Scène de jardinage en famille (0035FH0010)
Résumé
Description
- Plan large d’un jardin au premier plan et d’une grande maison en pierre en arrière-plan. Au premier plan une femme semble enlever les mauvaises herbes, en arrière, un enfant se rapproche progressivement de la caméra.
- Plan moyen avec l’enfant qui porte un chiot par les pâtes avant, la mère le récupère, visiblement la position du chien n’était pas confortable.
- Zoom sur une vielle dame qui s’approche de loin vers la caméra et qui la fixe.
- Plan moyen où la vielle dame prend l’enfant dans ses bras, puis le repose et lui montre la caméra.
- Gros plan en mouvement sur le chiot qui court.
- Plan large du père (?) et de son fils (?) en train de creuser un trou avec une pelle dans le jardin, le film essaye de l’imiter.
- Plan moyen le petit enfant seul en train d’essayer de creuser des trous dans le jardin avec sa pelle.
- Plan moyen sur la vielle dame qui arrose le jardin avec un saut, rapidement accompagnée par le chiot.
- Plan moyen de la vielle dame qui donne à boire dans une petite tasse au chien avec son saut, le petit garçon, de dos, observe avec beaucoup d’attention. Elle retourne ensuite verser de l’eau sur la terre.
- Plan moyen du petit garçon de dos, qui ramasse sa pelle et tient son saut, accompagné par le chiot.
- Plan moyen où l’on voit le côté droit d’un plus grand chien, probablement la mère ou le père du chiot. Le chien fixe la dame hors-champ, puis elle apparaît avec le petit chien dans ses bras. Elle semble le protéger ou tout simplement le rentrer à la maison. La caméra suit horizontalement la vielle dame qui rentre probablement à l’arrière de la maison, dans la cour extérieure ou le poulailler.
Contexte et analyse
Charles Zentz est né en 1907 à Schiltigheim. Il aime filmer ses joies familiales, que ce soit dans son jardin ou autour du sport. Il lègue encore un précieux témoignage de l’occupation nazie en Alsace. Chef de rayon au Palais de la télévision à Strasbourg, il filme avec une grande minutie des plans complexes qui témoignent de son amour pour la caméra. En 1948, il filme avec sa caméra format 8 mm une session de jardinage en famille.
L’apprentissage de « l’art du jardin » aux jeunes générations en Alsace
Le sujet principal du film est l’apprentissage. On peut voir au début du film une mère (?) en train d’arracher les mauvaises herbes et en arrière-plan son fils en train de porter un chiot par le haut des pattes. Sa mère prend le chiot dans les bras pour montrer au jeune garçon comment le porter. On voit ensuite apparaître une vielle dame habillée dans un habit paysan traditionnel marchant vers la caméra et montrant au jeune garçon la caméra qui est en train de le filmer. Charles montre à son fils comment creuser des trous et retourner la terre. La vieille dame arrose les plantations qui n’ont pas encore germé et montre à l’enfant comme donner à boire au chiot avec un saut. L’enfant observe minutieusement et applique ce qu’on lui a appris. M. Zentz témoigne alors dans sa mise en scène d’une grande créativité grâce aux mouvements de caméras et différents plans qui donnent un sens à ce qu’il filme. Pour comprendre cet apprentissage, il faut s’intéresser aux « jardins familiaux ». Le « jardin familial » naît à la fin du XIXème siècle où de petites parcelles publiques sont mises à disposition de la population par la municipalité. Il apparaît dans le milieu ouvrier mais reste très largement minoritaire. Il a pour objectif d’offrir un meilleur équilibre de vie en lui donnant accès à la « propriété » et à une relative autosubsistance. Le jardinage est alors réservé au patronat et aux villes qui y voyaient une manière d’améliorer les conditions sanitaires des populations. Ce n’est qu’après la seconde guerre mondiale que l’on appelle ces parcelles des « jardins familiaux ».
Le développement du jardin particulier pendant la seconde guerre mondiale :
C’est par la mise en potager des jardins familiaux et la diffusion d’un « art du jardin » que les jardins particuliers vont pendant les années 1940 devenir un moyen d’épanouissement mais surtout de subsistance en temps de crise alimentaire qui frappe la France et l’Europe après la seconde guerre-mondiale. Pendant les périodes de guerre, le jardin devient un espace agricole, producteur de denrées alimentaires essentielles. Dans le gouvernement de Vichy, les dirigeants politiques ont vu dans ces espaces un moyen de favoriser le retour aux valeurs familiales et terriennes. On compte en 1945 près de 250 000 jardins familiaux devenus potagers particuliers, contre moins d’un millier en France au début du XXème siècle. Tout ce qui nous est présenté dans le film nous montre les gestes simples comme mettre en pot, retourner la terre, planter des arbres, semer des graines, nourrir les animaux. Tout cela fait partie d’un apprentissage qui n’est pas naturel, mais bien institué progressivement partout en France et en Alsace pendant le XXème siècle. Ce film est ainsi un précieux témoignage de l’apprentissage légué par les anciens aux plus jeunes dans un contexte de pénurie alimentaire qui pousse au développement des jardins particuliers.
Une mise en scène et un montage au service d’un documentaire familial
Il utilise majoritairement dans le film des plans moyens pour donner l’impression d’un documentaire où l’on suit l’apprentissage d’un jeune garçon. Cela est accentué par le chiot qui suit les personnages dans tous leurs déplacements. Grâce aux gros plans et au montage qui supprime les scènes dans lesquelles on ne voit pas le chiot, Charles réussit à donner une allure candide et complice au jeune garçon et au chien qui apprennent tous les deux à découvrir la vie rurale en se déplaçant dans le jardin. Cela est encore plus accentué par la scène finale dans laquelle la vieille dame tient le chiot dans ses bras et l’emmène dans une basse-cour. Sur son chemin vers l’arrière de la maison, on peut voir par un plan moyen qui pivote horizontalement sur un chien plus âgé. Il s’agit d’un boxer, probablement un bâtard si l’on observe sa taille, chose peu étonnante, car ces derniers sont joueurs et très actifs, ce qui en fait un chien idéal pour les enfants. Il est aussi protecteur, ce qui fait de lui un excellent chien en milieu rural pour la garde. Ce film nous permet ainsi de comprendre l’apprentissage qui entoure l’art du jardin, qui en 1948 se développe de plus en plus.Bibliographie
Clément Gilles, Une brève histoire du jardin, Paris, Jean-Claude Béhar éditions, 2011.
Peter Armand, Schiltigheim au XXe siècle, Strasbourg, Editions BF, 2007.
Roland Oberlé, Terres d'Alsace. Mutations du monde paysan et enjeux agroalimentaires, Strasbourg, Serengeti, 1994.
Article rédigé par
William Groussard, 04 janvier 2020
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