se réduit à la présence de quatre ou cinq jeunes filles parées d’une version folklorique « du » costume traditionnel, tout droit sorti de Hansi. Les poses rigolardes devant l’objectif avec elles suggèrent que cette initiative relève plus d’un petit carnaval amusant que de l’affirmation d’une tradition culturelle.