Ça! C'est chez nous (0068FN0001) : Différence entre versions

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|thematique=Art of living - Gastronomy@ Rural life@ Agriculture and farming practices
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|Resume_fr=La famille Schwobthaler filmée en 1937 dans son village d'origine, Rangen.
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|Description_fr=carton "Ciné studio LEXI présente
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CA C'EST CHEZ NOUS Bei uns zu Haus
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Scènes de la vie familiale
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Mise en scène, prises de vues, montages par LEXI sur caméra PATHE
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LA RANGEN, un petit patelin où le soleil est maître"
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/ une grand villa, un torrent
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/ une famille de … cochons
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/ une truie et sa dizaine de petits
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/ un paysan sort une charrette à foin
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/ une fillette d'une douzaine d'années et sa poupée Moki
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3'10 jeune homme fumant, montrant son chiot
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/ futur cultivateur s'il s'initie aux rudes travaux des champs
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/ jeune homme labourant
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/ Bonjour Dédé - Bonjour Fernande
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3'51 deux fillettes jouent devant la mason, retrouvent la mère et un petit garçon
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/ grand-mère à ombrelle arrive à la maison
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4'55 fillettes et vélo
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/ fillette et petit chat
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/ moutons dans pré
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/ on rentre le troupeau
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/ tonte des moutons
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/ femmes et enfants, bébés
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7'35 On fait du sport à tout âge
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8'57 dame à vélo, fillette à vélo
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/ Voilà papa !
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/ retour du père, la fillette l'embrasse
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/ Alex salue
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10' Je vous présente Marie-Thérèse dans son numéro de danse
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/ Alex disant ces mots
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/ tourne-disque
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/ fillette dansant
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/ jeunes hommes attablés buvant un verre
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11'56 "Fin"
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|Contexte_et_analyse_fr=Les « scènes de la vie familiale – 1937 » sont les premières tournées par Alex Schwobthaler avec sa caméra Pathé Baby, outil fort maniable venu compléter son attirail de photographe acquis dès ses 12 ans. La famille entretient en effet un lien fort avec l’artisanat de l’image : sa mère a ouvert un magasin pendant la Grande Guerre, repris par un oncle qui offre à Alex son premier appareil – un Vestpocket de Kodak très réduit qui permet de réaliser facilement de bons clichés. En 1937, le cinéaste amateur travaille depuis presque 10 ans déjà : envoyé à 14 ans comme apprenti dessinateur dans l’industrie textile, chez Scheurer-Lauth, puis étudiant aux Beaux-Arts de Mulhouse à 16 ans, il a été embauché à 18 ans comme retoucheur par le magasin de photographes Braun à Mulhouse-Dornach.
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C’est donc un expert de l’image, par ailleurs cinéphile et déjà un peu projectionniste amateur qui décide de se lancer dans la réalisation en quasi professionnel : si le film s’attache à des sujets très familiers de l’entourage immédiat du jeune homme de 23 ans qui se donne un nom de scène, Lexi, il comporte un titre en français (et en allemand), un sous-titre, des intertitres et un ingénieux carton FIN. Ce coup d’essai long pour un premier film est suivi d’un deuxième montage compilant les images tournées dans le même contexte très local en 1938 et 1939 (''Szenen aus Familienleben'') et, en 1939, de ''Thann sous la neige'' (1939) et son premier film de voyage dans les Alpes (''Bilder aus Frankreich reportage''). Alex vit ses dernières heures de tranquillité avant sa triple mobilisation de 1939 (armée française), 1943 (Wehrmacht) et 1944 (FFL) et ses séjours contraints à Lyon, sur le front russe, en Normandie et en camp de prisonniers au Royaume-Uni. Il fonde entre-temps sa propre famille en 1942-1943 à Zillisheim, 23 kilomètres au sud-est (''Film de famille – Zillisheim'', ''Actualités zillisheimoises''). 
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'''Mon village, par Lexi'''
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Alex Schwobthaler possède un regard sûr et une main ferme qui lui permettent de produire des images nettes et bien cadrées, qu’il associe dans un montage démontrant sa maîtrise des codes cinématographiques. Il procède ainsi par resserrement progressif de focale d’une vue d’ensemble de son « patelin » à la maison familiale et aux familiers des parents, d’Alex et de sa sœur. Après les tribulations de la Première Guerre mondiale qui a vu la famille séparée, elle se retrouve à nouveau à Thann où elle obtient la nationalité française en 1920. Le père Schwobthaler est plus précisément installé au Rangen, 168 habitants au recensement de 1936, situé à cheval entre Thann et Vieux-Thann, remarquable par son coteau abrupt vêtu de vignes. La rivière Thur qui coule en contrebas, aménagée et déviée pour le lavoir municipal, crée en effet des conditions idéales pour l’apparition de la pourriture noble des raisins qui fera classer le Rangen parmi les grands crus d’Alsace en 1983, après des décennies de recul progressif.
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Un peu à part sur la rue principale du hameau, après les longs bâtiments de l’exploitation agricole voisine, se détache la maison des Schwobthaler qui frappe par son aspect récent et sa construction moderne. Celle-ci jouit en outre d’un véritable portail en métal et d’un jardin ornemental, et non potager, qui classe sans doute la famille à part. Cela n’empêche nullement de bonnes relations avec les paysans du cru, qui sont filmés dans leurs activités quotidiennes relevant de la polyculture – quelques oies et cochons pour améliorer l’ordinaire, un grand tas de fumier à épandre. À l’opposé d’un Hansi mythifiant le village d’une Alsace conquise par les Allemands, Alex se refuse à tout folklore. Il filme longuement les moutons paissant dans une prairie enclose, tout près, le retour à la bergerie de l’intérieur de celle-ci, choix original, et la tonte manuelle de la laine par les éleveurs. Il s’ingénie aussi à présenter les deux faces de son voisin Moki : le jeune homme aimant les belles fringues qui se donne un style en fumant, et l’héritier d’une exploitation qui fait ses classes en poussant la charrue tractée par un cheval dans les lourds sillons du champ parental.
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'''Trois générations pour une maison'''
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Sous ses airs de documentaire local, ''Ça ! C’est chez nous'' se construit sur des mises en scènes où chaque membre de la famille et du voisinage joue son propre rôle de bon gré, voire même de très bonne humeur. Le père de Moki pose ainsi avec l’un porcelet qu’il élève pour sa viande, comme s’il tenait un enfant. Souriant à la blague, il ne sait pas encore que pour faire rire son public, Alex place au début du montage la famille Cochon, et non la sienne. Cette manière assez réussie d’associer les sujets filmés au film en train de se faire s’articule notamment par ce geste de présentation à la caméra : Marie-Thérèse le fait avec sa poupée, puis avec le chat de la maison et avec un bébé qui doit être l’enfant de l’un de ses frères aînés ; Moki se prête au jeu avec l’un des chiots de la maison.
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Les seules personnes gardant leur sérieux à l’écran sont le père et la mère d’Alex. Le premier, annoncé par un intertitre digne du théâtre, accepte de figurer dans le film et même de jouer une scène commandée (rencontre dans le chemin avec sa fille), mais il plante aussi le regard droit dans l’œil de la caméra, comme un parent grondant son fils pour des enfantillages. La mère, quant à elle, trône dans son jardin où elle s’occupe des fleurs, mais elle consent pour les besoins de la fiction familiale à monter sur la bicyclette et faire quelques tours de roue, sans se départir de sa dignité. C’est elle aussi qui paie une femme lui ayant rendu service ou accueille les visiteurs à la maison.
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'''Du jeu et des jeux'''
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Alex, de fait, se place volontairement du côté des jeunes. Il joue le Monsieur Loyal annonçant le numéro de danse de Marie-Thérèse en faisant la révérence et en prononçant distinctement la phrase inscrite sur le carton. Il dévoile ainsi son rôle de commanditaire et de commentateur malicieux des saynètes qui donnent le beau rôle aux enfants. Les petites filles et un garçon plus jeune jouent à la balle, un enfant plus petit rit de se voir voler dans les airs, il sautille, fait la galipette. On grignote entre deux jeux, le plus petit apprend à marcher conduit par la plus grande. Le seul moment de conflit venant contredire ces scènes pacifiques se joue autour du vélo d’adulte que les filles essaient tour à tour, empêchant une sœur cadette d’y accéder avec la brutalité des aînés.
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[[Fichier:La Cigale Thann.jpg|vignette|Le cinéma La Cigale à Thann en 1918 © Archives municipales de Thann]]
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Cet entrelacement entre situations banales et jeu pour les besoins du film trouve son apogée dans la scène finale. Au son d’un gramophone, dans le fond du jardin, Marie-Thérèse accomplit quelques pas de danse gracieux qui laissent deviner le rythme de la musique. Le relais est alors pris par trois adolescents, dont Moki, qui parodient une scène de cabaret typique d’une comédie musicale : faute du canotier de Maurice Chevalier, on a emprunté le chapeau de paille d’une des femmes de la famille. On fume et on fait semblant de boire pour imiter les adultes des films projetés dans la salle des frères Holveck, La Cigale, un « théâtre de films parlants » situé à 200 mètres à peine. ''Ça ! C’est chez nous'' livre donc à tous les « acteurs » le double plaisir d’avoir joué à s’amuser et de s’amuser de ce petit théâtre mis en images par le grand frère et grand voisin Alex Schwobthaler
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Das ist bei uns Zuhause'''</big>
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Die „Szenen aus dem Familienleben – 1937“ sind die ersten Szenen, die Alex Schwobthaler mit seiner Pathé Baby Kamera gefilmt hat. Dieses äußerst handliche Gerät ergänzte seine Fotoausrüstung, die er schon im Alter von 12 Jahren erhalten hatte. Die Familie pflegte nämlich enge Beziehungen zum Fotohandwerk: seine Mutter hat im Ersten Weltkrieg ein Geschäft eröffnet, das ein Onkel übernommen und Alex seinen ersten Fotoapparat geschenkt hat – eine sehr kleine Vest Pocket von Kodak, mit der sich leicht gute Bilder machen ließen. 1937 arbeitete der Amateurfilmer bereits seit fast zehn Jahren: im Alter von 14 Jahren begann er als Zeichnerlehrling im Textilunternehmen  Scheurer-Lauth, mit 16 Jahren ging er in die Kunsthochschule in Mulhouse und mit 18 Jahren wurde er beim Fotografen Braun in Mulhouse-Dornach als Retuscheur eingestellt.
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Er war also ein Bilderexperte, Filmliebhaber und bereits ein bisschen Amateur-Filmvorführer, als er beschloss, quasi professionell Filme zu drehen: Zeigt der Film auch sehr vertraute Themen aus der unmittelbaren Umgebung des 23-jährigen Mannes, der den Künstlernamen Lexi angenommen hat, so enthält er einen Titel auf Französisch (und auf Deutsch), einen Untertitel, Zwischentitel und einen geschickt gemachten Karton mit dem Wort „FIN“ (Ende). Auf diesen ersten Versuch, der für einen ersten Film relativ lang war, folgt ein zweiter Zusammenschnitt mit Aufnahmen, die 1938 und 1939 im gleichen lokalen Umfeld gedreht worden waren: ''Szenen aus dem Familienleben'' und ''Thann sous la neige'' (1939) und ein erster Reisefilm in den Alpen (''Bilder aus Frankreich Reportage''). Alex erlebte seine letzten ruhigen Stunden vor seiner dreifachen Mobilmachung 1939 (französische Armee), 1943 (Wehrmacht) und 1944 (FFL) und seinen erzwungenen Aufenthalten in Lyon, an der russischen Front, in der Normandie und in einem Gefangenenlager in England. Dazwischen gründete er in den Jahren 1942-1943 seine eigene Familie in Zillisheim, 23 Kilometer weiter südöstlich (Familienfilm – Zillisheim, Zillisheimer Nachrichten).
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'''Mein Dorf, von Lexi'''
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Alex Schwobthaler besaß einen sicheren Blick und eine ruhige Hand, dank der er scharfe Bilder mit ausgewogenen Einstellungen drehen konnte. Ihr Zusammenschnitt verrät seine Beherrschung der filmtechnischen Codes. Von einer anfänglichen Gesamtansicht seines Dorfes zoomt er nach und nach auf das Haus der Familie und schließlich auf seine Eltern und seine Schwester. Nach den Wirren des Ersten Weltkriegs, in dem seine Familie auseinandergerissen worden war, hatte sie in Thann wieder zusammengefunden, wo sie 1920 die französische Staatsbürgerschaft erhielt. Der Vater Schwobthaler ließ sich genauer gesagt am Rangen nieder, einem Ort mit 168 Einwohnern bei der Volkszählung 1936, der zwischen Thann und Vieux-Thann liegt und sich durch seinen steilen Weinberg auszeichnet. Unterhalb des Ortes verläuft das Flüsschen Thur, das ausgebaut und für den städtischen Waschplatz umgeleitet wurde. Es schafft ideale Bedingungen für die Ausbildung der Edelfäule, der der Weinberg Rangen 1983, nach mehreren Jahrzehnten des allmählichen Niedergangs, seine Einstufung als Grand Cru d‘Alsace verdankt.
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Etwas abseits in der Hauptstraße des Weilers, nach den langen Gebäuden des benachbarten Bauernhofes, hebt sich das neu aussehende Haus der Schwobthaler mit seiner modernen Architektur ab. Dieses Haus besitzt ferner ein echtes Tor aus Metall und anstelle eines Gemüsegartens einen Ziergarten, der der Familie wahrscheinlich zu etwas Besonderem macht. Was jedoch auf keinen Fall verhindert, gute Beziehungen mit den örtlichen Bauern zu pflegen, die bei den täglichen Arbeiten ihrer Gemischtbetriebe gefilmt werden – einige Gänse und Schweine zur Aufbesserung ihres Einkommens, ein großer Misthaufen zum Ausbreiten. Im Gegensatz zu dem Künstler Hansi, der das Dorf eines von den Deutschen eroberten Elsass verklärt, verbietet sich Alex jegliche Form von Volkstümelei. Er filmt lange die Schafe, die auf einer eingezäunten Wiese grasen und ganz aus der Nähe die Rückkehr in den Schafstall auf dieser Weide und die Schafzüchter beim manuellen Scheren der Wolle. Er strengt sich auch an, die beiden Seiten seines Nachbarn Moki zu zeigen: ein junger Mann, der sich gerne schön kleidet und stilvoll raucht und der Erbe eines Bauernhofs, der seine Arbeit erlernt und einen von einem Pferd gezogenen Pflug durch die schweren Furchen des elterlichen Ackers schiebt.
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'''Drei Generationen für ein Haus'''
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In Form eines lokalen Dokumentarfilms zeigt  „''Das ist bei uns zuhause''“ Inszenierungen der Familienmitglieder und Nachbarn, die gerne und sogar äußerst gut gelaunt ihre eigene Rolle spielen. Der Vater von Moki posiert mit einem Ferkel, das er für sein Fleisch mästet, als ob er ein Kind halten würde. Er lacht über den Witz und weiß noch nicht, dass Alex, um sein Publikum zu amüsieren, am Anfang der Szene die Familie Schwein und nicht seine eigene Familie zeigt. Diese ziemlich gelungene Art, die gefilmten Figuren in die Entstehung des Films einzubeziehen, zeigt sich insbesondere durch die Art, wie sie der Kamera präsentiert werden: Marie-Thérèse präsentiert ihre Puppe, dann die Katze des Hauses und ein Baby, bei dem es sich wohl um das Kind eines ihrer älteren Brüder handelt; Moki beteiligt sich mit einem der Hundewelpen des Hauses an diesem Spiel.
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Die einzigen Personen, die vor der Kamera ernst bleiben, sind der Vater und die Mutter von Alex. Der Vater, der mit einem theatralischen Zwischentitel angekündigt wird, ist bereit, im Film aufzutreten und sogar eine gestellte Szene zu spielen (Begegnung mit seiner Tochter auf dem Weg), aber er blickt auch geradeaus in die Kamera, als wolle er seinen Sohn für seine alberne Spielerei schelten. Die Mutter thront in ihrem Garten, wo sie sich um die Blumen kümmert, ist aber für die Zwecke des Familienfilms bereit, auf ihr Fahrrad zu steigen und einige Meter zu fahren, ohne dabei ihre Würde zu verlieren. Es ist ihre Aufgabe, die Frau zu bezahlen, die ihr einen Dienst geleistet hat oder die Besucher zu begrüßen.
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'''Spiele, Spiele und nochmal Spiele'''
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Alex stellt sich absichtlich auf die Seite der Jungen. Er spielt den Sprecher, der die Tanzeinlage von Marie-Thérèse ankündigt, sich verbeugt und deutlich den Satz auf dem Karton vorliest. Damit zeigt er seine Rolle als Auftraggeber und schelmischer Kommentator der Szenen, in denen die Kinder die Hauptrolle spielen. Die Mädchen und ein kleinerer Junge spielen Ball, ein kleineres Kind lacht, weil es hochgeworfen wird, es springt, schlägt Purzelbäume. Zwischen zwei Spielen gibt es etwas zu Essen, die Größere hält den Kleinen und hilft ihm, gehen zu lernen. Der einzige Streit, der diese friedlichen Szenen stört, geht um ein Erwachsenenfahrrad, das die Mädchen reihum ausprobieren, weil sie ihre jüngere Schwester mit der Brutalität der Älteren daran hindern, auch damit zu fahren.
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Diese Verflechtung von banalen Situationen und Spielen für die Erfordernisse des Films findet in der Schlussszene ihren Höhepunkt. Zum Klang eines Grammophons tanzt Marie-Thérèse hinten im Garten anmutig einige Schritte, die den Rhythmus der Musik erahnen lassen. Sie wird von drei Jugendlichen, darunter Moki, abgelöst, die eine typische Musical-Szene parodieren: Mangels der Kreissäge, des typischen Strohhuts von Maurice Chevalier, hat man mit dem Strohhut einer der Frauen der Familie vorliebgenommen. Es wird geraucht und so getan, als würde man trinken, um die Erwachsenen in den Filmen nachzuahmen, die im „Tonfilm-Theater“ La Cigale der Brüder Holveck in kaum 200 Metern Entfernung gezeigt werden. ''Das ist bei uns zuhause'' gibt also allen „Schauspielern“ ein doppeltes Vergnügen: Sie zeigen, wie sie Spaß haben und sie haben Spaß an diesem kleinen Theater, das vom großen Bruder und großen Nachbarn Alex Schwobthaler gefilmt wird.
 
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Version actuelle datée du 14 mars 2019 à 15:14

Résumé


La famille Schwobthaler filmée en 1937 dans son village d'origine, Rangen.

Description


carton "Ciné studio LEXI présente CA C'EST CHEZ NOUS Bei uns zu Haus Scènes de la vie familiale Mise en scène, prises de vues, montages par LEXI sur caméra PATHE LA RANGEN, un petit patelin où le soleil est maître" / une grand villa, un torrent / une famille de … cochons / une truie et sa dizaine de petits / un paysan sort une charrette à foin / une fillette d'une douzaine d'années et sa poupée Moki 3'10 jeune homme fumant, montrant son chiot / futur cultivateur s'il s'initie aux rudes travaux des champs / jeune homme labourant / Bonjour Dédé - Bonjour Fernande 3'51 deux fillettes jouent devant la mason, retrouvent la mère et un petit garçon / grand-mère à ombrelle arrive à la maison 4'55 fillettes et vélo / fillette et petit chat / moutons dans pré / on rentre le troupeau / tonte des moutons / femmes et enfants, bébés 7'35 On fait du sport à tout âge 8'57 dame à vélo, fillette à vélo / Voilà papa ! / retour du père, la fillette l'embrasse / Alex salue 10' Je vous présente Marie-Thérèse dans son numéro de danse / Alex disant ces mots / tourne-disque / fillette dansant / jeunes hommes attablés buvant un verre 11'56 "Fin"

Métadonnées

N° support :  0068FN0001
Date :  1937
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:12:15
Cinéastes :  Schwobthaler, Alex
Format original :  9,5 mm
Langue :  Français
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Art de vivre - Gastronomie, Vie rurale, Agriculture et pratiques agricoles
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Les « scènes de la vie familiale – 1937 » sont les premières tournées par Alex Schwobthaler avec sa caméra Pathé Baby, outil fort maniable venu compléter son attirail de photographe acquis dès ses 12 ans. La famille entretient en effet un lien fort avec l’artisanat de l’image : sa mère a ouvert un magasin pendant la Grande Guerre, repris par un oncle qui offre à Alex son premier appareil – un Vestpocket de Kodak très réduit qui permet de réaliser facilement de bons clichés. En 1937, le cinéaste amateur travaille depuis presque 10 ans déjà : envoyé à 14 ans comme apprenti dessinateur dans l’industrie textile, chez Scheurer-Lauth, puis étudiant aux Beaux-Arts de Mulhouse à 16 ans, il a été embauché à 18 ans comme retoucheur par le magasin de photographes Braun à Mulhouse-Dornach. C’est donc un expert de l’image, par ailleurs cinéphile et déjà un peu projectionniste amateur qui décide de se lancer dans la réalisation en quasi professionnel : si le film s’attache à des sujets très familiers de l’entourage immédiat du jeune homme de 23 ans qui se donne un nom de scène, Lexi, il comporte un titre en français (et en allemand), un sous-titre, des intertitres et un ingénieux carton FIN. Ce coup d’essai long pour un premier film est suivi d’un deuxième montage compilant les images tournées dans le même contexte très local en 1938 et 1939 (Szenen aus Familienleben) et, en 1939, de Thann sous la neige (1939) et son premier film de voyage dans les Alpes (Bilder aus Frankreich reportage). Alex vit ses dernières heures de tranquillité avant sa triple mobilisation de 1939 (armée française), 1943 (Wehrmacht) et 1944 (FFL) et ses séjours contraints à Lyon, sur le front russe, en Normandie et en camp de prisonniers au Royaume-Uni. Il fonde entre-temps sa propre famille en 1942-1943 à Zillisheim, 23 kilomètres au sud-est (Film de famille – Zillisheim, Actualités zillisheimoises).

Mon village, par Lexi

Alex Schwobthaler possède un regard sûr et une main ferme qui lui permettent de produire des images nettes et bien cadrées, qu’il associe dans un montage démontrant sa maîtrise des codes cinématographiques. Il procède ainsi par resserrement progressif de focale d’une vue d’ensemble de son « patelin » à la maison familiale et aux familiers des parents, d’Alex et de sa sœur. Après les tribulations de la Première Guerre mondiale qui a vu la famille séparée, elle se retrouve à nouveau à Thann où elle obtient la nationalité française en 1920. Le père Schwobthaler est plus précisément installé au Rangen, 168 habitants au recensement de 1936, situé à cheval entre Thann et Vieux-Thann, remarquable par son coteau abrupt vêtu de vignes. La rivière Thur qui coule en contrebas, aménagée et déviée pour le lavoir municipal, crée en effet des conditions idéales pour l’apparition de la pourriture noble des raisins qui fera classer le Rangen parmi les grands crus d’Alsace en 1983, après des décennies de recul progressif.

Un peu à part sur la rue principale du hameau, après les longs bâtiments de l’exploitation agricole voisine, se détache la maison des Schwobthaler qui frappe par son aspect récent et sa construction moderne. Celle-ci jouit en outre d’un véritable portail en métal et d’un jardin ornemental, et non potager, qui classe sans doute la famille à part. Cela n’empêche nullement de bonnes relations avec les paysans du cru, qui sont filmés dans leurs activités quotidiennes relevant de la polyculture – quelques oies et cochons pour améliorer l’ordinaire, un grand tas de fumier à épandre. À l’opposé d’un Hansi mythifiant le village d’une Alsace conquise par les Allemands, Alex se refuse à tout folklore. Il filme longuement les moutons paissant dans une prairie enclose, tout près, le retour à la bergerie de l’intérieur de celle-ci, choix original, et la tonte manuelle de la laine par les éleveurs. Il s’ingénie aussi à présenter les deux faces de son voisin Moki : le jeune homme aimant les belles fringues qui se donne un style en fumant, et l’héritier d’une exploitation qui fait ses classes en poussant la charrue tractée par un cheval dans les lourds sillons du champ parental.

Trois générations pour une maison

Sous ses airs de documentaire local, Ça ! C’est chez nous se construit sur des mises en scènes où chaque membre de la famille et du voisinage joue son propre rôle de bon gré, voire même de très bonne humeur. Le père de Moki pose ainsi avec l’un porcelet qu’il élève pour sa viande, comme s’il tenait un enfant. Souriant à la blague, il ne sait pas encore que pour faire rire son public, Alex place au début du montage la famille Cochon, et non la sienne. Cette manière assez réussie d’associer les sujets filmés au film en train de se faire s’articule notamment par ce geste de présentation à la caméra : Marie-Thérèse le fait avec sa poupée, puis avec le chat de la maison et avec un bébé qui doit être l’enfant de l’un de ses frères aînés ; Moki se prête au jeu avec l’un des chiots de la maison.

Les seules personnes gardant leur sérieux à l’écran sont le père et la mère d’Alex. Le premier, annoncé par un intertitre digne du théâtre, accepte de figurer dans le film et même de jouer une scène commandée (rencontre dans le chemin avec sa fille), mais il plante aussi le regard droit dans l’œil de la caméra, comme un parent grondant son fils pour des enfantillages. La mère, quant à elle, trône dans son jardin où elle s’occupe des fleurs, mais elle consent pour les besoins de la fiction familiale à monter sur la bicyclette et faire quelques tours de roue, sans se départir de sa dignité. C’est elle aussi qui paie une femme lui ayant rendu service ou accueille les visiteurs à la maison.

Du jeu et des jeux

Alex, de fait, se place volontairement du côté des jeunes. Il joue le Monsieur Loyal annonçant le numéro de danse de Marie-Thérèse en faisant la révérence et en prononçant distinctement la phrase inscrite sur le carton. Il dévoile ainsi son rôle de commanditaire et de commentateur malicieux des saynètes qui donnent le beau rôle aux enfants. Les petites filles et un garçon plus jeune jouent à la balle, un enfant plus petit rit de se voir voler dans les airs, il sautille, fait la galipette. On grignote entre deux jeux, le plus petit apprend à marcher conduit par la plus grande. Le seul moment de conflit venant contredire ces scènes pacifiques se joue autour du vélo d’adulte que les filles essaient tour à tour, empêchant une sœur cadette d’y accéder avec la brutalité des aînés.

Le cinéma La Cigale à Thann en 1918 © Archives municipales de Thann
Cet entrelacement entre situations banales et jeu pour les besoins du film trouve son apogée dans la scène finale. Au son d’un gramophone, dans le fond du jardin, Marie-Thérèse accomplit quelques pas de danse gracieux qui laissent deviner le rythme de la musique. Le relais est alors pris par trois adolescents, dont Moki, qui parodient une scène de cabaret typique d’une comédie musicale : faute du canotier de Maurice Chevalier, on a emprunté le chapeau de paille d’une des femmes de la famille. On fume et on fait semblant de boire pour imiter les adultes des films projetés dans la salle des frères Holveck, La Cigale, un « théâtre de films parlants » situé à 200 mètres à peine. Ça ! C’est chez nous livre donc à tous les « acteurs » le double plaisir d’avoir joué à s’amuser et de s’amuser de ce petit théâtre mis en images par le grand frère et grand voisin Alex Schwobthaler

Lieux ou monuments


Rangen


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 05 décembre 2018