Mariage Oberseebach (0005FI0013)
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
[Oberseebach[1], scènes de jours filmées en été. Le cameraman fait partie de la foule de spectateur (peut-être étaient-ils à deux? Il semblerait parfois que certaines scènes aient été prises simultanément mais sous deux angles de vue différents).]
Plan d'ensemble d'un terre plein paysagé, arboré et fleuri, donnant vue sur des habitations. On aperçoit le clocher de l'église au loin.
Plan d'ensemble mettant en scène des personnes assises sur le muret d'une maison alsacienne fleurie. D'autres sont debout sur le trottoir. Elles semblent attendre quelque chose.
Séquence de plusieurs plans d'ensemble consécutifs, représentant la mise en place des différents participants de la cérémonie. Des hommes à cheval se mêlent à la foule. Ils sont vêtus d'une tenue traditionnelle composée d'un haut et d'un bas blanc, d'un gilet noir ainsi que d'un couvre-chef en peau d'animal. Un homme vêtu d'une chemise ample bleue, d'un pantalon et d'un chapeau noir tient les liens d'une vache. La foule de passants est toujours présente à l'arrière. Regroupement de cavaliers en costume blanc et noir au couvre-chef en peau d'animal devant les habitations du village. Deux femmes, dont l'une tient une petite fille par la main, tiennent ensemble une grande corbeille en osier. Les femmes sont vêtues d'une chemise et de bas blancs et d'un robe noire brodée, sur laquelle est nouée un tablier blanc. Elles portent des couronnes de fleurs dans les cheveux. La fillette porte également une chemise et des bas blancs, une robe noire et un fichu noir sur sa tête.
Longue séquence de plans d'ensemble et travelling du cortège de fête. Fanfare composée de musiciens vêtus d'un costume local composé d'un pantalon et d'une chemise blanche, d'un gilet noir et d'un chapeau noir. Parade de jeunes hommes à cheval. Ils portent le même costume local que les musiciens, on retrouve le couvre-chef en pelage d'animal. On retrouve l'homme vêtu d'une tunique bleue et sa vache. Elle tire une sorte de chariot sur lequel est posé un objet imposant qui semble être une caisse? Un couple de personnes relativement âgées pousse un objet imposant (peut-être un meuble?). L'homme est vêtu de bleu (certainement un habit de travail) et la femme porte une chemise et des collants blancs et une robe noire. Ses cheveux sont tressés. Voiture poussée par des chevaux de traie. Le "cocher" ne porte pas de costume local. L'arrière de la voiture a été décoré à la manière d'une cuisine traditionnelle (buffet, table, banc, casseroles et poêles sont pendues à la structure du chariot) . Une femme en costume traditionnel est assise sur un banc, une autre semble faire la quête auprès des spectateurs du cortège. La séquence suivante est assez similaire: une voiture tirée par deux chevaux de traie, l'arrière est décoré à la manière d'une cuisine (table, chaise, four à bois à l'arrière?). Un kougelhopf est posé sur la table. Une femme vêtue d'un costume traditionnel fait la quête auprès des spectateurs.
Une fanfare , devancée d'un petit garçon qui tient un panneau de bois avance en rythme. Hommes et femmes portent le même costume: un bas noir (pantalon pour les hommes, jupe pour les femmes), une chemise blanche et un gilet rouge. Tous portent des chapeaux noirs. Des danseurs folkloriques en tenue traditionnelle les suivent.
S'en suit une autre séquence où défilent des chars aménagés: deux femmes en tenue traditionnelle joue une scène de vie quotidienne: l'une est en train de coudre avec une vieille machine à coudre, l'autre est en train de repasser avec un fer en fonte. La prochaine charrette met en scène des hommes vêtus de blouses de travail. Sur la charrette il y a plusieurs fûts de vin. Dans le rush suivant on aperçoit un vendangeur qui précède une fanfare similaire à celle décrite ci-dessus. Un char décoré de sapin et rempli de femmes et d'enfants introduit une séquence représentant un cortège d'enfants et de jeunes vêtus de la tenue traditionnelle. Le prochain rush met en scène des couples de Seebachois catholique, reconnaissable grâce à la coiffe en dentelle blanche de la femme. Un autre char défile, avec à son bord, des femmes vêtues du même costume que les membres de la fanfare précédentes et des hommes (dont un jouant de la guitare) en blouse bleue. La prochaine séquence montre un défilé de plusieurs calèches de mariage fleuries avec à leur bord des jeunes gens, mariés ou célibataires en fonction de leur costume, mais aussi des enfants.
Une fanfare composée de musiciens en tenue traditionnelle seebachoise précède un groupe de jeunes personnes protestantes en tenue raditionnelles ainsi que des demoiselles d'honneur.
Dans la séquence suivante, on assiste à l'arrivée de plusieurs chars et charrettes, tirés soit par des boeufs ou des chevaux et qui véhiculent du mobilier de maison: une table, une armoire, un lit.
Les images suivantes montrent un groupe en tenue traditionnelle catholique. Un plan moyen sur un couple seebachois permet de discerner les détails de leur costume.
Une roue de charrette est tirée par des chevaux de traie, menés par un homme en tenue de travail. Trois hommes s'amusent en s'accrochant à la roue et en tentant d'y rester. Ils sont suivis par le groupe de conscrits du villages. Un de leur membre agite un drapeau tricolore, tandis qu'il est suivi par le char décoré à leur image de sapins et de drapeaux.
Gros plan sur quelques spectateurs souriants. Gros plan également sur une maison à colombage joliment fleurie, devant laquelle un panneau y annonce la tonte de moutons.
Gros plan sur la calèche fleurie des mariés seebachois, accompagné d'un homme et d'une demoiselle d'honneur.
Plan d'ensemble de deux demoiselles d'honneur qui prennent un panier d'osier rempli de linge en main. Une passante interpelle l'une d'entre elle.
Plan d'ensemble sur un groupe d'enfants puis de jeunes gens en tenue traditionnelle.
Contexte et analyse
S'il y a bien une fête qui caractérise le village de Seebach depuis plus de 30 ans, c'est la Streisselhochzeit, la fête du mariage au bouquet. Située à environ 10km au sud de Wissembourg, il attire chaque été depuis 1982 l'attention de nombreux curieux venant d'Alsace mais aussi d'Outre-Rhin. Cette fête permet notamment, le temps d'un weekend au mois de juillet, de redécouvrir et faire revivre par le biais de manifestations folkloriques, de cortèges, de démonstrations musicales les anciennes traditions locales relatives à la vie quotidienne et plus spécifiquement au mariage paysan.
La Streisselhochzeit, vitrine de la vie paysanne traditionnelle
- Les costumes traditionnels
Les habits traditionnels faisaient partie intégrante de la vie rurale alsacienne jusqu'au début du siècle dernier dernier, où, poussés par le progrès et l'industrialisation, les villageois privilégièrent un habillement plus pratique et à la mode citadine. Ainsi, le port de cet habit ancestral disparu progressivement du paysage quotidien, pour ne sortir des placards que pour des occasions spéciales. Avant toute chose, il n'est pas négligeable de rappeler que le costume traditionnel alsacien ne se limite pas uniquement à celui de l'Alsacienne en jupe rouge et au gros noeud noir dans les cheveux. C'est une vision totalement erronée de l'habit traditionnel, puisqu'il existe autant d'habits différents que de communes alsaciennes, voire plus. Le costume traditionnel relève d'une codification bien particulière. Véritable marqueur social, il change en fonction du sexe, du statut social et marital de la personne, de son âge mais aussi de sa confession et se décline alors en plusieurs variantes. Ces codes se retrouvent dans la plupart des contrées alsaciennes. A Seebach, ces codes vestimentaires sont d'autant plus importants car deux communautés religieuses se cotoient au sein du village: d'une part les protestants, d'autre part les catholiques. Ils permettent alors de définir à vue d'oeil, l'identité de la personne. Leurs différents habillements sont tous visibles dans l'extrait ci-dessus, nous tenterons d'en établir les caractéristiques générales. L'habit se porte dès le plus jeune âge. De manière générique, les enfants catholiques et protestants s'habillent de la même manière, mais des distinctions peuvent avoir été faite autrefois, notamment chez les filles au niveau de la coiffure.
Les filles portent une sorte de bonnet noir qui recouvre les oreilles, le béguin. Leur habit est composé d'une chemise blanche retroussée aux manches et brodée de leurs initiales respectifs, au dessus de laquelle elles portent un corselet noir généralement en velours, brodés de fleurs. Un plastron, pièce triangulaire en carton recouverte de tissus est ajouté au niveau du décolleté. Ce dernier est orné d'un gros noeud. Le tout est glissé sous la jupe noire qui est doublée et rembourrée à l'aide d'un "bourrelet" pour y apporter plus de volume. Cette dernière leur arrive à hauteur de mi-mollet, ce qui oblige le port de bas blancs. Il ne faut pas oublier le tablier en soie, de couleur sombre, pièce maîtresse du costume, bien souvent minutieusement brodé de fleurs colorées. Un foulard noir à fleurs vient également parfaire la tenue. Les chaussures se veulent noires et sobres. En grandissant, ce sont essentiellement les coiffes qui différent, notamment en fonction de la religion. La protestante portera une petite coiffe en brocard rouge (ou noir, pour les occasions spéciales) qu'elle noue au dessus de la tête, alors que la catholique arborera une petit bonnet blanc en tulle, souvent brodé de fleurs et noué en dessous du menton. Une autre étape décisive est celle du mariage. Du côté protestant, les épouses portent un petit bonnet noir noué à l'arrière de la tête et dont deux lanières noires cachent les oreilles. Du côté catholique, la coiffe ne change pas, seule une collerette blanche placée sous son foulard indique que la femme est mariée. En vieillissant, les femmes protestantes et catholiques portent la Nawelskapp, un bonnet noir de veuve.
Quant au costume masculin, son évolution est plus simple à suivre. Le petit garçon est généralement vêtu d'une chemise blanche, d'un gilet et d'un pantalon noir. Il porte une Morischelskapp, un bonnet de laine noire tricoté et dont la bordure est tressée dont la forme rappelle celle d'une morille, d'où son appellation de "bonnet morille". En grandissant, dès 14-15 ans, le garçon protestant porte un pantalon blanc et change de couvre-chef. Il opte pour la toque en fourrure de putois, typique pour les jeunes hommes célibataires et protestants de Seebach. Son acolyte catholique préfèrent alors porter un chapeau noir plus classique. Lorsqu'ils se marient, les hommes protestants et catholiques portent un pantalon noir, parfois une redingote ou une veste plus courte à boutons et une chapeau de feutre noir à bord large ou encore un tricorne.
- Les scènes de la vie quotidienne
D'après la description faite par le chanoine Knittel en 1937[2], la population de Seebach était essentiellement paysanne. Elle travaillait la terre et élevait du bétail. Le travail était alors physique, dans les champs comme à la ferme. Les costumes décrits ci-dessus ne sont alors pas d'usage en semaine, car bien trop précieux. On les revêtait le dimanche ou lors de festivités. Pendant la semaine, les agriculteurs s'habillaient plus simplement, avec des pièces en tissus moins noble et moins travaillé. C'est ce que l'on peut voir dans l'extrait ci-dessus. Les hommes étaient notamment vêtus d'une blouse de travail bleu clair, assez ample et à la finition grossière: le Liggerhemd. Pas de chaussures noires vernies, ce sont de solides sabots que le paysan chaussait dans les champs. Un des buts du cortège de la Streisselhochzeit est bel et bien de redonner vie aux coutumes paysannes. C'est ainsi que l'on peut apercevoir des bœufs et des chevaux de traie, symbole du travail agricole effectué dans le village. Effectivement, jusque dans la période de l'après Seconde Guerre Mondiale, Seebach pratiquait une agriculture de subsistance. C'est à partir des années 1960 que le territoire s'est tourné vers l'industrie. Sur environ 190 exploitations agricoles familiales au XIXe siècle, il en subsistaient une trentaine dans les années 1980[3]. Ces exploitations familiales étaient majoritairement spécialisé dans l'élevage de bovins, de cochons et de moutons, mais aussi de volaille. Un animal faisait la fierté des seebachois: les chevaux. Ils étaient d'excellents cavaliers, caractéristique que l'on retrouve également dans le cortège de la Streisselhochzeit. En ce qui concerne les cultures, elles sont essentiellement céréalière et arboricole. On repère dans les extraits une charrette chargée de fûts. La région n'étant pas particulièrement viticole, on peut en déduire que les organisateurs ont peut-être voulu représenter la production de vin, de cidre ou encore de schnaps réalisée à partir des fruits de ces nombreux arbres fruitiers. Les femmes quant à elles, avaient non seulement un rôle primordial à jouer dans l’éducation des enfants mais également dans le bon maintien du ménage, symbolisé dans la vidéo par la mise en scène de travail à la machine à coudre ou de repassage. En outre, elles étaient d'une grande aide pour leurs maris, qu'elles aidaient aux champs et à la ferme. Les Seebachoises excellaient dans l'élevage d'oies, dont le foie gras était vendu jusqu'à Strasbourg. A l'instar de leur époux, elle disposaient aussi d'un habit de tous les jours. Elles ne portaient pas de corset mais une espèce de sur-veste plus foncée, un tablier, un fichu blanc et, bien évidemment, des sabots.
- Les conscrits
Une autre catégorie de personnes représente très bien les coutumes alsaciennes qui colorent aujourd'hui encore partiellement le paysage alsacien: les conscrits. Même si les origines de leur existence n'est pas à proprement dit régionale, les rituels les concernant sont restés bien ancrés dans notre société alsacienne. Leur histoire prends ses origines en l'an 1818, où le recrutement des jeunes gens pour l'armée française s'est nouvellement fait par tirage au sort.
=== Le rituel nuptial de Seebach ===
- ↑ plutôt Seebach. La commune s'est appelée Oberseebach jusqu'en novembre 1974, où elle a été fusionnée avec le village de Niederseebach.
- ↑ George KNITTEL (chanoine): "Oberseebach", Odilien-Kalender für das Jahr 1937. Cité dans: Seebach, Strasbourg, Editions COPRUR, 1985.
- ↑ Caisse Mutuelle de Dépôts et de Prêts de Seebach, Seebach, Strasbourg, Editions CORPRUR, 1985, p. 188.