Festival de gymnastique à Ostwald (0021FN0004)
Résumé
Contexte et analyse
Sous le Second Empire, la médecine, alertée par le péril sanitaire encouru par la population, recommande la pratique de la gymnastique. D’abord méfiants, les individus évolueront rapidement et adhéreront à la pratique. En plus de son intérêt hygiéniste, la défaite franco-prusse lui confère une teinte forte revancharde et nationaliste. Plus qu’une simple pratique sportive, la gymnastique déborde alors sur des domaines dont elle servira les objectifs ; formation de citoyens-soldats (idée renforcée par le traumatisme des « provinces perdues »), de républicains et d’individus socialisés. Pour toutes ces raisons, la gymnastique reste pendant longtemps une pratique essentiellement masculine. Les préoccupations hygiénistes, cependant premières à sa popularisation, permettent une présence féminine mais qui reste moindre. Le développement de la gymnastique en Alsace-Lorraine continue avec l’annexion allemande : la politique de germanisation s’appuie, en plus de l’enseignement de la langue allemande, par la pratique obligatoire du « Turnen » (gymnastique en allemand), perçu comme une pratique capable de développer la force morale et physique des adolescents.
Importance des démonstrations publiques
Le film s’ouvre sur la foule des spectateurs affluents au festival. Par cette séquence, Emile Breesé nous montre l’intérêt que suscitaient ces fêtes et la sympathie et l’enthousiasme de la société dont elles bénéficiaient. En effet, les sociétés de gymnastes comptaient à cette époque beaucoup d’élèves et la plupart des villes en avait une. Elles organisaient de grands festivals et des compétitions à différentes échelles, à l’image du concours régional de l’Avant-garde du Rhin, qui eut lieu en du 11 au 13 juillet 1936 à Strasbourg (Les Jeunes d’Alsace : bulletin des cercles catholiques, n°26, 28 juin 1936). Les gymnastes filmés par Emile Bressé sont sans doute ceux de la société gymnastique de Saint-Ostwald, qui était affiliée à l’arrondissement de Strasbourg-ville au sein de l’Avant-garde du Rhin. (Annuaire de la Fédération gymnastique et sportives des patronages de France, 1934). Le très court instant dédié à la foule permet de distinguer que ces événements s’adressaient à tous : enfants, femmes et hommes de tout âge. Mais le festival ne se borne pas à de simples démonstrations de gymnastique. Une autre séquence suivante nous laisse entrevoir un trio de cuivre (le hors champs cachant peut-être un orchestre). Dans toutes les scènes, les champs sont remplis de monde ; ces festivités, qui dépassaient le cadre sportif, s’adressaient à tous et étaient l’occasion de se retrouver le week-end autour de ces animations. Le film se clôture sur l’image d’un homme en train de parler devant la foule, notes en main, sans doute en plein discours. En effet, héritées de la défaite de 1871 puis renouvelées par la victoire de 1918, les démonstrations d’appartenance à la République étaient communément mêlées aux exercices de gymnastiques des. Ainsi, les exercices de gymnastique se retrouvaient mêlés au sein de ces festivités à des discours et défilés exacerbant les valeurs de la République.
La pratique de la gymnastique
Bibliographie
DREIDEMY (Éric), « La gymnastique à l'école pour germaniser l'Alsace-Lorraine (1870-1890) », Staps, vol. 80, no. 2, 2008, pp. 7-22.
Article rédigé par
Geneviève Velicitat, 04 janvier 2020