Fête d'école et pique-nique familial (0093FI0020)

Résumé


Le titre donné à la vidéo est trompeur car celle-ci ne se concentre pas uniquement sur le spectacle de fin d’année de l’école Notre-Dame de Sion. En effet, sont aussi visibles une scène de pique-nique en forêt ainsi qu’un rassemblement de personnes (réunion de famille ou rassemblement scolaire ?).
Développer

Métadonnées

N° support :  0093FI0020
Date :  1985
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:03:25
Cinéastes :  Daussin, Michel
Format original :  Super 8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Mouvement de jeunesse - Education Scoutisme
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Le film de famille, un support nostalgique

Si les trois évènements montrés dans ce film (fête d’école, pique-nique en forêt, réunion de famille) n’ont pas réellement de lien entre eux, on peut tout de même dire que le fil conducteur est la famille. Le but de Monsieur Daussin (voir Fête d’école juin 1984 et Fête d’école) est de fixer des souvenirs familiaux. On peut aisément s’imaginer que ces films aient été visionnés au sein même du cercle familial, peut-être même visionnés à nouveau des années plus tard. Vincent Pinel, cinéaste et écrivain de cinéma, évoque la « charge émotionnelle » qui se trouve dans les films amateurs.[2] C’est cette émotion qui est visible ici. On la retrouve dans les regards des enfants lancés à la caméra, ou très certainement à celui qui se trouve derrière. La fin de la bobine témoigne ainsi de la complicité entre le cinéaste et les sujets filmés : les deux jeunes filles rient lorsqu’elles se rendent compte qu’elles sont filmées. Les maladresses de tournage (cadrage parfois approximatif comme dans la vidéo Fête d’école juin 1984) et l’absence de montage montrent d’ailleurs que l’accent n’est pas mis sur le travail cinématographique, mais bien sur la fixation de souvenirs familiaux. Les fêtes d’écoles sont des moments qui permettent aux parents de constater l’évolution de leurs enfants, et ceux-ci ont souvent hâte de présenter leur spectacle à leurs parents. Le pique-nique aussi permet de créer des souvenirs familiaux. Il n’est donc pas étonnant que ces sujets soient des sujets de prédilection pour des films de famille.

Le pique-nique, un moment de loisir et de détente en famille

Si depuis la Renaissance, soupers et collations en pleine air font partie du mode de vie aristocratique, c’est avec l’industrialisation que la pratique du déjeuner en extérieur se démocratise.[3] L’apparition du tourisme, l’augmentation de la mobilité et la mise en place des congés et jours de repos favorisent son expansion. Francine Barthe-Demoisy insiste dans son ouvrage Le pique-nique ou l’éloge d’un bonheur ordinaire, publié en 2008, sur la convivialité présente lors de cet événement. Elle explique qu’en cherchant un endroit à l’écart de la ville, à l’écart des autres, « on recherche la mise en l’écart, à l’abri, un repli dehors, on forme un cocon, une bulle. »[4] Etre loin des autres permettant ainsi de consolider les liens internes à la famille. Le pique-nique est alors un temps de loisir et de « sociabilité familiale ».[5] C’est ce qu’on voit dans la deuxième partie du film de Monsieur Daussin. Parents et enfants se retrouvent en forêt, loin des autres. Le repas, préparé à l’avance, permet à tous de manger ensemble. Pas de cuisine de dernière minute, tout le monde est présent pour partager ce moment en famille. Dans ce contexte, on comprend que l’importance émotionnelle de cet évènement dans la vie d’une famille, et donc l’intérêt de fixer ces souvenirs en les filmant.

Si l’implication émotionnelle des protagonistes des films de famille est un élément non-négligeable, les images tournées sont loin de se résumer à cet unique aspect. C’est notamment visible ici dans la partie consacrée à la fête de fin d’année de l’école Notre-Dame de Sion.

La pédagogie de l’école Notre-Dame de Sion, entre respect des programmes et particularités régionales

L’école Notre-Dame de Sion, créée à Strasbourg en 1919, est une école privée sous contrat d’association avec l’État depuis 1959 suite à la mise en application de la loi Debré. Elle se doit de respecter les programmes édictés par le Ministère de l’Éducation nationale. C’est dans ce cadre que l’enseignement de la musique est décrit. En 1985, année de réalisation du film, une heure par semaine est réservée à l’enseignement musical des élèves de l’école élémentaire. Les programmes de cette année-là expliquent d’ailleurs que « l’école donne à l’enfant l’expérience du beau dans l’œuvre musicale ».[6] Le chant (comptines, chansons…) constitue la majorité de l’éducation musicale prodiguée à l’école élémentaire. On peut d’ailleurs voir dans la première partie du film une chorale de filles chanter, accompagnée de garçons munis de guitare en papier, ce qui témoigne de l’éducation musicale donnée à l’école Notre-Dame de Sion. Toujours selon les programmes, les élèves doivent être sensibilisés à la culture musicale. L’enseignant doit leur parler de « quelques grandes figures de la musique (classique, moderne et contemporaine », de leur vie, de leurs productions musicales,…[7] La pratique d’un instrument de musique est aussi prévue. L’apprentissage de la flûte à bec est par exemple répandu dans 60% des établissements scolaires avant 1995, visiblement aussi à Notre-Dame de Sion puisque on voit dans la vidéo un concert de flûte à bec donné par de jeunes élèves.

Si l’école respecte les programmes institués par le Ministère de l’Éducation nationale, il est tout de même à noter qu’elle met en avant certains éléments du folklore alsacien. Les tenues portées par les jeunes filles lors du concert de flûtes peuvent d’ailleurs faire penser à des costumes régionaux. Chemisiers blancs, jupes bleues pâles froncées à la ceinture et ornées sur le bas de fleurs cousues en bleues foncées, rappellent les jupes du costume traditionnel alsacien : colorées et décorées sur le bas.[8] De plus, Fête d’école, elle aussi tournée par Monsieur Daussin lors de fête d’école à Notre-Dame de Sion en 1981, montre des filles d’environ quatre ans porter la Schlupkapp (coiffe à nœud frontale traditionnelle alsacienne). Apparue au XIXème siècle entre Strasbourg et Colmar, cette coiffe est devenue emblématique de l’Alsace. Un dernier élément visible dans la vidéo analysée ici qui peut être rattaché au folklore alsacien est la danse effectuée par les enfants. En effet, cette ronde collective qui se transforme ensuite en danse à deux, un garçon et une fille tournant sur eux-mêmes, pourrait ainsi faire penser aux danses traditionnelles alsaciennes, qui, bien que n’étant plus pratiquées par toute la population dans les années 80, sont considérées par l’imaginaire collectif comme représentatives de la culture alsacienne.

Pour plus d’information sur la création de l’école ou sur les écoles privées en France, se référer à la fiche d’analyse du film de Monsieur Daussin Fête d’école juin 1984.

Bibliographie


Arrêté du 15 mai 1985 indiquant les programmes de l’école élémentaire (Ministre de l’Education nationale, J.-P. Chevènement).

- Ouvrages scientifiques :

BARTHE-DEMOISY Francine (dir.), Le pique-nique ou l’éloge d’un bonheur ordinaire, Paris, Bréal, 2008.

LEGIN Philippe, Coutumes et costumes alsaciens, Ingersheim-Colmar, S.A.E.P., 1993.

PINEL Vincent, Ecoles, genres et mouvements au cinéma, Paris, Larousse, 2000.

POUCET Bruno, L’enseignement privé en France, « Que sais-je ? », Paris, PUF, 2012. Programme de 1985.

- Site internet :

http://nds67.toutemonecole.fr/pages/123401 (site officiel de l'école Notre-Dame de Sion, dernière consultation le 30 décembre 2019).
© OpenStreetMap contributors


Article rédigé par

Pauline Wolf, 05 janvier 2020


  1. Aller http://nds67.toutemonecole.fr/pages/123401
  2. Aller PINEL Vincent, Écoles, genres et mouvements au cinéma, Paris, Larousse, 2000, p. 21.
  3. Aller BARTHE-DEMOISY Francine (dir.), Le pique-nique ou l’éloge d’un bonheur ordinaire, Paris, Bréal, 2008, p. 24-28.
  4. Aller BARTHE-DEMOISY Francine (dir.), Le pique-nique ou l’éloge d’un bonheur ordinaire, Paris, Bréal, 2008, p. 16.
  5. Aller BARTHE-DEMOISY Francine (dir.), Le pique-nique ou l’éloge d’un bonheur ordinaire, Paris, Bréal, 2008, p. 28.
  6. Aller Arrêté du 15 mai 1985 indiquant les programmes de l’école élémentaire (Ministre de l’Education nationale, J.-P. Chevènement), p. 22.
  7. Aller Arrêté du 15 mai 1985 indiquant les programmes de l’école élémentaire (Ministre de l’Education nationale, J.-P. Chevènement), p. 22.
  8. Aller LEGIN Philippe, Coutumes et costumes alsaciens, Ingersheim-Colmar, S.A.E.P., 1993, p. 89.