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Version du 27 novembre 2020 à 16:07
Résumé
Description
Le film s’ouvre sur le défilé des cavaliers d’Oberseebach. Sur le reste de la séquence, les musiciens et danseurs venus de toute l’Alsace défilent en tenues traditionnelles. Au milieu du cortège, un char est tiré par deux chevaux. Sur ce char, figure un panneau indiquant le nom d’une commune. Derrière lui, un enfant tient un panonceau portant le nom d’une autre localité. La séquence se termine sur les cavaliers d’Oberseebach.
Plan du bas de l’estrade sur laquelle les danseurs dansent au son des cuivres. Au deuxième plan, des personnes assistent au spectacle de leur balcon. Le plan suivant place la focale sur les tenues traditionnelles des danseuses et plus particulièrement sur leurs coiffes.
La séquence suivante est filmée de sorte à ce que l’on voit l’ensemble de l’estrade – surplombée de drapeaux tricolores. Ces plans en plongée suggèrent qu’ils aient été enregistrés de la fenêtre d’un bâtiment. Les plans s’enchaînent et les pas de danse aussi ! On s’aperçoit de la foule qui s’est pressé aux abords de l’estrade pour assister au spectacle.
La dernière séquence est filmée du bas de l’estrade. Les plans nous permettent de mieux appréhender les pas de danses ainsi que l’ensemble des mouvements de corps. Ils nous permettent aussi de mieux nous concentrer sur les costumes. Au milieu de cette séquence, une jeune femme salue, d’un geste du haut du corps, l’objectif. Nous apercevons aussi les musiciens qui rythment le pas. Sur le dernier un plan un jeune couple s’embrasse. La première fois au vu et au su de tous, la seconde en se cachant derrière le chapeau du jeune homme.
Contexte et analyse
Jusqu’au rattachement de l’Alsace à l’Empire allemand en 1871, le costume alsacien était, généralement, revêtu par tous les paysans et paysannes alsaciens. Il est, de 1871 à 1918, de moins en moins porté, ayant même, quasiment disparu à la fin de la Grande Guerre. Cette disparition s’explique beaucoup plus par les conditions socio-économiques que par la volonté du paysan alsacien. En effet, l’industrialisation a éloigné bon nombre d’entre eux de leurs terres. À cela, s’ajoute le développement de la circulation rapide qui a amené beaucoup de paysans à devoir aller travailler en dehors du village. Dès lors, ces facteurs ont profondément bouleversé la campagne alsacienne et ont contribué au changement des mœurs ainsi que des coutumes, et de ce fait, à la disparition du costume. La grande majorité des personnes qui avaient quitté leurs villages se sont adaptées à leur nouvel entourage, se sont vêtues selon un nouveau code vestimentaire et ont abandonné leur costume traditionnel. De plus, la plupart des gens qui troquaient leurs anciens habits pour de nouvelles tenues ne revenaient jamais au vêtement traditionnel. Cependant, alors que le costume semblait quasiment mort, il y a, au lendemain de la Première Guerre mondiale, un regain d’intérêt pour l’habit traditionnel alsacien. C’est dans ce contexte, que les fêtes de Wissembourg fixée depuis 1863 au lundi de Pentecôte reprennent en 1927, après que les conflits – successivement la guerre franco-prussienne de 1870 puis la Grande Guerre – aient mis un terme aux réjouissances. Ainsi, le but était, dans une région où de nombreux groupes folkloriques apparaissaient, de préserver les costumes et, plus généralement, l’ensemble des coutumes alsaciennes comme la musique et la danse.
Les fêtes de la Pentecôte de Wissembourg...
Fixées en 1863 au lundi de Pentecôte, les origines des fêtes de Wissembourg remontent, quant à elles, au début du XVIIIe siècle. Elles naissent avec le Rossmarkt, marché aux chevaux de Schleithal. Ce marché, qui se tenait le lundi suivant la Chandeleur, rassemblait vendeurs et acheteurs profitant de cet événement pour organiser des courses hippiques dont les vainqueurs ressortaient récompensés par des accessoires vestimentaires ou encore des pièces de harnachement. À partir de 1840, ces courses se tiennent à l’hippodrome de la Hardt à Wissembourg afin de promouvoir, dans un but strictement militaire, le cheval.
La naissance de la société des courses de Schleithal-Wissembourg, en 1864, un an seulement après la réunion des deux événements en un seul, donne un souffle nouveau à ces festivités : les amateurs de courses et de chevaux se pressent maintenant aux côtés des éleveurs et des militaires. Devenue le rendez-vous incontournable du lundi de la Pentecôte, cette fête accueillait aussi bien les populations venues des quatre coins de l’Alsace, y compris la haute bourgeoisie, que celles du Palatinat et du pays de Bade, toutes, bien évidemment, parées de leur costume traditionnel. Dès lors, en 1865, plus de 15 000 spectateurs prennent part à l’événement !
Lors de ces courses, revêtus de leur costume traditionnel, des villages environnants à l'instar de Schleithal, Hunspach, Oberseebach ou Mothern s'affrontent. Parallèlement à ces courses, se tient, à partir de 1865, un marché aux chevaux, élargissant ainsi la fête à la ville même de Wissembourg. Si les conflits successifs que connaît l'Alsace au XIXe siècle et au XXe siècle marquent un point d'arrêt dans la tenue des festivités, l'événement à nouveau organisé depuis 1927 voit son succès, chaque année, de plus en plus grand. Il s'agissait, pour une telle entreprise, de préserver les costumes et, de manière générale, le folklore alsacien.
... reflet des traditions alsaciennes
Les fêtes de la Pentecôte de Wissembourg reflètent l’immense diversité des habits traditionnels des pays d’Alsace : il n’y a pas un costume alsacien, mais des costumes alsaciens. Parmi les tenues masculines représentés, celle d’Oberseebach est sûrement la plus reconnaissable grâce à la toque en fourrure de putois que les hommes arborent. De manière générale, les éléments phares du costume masculin sont le gilet rouge (Brutschi) ainsi que la redingote (Mutze) ou la veste courte à revers (Mutzel). Le Brutschi, se généralise à l’ensemble de la Basse-Alsace dans la seconde moitié du XVIIIe siècle jusqu’à devenir l’un des éléments de référence de l’habit traditionnel. Cependant, à part les groupes folkloriques du XXe siècle, la Haute-Alsace n’a jamais connu ce genre de gilet. Par-dessus leur gilet, les hommes arborent soit une redingote – apparue au XVIIe siècle, soit une veste courte à revers. Cette dernière se généralise en Basse-Alsace dans les années 1820. Elle devient, à l’image du gilet, un élément typique du costume. De couleur noire, elle accueille, à la manière du Brutschi, une double rangée de boutons métalliques. Mais, là encore, la veste courte à revers ne dépasse pas les frontières sud de la Basse-Alsace.
Pour les costumes féminins, les coiffes nous permettent aisément de raccrocher les différentes tenues aux différentes régions d’Alsace. Par exemple, la Sunnekapp (coiffe-soleil) caractérisée par une coiffe de brocart avec un nœud sur la nuque sous laquelle une coiffe en tissu blanc bordé de dentelles dont le liseré forme littéralement une auréole autour du visage de la femme, ne se retrouve que dans les villages de la plaine entre Strasbourg et Colmar comme Meistratzheim ou Krautergersheim. La Schlupfkapp (coiffe à nœud frontal) est, quant à elle, la coiffe la plus connue. Apparue au XIXe siècle, la Schlupfkapp se distingue par son ruban – qui à l’origine ne dépassait pas quatre à cinq centimètres – noué à l’avant de la coiffe. On la retrouve dans une aire allant d'Erstein, en passant Saverne et s'arrêtant au sud de Seltz, mais le pays de Hanau et le Kochesberg restent les terres d’élection des Schlupfkappe. Dans aucune autre région d’Alsace, les tenues de fêtes n’ont été aussi diverses et variées, chaque village ayant quasiment sa propre tenue. Ainsi, la diversité des habits traditionnels des pays d’Alsace est le reflet de leur histoire caractérisée par la diversité linguistique, géographique et historique de la région.
Lors de ces fêtes, le port des habits typiques allait souvent de pair avec les danses traditionnelles. En Alsace, les danseurs sont accompagnés d’un orchestre, la plupart du temps, composé de cuivres et d’accordéons. À partir du XIXe siècle, l’Alsace s’ouvre aux danses venues de l’Europe entière comme la Walze autrichienne, la polka polonaise ou encore la scottish écossaise. À la fin de la Grande Guerre, les alsaciens se mettent à danser sur les rythmes américains ramenés par les soldats venus d’outre-Atlantique. Il est indéniable que les coutumes alsaciennes sont, depuis la Seconde Guerre mondiale, souvent devenues folkloriques et activités de loisirs, mais ce sont bien les fêtes comme celles de la Pentecôte à Wissembourg qui, en contribuant à les rendre folkloriques, ont permis de les protéger et de les préserver.Lieux ou monuments
Bibliographie
LAUGEL Anselme, Costumes et coutumes d’Alsace, Nancy, Éditions Place Stanislas, 2008 [1902].
LEGIN Philippe, Toute l’Alsace. Coutumes et costumes alsaciens, Ingersheim-Colmar, S.A.E.P., 1993.
Les Festivités de la Pentecôte, Site de la Ville de Wissembourg. En ligne : https://www.ville-wissembourg.eu/Arts-spectacles/Temps-forts/Festivites-Pentecote.html.
SARG Freddy, Traditions & coutumes d’Alsace, Strasbourg, Éditions du Donon, 2013.
SCHNEIDER René et STAENTZ Eugène, Le folklore alsacien, Strasbourg, CEDI, 1971.
Article rédigé par
Nicolas Laugel, 09 avril 2020
- ↑ En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
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