Mariage (0016FH0019)


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Résumé


Cérémonie filmée du mariage d’Annette Klein et Pascal Weill à Strasbourg en 1971.
Développer

Métadonnées

N° support :  0016FH0019
Date :  1971
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:13:07
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Mariage
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Un mariage orthodoxe

Tout comme chez les chrétiens, où le père emmène sa fille à l’autel, pendant que le futur mari, qui y a déjà été conduit par sa mère l’attend, chez les juifs, le père emmène sa fille à la houppa, son futur mari l’attendant dans le dais dans lequel il a déjà été conduit par sa mère. Cependant, dans l’orthodoxie juive et comme c’est le cas dans le film, c’est l’homme qui amène l’homme à la houppa. Il en est de même pour les femmes, c’est la femme qui emmène la femme au dais. Dès lors, le marié y est conduit par son père et son futur beau-père, la mariée par sa mère ainsi que par sa future belle-mère. Lors du discours du Grand Rabbin Warschawski, les panoramas sur la famille et les invités, montrent que les hommes et les femmes, répartis derrière ainsi que sur les côtés du dais, ne se mélangent pas. Ainsi, comme le veut l’orthodoxie, un côté est réservé aux hommes, un autre aux femmes.

Une fois installé dans le dais nuptial, symbolisant le nouveau foyer que le couple doit construire, le talit est déposé sur les épaules des mariés, les kiddoushin (fiançailles) peuvent alors commencer. L'objectif de la caméra est focalisé sur le rabbin Schlesinger versant le vin dans le verre à kiddoush, mais ne capture par les deux bénédictions qui ont été récitées comme le veut la tradition. Le rabbin Schlesinger lit ensuite la ketouba (l’acte de mariage) dans une formule en araméen identique à toutes les ketoubot. Ainsi, contrairement au mariage chrétien, le mariage juif n’est pas sacré puisqu’il consiste à la signature d’un contrat. Il y a, après la lecture de l’acte de mariage, une sorte de temps mort durant lequel les mariés signent la ketouba. Pendant ce temps, le caméraman filme les membres de la famille en train d’attendre. La lecture et la signature du contrat de mariage sont suivies du kiddoush, le moment où les mariés goûtent le vin. Les kiddoushin se terminent sur l’échange des alliances. Pendant que le marié met l’anneau à l’index droit de sa fiancée, il lui dit : « Tu m’es consacrée par cet anneau selon la loi de Moïse et d’Israël ». L’homme acquiert donc la femme, le mariage est en quelque sorte un contrat d’achat d’où la possibilité de divorcer. Les conditions du guet (divorce) ainsi que la dot sont indiquées dans la ketouba.

Ensuite, les mariés s’isolent dans une pièce afin de déjeuner quelque chose puisqu’ils sont, pour être purs, à jeun depuis le matin, le mariage est ainsi consommé symboliquement. Bien évidemment, le caméraman n’a pu capturer ce moment, mais nous voyons les mariés avancer au milieu des invités avant de s’isoler ainsi qu’à la sortie de la pièce. Le film se termine sur les nissouin (mariage) avec la première des sept Shiva Brakhot (sept bénédictions nuptiales). Malgré le fait que le vidéaste n’ait pas filmé cet événement, la récitation de ces bénédictions, est suivie par le brisement d’un verre, symbolisant le deuil de la destruction du temple ainsi que l’alliance entre le couple. Pendant les six jours qui suivent le mariage, les sept bénédictions nuptiales sont récitées à chaque repas, la première ayant été effectuée le jour même du mariage. Enfin, au temps de la Guemara, les kiddoushin et les nissouin étaient espacés d’un an afin de préparer le mariage. De nos jours, les fiançailles et le mariage se passent le même jour, permettant ainsi d’éviter, durant la période d’intervalle entres les kiddoushin et les nissouin, la consommation du mariage ou la séparation des fiancés.

La présence de toute une communauté

L’œil du spectateur est immédiatement frappé par le nombre d’invités dont parmi eux, le nombre de rabbin. À première vue, cela paraît tout à fait normal qu’il ait autant de rabbins à un mariage. De plus, cela s’explique par le fait qu’en Alsace les rabbins sont payés par l’État, le régime concordataire n’ayant pas été aboli lors de la séparation des Églises et de l’État en 1905. Pourtant, le mariage n’étant pas sacré, il s’agit, comme nous l’avons vu, de la signature d’un contrat, la présence d’un rabbin n’est pas obligatoire. Toutefois, même si leur présence n’est pas obligatoirement requise, il y a en général, toujours un rabbin lors des mariages. Ce mariage, en plus d’être exceptionnel par le nombre de rabbins présents, l’est par le nombre d’invités, dont parmi eux, d’éminents membres de la communauté strasbourgeoise.

Rolande Klein et les enfants de la classe du Cerf du Gan Chalom © Le site du judaïsme d'Alsace et de Lorraine

Le nombre d’invités parmi lesquels la présence de grands intellectuels s’explique par le fait que les parents des mariés sont connus de toute la communauté. Étienne Klein, le père de la mariée, était le photographe officiel de la communauté et sa femme, Rolande, était la directrice du Gan Chalom, le jardin d’enfants de la communauté, de 1965 à 1991. Georges Weill, le père du marié, était l’un des administrateurs communautaire et sa femme, Janine, une intellectuelle. Parmi les membres éminents de la communauté invités à ce mariage, la présence de Max Warschawski, Grand Rabbin de Strasbourg et du Bas-Rhin, ainsi que celle d’Eliyahou Abitbol, rabbin de la yechiva des étudiants de Strasbourg, sans oublier celle du couple Neher et de Benno Gross sont à souligner.

Benno Gross et André Neher faisaient partie des principales chevilles ouvrières de la reconstruction de la communauté juive de Strasbourg après la Shoah. En 1948, Benno Gross fonde l’école Aquiba qu’il dirige jusqu’en 1969. Cette école était l’une des réalisations les plus importantes de la reconstruction spirituelle d’après-guerre parce qu’elle dispensait aux jeunes générations une éducation profane et religieuse afin de leur transmettre les valeurs morales et spirituelles du judaïsme pour qu’elles puissent vivre une vie juive intégrale. André Neher, était aussi l’un des piliers du renouveau du judaïsme français d’après-guerre. Renée, sa femme, était quant à elle, historienne. Enfin, Eliyahou Abitbol est le fondateur de la yechiva des étudiants de Strasbourg. Cette institution fondée après la guerre des Six Jours à Strasbourg et déplacée à la fin des années 1980 à Paris avait, et a toujours, pour but d’enseigner le Talmud à des étudiants juifs non-initiés.

Ces intellectuels juifs font leur alya (montée) à la fin des années 1960 soit après la guerre des Six Jours de 1967. À partir de ce moment-là, la communauté juive de Strasbourg est dirigée par des hommes politiques comme Jean Kahn et non plus par des intellectuels. Cela n’est pas sans conséquence après le massacre de Sabra et Chatila en 1982 puisque l’on passe d’un soutien des intellectuels à Israël comme peuple juif à un soutien à l’État d’Israël, c’est-à-dire à ses dirigeants politiques par les responsables communautaires. Alors qu’avant, il s’agissait d’un soutien populaire.

Personnages identifiés


Étienne Klein, Rolande Klein, Marc-Henri Klein, Annette Klein, Nadine Klein, Philippe Klein, Laurence Klein, Yves Klein, Georges Weill, Janine Weill, Pascal Weill, Philippe Kahn, Lise Kahn, Max Warschawski, Claude Spingarn, Samuel Yaffe-Schelsinger, Eliyahou Abitbol, André Neher, Renée Neher, Benno Gross.

Lieux ou monuments


France, Strasbourg, Association Sportive Menora, centre communautaire de la grande synagogue de la Paix.

Bibliographie


RAPHAËL Freddy et WEYL Robert, Juifs en Alsace. Culture, société, histoire, Toulouse, Privat, 1977.

RAPHAËL Freddy (dir.), Le judaïsme alsacien. Histoire, patrimoine, traditions, Strasbourg, La Nuée Bleue, 1999.
© OpenStreetMap contributors


Article rédigé par

Nicolas Laugel, 05 janvier 2020


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