Paysans à Hoffen (0026FN0004)

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Résumé


Ces scènes de rue dans trois villages du Bas-Rhin montrent des paysans et des villageois en vêtements traditionnels dans les années 1930, parmi lesquels se promènent Charles Spindler et Edouard Elzingre. On peut notamment voir des lavandières rincer et frotter leur linge au lavoir de Châtenois.

Description


Hoffen. Une femme en tablier et sabots pompe de l'eau. Elle passe avec un seau rempli. Un paysan en bonnet et sabots. Couple de paysans descendant un escalier, le long de la mairie de Hoffen. Trois hommes élégants marchent dans la rue (dont Charles Spindler et certainement Edouard Elzingre) ; derrière eux deux femmes en tablier, sabots et fichus ; en arrière plan l'église de Hoffen. Une paysanne portant un panier et une bêche. Un homme balaie sa cour.


Oberseebach ? Enfants dans la cour d'une ferme. Un homme harnache un cheval. Couple de paysans et un enfant. Une charrette passe.


Châtenois. Un cheval de trait s'abreuve à une fontaine de Châtenois puis avance au pas dans la rue. Les femmes au lavoir avec simples planches de bois ; un jeune garçon tire une charrette de sacs de grains, un homme le suit portant une faux ; en arrière-plan le château de l'Ortebourg. Un homme passe sur un charrois vide tiré par un boeuf. Deux femmes sur un pas de porte et un homme.

Métadonnées

Son :  Muet
Durée :  00:01:11
Cinéastes :  Spindler, Paul
Format original :  9,5 mm
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Charles Spindler. Jeunes filles et enfants de Hoffen, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Charles et Paul Spindler : l'étude du folklore alsacien

Charles Spindler, filmé ici par son fils Paul, est un véritable folkloriste de par son étude du costume alsacien. Entre 1893 et 1896, Spindler publie avec Joseph Sattler Elsaesser Bilderbogen (Images alsaciennes), dans lequel il retrace l’historique de la fameuse coiffe à nœud. D'après lui elle est tout à la fois un signe identitaire évoluant selon les évènements politiques et un ornement décoratif, changeant au gré de la « coquetterie féminine » [1]. Il créé en 1898 la Revue alsacienne illustrée, qui paraîtra jusqu’en 1914. Citons aussi Costumes et coutumes d’Alsace qu’il a co-signé en 1902 avec son camarade du Cercle de Saint-Léonard, Anselme Laugel, et qui s'impose comme une référence dans l'étude du costume traditionnel alsacien, ainsi que Réflexion sur le costume alsacien en 1937. Il a évidemment produit de très nombreux portraits d’Alsaciens en habits traditionnels. Dans les fonds MIRA, on retrouve souvent Charles Spindler et son fils en promenade dans des villages alsaciens (voir 0026FN0003, Paysans, 1928 ; 0026FN0006, Canards, Hunspach, Hoffen, 1928). Ici, l’aquarelliste et marqueteur semble se promener dans un musée à ciel ouvert, en compagnie du peintre suisse Edouard Elzingre et un ami de Paul Spindler, appelé Lulu. Les trois hommes détonnent par leur nonchalance et leur tenue cossue parmi les habitants portant des habits rustiques qui s'affairent ou qui passent avec empressement. Paul Spindler a continué dans les traces de son père en tant que marqueteur et aquarelliste dans l’atelier familial de Saint-Léonard. Outre son goût pour les images de voyages et les scènes familiales, il a utilisé le film à des fins d’études artistiques et toujours avec un grand intérêt pour l’Alsace rurale. On le constate dans plusieurs de ses productions, notamment dans certaines séquences où ses amis sont mis en scène avec le costume alsacien (voir 0026FN0020, Dr Beysinges, Miles costumés en alsacien, 1928-29 ; 0026FN0034, Modèles, 1929).


Les diverses facettes de l'Alsace rurale

L'Outre-Forêt, un territoire aux traditions encrées

Les villages d’Hoffen et d’Oberseebach se situent dans la région naturelle dite de l’Outre-Forêt, tout au nord de l’Alsace. Longtemps séparée du reste de la région par la forêt de Haguenau, elle s'en différencie longtemps par la préservation de ses coutumes et de son architecture reconnaissable à travers ses maisons à colombages blanches, comme on le remarque sur ces images. Dans les fonds MIRA, diverses séquences de fêtes locales y ont été tournées sur plusieurs décennies, témoignant de la vitalité de son folklore (Spindler, Fête-Dieu à Schleithal, 0026FN0006, 1929 ; Heckler, Saisons à Wissembourg (Les), 0023FH0001, 1961 attention droits). En 1928, Hoffen est un petit village et ne compte pas plus de 500 habitants environ[2]. Cette bourgade historiquement protestante est principalement agricole, notamment par son activité céréalière importante, et compte de nombreuses fermes.

Oberseebach (Seebach depuis sa fusion avec Niederseebach en 1974), souvent représentée par Charles Spindler, est situé à 1km environ d’Hoffen. Dans les années 30, cette localité compte déjà un peu moins de 1500 habitants[3]. Architecturalement, Seebach est remarquable par les nombreuses fermes à colombages du 18e siècle qui y sont visibles. Ce village est aujourd'hui un haut-lieu du folklore alsacien, notamment avec le Streisselhochzeit, ou mariage au bouquet, qui s’y déroule chaque année.


Châtenois, commune industrialisée de la plaine d'Alsace

Châtenois est quant à elle située dans la plaine d'Alsace. Contrairement aux communes voisines très rurales comme Scherwiller, elle s’est rapidement établie en tant que petite agglomération industrielle. A partir de la première moitié du 19e siècle, on y relève la présence de nombreux métiers à tisser : le textile est une des grandes spécialités de Châtenois jusque dans les années 1970. On constate parallèlement dans la ville, à l’époque de la séquence tournée par Paul Spindler, la présence de fabriques de cigares et d’une brasserie. Ainsi, les Castinétains sont essentiellement issus de la classe ouvrière et la population plus nombreuse qu'à Hoffen : dans les années 1930 on y compte environ 2500 habitants[4]. Bien sûr, Châtenois conserve aussi une activité agricole, comme on le voit à différents instants du film, avec le passage d’une charrette tirée par un enfant et contenant probablement du foin, ou la courte scène avec des vendangeuses autour de hottes disposées sur un chariot.

Ces différences se ressentent bien dans la séquence : les habitants de Châtenois, les lavandières en particulier, ne sont pas en costume rural, tandis que les Hoffenois portent tous l'habit de travail traditionnel.


Charles Spindler. Paysan de Hunspach en costume de travail, 1902. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg.

Le vêtement de travail du paysan alsacien

Dans l'imaginaire, le costume alsacien se compose d'une grande coiffe à nœud noire et d'une jupe rouge. Or, ce vêtement, bien qu’existant et porté dans le Kochersberg et le Pays de Hanau dès 1850, est une représentation folklorique qui s’est développée à la faveur des évènements historiques depuis l'annexion de 1870. Les Alsaciennes installées en France rajoutent souvent une cocarde à leur coiffe à noeud, symbole patriotique par excellence, comme l’a représenté le peintre Jean-Jacques Henner en 1871[5]. En réalité, ce costume alsacien essentiellement rural et parfois richement orné, n'est pas l'habit porté au quotidien, mais un vêtement de fête. C'est l'amélioration de la condition paysanne alsacienne à partir du 18e siècle qui a permis aux villageois l'achat d'étoffes plus fines et le port d'une toilette plus fastueuse pour les grandes occasions, les fêtes de village ou le dimanche. Ce vêtement est multiforme. Il évolue au fil du temps, change selon la région, la confession à partir de la fin du 19e siècle, et même selon le statut marital pour les femmes. Dans l'Outre-Forêt d'ailleurs, la coiffe distingue les veuves qui la portent noire et comme un bonnet. C’est également dans cette région que les différences entre le costume des femmes catholiques et protestantes sont les plus nombreuses[6].

Dans les musées régionaux, les costumes ayant été conservés sont bien sûr ces atours de fête, mieux entretenus et moins usés que l’habit de travail qui était jeté ou transformé en chiffon une fois passé[7]. Pour ces raisons et parce que pendant longtemps ils ont suscité un intérêt moindre, l'habit quotidien est peu représenté dans les musées. Les images tournées par Paul Spindler sont donc essentielles pour comprendre comment était porté cet habit, et comment les villageois pouvait s'y mouvoir. C'est ce qui est notable dans cet extrait : les costumes portés sont des vêtements de la vie courante, à l’inverse par exemple de plusieurs autres séquences qui nous montrent les habitants dans leur costume de fête (voir Spindler 0026FN0003, Paysans, 1928).

La tenue de travail est d'allure identique à la tenue de fête, mais plus allégée et dans des tissus moins fins, plus solides, et moins décorés. La coiffe alsacienne des femmes, très décorative mais peu pratique, est remplacée au travail par un foulard blanc, un chapeau de paille, ou une sorte de grande coiffe blanche. Cette Schindelkapp, aussi appelée quichenotte dans d'autres régions, permet de se protéger du soleil grâce aux lattes de bois qui la composent et qui maintiennent le tissu autour du visage. Une lavandière porte ce type de bonnet sur la séquence du lavoir, ainsi que la paysanne marchant derrière Edouard Elzingre. Bien entendu, pour les divers travaux, les femmes portent aussi des foulards blancs. La coiffure féminine peut également être représentative du territoire. Ainsi en Outre-Forêt, les femmes relevaient leurs cheveux nattés sur la tête, comme on le voit ici dans la séquence tournée à Hoffen.

L'habit de travail de l'agriculteur consiste principalement en une blouse bleue brodée et un bonnet. L'habit de fête des hommes est moins varié que le costume féminin mais il évolue dans le temps en suivant la mode française et l’uniforme militaire, comme les très typiques rangées de boutons sur les vestes et les gilets. L’homme se coiffe également avec un bonnet qui varie selon les régions. On note ici à Hoffen deux costumes typiquement alsaciens portés par deux hommes, dont l'un balaie sa cour. A l'instar des hommes et enfants de cette région de Wissembourg, ils sont parés d’une calotte, appelée le Marschelskapp ou Morischelkapp, soit coiffe à morille, en laine tricotée. A Seebach, on porte une autre coiffe masculine notable, la fameuse toque en fourrure de putois (voir Meyer 0052FN0035, Oberseebach, 1937).

Les sabots sont utilisés pour les travaux dans les champs. Autrement les paysans se chaussent de souliers à lacets. Dans la séquence à Hoffen, nombreux sont les habitants à porter les sabots. A l’inverse, à Châtenois, localité plus industrialisée, le sabot n’est pas porté, sauf par un petit groupe de personnes âgées.

Dans ces pays ruraux, l'entretien du linge fait partie d'un véritable rituel et est l'occasion de festivités jusqu'au début du 20e siècle.


La lessive au lavoir : un rituel immuable et exclusivement féminin

Les lessives se faisaient à la main et au lavoir et étaient l'apanage des femmes, qu'on appelait alors les lavandières. La lavandière n'a pas d'âge : on voit sur la séquence des jeunes filles, des femmes et même une femme beaucoup plus âgée, ainsi qu'une enfant. Dans les villages alsaciens, seules les pièces de linge blanc étaient lavées lors de ces grandes lessives bi-annuelles : chemises, chaussettes, tabliers… Les éléments les plus fins, comme les bonnets, n’étaient jamais nettoyés. Les femmes issues de classes plus aisées confient leur linge peu délicat à ces lavandières que l'on nomme aussi laveuses ou buandières quand elles en font leur métier. Quant aux toilettes les plus délicates, c'est la blanchisseuse qui en a la charge. La lavandière fait aujourd'hui partie de l'imagerie populaire lorsqu'on évoque la vie rurale d'antan. Le lavoir de Châtenois a d'ailleurs été immortalisé en 1945 par Robert Doisneau. La laveuse est entourée de vieilles croyances comme celle des Lavandières de nuit, annonciatrice d’une mort prochaine, comme à Oberbronn[8], ou expiatrice d'un pêché, comme celui de laver le linge le dimanche ou le Vendredi Saint.

Lix Frédéric Théodore, Une lessive à Metzeral, 1889. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Jusqu'au début du 20e siècle, dans le milieu rural en particulier, la lessive n’avait lieu que deux à trois fois par an et était appelé « la buée ». Elle durait en principe trois jours correspondant à trois étapes aux noms évoquant la dureté de la tâche. D’abord, lors du « Purgatoire », les lavandières laissent tremper le linge dans des grandes cuves en terre ou dans des baquets de bois souvent à domicile, dans un espace dédié ou dans la cuisine, pour le décrasser. La cuve est ensuite recouverte d’un drap plein de cendres de bois fin dont les propriétés (carbonate de potasse) sont nettoyantes. Alors, c’est « l’Enfer » et ses vapeurs qui débutent : la lavandière verse sur les cendre de l’eau bouillante pour les diffuser. Dans les années 1920 cependant, apparaît le savon en paillette, ce qui fait évoluer cette étape. Le lendemain, le linge ainsi mouillé et imbibé est chargé dans des hottes sur des brouettes et amené au lavoir afin d’y être battu pour en extraire le maximum de lessive, rincé, puis essoré auprès d’une source d’eau. Ici, on remarque bien au bord du lavoir les brouettes et les bassines des lavandières. Le linge retrouve sa pureté : c’est le « Paradis », après quoi il est suspendu ou étalé sur l’herbe pour sécher ou blanchir.

Avec la mise en place de politiques hygiénistes, les villages d'Alsace aménagent de nombreux lavoirs communaux gratuits durant la seconde partie du 19e siècle et jusqu’au milieu du 20e siècle. En 1928, même s'il existe dans les villages des lavoirs privés pour les habitations ayant directement accès à l’eau d’une rivière, le rinçage dans des lavoirs publics reste une nécessité, puisque l’eau courante et potable n’est pas généralisée. Le démontre cette femme que l'on voit à Hoffen pomper de l'eau sur un puits à balancier, ou Schwenkelbrunne, nombreux dans la région de l’Outre Forêt, et la porter ensuite dans un seau. Il a fallu attendre 1935 à Strasbourg pour que les ménages disposent de canalisations reliées à leurs intérieurs [9]. Le lavoir pouvait être à ciel ouvert, comme ici, ou au fil d'un cours d'eau (voir Hugel, 0010NN0006 à 0010NN0009, Lessive dans la Fecht, 1930 env.), aménagé ou non. Dans cet extrait, on voit que le lavoir a été agencé : de part et d'autre du ruisseau ont été installées de larges dalles. Les lavoirs pouvaient aussi simplement consister en un bassin bénéficiant de l'écoulement d'une fontaine ou d'une source, ou être couverts par une toiture[10]. A Strasbourg, pendant longtemps, les lavoirs prenaient la forme de Wächspritsche, ou bateaux-lavoirs.

Hartmann. Alte Waschpritschen, Strasbourg, 1911. Source : Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg

Le travail de la lavandière est difficile. Les femmes sont sur les genoux, courbées vers l’eau et frottent vigoureusement le linge sur les planches à laver. Certaines sont agenouillées dans des boîtes à laver, ces caisses de bois qui servent à les protéger de l’eau, et qui, agrémentées de paille et de tissus, rendent leur position moins inconfortable. Mais elles devaient encore battre durement le linge puis ramener les lourds baquets dans des charrettes.

C'est dans les années 1930 que le lavage du linge devient hebdomadaire, comme cela doit être le cas ici à Châtenois. Les techniques changent avec la laveuse, la possibilité d'acheter et d'entreposer plus de linge dans des buanderies et l'apparition graduelle de l'eau courante. Les fermes possédaient parfois leur propre buanderie. Puis, à partir des années 1950, le lave-linge se démocratise. Néanmoins, en 1961, 26% des ménages alsaciens possèdent un lave-linge (BLOCH-RAYMOND, Anny, op. cit. p.14). Encore dans les années 1970, il fait figure d’exception dans la campagne alsacienne. Le ruisseau communal passant à Châtenois, le Fleckenbach, a de mémoire d’homme, toujours été utilisé pour laver le linge et pour éteindre les incendies. Alimenté par le Muhlbach, canal de dérivation de la Liévrette, il fut aménagé avec des pierres de taille en grès en 1846, lieu idéal pour servir de lavoir. Les femmes y venaient encore dans les années 1950 pour faire leur linge, jusqu’à la condamnation du ruisseau au moment de la canalisation de la ville dans les années 1970 [11]. Un film produit par l’Electricité de Strasbourg en 1975, montre l’arrivée et la révolution de l’électricité dans le village d’Oberseebach, avec entre autres, le lave-linge (voir fonds ES, 0030NN0001 : droits ?).

Personnages identifiés


Spindler Charles (1865-1938); Elzingre Edouard (1880-1966)

Lieux ou monuments


Hoffen; Oberseebach; Châtenois



  1. IGERSHEIM, François. « Laugel (Anselme), Spindler (Charles), Costumes et coutumes d’Alsace. Suivi de Réflexion sur le costume alsacien (1937) par Charles Spindler ». Revue d’Alsace, n° 135, 2009, 533-537
  2. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=17198
  3. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=25409)
  4. http://cassini.ehess.fr/cassini/fr/html/fiche.php?select_resultat=8793
  5. voir : http://www.musee-henner.fr/collections/l-alsace-elle-attend
  6. WOLFF, Anne. Costumes d'Alsace : étoffes d'un monde, catalogue d'exposition, Strasbourg, Musées de la ville de Strasbourg, 2018. p. 16
  7. Op. cit WOLFF, Anne p.20
  8. GIRAUDON Daniel, Lavandières de jour, lavandières de nuits. Bretagne et pays celtiques. Mémoire, CRBC, 1996, p.20
  9. BLOCH-RAYMOND Anny. « Bateaux-lavoirs, buanderies et blanchisseries. Des relations entre espaces publics, espaces privés » in Revue des Sciences sociales, n°13, n°13bis, 1984, p.10
  10. A ce propos voir : http://espritdepays.com/patrimoines-en-perigord/patrimoine-bati-du-perigord/les-lavoirs-du-perigord/typologie-des-lavoirs
  11. d’après Jean-Philippe Dussourd, Président du Groupe patrimoine de Châtenois, entretien réalisé le 3 août 2018