Festzug (LFS01407 1) : Différence entre versions
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Les groupes nazis qui défilent en rangs serrés et dont un plan semi-rapproché nous montre surtout les visages stoïques ne se réfèrent qu’à eux-mêmes et à la réalité sociale du présent dans leur attitude démonstrative. Avec son mouvement de marche en avant, le défilé saisit aussi les nazis dans la réalité contradictoire qu’il rend lui-même possible. Le chef du groupe lève la main pour faire le salut hitlérien et au premier plan, l’espace d’une seconde, apparaît la main d’un spectateur qui retourne le salut. Cette main tendue qui surgit furtivement évoque le spectacle des mises en scène de masse nazies, qui, avec la fascination qu’il suscite, impose également le règne de l’unité, à laquelle le défilé s’oppose. | Les groupes nazis qui défilent en rangs serrés et dont un plan semi-rapproché nous montre surtout les visages stoïques ne se réfèrent qu’à eux-mêmes et à la réalité sociale du présent dans leur attitude démonstrative. Avec son mouvement de marche en avant, le défilé saisit aussi les nazis dans la réalité contradictoire qu’il rend lui-même possible. Le chef du groupe lève la main pour faire le salut hitlérien et au premier plan, l’espace d’une seconde, apparaît la main d’un spectateur qui retourne le salut. Cette main tendue qui surgit furtivement évoque le spectacle des mises en scène de masse nazies, qui, avec la fascination qu’il suscite, impose également le règne de l’unité, à laquelle le défilé s’oppose. | ||
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+ | Philippsburg en 1938 : ce petit film amateur révèle la mémoire culturelle de cette communauté comme un espace hétérogène suspendu entre le présent et le passé, entre la fiction et la réalité. La main effectuant le salut hitlérien, qui traverse le champ de façon assez fortuite, se lève dans un espace de domination que les nazis occupent déjà. Un espace qui se fond périodiquement dans d’autres espaces et d’autres époques – à la façon d’une planche d’images, qui se termine en montrant à nouveau les protagonistes et les objets issus de l’espace fictionnel du festival : un canon, des soldats, puis à nouveau le chariot bâché que la caméra suit avant de le laisser disparaître au coin d’une maison. | ||
|Contexte_et_analyse_de=Der Himmel war wolkenverhangen und es regnete, als die Philippsburger im August 1938 das 600-jährige Stadtjubiläum mit einem Festzug begingen. Unmittelbar vor dem Festzug war auf dem Marktplatz das Festspiel über den „Trommler von Philippsburg“ aufgeführt worden. Die Zeit des Festspiels, die historische Welt des 17. Jahrhunderts, wie sie Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen in seinem Roman über den „abenteuerlichen Simplizissimus“ dargestellt hatte, sollte auch der zeitliche Rahmen für den Festzug sein. Der damalige Bürgermeister Oswald Kirchgeßner betonte in seiner Ansprache, „daß dieses Fest bewusst schlicht und einfach, der Zeit und der schweren Geschichte der Stadt entsprechend, gefeiert werde“. Die Gegenwart, in die das Jubiläum fiel, war der Nationalsozialismus. Der kurze Film über das Ereignis lässt die Fahnen und Fähnchen mit den Hakenkreuzen nicht übersehen – und weniger noch die nationalsozialistischen Gruppen, die im Festzug mitmarschieren. Sie fallen heraus aus der historischen Vergangenheit, der das äußere Bild des Festzuges entsprechen sollte. | |Contexte_et_analyse_de=Der Himmel war wolkenverhangen und es regnete, als die Philippsburger im August 1938 das 600-jährige Stadtjubiläum mit einem Festzug begingen. Unmittelbar vor dem Festzug war auf dem Marktplatz das Festspiel über den „Trommler von Philippsburg“ aufgeführt worden. Die Zeit des Festspiels, die historische Welt des 17. Jahrhunderts, wie sie Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen in seinem Roman über den „abenteuerlichen Simplizissimus“ dargestellt hatte, sollte auch der zeitliche Rahmen für den Festzug sein. Der damalige Bürgermeister Oswald Kirchgeßner betonte in seiner Ansprache, „daß dieses Fest bewusst schlicht und einfach, der Zeit und der schweren Geschichte der Stadt entsprechend, gefeiert werde“. Die Gegenwart, in die das Jubiläum fiel, war der Nationalsozialismus. Der kurze Film über das Ereignis lässt die Fahnen und Fähnchen mit den Hakenkreuzen nicht übersehen – und weniger noch die nationalsozialistischen Gruppen, die im Festzug mitmarschieren. Sie fallen heraus aus der historischen Vergangenheit, der das äußere Bild des Festzuges entsprechen sollte. | ||
Version du 18 mars 2021 à 12:37
Résumé
Description
ZT: In August 1938 there was a festive mood in the city. / The 600th anniversary was a great experience. /
ZT: The pageant showed magnificent pictures and groups.
Parade with horse-drawn carriages, people with cart, children pulling a ship on a carriage, band, view on the street decorated with swastika flags, various decorated horse-drawn carriages, riders, women wearing a fishing net, decorated with nets coach, men with swastika flags, Children draw a cannon.
TC: 10:22:49 Riders get off the horses (dark).
ZT: The urn as a symbol of the earliest history.
Horse-drawn carriage, in the background a house decorated with swastika flags. Drawing of the drummer of Philippsburg.
Contexte et analyse
C’est sous les nuages et la pluie que les habitants de Philippsburg célèbrent le 600e anniversaire de la ville avec un défilé en août 1938. Auparavant, la place du marché a accueilli la représentation d’une pièce sur le « tambour de Philippsburg ». Le défilé comme la pièce ont pour cadre le XVIIe siècle, tel que présenté par Hans Jakob Christoffel von Grimmelshausen dans son roman Les Aventures de Simplicius Simplicissimus. Dans son discours, Oswald Kirchgeßner, qui est alors maire, souligne que « cette fête est délibérément célébrée avec simplicité, au diapason de l’époque et de la difficile histoire de la ville ». Il faut dire que cet anniversaire se produit sous le nazisme. Le film qui l’immortalise n’omet pas les drapeaux et les fanions portant la croix gammée — et encore moins les groupes de nazis qui défilent. Ils détonnent dans l’atmosphère historique qui se dégage du défilé.
Une telle parade est aussi un « médium » qui permet à une société de se représenter – celle d’une petite ville, dans ce cas précis, qui essaie d’affirmer son identité dans le présent en se référant à son histoire. Le cortège devient le vecteur par lequel se manifeste la mémoire sociale, le lieu où la mémoire collective non seulement s’actualise, mais se donne à voir de façon vivante dans la « performance » d’un défilé avec lequel l’image de la communauté urbaine se perpétue et évolue en même temps. Comment réagit une société urbaine civile lorsqu’un fantasme de communauté populaire nationale-socialiste s’immisce au présent dans cette culture de la mémoire, qui finit par perdre son ancrage citoyen ?
Le premier plan du film est déconcertant. Le plan de demi-ensemble garde un œil constant sur les spectateurs sur le trottoir d’en face, mais les chariots et les groupes qui traversent le cadre paraissent souvent grands, voire trop grands, en proportion. On voit passer la charrette portant la maquette de la forteresse de la ville, la Porte Rouge. Des jeunes filles en robes blanches portent un filet de pêche. Le « Père Rhin » est allongé à moitié nu au milieu de roseaux sur sa voiture. De jeunes garçons tirent un bateau transportant deux pêcheurs. Des costumes et accessoires historiques façonnent ces « tableaux vivants », rappelant la détresse des jours passés. L’orchestre nazi apparaît ensuite en uniforme, annoncé par un espacement plus grand par rapport à la dernière voiture. Les spectateurs sont en quelque sorte eux aussi « sur scène » lors d’un défilé, et dans ce plan du film, on les voit constamment en arrière-plan. Le cortège passe devant eux, traverse le cadre, rassemblant dans ce mouvement qui va de l’avant tout ce qu’il rencontre de discordant et de contradictoire. Le « médium » de la parade réunit ce qui est séparé et opposé dans son apparence visuelle : une petite ville entre la mémoire et le présent nazi, entre le droit des individus et l’idée d’une communauté nationale dans laquelle ce droit menace de disparaître.
Les spectateurs s’imposent dans le champ de la caméra, ils font partie de la mise en scène du défilé. Après un changement de plan, on les retrouve au premier plan, tandis que le cortège se dirige vers la caméra dans une rue lumineuse. Les comédiens de la pièce apparaissent à présent dans plusieurs plans : le commandant Kaspar Bamberger et son capitaine à cheval, des soldats portant des casques de fer, puis le chariot bâché des petites gens. Le spectacle consacré au tambour de Philippsburg devient une sorte de « scénario » pour le défilé, dans lequel fermiers et pêcheurs trouvent aussi leur place, avec leurs outils traditionnels. L’histoire fictive, qui s’inspire du roman picaresque de Grimmelshausen, façonne l’apparence du défilé, qui entremêle fiction et réalité.
Les groupes nazis qui défilent en rangs serrés et dont un plan semi-rapproché nous montre surtout les visages stoïques ne se réfèrent qu’à eux-mêmes et à la réalité sociale du présent dans leur attitude démonstrative. Avec son mouvement de marche en avant, le défilé saisit aussi les nazis dans la réalité contradictoire qu’il rend lui-même possible. Le chef du groupe lève la main pour faire le salut hitlérien et au premier plan, l’espace d’une seconde, apparaît la main d’un spectateur qui retourne le salut. Cette main tendue qui surgit furtivement évoque le spectacle des mises en scène de masse nazies, qui, avec la fascination qu’il suscite, impose également le règne de l’unité, à laquelle le défilé s’oppose.
Philippsburg en 1938 : ce petit film amateur révèle la mémoire culturelle de cette communauté comme un espace hétérogène suspendu entre le présent et le passé, entre la fiction et la réalité. La main effectuant le salut hitlérien, qui traverse le champ de façon assez fortuite, se lève dans un espace de domination que les nazis occupent déjà. Un espace qui se fond périodiquement dans d’autres espaces et d’autres époques – à la façon d’une planche d’images, qui se termine en montrant à nouveau les protagonistes et les objets issus de l’espace fictionnel du festival : un canon, des soldats, puis à nouveau le chariot bâché que la caméra suit avant de le laisser disparaître au coin d’une maison.Lieux ou monuments
Bibliographie
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