Passage du Rhin à Vogelgrun (0075FH0018)

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[1] Avertissement[2]

Résumé


Ce film est produit par Jean-Georges Kugler en 1962. Il est en couleur et muet. Il s’agit d’un départ en vacances. Il filme sa femme et sa fille durant les derniers préparatifs du voyage. Peu avant le passage de la frontière, il filme des panneaux étant sur le barrage de Vogelgrun puis il filme de loin le village de Vieux-Brisach. Jean-Georges Kugler est filmé se faisant contrôler par un gendarme français puis sa femme filme le passage du Rhin. Sa femme filme l’arrivée en Allemagne et le contrôle du véhicule par un douanier allemand.
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Métadonnées

N° support :  0075FH0018
Date :  1962
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:01:00
Cinéastes :  Kugler, Jean-Georges
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Tourisme transfrontalier
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Les années 1960 ou l'essort des loisirs transfrontaliers

En 1960, les voyages effectués en voiture se multiplient car la voiture se démocratise. En effet, une classe moyenne émerge et il y a l’avènement de la société de consommation. La Renault Dauphine produite entre 1956 et 1967 en est l’archétype. Posséder une voiture est le signe pour un individu que sa qualité de vie est meilleure et qu’il a la liberté d’aller selon ses envies. Ce film permet de bien analyser l’augmentation du niveau de vie. La voiture est pleine d’affaires, elles sont cachées par un carton. La femme de Jean-Georges Kugler est particulièrement bien habillée et n’est pas en tenue traditionnelle alsacienne, un signe que les femmes s’émancipent peu à peu des codes traditionnels (port d’un foulard sur la tête, port de vêtements qui cachent les jambes et les avant bras). La maison filmée, située à proximité de Ribeauvillé, est bien entretenue. Cela est perceptibles dans la propreté de l’escalier et que la famille vit dans l’aisance financière. Précisons que nous sommes en plein dans la période dite des « Trentes Glorieuses ». Dans le monde occidental, la qualité de vie augmente, l’essence n’est pas cher et le pouvoir d’achat des travailleurs augmente. En effet, la plupart des alsaciens commencent à profiter de cet essor économique pour devenir propriétaires d’une voiture1. Notons que plus d’une famille sur deux est équipée d’un véhicule en 19622. Le film nous montre un changement de comportement, les nouvelles générations sont plus qualifiées et ont un travail mieux rémunéré. En conséquence, ils pratiquent de plus en plus de loisirs durant leur congés car ils ont soif de s’évader3.

Redynamisation du Haut-Rhin

Étonnament, le réalisateur ne filme pas la centrale hydroélectrique de Vogelgrun. Pourtant, il est important de citer cette centrale car elle permet de redynamiser le village. En effet, entre 1870 et 1962, l’occupation du village de Vogelgrun est déclinante. Chaque conflits, que ce soit la guerre franco-prussienne de 1870-1871, la Première Guerre Mondiale ou la Deuxième Guerre Mondiale provoquent chacune une baisse de la population locale. L’implantation d’une centrale électrique à Vogelgrun permet d’accroître progressivement la population du village4 La population du village augmente significativement lors de la construction du barrage hydraulique de 1959. Ici, le film montre que le chantier du pont de Vogelgrun est fini et que le pont est tout neuf. Il est ouvert à la circulation depuis trois ans. Le chantier de ce barrage et la dynamisation de la zone industrielle portuaire de Neuf-Brisach permettent d’augmenter la population du village entre 1959 à 1975. Plus de 240 personnes choisissent de s’installer dans le village entre 1962 et 1975. Il faut noter que la région de Colmar est en pleine industrialisation. En effet, le port de Colmar est construit à proximité de Vogelgrun durant les années 1950-1960 et il permet d’augmenter l’attractivité du territoire sur le plan économique5 6. Une des séquences du film (00:01:29) nous montre que le passage à la frontière est aisé malgré les contrôles. Nous pouvons penser qu’ il y a de longues files d’attentes a cause des frontières,mais le film montre le contraire. Le douanier français fait simplement une vérification des papiers du véhicule. Notons qu’aujourd’hui, les contrôles frontaliers sont plus rares du fait de la mise en place des accords Schengen en 1995.

Un nouveau pont

Si Jean-George Kugler filme le passage du pont, ce n’est pas un hasard : il vient tout juste d’être reconstruit en 1961.En effet, comme à Strasbourg, avant la guerre, le pont de Brisach permettait le passage des véhicules et des trains. Il fut détruit deux fois entre 1939 et 1945. Ce sont les français qui le détruisirent la première fois et  les Allemands la seconde fois. Sa reconstruction est réalisée en 1960-1961 uniquement pour le passage des véhicules7.

Le douanier allemand filmé fait exactement la même chose que son homologue français ; il regarde seulement les papiers de la voiture. Pourtant, une chose n’est pas montré malgré son importance. Il s’agit de la vérification du capot car lors d’un passage de frontière, tout devait être déclaré même les denrées alimentaires. Si un objet non déclaré était trouvé, il était confisqué ou bien une taxe devait être payée de suite comme aujourd’hui pour certains produits en cas de contrôle. L’ouvrage métallique du pont présent dans le film est de la même facture que le pont actuel de Chalampé construit en 19568. Rappelons que cet ouvrage remplace le pont provisoire en bois construit après la guerre afin de pouvoir faire le transport des soldats dans l’Allemagne vaincue9. Cet ouvrage est réalisé afin de désenclaver le territoire haut-rhinois. Durant les années 1950-1970, une industrialisation de la rive française s’opère. Cela est du à l’ouverture du port de Colmar dans les années 1960 et à l’installation de plusieurs centrâles électriques à Ottmarsheim en 1952, à Fessenheim en 1956 et à Vogelgrun en 195710. En 1971, l’État décide avec Électricité de France de construire deux réacteurs nucléaires. Pour une partie de la population locale, c’est une opportunité pour développer économiquement le territoire, pour d’autres, il s’agit d’une menace pour la biodiversité franco-allemande. Au final, les deux réacteurs sont construits et ils sont inaugurés en 197811.

En 2003, la circulation du pont s’élève à environ 150 000 véhicules par jour12. Actuellement, les femmes et les hommes politiques du conseil départemental du Haut-Rhin réfléchissent avec leur homologues allemand du Land du Bade-Wurtemberg sur le rétablissement de la ligne ferroviaire Colmar-Freiburg13.

Personnages identifiés


Jean-Georges Kugler; sa femme; sa fille

Lieux ou monuments


Vosges, pont de Vogelgrun, Fribourg en Brisgau
© OpenStreetMap contributors


Article rédigé par

Camille Schorn, 07 novembre 2019


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