Paysans à Hoffen (0026FN0004) : Différence entre versions
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Jusqu'au début du 20e siècle, dans le milieu rural en particulier le lavage du linge n’avait lieu que deux à trois fois par an et était appelé « la buée ». | Jusqu'au début du 20e siècle, dans le milieu rural en particulier le lavage du linge n’avait lieu que deux à trois fois par an et était appelé « la buée ». | ||
− | [[Fichier:Une Lessive à Metzeral Lix Frédéric btv1b102008454.jpg|vignette|droite|Lix Frédéric Théodore, Une lessive à Metzeral, 1889]] | + | [[Fichier:Une Lessive à Metzeral Lix Frédéric btv1b102008454.jpg|vignette|droite|Lix Frédéric Théodore, Une lessive à Metzeral, 1889. Source gallica.BnF.fr / BNUS]] |
Cette grande lessive durait en principe trois jours et consistait au lavage du linge de maison et des vêtements peu délicats. Dans les villages alsaciens, seuls les pièces de linge blanches étaient lavés lors de ces grandes buées : chemises, chaussettes, tabliers… Les éléments les plus fins, comme les bonnets, n’étaient jamais nettoyés. Elle était composée de trois étapes aux noms plutôt évocateurs au vu de la dureté de la tâche. D’abord, lors du « Purgatoire », les lavandières laissent tremper le linge dans des grandes cuves en terre ou dans des baquets de bois le plus généralement à domicile, dans un espace dédié ou dans la cuisine, pour le décrasser. La cuve était ensuite recouverte d’un drap plein de cendres de bois fin dont les propriétés (carbonate de potasse) sont nettoyantes et font office de lessive. Alors, c’est l’enfer et ses vapeurs qui débutent : la lavandière verse sur les cendre de l’eau bouillante. Dans les années 1920 cependant, apparaît le savon en paillette, ce qui diminue la longueur de cette étape. Le lendemain enfin, le linge est chargé dans des bassines et des hottes sur des brouettes et amené au lavoir afin d’y être battu et d’en extraire le maximum de lessive, rincé puis essoré auprès d’une source d’eau. Ici, on remarque bien au bord du lavoir les brouettes et les bassines. Le linge retrouve sa pureté : c’est le " Paradis ", après quoi le linge était suspendu ou étalé sur l’herbe pour sécher, ou blanchi. Même s'il existait dans les villages des lavoirs privés pour les habitations ayant directement accès à l’eau d’une rivière, il est à noter que le rinçage dans des lavoirs publics était une nécessité, puisque l’eau courante et potable n’était pas généralisée. Il a fallu attendre 1935 à Strasbourg pour que les ménages disposent de canalisations reliées à leurs intérieurs <ref>BLOCH-RAYMOND Anny. « Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries. Des relations entre espaces publics, espaces privés » in ''Revue des Sciences sociales'', n°13, n°13bis, 1984, p.10</ref>. | Cette grande lessive durait en principe trois jours et consistait au lavage du linge de maison et des vêtements peu délicats. Dans les villages alsaciens, seuls les pièces de linge blanches étaient lavés lors de ces grandes buées : chemises, chaussettes, tabliers… Les éléments les plus fins, comme les bonnets, n’étaient jamais nettoyés. Elle était composée de trois étapes aux noms plutôt évocateurs au vu de la dureté de la tâche. D’abord, lors du « Purgatoire », les lavandières laissent tremper le linge dans des grandes cuves en terre ou dans des baquets de bois le plus généralement à domicile, dans un espace dédié ou dans la cuisine, pour le décrasser. La cuve était ensuite recouverte d’un drap plein de cendres de bois fin dont les propriétés (carbonate de potasse) sont nettoyantes et font office de lessive. Alors, c’est l’enfer et ses vapeurs qui débutent : la lavandière verse sur les cendre de l’eau bouillante. Dans les années 1920 cependant, apparaît le savon en paillette, ce qui diminue la longueur de cette étape. Le lendemain enfin, le linge est chargé dans des bassines et des hottes sur des brouettes et amené au lavoir afin d’y être battu et d’en extraire le maximum de lessive, rincé puis essoré auprès d’une source d’eau. Ici, on remarque bien au bord du lavoir les brouettes et les bassines. Le linge retrouve sa pureté : c’est le " Paradis ", après quoi le linge était suspendu ou étalé sur l’herbe pour sécher, ou blanchi. Même s'il existait dans les villages des lavoirs privés pour les habitations ayant directement accès à l’eau d’une rivière, il est à noter que le rinçage dans des lavoirs publics était une nécessité, puisque l’eau courante et potable n’était pas généralisée. Il a fallu attendre 1935 à Strasbourg pour que les ménages disposent de canalisations reliées à leurs intérieurs <ref>BLOCH-RAYMOND Anny. « Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries. Des relations entre espaces publics, espaces privés » in ''Revue des Sciences sociales'', n°13, n°13bis, 1984, p.10</ref>. | ||
On le voit sur cette séquence, l'accès à l'eau est encore rudimentaire en 1928 : une femme à Hoffen pompe de l'eausur un puits à balancier, ou ''Schwenkelbrunne'', comme il en existe de nombreux dans la région de l’Outre Forêt, et la porte ensuite dans un seau. Pourtant, c'est à cette période que le lavage du linge devient hebdomadaire, comme cela doit être le cas ici à Châtenois. Les techniques changent avec la laveuse, la possibilité d'acheter et d'entreposer plus de linge dans des buanderies et l'apparition graduelle de l'eau courante. Les fermes possédaient parfois leur propre buanderie. Les lavoirs communaux étaient gratuits dans les campagnes. Puis, à partir des années 1950, le lave-linge se démocratise. Néanmoins, en 1961, 26% des ménages alsaciens possèdent un lave-linge (BLOCH-RAYMOND, Anny, op. cit. p.14). Encore dans les années 1970, il fait figure d’exception dans la campagne alsacienne. Un film produit par l’Electricité de Strasbourg en 1975, montre l’arrivée et la révolution de l’électricité dans le village d’Oberseebach, avec entre autres, le lave-linge (voir fonds ES, 0030NN0001 : droits ?). | On le voit sur cette séquence, l'accès à l'eau est encore rudimentaire en 1928 : une femme à Hoffen pompe de l'eausur un puits à balancier, ou ''Schwenkelbrunne'', comme il en existe de nombreux dans la région de l’Outre Forêt, et la porte ensuite dans un seau. Pourtant, c'est à cette période que le lavage du linge devient hebdomadaire, comme cela doit être le cas ici à Châtenois. Les techniques changent avec la laveuse, la possibilité d'acheter et d'entreposer plus de linge dans des buanderies et l'apparition graduelle de l'eau courante. Les fermes possédaient parfois leur propre buanderie. Les lavoirs communaux étaient gratuits dans les campagnes. Puis, à partir des années 1950, le lave-linge se démocratise. Néanmoins, en 1961, 26% des ménages alsaciens possèdent un lave-linge (BLOCH-RAYMOND, Anny, op. cit. p.14). Encore dans les années 1970, il fait figure d’exception dans la campagne alsacienne. Un film produit par l’Electricité de Strasbourg en 1975, montre l’arrivée et la révolution de l’électricité dans le village d’Oberseebach, avec entre autres, le lave-linge (voir fonds ES, 0030NN0001 : droits ?). |
Version du 7 août 2018 à 16:17
Personnages identifiés
Lieux ou monuments