Strasbourg (0021FN0002) : Différence entre versions
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Version du 8 janvier 2020 à 11:56
Résumé
Description
[00:00:00] Plan statique, en bas un bout de chemin est visible, vue sur le Rhin et le pont de Kehl,
En arrière plan, il y a deux maisons à quatre pans en amont d’un pont, elles sont surélevées par rapport au Rhin,
Les maisons sont un poste de frontière allemand ;
A droite, il y a un mat du pont ;
[00:00:04] Plan gauche droite, un garçon apparaît à gauche de l’image, d’abords il regarde devant lui puis il tourne sa tête vers l’objectif de la caméra, il s'agit de Gilbert Breesé; Il a un pull épais blanc avec des rayures horizontales, un short noir et un bonnet/bérêt sombre ; La caméra suit son mouvement de la gauche vers la droite, il regarde le réalisateur, sourit ;
[00:00:06] Le garçon s’arrête au niveau d’une femme, il s'agit de sa mère ; Elle porte un long manteau noir ayant une fourrure de même couleur au niveau du col, sa tête est tournée vers le garçon ;
[00:00:07 ]La maman prends la main du garçon, le garçon ne lâche pas des yeux le réalisateur et la caméra, il taquine sa mère en faisant mine de ne pas vouloir prendre sa main et marcher ;
[00:00 :08] Il est caché par sa mère, elle tiens un petit sac noir contre son ventre ; Elle insiste pour qu’il marche, cela est visible dans l’expression de son visage ;
[00:00:09]Plan droite gauche, les deux sont toujours souriants, en arrière plan il y a le pont ; La mère et le fils marchent vers la gauche, la caméra suit horizontalement le mouvement ;
[00:00:11] Les deux individus se tiennent la main et les balancent joyeusement ; La dame tourne sa tête vers sa droite pour dire quelque chose au garçon ;
[00:00:12] L’enfant et sa mère sortent du champ de vision, vue sur le Rhin et le poste frontière, petit pano gauche-droite mettant en visibilité les maisons arcades du pont.
Contexte et analyse
Le contexte politique en 1932
Au terme de la Première Guerre mondiale, la France reconquiert l’Alsace-Moselle. L’occupation de la Rhénanie en 1923 est décidée par Poincaré afin de récupérer en nature une partie des Réparations exigées de l'Allemagne par le traité de Versailles. Une partie des soldats français réquisitionnés passent par le pont ferroviaire de Kehl. En effet, la région d’Offenbourg est occupée par la France. Ici, le film ne montre pas de militaires. La crise ou les multiples changements de la frontière franco-germanique de 1929 continuent de faire des ravages en Allemagne.
En 1932, un an avant les élections générales en Allemagne, le contexte politique mondial est tendu.Ici, la famille Bressé pendant une sortie dominicale. Le film ne nous permet pas de voir la fréquentation du pont ferroviaire ni le type d’échanges économiques. La mère et l’enfant sont sur la rive française du Rhin à Strasbourg. A cette époque, le pont ferroviaire du Rhin fait partie du patrimoine architectural à voir absolument. Sur l’entrée française, un coq Gaulois trône et a été réalisé par Albert Schulz. Albert Schulz est un sculpteur né le 15 avril 1871. Il fait ses études à Strasbourg de 1885 à 1889. Entre 1891 et 1892, il a étudié à l'Ecole des Arts Décoratifs de Strasbourg puis à Munich de 1892 à 1895.
Lorsque le film est réalisé, le pont sert pour le passage du tramway de la ligne 1 mais Émile Breesé n’a pas filmé le coq gaulois réalisé par Albert Schulz. Pourtant, cette statue en bronze est importante car elle symbolise le retour de la France sur les rives du Rhin.
La maman et Gilbert Breesé ont des vêtements d’une qualité assez remarquable et montre un grand contraste entre leur niveau de vie et les difficultés des ouvriers. L’enfant présent est le fils d’Émile Breesé. Il y a un contraste important entre les images du film et le contexte politique en Europe. En effet, celui-ci se tend de plus en plus.
Emile Breesé effectue plusieurs plans montrant le pont, cela montre la fierté concernant la facture de l’ouvrage.Notons que durant l’année 1932 l’Allemagne se retire une première fois de la Conférence mondiale pour le désarmement car la France ne reconnaît pas l’égalité de l’Allemagne avec les alliés[2]. Cela est dû au traité de Versailles qui limite drastiquement les capacités de l’armée allemande (100 000 hommes, pas d’aviation, flotte de guerre très réduite). Le second semestre est politiquement houleux à l’autre côté de la frontière du Rhin. L’Allemagne se retire à nouveau de la Conférence. Franz von Papen déstabilise le Reichstag pour obtenir le pouvoir. La frontière du Rhin devient de moins en moins sûre du point de vue des français mais les strasbourgeois continuent de l’emprunter.L'Allemagne se réarme, particulièrement en Rhénanie. De ce fait, Hitler précipite la Seconde Guerre Mondiale.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le pont du Rhin subit les destructions françaises et allemandes.Dans un premier temps, ce sont les Français qui détruisent des parties vitales du pont afin de ralentir les troupe allemandes. En 1940, les Allemands écrasent l’armée française. Très rapidement, les autorités allemandes décident de consolider le pont et construisent un pont en bois. En 1944 les Allemands détruisent à leur tour le pont lors de leur opération de retraite.
Le contrôle du Rhin à Strasbourg entre 1648 jusqu’au XIXe siècle.
Le Rhin est un fleuve frontière depuis le Traité de Westphalie signé en 1648 entre la France et le Saint Empire. A partir de cette date, l’Alsace et le Bade deviennent des territoires disputés entre la France et les états germaniques. Louis XIV demande l’édification d’un pont en bois est édifié pour permettre le passage des troupes françaises et des marchandises.La frontière française repasse le Rhin entre 1804-1815, lorsque Napoléon Bonaparte conquiert le pouvoir et décide d’agrandir le territoire français vers l’Est.
Après 1815, le Rhin est de nouveau un fleuve frontière entre l’Alsace et le Bade.
Durant la première moitié du XIXe siècle, les politiques français ont la volonté de créer une Allemagne libérale tournée vers la France. Cela provoque en France l’apparition des premières idées nationalistes. Celui-ci promeut l’annexion de la rive droite du Rhin afin que la France puisse retrouver une place au sein de l’Europe. La construction d’un nouveau pont entre Strasbourg et Kehl dans les années 1830 est le symbole de cette volonté. Dans les territoires allemands (Duché de Bavière, Duché de Bade), le sentiment anti français croit[3]. La France est toujours vue comme une menace. Avec la prise de pouvoir de Napoléon III en 1852, les craintes allemandes sont ravivées. Dans le même temps, le nationalisme français reprends de la vigueur. Napoléon III ne veut pas d’une intervention militaire mais joue habilement sur le nationalisme. Malgré un contexte politique tendu épisodiquement, un pont ferroviaire est construit et il permet de stimuler les échanges entre la France et l’Allemagne[4]. Pour manifester sa méfiance, l’administration militaire allemande décide d‘établir entre 1859 et 1870 un complexe militaire important dans la citadelle de Kehl. Trois bâtiments militaires sont construits et ils sont reliés par un tunnel souterrain. Ce complexe est édifié afin de contrer une éventuelle attaque surprise des troupes françaises. Pourtant, le pont n’est pas fermé aux échanges économiques malgré les tensions. En effet, des trains empruntent le pont plusieurs fois par jour.
Bismarck joue sur la gallophobie[5] pour justifier d’abords la déstabilisation de la frontière franco-allemande puis la Guerre franco-prussienne en 1870[6]. Le pont de Kehl est partiellement détruit durant cette guerre car l’armée badoise dynamite l’accès côté allemand. Cela est fait pour empêcher les armées françaises de franchir le Rhin.Lorsque l’Alsace-Moselle est annexée à l’Empire Allemand, le Rhin perd sa fonction de fleuve-frontière. Pour autant, le Pont de Kehl et le fleuve deviennent un enjeu économique majeur avec l’essor industriel jusqu’à l’avènement de la Première Guerre Mondiale en août 1914[7]. En effet, malgré la défaite française de 1870, la France n’interrompt pas les échanges commerciaux avec la Prusse. Il y a régulièrement des convois provenant de Champagne qui traversent le pont pour effectuer des livraisons de la célèbre boisson alcoolisée.
Le pont du Rhin après 1945
Le Rhin devient le symbole de la sauvegarde de l’Europe occidentale. La puissance soviétique fait peur. En conséquence, le Rhin devient le symbole de la paix et de la réconciliation franco-allemande[8]. A cause de sa destruction en 1944, il n'était plus possible de passer le Rhin à Strasbourg. Un ouvrage provisoire permettait aux strasbourgeois de voir leur famille basée sur l'autre rive. Notons que le pont actuel a été construit en 1960 afin de remplacer définitivement le pont provisoire d'après guerre. Il présentait des signes de faiblesse et n'était plus adapté pour le passage des automobiles. En 1961, le fils d'Émile Breesé, Gilbert Breesé filma le pont pour les automobiles.Personnages identifiés
Lieux ou monuments
Bibliographie
FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. 459p.
BUCHMANN (Jean), DUPUY (Jean-Marc), MAYER (Bernard), L ‘encyclopédie des chemins de fers d’Alsace-Lorraine, Loco revue, Béthune, 2000. 349p.
MEYER (Philippe), L’or du Rhin, histoire d’un fleuve, Éditions Perrin, Paris, 2011. 437p.
Article rédigé par
Camille Schorn, 07 novembre 2019
- ↑ Cette fiche est considérée comme achevée par son auteur, mais elle n'a pas encore été validée par une autorité scientifique.
- ↑ NARINSKII (Mikhail Matveevich), La France et l'URSS dans l'Europe des années 30, Presses Paris Sorbonne, 2005. p.1014.
- ↑ 3 FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. p.275
- ↑ BUCHMANN (Jean), DUPUY (Jean-Marc), MAYER (Bernard), L ‘encyclopédie des chemins de fers d’Alsace-Lorraine, Loco revue, Béthune, 2000. p.26 et 27
- ↑ FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), Une histoire du Rhin, Éditions Ramsay, Paris, 1979. p.276-277
- ↑ MEYER (Philippe), L’or du Rhin, histoire d’un fleuve, Éditions Perrin, Paris, 2011. p.291
- ↑ BUCHMANN (Jean), DUPUY (Jean-Marc), MAYER (Bernard), L ‘encyclopédie des chemins de fers d’Alsace-Lorraine, Loco revue, Béthune, 2000. p.59-60
- ↑ FERRO (Marc), AYÇOBERRY (Pierre), AILLERET (Jean-Claude), ... . p.284-285