Conscrits à Ribeauvillé(0075FH0032)
Avertissement[1]
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
Défilé de conscrits dans les rues de Ribeauvillé ; Pose des conscrits avec accordéon et drapeau ; Attelage tirant une remorque ; Pose des conscrits devant ; Accordéoniste jouant ; Reprise du défilé : majorette ; fanfare ; jeunes du village
Contexte et analyse
La conscription
L’histoire de la conscription en France commence dès la Révolution française, à partir du vote de la loi Jourdan-Delvrel sur le service militaire obligatoire le 5 septembre 1798. La loi évolue régulièrement, notamment pour s’adaptée au contexte politique français et international. En 1951, la loi française en vigueur impose le service militaire aux jeunes hommes pendant 18 mois.
La fête des conscrits est une fête, assez rurale, organisée par les appelés au service militaire avant le départ. C’est une tradition qui disparaît par endroits après la guerre d’Algérie mais qui reste paradoxalement très présente dans certaines communes, notamment rurales, même après la suspension du service militaire obligatoire en 1997. La fête très répandue dans le Bas-Rhin et en Alsace en général. Les participants ont entre 17 et 21 ans. De nombreux villages organisent cette fête. C’est le cas par exemple des communes de Dorlisheim, Seltz ou encore Oberhaslach et Niderhaslach. La fête des conscrits est souvent associée à un passage à l’âge adulte ou à la maturité[2], mais elles varient dans leur organisation d’une région à l’autre et même d’une commune l’autre.
En 1951, Jean-Georges Kugler (1920-1993) filme avec sa caméra 8mm la fête à Ribeauvillé, petit village viticole du Haut-Rhin abritant environ 4800 personnes. Il filme la classe 1931, c’est-à-dire les jeunes hommes né en 1931 et donc appelés au service militaire en 1951.
D’autres cinéastes ont également filmé des conscrits, lors d’autres événements. Robert-Charles Weiss par exemple en a filmé lors de la fête au bouquet de Seebach en 1989.
Les festivités à Ribeauvillé
Plusieurs activités festives sont filmées par Jean-Georges Kugler à commencer par un défilé. Les jeunes garçons descendent la rue, en chantant, dansant et s’amusant ensemble. Plusieurs d’autres eux défile en jonglant avec des bâtons décorés et un autre agite un drapeau français avec inscrit dessus « La classe 1931 – 1951 Ribeauvillé ».
Plus tard dans la séquence, la caméra se concentre sur un jeune homme animant la fête à l’accordéon. Les autres adolescents dansent et s’amusent autour de lui. A la 44ème seconde, deux chevaux arrivent en tirant un char décoré, de manière assez similaire à ce que l’on peut trouver dans des images filmées de fêtes de vendanges. Des garçons grimpent dessus et dansent. La plupart d’autres eux est élégamment habillé, signe de l’importance de cette fête, bien que beaucoup soient paré de costume uniforme (pantalon blanc avec un haut blanc sans manche et une sorte de béret sur la tête).
Après l’amusement, les conscrits repartent sillonner le village. Les conscrits sont accompagnés d’une fanfare, probablement celle du village, pour défilé dans les rues à la fin de la séquence.
L’implication de tout un village
En regardant le film attentivement on peut voir que presque tout le monde est concerné par cette fête. Les conscrits le sont en premier lieu puisqu’il s’agit d’une fête en leur honneur. Mais tout au long de la séquence, on voit graviter autour d’eux des enfants plus jeunes, qui les suivent dans leur défilé. De la même manière, la fanfare est constituée essentiellement d’hommes plus âgés que les conscrits, parmi lesquels doivent probablement figurer les pères de certains d’entre eux.
Enfin, lors du défilé avec l’orchestre, les jeunes hommes sont accompagnés de plusieurs jeunes filles. Elles sont probablement les copines de certains des conscrits ou simplement des filles nées en 1931 et donc de la même classe que les garçons. Bien qu’elles ne soient pas concernées par l’appel au service militaire, elles essaient de profiter de la fête autant que les garçons, bien qu’elles ne soient pas présentes dans l’ensemble des festivités organisées.
Les costumes
Tout au long de la séquence, les conscrits portent plusieurs tenues, mais seule celle dans la dernière partie du défilé est représentative de la tradition. Les garçons portent un costume sombre, avec un haut chapeau orné de plumes ou de fleurs et des rubans sur les épaules. Les filles sont endimanchées mais ne portent évidemment pas le costume des conscrits. Chaque localité possède ses propres codes et des différences peuvent être observées sur les costumes.Lieux ou monuments
Bibliographie
CREPIN Annie, Histoire de la conscription, sous la direction de ALLAIRE Martine, Paris, Gallimard, 2009
PENNAC Daniel, Le Service militaire au service de qui ?, Paris, Seuil, 1973
TOURSCHER Alexandre, "Bons pour la fête : les rituels de la conscription en Alsace", dans Revue d’Alsace, n°141, Strasbourg, p. 363-377, 2015
Article rédigé par
Reynald Derain, 07 juin 2019