Luge et ski au Tannenwald (0022FN0002)
Résumé
Contexte et analyse
En France, les sports d’hiver connaissent un premier essor dans la seconde moitié du XIXe siècle. Le ski est un moyen de locomotion utilisé dans les pays scandinaves depuis plus longtemps. Avant l'avènement de la société de loisirs, l’idée du ski importée des pays scandinaves est réservée à quelques pionniers aventureux. En France, le fondateur du Club Alpin francais acquiert dès 1878 des skis qui étaient exposés au pavillon norvégien lors de l’Exposition universelle de Paris. Les premières stations de ski ouvrent en France au début du XXe siècle et le premier concours international de ski, organisé par le Club Alpin francais, a lieu au Mont-Genèvre en 1907. Mais l’histoire du ski en Alsace possède ses spécificités. À cette époque, l’Alsace est allemande et est donc soumise à son influence. En matière de ski, la pratique s’organise plus rapidement qu’en France pour la bonne raison qu’il s’est développé plus tôt en Allemagne. Cette dernière possède en effet une culture de la montagne plus forte, les transports et notamment le réseau de chemin de fer dense permettent de se rendre en montagne aisément. De plus, les associations y sont nombreuses et très active. À proximité de l’Alsace se trouve le Massif de la Forêt-Noire où la pratique du ski démarre tôt. En Allemagne, le premier ski club naît à Munich en 1890 et l’année suivante naît le ski club Todtnau puis en 1895 le ski-club Forêt-Noire à Fribourg-en-Breisgau. Le Vogessen Club Strasbourg ouvre une section ski dans les années 1890. A cette époque, la plupart des pratiquants sont des citadins, la pratique et surtout l’achat du matériel étant assez coûteuse.
Mais la séquence filmée ici témoigne aussi d’un autre forme de glisse présente à l’époque: la luge. On ne connait pas de date précise d’apparition de la luge mais on sait qu’elle était déjà utilisée au Moyen-Age: elle servait sur la glace pour le transport de diverses marchandises. Elle est initialement utilisé sur des plans d’eau gelé et plat, et non en descente enneigée. Elle est fabriquée à la main et en bois, sa diffusion s'étend toutes les couches sociales de la société alors que les skis sont plus techniques à fabriquer. De plus en Alsace et plus particulièrement dans le massif des Vosges, la luge est connue depuis longtemps sous sa forme utilitaire, la schlitte. Cette dernière est utilisée comme véhicule de transport, sorte de traineau avec de grand patins. Elle est utilisé par les bucherons pour transporter des charges de bois lourdes et volumineuse en pente, aussi bien en été qu’en hiver. Parallèlement à l’essor du ski, la luge se développe aussi sous sa forme moderne c’est-à-dire essentiellement sur neige et en pente. La pratique consiste à s’assoir sur la luge, se laisser glisser en se guidant avec les pieds. Plus simple que le ski, elle se démocratise facilement aussi bien pour les enfants que pour les adultes et devient un sport d’hiver à part entière. Des pistes de luges sont crées, par exemple celle du Struthof ou du Barembach dans les années 1910.
Une découverte des sports d’hiver
Ce film amateur nous montre une famille pratiquant la luge et le ski dans la foret du Tannenwald durant l’hiver 1931. La séquence est tout d’abord marquée par un enchaînement de plan fixe. L’opérateur est placé à la fin d’une pente très légère et filme les descente successive de la famille. On remarque sur les premiers plans une jeune fille assez maladroite sur des skis, ce qui laisse à penser que ce sont ses premiers essais. Les séquences suivantes captent toujours en plan fixe des descentes en luge par les enfants plus jeune de la famille, dont un est une fois accompagné de sa mère. Cela laisse à penser que le cinéaste est le père de famille. Mais le plan suivant montre un homme lui aussi assez maladroit mais réussissant sa descente, on peut supposer que c’est le père de famille lui aussi assez peu expérimenté dans ce domaine. Sur un des plans suivants, on aperçoit par contre deux skieurs qui semblent plus à l’aise sur leurs skis. Le Tannenwald, qui se situe à proximité de Marmoutier, est à l’époque une zone où le ski se pratique assez fréquemment.
La fin du film nous montre la famille s’amusant et courant dans la neige depuis un autre plan. Cette séquence n’est donc pas en soit un document qui permet d’étudier le ski en Alsace, il est impossible de définir le lieu exact du tournage ou d’identifier les protagonistes ou leur équipement. Elle témoigne plutôt du développement de la découverte et de la pratique des sports d’hiver en famille. Le cinéaste aux travers de ces plans répétitifs souhaite surtout immortaliser une aventure familiale. La découverte de ces sports d’hiver permet en effet aux familles l’accès à une société de loisirs qui par son caractère novateur se doit pour un père de famille d’être immortalisé.Bibliographie
Claude Kauffmann, Grégoire Gauchet, Histoire des sports d’hiver et du ski en Alsace, Pontarlier, Belvédère, 2016.
Bernard Michon, Thierry Terret, Pratiques sportives et identités locales, Paris, L'Harmattan, 2015.
GAUCHET Grégoire, L’aventure du ski dans les Vosges, Strasbourg, 2001
Article rédigé par
Arnaud Migeon, 05 janvier 2020
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