Strasbourg : place de l'Université (0086NN0019)
Résumé
Description
Images floues : une femme jette de la neige à son enfant qui pleure et se dirige vers l’opérateur. La femme prend l’enfant et lui nettoie le visage (coupe). Panorama sur les chaussures de l’enfant (coupe). De dos, un homme tire l’enfant sur une luge (coupe). La luge est ensuite tirée par la femme qui fait le tour du monument Luis Pasteur sur la place de l’université (coupe). Panorama sur l’édifice allégorique représentant Pasteur, devant lui l’enfant et son chien. La femme tire la luge et l’enfant en croisant la caméra vers la gauche, avec en arrière-plan, un bâtiment, des hommes et des voitures qui circulent. La femme sac à la main et l’enfant sur la luge traversent devant la caméra, ensuite la femme pose l’enfant sur un petit mur qui entoure le monument et l’aide à marcher sur le mur en lui tenant son bras (coupe). La femme pousse la luge, bref panoramique sur un groupe d’enfant qui observent la scène (coupe). La femme tire l’enfant avec la luge en courant dans les bois avec en arrière-plan le statut de Goethe (coupe). L’enfant, aidé par sa mère, tire la luge, (coupe) l’enfant tire tout seul la luge (coupe) un homme pousse l’enfant avec la luge.
Contexte et analyse
Depuis 1870 l’Alsace est au cœur du conflit entre la France et l’Allemagne. Annexé par les allemands en 1871, il devient français avec l’armistice de novembre 1918. Cette longue période d’occupation et le rattachement au Reichsland finit par forger une mythologie française de « l’alsace, province perdue ». Après la première guerre mondiale, l’Alsace reconquit oscille entre un patriotisme « de bon en aloi » et un militantisme politique plus radicale avec un l’autonomisme qui se développe. Symbole de prestige intellectuel et culturel de l’Allemagne durant l’annexion, l’université de Strasbourg est au cœur du projet de francisation de l’alsace du gouvernement français de francisation de l’Alsace avec l’envoi à Strasbourg d’éminents professeurs comme Marc Bloch en 1919 ou Pierre Francastel historien de l’art en 1936.
L’université enjeu des conflits franco-allemands
Après la défaite de Sedan, l’Alsace est annexé à l’Allemagne en 1870. Construit en 1879-1884 par Otto Warth sous l’occupation allemande, Le Kaiser Guillaume 1er et son ministre Otto Von Bismarck entendent assimiler ce nouveau territoire au Reich, tout en renvoyant une image prestigieuse du nouvel empire allemand. Strasbourg et sont université en deviennent la vitrine et le symbole d’un prestige intellectuel et culturel. En 1872, un décret impérial institue le Kaiser-Wilhelms-Universität Strasburg. Construite en 1879-1884, par Otto Warth l’université est inaugurée en octobre 1884 en présence de l’empereur en remplacement de l’académie française. L’université allemande de Strasbourg compte cinq facultés dont une faculté de philosophie, une faculté des sciences et mathématiques, une faculté de droit et de sciences politiques, une faculté de médecine et une faculté de théologie protestante. A partir de la rentrée d’hiver 1903-1904, une faculté de théologie catholique est mise en place. Après la réintégration de l’Alsace à la France en 1919, l’université conserve son prestige. Une partie des références germaniques est gommée dans le cadre de la francisation de l’Alsace mais aussi par l’arrivée à Strasbourg d’éminents professeur comme Marc Bloch en 1919. D’important réaménagement pédagogique sont effectués au niveau de l’enseignement de l’université qui ne conserve qu’une chaire d’histoire des religions comme héritage des allemands. En 1929, Marc Bloch et Lucien Febvre mettent en place l’école des annales qui rompe avec l’histoire politique pour un histoire économique et sociale et œuvre pour une histoire intégrée du Rhin. En 1940, Hitler occupe Strasbourg à la suite du « drôle de guerre » et instaure la Reichsuniversität de Strasbourg. Diffèrent du Kaiser-Wilhelms-Universität, la Reichuniversität constitue un outil du régime nazi. Elle est inaugurée en 1941 en présence de 8000 invités, tandis que l’université française de Strasbourg s’est repliée sur Clermont-Ferrand où des étudiants ou des personnels sont torturés ou exécutés par la gestapo, c’est le cas des historiens comme Paul Collomp et de Marc Bloch en 1944. La libération de Strasbourg le 23 novembre 1944 permet à l’université de faire sa rentrée au palais universitaire sous le patronage du General de Gaulle le 5 octobre 1945. Il accueille en 1949 la première assemblée du conseil de l’Europe, en présence du général de Gaulle et de Winston Churchill.
Un paysage inhabituel
On voit dans ce film de Robert Forrer (1866-1947) tourné en hiver, une femme et son enfant qui occupe l’essentiel des séquences avec quelques apparitions d’un homme qui doit être probablement le père de l’enfant. La fixation du camera autour de l’enfant est remarquable dans ce film avec quelques prises de vue sur le paysage avec la neige, les arbres et quelques bâtiments qui entourent la place de l’université. Les tenues vestimentaires des acteurs et un plan fixe sur les bottes et un sol enneigé montre que le film est tourné en hiver. Forrer effectue un plan fixe sur le monument de Luis Pasteur inauguré en 1923 par Alexandre Millerand, qui est un obélisque de 9 mètres de haut planté dans un bassin à décoration allégoriques, représentant le chien enragé et le jeune Joseph Meister qui remercie Pasteur après sa vaccination. Ce monument est démoli sous l’occupation nazi en 1940. D’autres séquences montrent en arrière-plan la statue de Goethe installé sur la place de l’Université en 1904 et qui a été cependant épargné par les nazis. Cependant, il est un peu étonnant d’observer que le bâtiment du palais universitaire n’apparait pas dans ce film tourné devant ses portes mais aussi se demander pourquoi la place est si calme comme apparait dans cette séquence alors qu’elle accueille des centaines d’étudiants ? on retient deux hypothèses comme quoi que soit le film a été tourné en weekend soit pendant les vacances de noël. Donc il apparait clairement comme dans tous les films de famille que la concentration du film autour des personnes et de leurs actions traduit une volonté apparente de mettre en branle la mémoire des spectateurs familiaux
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