Fête-Dieu à Ribeauvillé (0075NN0008)
Avertissement[1]
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
Des hommes et femmes mettent en place les fleurs de part et d’autre d’un autel. Des gens s’affairent pour ramener les fleurs. Plan sur une personne à sa fenêtre ouverte, d’où flotte un drapeau. Depuis la rue, des hommes interpellent une personne à sa fenêtre, en train de dérouler puis hisser un drapeau. Des femmes parlent, affairées, finissent de préparer un autel. Un homme débarrasse des fleurs. D’autres installent une aile à une statue. Un drap ou tapis est posé sur le sol de l’escalier, devant l’autel. Une femme passe avec un balai. D’autres commentent la disposition. Un passage en accéléré : l’aménagement a avancé. On change d’endroit, toujours la mise en place. Un homme arrose quelque chose avec un tuyau. Il fait visiblement chaud, des hommes n’ont qu’un marcel. Nouvel arrêt sur l’homme qui arrose.
On passe à la procession en tant que tel (3min38). La caméra est devant le cortège, des drapeaux français flottent aux fenêtres. Au-devant, des adolescents en aube portant pommeau ou croix, suivent des jeunes enfants. Le cortège passe devant la caméra. Des enfants portent une statue (peut-être d’un ange). Suivent d’autres enfants, en civil. Gros plan sur une moniale. La caméra montre à présent le dos des individus. On voit des jeunes enfants certains portant de petits paniers. Il y a des fleurs au bord de la route. Puis de jeunes filles en costume blanc et noire, des adultes en costume blanc et noir, des personnes portant de grandes bannières. Des femmes portent une grande statue (peut-être une Vierge à l’enfant). Nouvelles rangées de jeunes filles. Des religieuses. Rangées de religieuses, dont certaines portent une grande statue (peut-être une autre Vierge à l’enfant). Longues rangées de religieuses. Autre partie du cortège (5min). Un homme seul porte une grande croix décorée. Un peu derrière, lui, un orchestre, la percussion devant les instruments à vent.
Le cortège s’est arrêté, la caméra montre des jeunes gens debout, puis des communiants ou servants de messe agenouillés devant l’autel (où un prêtre expose l’hostie sacré) et jetant des pétales de rose. On se lève. Plan sur des religieuses. Les enfants, dont des filles en blanc, se remettent en route. un religieux fait signe à tout ce petit monde d’avancer. La caméra se fixe derrière un tuba couché pour suivre la remise en route et pour montrer le dais. Puis est montré un religieux discutant avec un homme en costume (peut-être un policier ou un pompier) accompagné d’un garçon. Plan sur l’église, au sommet de laquelle deux personnes observent la rue puis se détournent. L’homme avec qui le religieux a discuté, proche d’un autel, semble donner des recommandations. L’autel est montré de plus près, puis la caméra revient sur l’église. Ensuite on voit des jeunes enfants marchant (filles en robe blanche), encadrés par des religieuses. Passage à nouveau des femmes en costume blanc et noir. Gros plan sur un drapeau sur lequel est inscrit «Vive la classe 1933-1953 Ribeauvillé» (qui distingue donc les conscrits) et dans le blanc une illustration de l’église.
Nouvel arrêt devant un autel, gens s’agenouillent. La caméra est à l’arrière de la foule, qui est considérable. Nouveau point de vue, où l’on voit le dais, et un groupe de jeunes gens en aube et entourés d’une fumée d’encens. Plan sur les décorations en bordure de chaussée, avec beaucoup de fleurs. On montre les pompiers. La caméra est désormais au sommet de l’église. On voit le début de la procession arriver, avec la foule d’enfants encadré par les religieuses. Le sol est jonché de végétaux. La caméra montre qu’elle se situe dans l’église et montre un panorama des collines environnantes. Elle montre tout le cortège et fait un dernier plan sur une autre église du village. Puis la caméra, toujours dans le clocher, montre l’homme qui actionne les cloches au passage du dais, entouré par des hommes en chasuble rouge.
Gros plan sur une enfant, au sein de la foule. Les enfants passent devant l’homme qui porte la croix, des personnes tenant des feuilles, peut-être des choristes, et le dais. Plan sur les percussionnistes, puis les musiciens qui avancent sans jouer, puis sur le dais entouré par des servants d’autel, gens en rouge ou en blanc. Passage du dais avec le prêtre tenant le Saint Sacrement. On voit ensuite passer des hommes en costume moderne. Puis autre plan, avec au premier plan une fontaine et en arrière-plan les gens qui passent devant un autel. Retour en tête de procession avec les jeunes enfants habillés en blanc. L’un semble habillé en berger. Certains portent croix et bannières. Retour sur la fontaine, mais plus proche de l’autel, qui est fastueux. Le dais arrive devant cet autel, le prêtre barbu expose le Saint Sacrement. Les musiciens se remettent en mouvement, suivie par le dais, et toute la foule. La caméra montre la montagne et le château qui surplombent le village et les processionnaires. Dernier plan sur une femme qui fait le ménage.
Contexte et analyse
La Fête Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, est une fête religieuse essentiellement catholique, fériée dans certains pays, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, soixante jours après Pâques, ou le dimanche d’après comme en France. Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés.
Les origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIe siècle. L’élévation de l’hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Des fêtes ont lieu à Liège dès le début du XIIIe siècle. Un miracle a lieu en 1263 en Italie, à Bolsena : lors d’une messe, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang tachèrent le corporal. C’est suite à ce miracle que cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège, après une impulsion de la recluse Eve de Liège. Son institution est aussi un moyen d’orienter le débat théologique commencé par Bérenger de Tours qui, au XIe siècle, niait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. Le concile de Trente (1547-1563) justifie à son tour la présence de cette fête et son faste : il faut «que la vérité victorieuse triomphe du mensonge et de l’hérésie» (la Réforme avait fortement remis en cause la transsubstantiation) ; par ailleurs il est juste que lors de certains jours, les chrétiens «témoignent de leur gratitude et dévot souvenir envers le commun Seigneur et Rédempteur». Il y a donc un double objectif d’affirmation d’une doctrine et de mémoire et célébration de Jésus.
Comment la fête se déroule-t-elle concrètement ? Dès l’aube, les fidèles sont mobilisés pour participer à l’ornement des autels (au nombre de 4 généralement). Puis les paroissiens participent dans leur quasi-totalité à la célébration, ainsi que toutes les forces vives de la commune : l’orchestre d’harmonie local, la chorale, les pompiers, le conseil municipal et les notables locaux, le conseil de fabrique. Cela donne un aspect populaire, unificateur, à cette fête considérée comme un des sommets de l’année liturgique, et un ravissement pour tous par la décoration abondante. Selon les rédacteurs de l’ouvrage historique sur Geispolsheim (éd.Coprur, 1999), il s’agit d’une «profession de foi de tout un peuple en liesse, un témoignage communautaire de l’attachement de la population à Jésus-Christ présent dans le saint sacrement».
Pendant la procession, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisée de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par des notables. C’est donc une fête où Dieu se fait visible, il va au contact de la foule par l’exposition de sa chair et de son sang. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement. Les rues sont couvertes de fleurs, branches, sable, sciure. Des statues sont portées : celle de Marie, de Sainte Anne, de Saint-Sébastien, parfois aussi le patron du village. La procession est ponctuée par plusieurs arrêts devant des stations où l’on trouve des reposoirs couverts de fleurs, arrêts qui permettent d’exposer le Saint-Sacrement et de bénir la foule, et d’offrir un instant de méditation.
De nos jours, la célébration est moins présente dans les villages, du fait de la baisse de fréquentation des offices, et la difficulté ou l’indifférence à organiser un tel événement fait que lorsqu’il est maintenu, le faste et la décoration des rues (tapis de fleurs, motifs en végétaux ou en sciure sur le sol) sont moins présents et systématisés. Néanmoins l’usage se perpétue, voire se renouvelle, en certains lieux, du fait d’une ferveur jamais éteinte, ou du fait de l’impulsion du clergé, de la municipalité ou d’associations.
Ce documentaire a l'avantage de montrer avec précision le déroulé de cette cérémonie. Ce n'est pas une simple caméra embarquée pour un extrait de la procession, c'est un véritable reportage, avec des choix esthétiques (avec le tuba ou la fontaine au premier plan, en montrant bien qu'on se situe dans le clocher, en multipliant les points de vue de la procession, en prenant du recul pour montrer les contreforts des Vosges), du petit matin au terme de la cérémonie. On voit bien que de nombreuses personnes s'affairent pour disposer et décorer les autels. On aperçoit les différents corps de la société qui participent à la cérémonie, les pétales de rose jetées, les décorations le long de la rue, les statues portées, la dévotion lors des arrêts dans les 4 stations. Le caractère artistique est renforcé par l'insistance particulière sur l’ornement, sur les fleurs. Cela souligne une volonté de montrer la richesse, l’éclat et la beauté de cette procession toute en couleur. Le reportage tend à l'exhaustivité, donne à voir des aspects de religion, de méditation, de fête, de rassemblement, sans vraiment insister sur le message religieux spécifique à la Fête-Dieu, puisque la caméra s'attarde davantage sur la foule joyeuse d'enfants qui forment le cortège que sur le solennel dais du Saint Sacrement.
On peut supposer que s'il y a foule lors de cette célébration, c'est aussi parce que Ribeauvillé est un village historique, avec des vestiges de son architecture médiévale, situé sur la Route des Vins, un ancien fief des comtes de Ribeaupierre, vit de la viticulture, de l‘industrie et du tourisme, avec de nombreuses festivités dont la fête des ménétriers en septembre. Le catholicisme n'est pas la seule religion : on trouve également des protestants dans la ville, touchée comme beaucoup d’autres par la Réforme, et par l’obligation des églises simultanées avant la Révolution (mais plus actuellement). La présence des deux confessions n'a donc pas empêché une procession catholique de ce genre dans les années 1950, mais c'est parfois un outil explicatif du déclin de cette fête au XXIe siècle.Bibliographie
BERTHOLET, Jean, Histoire de l’institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746
DEBUS KEHR, Monique, « La Fête-Dieu à Colmar à la fin du Moyen Âge », Revue d’Alsace n°141, 2015
SPINDLER, Charles, Ceux d’Alsace, Place Stanislas, 2010 (rééd.)
VAN GENNEP, Arnold, Le folklore français - tome 2. Cycles de mai, de la Saint-Jean, de l’été et de l’automne, Robert Laffont, 1999 (rééd.)
Geispolsheim, Strasbourg, Coprur, 1999
Ostwald, Strasbourg, Coprur, 1999
Buhl, Strasbourg, Coprur, 1998
Article rédigé par
Olivier Wolffer, 04 janvier 2019
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