Wilbad, fête hitlérienne (0026FN0013)
Avertissement[1]
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
Le film débute avec une vue sur une place à Bad Wildbad, montrant un petit groupe autour d’un vendeur de glace situé devant une fontaine. Le même groupe apparaît sous un plan rapproché. On reconnaît la Kurplatz grâce à la statue de la fontaine. Il s’agirait d’une statue de Ferdinand Ier ou d’un Wappenträger (« Porteur de blason »).
Puis, l’endroit change. Le réalisateur filme la Uhlandstrasse, avec à gauche, l’Hotel Post, dont la façade se situe sur la Kurplatz. On y voit des hommes qui défilent en quittant la Kurplatz. A droite, des personnes sont installés sur une terrasse. Au premier plan, un homme et une jeune fille. Plus loin, des voitures, avec une banderole et des drapeaux à croix gammées. Le cortège continue devant l’Hotel Post. A l’arrière-plan, un groupe de militaire avance, avec deux enfants devant. Quelques civils marchent dans la rue, et un individu perché à la fenêtre de l’hôtel regarde le défilé. D’autres groupes arrivent, notamment des femmes, dont l’une qui se situe devant porte un fanion. Elles sont suivies par d’autres hommes. Il est difficile de distinguer leurs uniformes, et donc de dire à quel régiment, division ou organisation ils appartiennent. Des jeunes femmes, apparaissent à nouveau sur le plan suivant, plus nombreuses cette fois. Elles marchent en rang à la manière de militaires. Elles étaient certainement de la Bund Deutscher Mädel. Quelques personnes de l’autre côté de la rue s’arrêtent pour voir le cortège. Par la suite, on revient la Uhlandstrasse, avec deux motos qui circulent le réalisateur. Enfin, le dernier plan montre des civils et des militaires qui se promènent dans la rue.
Contexte et analyse
Le 30 janvier 1933, Adolf Hitler, chef du Parti national-socialiste (NSDAP) a été nommé chancelier par le président Hindenburg. Aidé d'Alfred Rosenberg et Joseph Goebbels, il entreprend une nazification éclair du pays qui consiste notamment à généraliser la mise en ordre de l'espace public et à mettre au pas l'opinion des Allemands. Pour soumettre la population à la nouvelle politique et surtout à la nouvelle idéologie nationale-socialiste, il crée le ministère de l’Information populaire et de la Propagande, dirigé par Joseph Goebbels. La propagande est un point important si l’on veut comprendre la doctrine d’Adolf Hitler. Il lui dédie d’ailleurs tout un chapitre dans Mein Kampf, son best-seller programmatique de 1923. C'est avec son omniprésence que la doctrine nationale-socialiste a pu s'installer dans les esprits du peuple allemand.
Ce film a pour objet une parade organisée dans la commune de Bad Wildbad, une bucolique cité balnéaire de la région de Karlsruhe. Elle a certes vu naître Ernst Zündel, un éditeur néonazi, mais en 1939; en 1933, le principal événement est la construction de la salle abritant une pompe alimentant une fontaine pour les curistes. Dans le film, on note que les passants et consommateurs sont plutôt bien habillés, et que les voitures qui circulent sont assez luxueuses. Mais comme partout en Allemagne pendant l'été se multiplient les petits événements qui modifient peu à peu l'atmosphère.
La diffusion des codes nazis
Ici, sur la Kurplatz. Paul Spindler qui était peut-être en cure, filme un marchand de glaces. On voit plusieurs spectateurs dans les rues, ainsi que beaucoup de monde installé sur une terrasse. Le milieu des rues est dégagé pour laisser les motos, les voitures, les Jeunesses hitlériennes et les militaires circuler. Ces derniers avancent en rang. Dans ce type d’événement, l’ordre et la discipline sont toujours mis en avant. Dans le cortège filmé, on ne voit pas d’orchestre, ce qui peut paraître étrange, car c’est un élément que l’on retrouve presque systématiquement dans tous les événements officiels. Les rues sont peu décorées, on ne voit que quelques bannières à croix gammées. Ces croix sont un peu plus nombreuses sur les drapeaux et les fanions des groupes qui défilent. C’est pourtant un symbole fort du nazisme, que Hitler a créé lui-même. La couleur rouge désignait l’orientation socialiste du régime, le blanc le nationalisme, et la croix gammée représentait le combat pour la victoire de l’homme aryen.
Quelques spectateurs s'arrêtent et regardent ce qu'il se passe dans les rues de leur ville. D'autres se retournent à peine et continuent leur chemin. Tous les Allemands de l'époque ne soutenaient pas le régime imposé par Adolf Hitler, surtout en dehors des principales villes où les SA ont petit à petit imposé leur loi dans la rue. Les spectateurs n'ont pas l'air de s'intéresser particulièrement à l'événement organisé. Ce n'est pas un film créé dans le but de soutenir le régime, mais simplement le témoin d’un évènement qui ne peut laisser indifférent un Alsacien fin connaisseur de folklore.Lieux ou monuments
Bibliographie
ELIAS Tania, « La cérémonie inaugurale de la Reichsuniversität de Strasbourg (1941), l’expression du nazisme triomphant en Alsace annexée », dans Revue d’Allemagne, n° 43, 2001, p. 341-363.
GALLIANO-VALDISERRA Richard, Les totalitarismes en question au XX° siècle : Russie (URSS), Italie, Allemagne, Paris, Hachette, 2016.
GUYOT Adelin, RESTELLINI Patrick, L’Art Nazi, Bruxelles, Editions Complexe, 1983.
HITLER Adolf, Mein Kampf, Paris, Nouvelles Editions Latines, 2005 (1925).
Article rédigé par
Célia Fuhro, 05 janvier 2019
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