Congés 58 : Pfifferdaj Alsace (0094FH0012)
Résumé
Description
Défilé d'une fanfare, drapeaux français accrochés aux maisons un peu partout, le beffroi
JL dans un manège en salopette jaune
Personnes en tenues traditionnelles alsaciens, un chevalier en armure sur un cheval, une dame en robe médiévale, un ménestrel, diverses personnes en tenues médiévales (hommes et femmes) circulent dans la rue.
[images sombres]
Cortèges, chars avec une église modèle réduit.
[Belles séquences]
Défilé, un enfant porte une pancarte "Hayange", plusieurs groupes défilent (à pieds, à cheval, hommes, femmes et enfants en costumes médiévaux ou alsaciens), fanfares, porte-drapeau
Groupe effectuent des danses traditionnelles (médiévales?)
Contexte et analyse
Treize ans après la libération définitive de l’Alsace, les plaies de l’annexion commencent à se refermer. Le procès de Bordeaux contre les soldats alsaciens incorporés (de force ou non) dans la Wehrmacht impliqués dans le massacre d’Oradour-sur-Glane a fédéré la région contre le verdict ; le procès de Metz, puis Lyon contre les responsables du camp de concentration du Natzweiler a permis de pacifier un peu la mémoire de ce lieu. Les Trente Glorieuses et l’essor du tourisme culturel et gastronomique font de l’Alsace une terre prospère, où les traditions sont maintenues ou réactivées.
La fête des Ménétriers
Le Pfifferdaj est considérée comme la plus vieille fête d’Alsace, attestée par une charte de 1400, mais ayant sans doute vu le jour dès le début du XIVe siècle. Les ménétriers réunis en confrérie sont des musiciens qui se donnent le seigneur de Ribeaupierre comme roi et Notre Dame de Dusenbach pour sainte patronne. Chaque année, le 8 septembre, ils se réunissent à Ribeauvillé lors du Jour des joueurs de pipeau (Pfeifertag), occasion d’une grande foire attirant les visiteurs de toute la région. Si la fête disparaît en 1791 sous le coup de la suppression révolutionnaire des corporations, la foire fait son retour dès 1802 sous la forme d’une kilbe, ou fête foraine de village. Il faut attendre 1890 pour que le Pfeifertag renoue avec la tradition. Chaque année jusqu’en 1949 est donnée en représentation une pièce de théâtre de rue à thématique médiévale mise en scène et jouée par les Ribeauvilléens. Cette tradition se perd au profit d’un cortège en musique de chars où le thème historique, prépondérant, défile à côté d’allusions à l’actualité. Les chars sont apparus en 1906, et ont gagné en gigantisme avec des corporations et des entreprises qui font assaut d’inventivité. Dans les années 1930, le comité des fêtes municipal prend le relais des pompiers dans l’organisation du Pfeifertag en tentant d’établir le compromis entre tradition historique et dimension commerciale.
Une reconstitution appliquée
Les corporations ne sont pas présentes sur les images tournées en 1958, signe que la nouvelle impulsion donnée par la municipalité a bien recadré la fête vers sa nature foraine – le petit garçon du cinéaste fait un tour de manège – et surtout la reconstitution historique. De nombreux habitants du cru, et semble-t-il des étrangers (un étendard à la Vierge porte une mention en polonais), ont préparé longuement le défilé en confectionnant leurs costumes et en peaufinant les démonstrations musicales. Un Moyen Age fantasmé, digne de la série télévisée Thierry la Fronde qui fascinera la France à partir de 1963, déploie ses oripeaux avec l’inévitable chevalier en armure sur son cheval, un roi, des joueurs de tambour et de pipeau. Il cohabite avec une référence plus récente à l’histoire alsacienne avec les costumes paysans d’apparat et la fameuse coiffe. Jean Allenbach multiplie les points de vue, n’hésitant pas à monter sur un char pour un court travelling avant, à filmer en contre-plongée une jeune Alsacienne en costume traditionnel, mi amusée, mi étonnée, où à s’immiscer presque au milieu de la ronde de danseurs folkloriques. Ainsi dynamise-t-il un cortège assez sage, loin des provocations de la Renaissance ou de la démesure commerciale de l’entre-deux-guerres. L’Histoire est bien au rendez-vous, la joie de défiler se lit sur les villages, mais le carnaval n’entraîne pas les spectateurs dans la danse.
Le patrimoine à l’honneur
Jean Allenbach a vécu à Madagascar dans les années 1960 et 1970 où il était commercial dans l’import-export, pour Peugeot notamment. Il semble qu'il revenait en France environ tous les trois ans pour trois mois de congés. Avec sa caméra 8mm, il réalise surtout des films de voyage qui placent la focale sur le patrimoine culturel. À Ribeauvillé, il réalise de longs plans en léger travelling pour décrire les monuments de la ville, en particulier la fontaine renaissance surmontée de son lion et la tour des Bouchers reconnaissable à sa grande horloge, place de l’Hôtel de ville. Il fixe aussi son objectif sur un immense nid de cigogne au somment d’un clocher, emblème s’il en est de la région.Bibliographie
Article rédigé par
ALEXANDRE SUMPF, 15 janvier 2019