Défilé nazi place Kléber et boulevard Wilson Strasbourg (0021FN0002)
Événements filmés ou en lien
Résumé
Description
Des hommes en uniforme militaire allemand alignés place Kléber sur des lignes blanches tracées sur le sol et sont encadrés par des officiers. Des drapeaux nazis sont accrochés sur l'Aubette. Ils paradent, il y a une fanfare militaire suivie par des porteurs d'étendards et de drapeaux. La rue est peu fréquentée mais de jeunes garçons les suivent sur le côté passant près d'un soldat qui reste sur place en faisant le salut hitlérien. On voit ensuite des hommes en pantalon noir, chemise blanche et cravate portant un brassard au bras gauche; puis des hommes en uniforme noir.
Contexte et analyse
Conquise en 1870 par la Prusse de Guillaume II, l'Alsace intègre pour 50 ans le Deuxième Reich. En France, la "province perdue" et sa soeur mosellane font l'objet d'un culte qui mêle souvenir nostalgique, exaltation de la nation française et désir de Revanche. Le retour de l'Alsace à la France en 1919, garantie par le Traité de Versailles, alimente a contrario le ressentiment d'une partie de la population allemande, notamment les anciens combattants. Parmi eux, Adolf Hitler se fait dès 1923 et son Mein Kampf le héros d'un lebensraum impérialiste qui inclut la région dans l'aire raciale, culturelle, politique de la Grande Allemagne. Dans une Alsace francisée de façon brutale, le parti autonomiste gagne en audience tout au long des années 1920, au point de susciter un procès tenu à Colmar en 1928. Cette répression de la République "une et indivisible" et l'avènement du nazisme portent Karl Roos à entamer un inattendu rapprochement avec les nazis. Lorsque la région est conquise en juin 1940, puis annexée au Troisième Reich le 27 novembre, le nouveau Gauleiter Robert Wagner trouve des Alsaciens prêts à collaborer à l'entreprise de nazification accélérée et profonde qui doit faire de l'Alsace la vitrine de l'Europe allemande.
Les défilés militaire permettent d'assoir l'influence allemande et participent au programme de propagande. En effet, le symbole nazi est présent partout et la parade passe dans les lieux les plus fréquentés. On ne peut ignorer leur présence à cause du son de leur marche saccadée, ainsi tout défilé militaire se veut impressionnant grâce au rythme soutenu et parfaitement synchronisé des soldats. Les instruments de musique qui les accompagnent permettent de maintenir la cadence mais préviennent également de leur arrivée. L'effet de grandeur est sublimé par la conformité de leur uniforme qui de plus est très soigné. Cependant on remarque qu'il y a plusieurs uniformes de cérémonie différents. La volonté de germanisation de l'Alsace lors de l'annexion passe aussi par le changement des noms de lieux. Ainsi la place Kléber s'appelle à l'époque la place Karl Roos et le boulevard du Président-Wilson est alors Kronenburgerring.
Par le son, le cortège discipliné, la symbolique nazie (drapeaux, costumes, croix gammée), les autorités d'occupation mettent littéralement au pas une partie de la population et envahissent l'espace visuel afin de conquérir les esprits.Lieux ou monuments
Article rédigé par
Audrey Trottier, 06 janvier 2019
- ↑ En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.