Procession Fête-Dieu à Geispolsheim (0020FH0019)
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
La caméra est peut-être positionnée sur le balcon d’une maison, permettant d’avoir un angle large sur la rue pour suivre la procession.
De part et d’autre de la rue, observant la procession, majoritairement des hommes en costume moderne, des femmes, des enfants. Des drapeaux flottent aux maisons.
On voit d’abord passer, encadrée par quelques moniales, une foule de jeunes filles, qui portent un chapeau, et la plupart vêtues de blanc. On peut penser qu’il s’agit de premières communiantes. Au fond, des personnes portent des bannières sur lesquels figurent des croix.
Ensuite on voit deux groupes de femmes, qui portent chacun la statue d’un saint. Ces femmes sont entourées de jeunes filles portant un chapeau fleuri et tenant quelque chose en main. Derrière le 2e groupe figurent un groupe de jeunes enfants en aube.
Vient ensuite le cortège principal, en rangs. Tout devant se trouve l’orchestre (certainement la musique municipale). On voit ensuite défiler des hommes et des femmes en costume moderne (peut-être une chorale), avec de côté un servant d’autel brandissant une bannière, des pompiers casqués. Au devant des pompiers un homme tient une grande croix entourée d’une couronne végétale. Les pompiers entourent le grand dais sous lequel le prêtre porte l’ostensoir du Saint Sacrement. L’image coupe avant que l’on puisse voir plus nettement le dais, mais on aperçoit plusieurs personnes s’agenouiller et faire le signe de croix à son passage. On voit alors deux files d’hommes en costume moderne qui marchent, laissant le milieu de la route libre, ce qui permet de voir que le sol est décoré tout le long (des motifs, mais on ne sait en quoi, en fleurs, herbe, ou sciure). Un homme porte haut une bannière. Viennent ensuite femmes et enfants, dont plusieurs à vélo. Certains observateurs se mêlent à la foule.
Contexte et analyse
La Fête Dieu, aussi appelée Fête du Saint-Sacrement, est une fête religieuse essentiellement catholique, fériée dans certains pays, célébrée le jeudi qui suit la Trinité, soixante jours après Pâques, ou le dimanche d’après comme en France. Cette fête commémore la présence réelle de Jésus-Christ dans le sacrement de l’Eucharistie, c’est-à-dire sous les espèces (apparences sensibles) du pain et du vin consacrés.
Les origines de la Fête du Corps et du Sang du Christ remontent au XIIe siècle. L’élévation de l’hostie, lors de la messe, manifestait déjà le désir de contempler le Saint-Sacrement. Des fêtes ont lieu à Liège dès le début du XIIIe siècle. Un miracle a lieu en 1263 en Italie, à Bolsena : lors d’une messe, l’hostie aurait pris une couleur rosée et des gouttes de sang tachèrent le corporal. C’est suite à ce miracle que cette fête fut instituée officiellement le 8 septembre 1264 par le pape Urbain IV, ancien archidiacre de Liège, après une impulsion de la recluse Eve de Liège. Son institution est aussi un moyen d’orienter le débat théologique commencé par Bérenger de Tours qui, au XIe siècle, niait la présence réelle du Christ dans l’Eucharistie. La bulle énonce qu’«il est juste néanmoins, pour confondre la folie de certains hérétiques», et pour «renforcer la foi catholique» de célébrer le Saint-Sacrement. Durant ce même siècle, plusieurs grandes figures mettent en avant la place de l’Eucharistie : Saint-François d’Assise, Sainte Claire, Saint Thomas d’Aquin. La bulle n’est appliquée uniformément qu’à partir du concile de Vienne (France) de 1311-1312, sous Clément V, et la procession festive est prévue par son successeur Jean XXII. La Fête Dieu est mentionnée à Colmar dès 1309 d’après un inventaire, même si les dominicains ne l’intègrent dans leur liturgie qu’en 1321. Il y a de plus nombreuses sources pour le XVe siècle, et un document de 1556 en décrit le rituel. Le jeudi il y a une messe dès 4h30, la procession commence à 7h, avec des habits spécifiques, un ordre de défilé, tracé bien défini, puis une grande messe au retour à l’église. Le dimanche de l’octave donne lieu à une procession durant laquelle les cloches sonnent. Parmi les ornements utilisés, des roseaux, des fleurs, des couronnes. Les corporations défilent avec leurs cierges, on met des vêtements luxueux, on sort des bannières, tableaux, crucifix. Le concile de Trente (1547-1563) justifie à son tour la présence de cette fête et son faste : il faut «que la vérité victorieuse triomphe du mensonge et de l’hérésie» (la Réforme avait fortement remis en cause la transsubstantiation) ; par ailleurs il est juste que lors de certains jours, les chrétiens «témoignent de leur gratitude et dévot souvenir envers le commun Seigneur et Rédempteur». Il y a donc un double objectif d’affirmation d’une doctrine et de mémoire et célébration de Jésus.
Comment la fête se déroule-t-elle concrètement ? Dès l’aube, les fidèles sont mobilisés pour participer à l’ornement des autels (au nombre de 4 généralement). Puis les paroissiens participent dans leur quasi-totalité à la célébration, ainsi que toutes les forces vives de la commune : l’orchestre d’harmonie local, la chorale, les pompiers, le conseil municipal et les notables locaux, le conseil de fabrique. Cela donne un aspect populaire, unificateur, à cette fête considérée comme un des sommets de l’année liturgique, et un ravissement pour tous par la décoration abondante. Selon les rédacteurs de l’ouvrage historique sur Geispolsheim (éd.Coprur, 1999), il s’agit d’une «profession de foi de tout un peuple en liesse, un témoignage communautaire de l’attachement de la population à Jésus-Christ présent dans le saint sacrement».
Pendant la procession, le prêtre porte l’Eucharistie dans un ostensoir au milieu des rues et des places qui étaient autrefois richement pavoisée de draperies et de guirlandes. On abrite le Saint-Sacrement sous un dais porté par des notables. C’est donc une fête où Dieu se fait visible, il va au contact de la foule par l’exposition de sa chair et de son sang. On marche habituellement sur un tapis de pétales de roses que des enfants jettent sur le chemin du Saint-Sacrement. Les rues sont couvertes de fleurs, branches, sable, sciure. Des statues sont portées : celle de Marie, de Sainte Anne, de Saint-Sébastien, parfois aussi le patron du village. La procession est ponctuée par plusieurs arrêts devant des stations où l’on trouve des reposoirs couverts de fleurs, arrêts qui permettent d’exposer le Saint-Sacrement et de bénir la foule, et d’offrir un instant de méditation.
Bibliographie
BERTHOLET, Jean, Histoire de l’institution de la Fête-Dieu, Liège, 1746
DEBUS KEHR, Monique, « La Fête-Dieu à Colmar à la fin du Moyen Âge », Revue d’Alsace n°141, 2015
SPINDLER, Charles, Ceux d’Alsace, Place Stanislas, 2010 (rééd.)
VAN GENNEP, Arnold, Le folklore français - tome 2. Cycles de mai, de la Saint-Jean, de l’été et de l’automne, Robert Laffont, 1999 (rééd.)
Geispolsheim, Strasbourg, Coprur, 1999
Ostwald, Strasbourg, Coprur, 1999
Buhl, Strasbourg, Coprur, 1998