Élevage ovin dans les Hautes Chaumes (0044FI0002) : Différence entre versions

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|descripteurs=Pâturages; Élevage ovin
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|evenements_filmes_ou_en_lien=Transhumance
|lieux_ou_monuments=Hautes Chaumes; Col de la Schlucht
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|lieux_ou_monuments=Chaumes vosgiennes; Tour de la station hertzienne du Champ du Feu qui assure les transmissions de l'Armée de l'air; Chalet du Ski-club d'Obernai (à 30'')
|lieuTournage=48.06373, 7.02261
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|username=Asumpf
|Resume_fr=Pâturage estival du troupeau de moutons d'Albert Grammes dans les Hautes Chaumes, au col de la Schlucht.
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|userrealname=ALEXANDRE SUMPF
|Contexte_et_analyse_fr=L’Alsace, terre agricole traditionnelle, a su conserver malgré les crises économiques et géopolitiques une agriculture très diversifiée, reflet de la diversité de ses terroirs. La densité de l’habitat rural et le maintien d’une partie des actifs dans le secteur primaire s’expliquent en particulier par l’existence d’un bassin de consommation régional suffisamment important pour absorber l’essentiel de la production par la vente directe sur les marchés ou dans le réseau commercial. Il en va notamment ainsi de l’élevage bovin, porcin et ovin, qui s’est peu à peu spécialisé, concentré et orienté vers la quête de qualité. Les troupeaux de moutons ont subsisté malgré la réduction des possibilités de transhumance face à la fermeture des frontières (1870-1918), puis la pression de l’urbanisation dans l’entre-deux-guerres.
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|datesignature=2019-03-05
C’est ce qui explique la concentration des élevages de moutons dans les zones moins fertiles que celles dédiées aux cultures spécialisées commerciales (betterave à sucre, tabac, houblon, vigne) et moins peuplées, comme l’est le territoire de l’Outre-Forêt dans le nord de la région. L’éleveur Albert Grammes a installé son exploitation en X ; en 1978, elle compte X moutons de race X qui passent une partie de l’année en bergerie, et l’autre en pâture libre dans le massif des Vosges.  
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|lieuTournage=48.07619, 7.06605
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|Resume_fr=Pâturage estival du troupeau de moutons de Marcel Geistel dans les chaumes du Champ du Feu
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|Contexte_et_analyse_fr=L’Alsace, terre agricole traditionnelle, a su conserver malgré les crises économiques et géopolitiques une agriculture à très diversifiée, reflet de la diversité de ses terroirs. La densité de l’habitat rural et le maintien d’une partie des actifs dans le secteur primaire s’expliquent en particulier par l’existence d’un bassin de consommation régional suffisamment important pour absorber l’essentiel de la production par la vente directe sur les marchés ou dans le réseau commercial. Il en va notamment ainsi de l’élevage bovin, porcin et ovin, qui s’est peu à peu spécialisé, concentré et orienté vers la quête de qualité. Les troupeaux de moutons ont subsisté malgré la réduction des possibilités de transhumance face à la fermeture des frontières (1870-1918), puis la pression de l’urbanisation dans l’entre-deux-guerres.
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C’est ce qui explique la concentration des élevages de moutons dans les zones moins fertiles que celles dédiées aux cultures spécialisées commerciales (betterave à sucre, tabac, houblon, vigne) et moins peuplées, comme l’est le territoire de l’Outre-Forêt dans le nord de la région, ou les chaumes. L’éleveur Marcel Geistel a installé un troupeau en transhumance, pendant l'été uniquement, de 1970 à 1974, sur les chaumes vosgiennes ; il compte environ mille moutons de race mérinos qui passent une partie de l’année en bergerie, et l’autre en pâture libre sur les chaumes du Champ du Feu.  
  
 
'''Les pâturages en Alsace'''
 
'''Les pâturages en Alsace'''
  
Encore très abondantes à l’orée de la révolution agricole, les prairies des hauteurs ont constamment reculé au XIXe et au XXe siècle<ref>Louis Hergès, Jean-Pierre Boudot, rédacteurs de l'article "Haute Chaume" in ''Encyclopédie de l'Alsace'', éditions Publitotal, Strasbourg, 1984, page 1646-1653</ref>. Les chaumes vosgiennes offrent aux bêtes herbe, broussailles et fleurs d’abord dans les forêts de hêtres du massif, puis forment au-delà de 1000 mètres les hautes chaumes. Les zooms arrière réalisés par le cinéaste détaillent ce type de végétation inscrit dans un paysages de sommets arrondis typiques des Vosges et de leurs « ballons ». Le toponyme de « haute chaume » se retrouve historiquement au nord du col de la Schlucht, embrassant les chaumes d’Orbey, des Valtins ou des Planfaing. Typiques d’une économie pastorale de montage traditionnelle, ces prairies d’altitude continues sont réservées en général à l’estive des bovins, qui produisent du lait en quantité telle qu’il est conservé sous forme de fromage transformé sur place. En dépit de l’attraction (rentable) constituée depuis l’apparition du Club Vosgien (1872) par les fermes-auberges vendant aux touristes leur munster géromé, l’élevage bovin a fortement régressé depuis le début du siècle. L’abandon de certains chaumes a semble-t-il permis à l’éleveur de Lembach de venir y faire paître ses moutons : les propriétaires qui ne parviennent plus à entretenir suffisamment les prairies d’altitude pour les bovins les louent moins cher à des éleveurs d’ovins (Nonn/282) (Gagneux et Xavier de Planhol 1979). Ce signe de déprise rurale ouvre les portes de précieux terroirs à des acteurs agricoles aux revenus bien moindres que les producteurs de lait et de viande bovine.  
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Encore très abondantes à l’orée de la révolution agricole, les prairies des hauteurs ont constamment reculé au XIXe et au XXe siècle<ref>Louis Hergès, Jean-Pierre Boudot, rédacteurs de l'article "Haute Chaume" in ''Encyclopédie de l'Alsace'', éditions Publitotal, Strasbourg, 1984, page 1646-1653</ref>. Les chaumes vosgiennes offrent aux bêtes herbe, broussailles et fleurs d’abord dans les forêts de hêtres du massif, puis forment au-delà de 1000 mètres les hautes chaumes. Les zooms arrière réalisés par le cinéaste détaillent ce type de végétation inscrit dans un paysage de sommets arrondis typiques des Vosges et de leurs « ballons ». Le toponyme de « haute chaume » se retrouve historiquement au nord du col de la Schlucht, embrassant les chaumes d’Orbey, des Valtins ou des Planfaing. Typiques d’une économie pastorale de montage traditionnelle, ces prairies d’altitude continues sont réservées en général à l’estive des bovins, qui produisent du lait en quantité telle qu’il est conservé sous forme de fromage transformé sur place. En dépit de l’attraction (rentable) constituée depuis l’apparition du Club Vosgien (1872) par les fermes-auberges vendant aux touristes leur munster géromé, l’élevage bovin a fortement régressé depuis le début du siècle. L’abandon de certains chaumes a semble-t-il permis à l’éleveur de Geispolsheim de venir y faire paître ses moutons : les propriétaires qui ne parviennent plus à entretenir suffisamment les prairies d’altitude pour les bovins les louent moins cher à des éleveurs d’ovins (Nonn/282) (Gagneux et Xavier de Planhol 1979). Ce signe de déprise rurale ouvre les portes de précieux terroirs à des acteurs agricoles aux revenus bien moindres que les producteurs de lait et de viande bovine.
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Marcel Geistel, éleveur à Geispolsheim, village situé à une quinzaine de kilomètres de Strasbourg, avait deux troupeaux de moutons. Le premier restait toute l'année sur le ban de Geispolsheim, et broutait, entre autres, les près de l'aéroport d'Entzheim, tout proche. Le deuxième était conduit sur les chaumes du Champ du Feu, à une quarantaine de kilomètres de là.  
  
 
'''Le métier de berger'''
 
'''Le métier de berger'''
  
Le berger, parfois accompagné d’un aide, partage la vie en extérieur du troupeau de quelques dizaines de moutons marqués du G de Grammes dont il accompagne et oriente le parcours dans le pâturage. La plupart du temps regroupés, les ovins broutent des X et des X et sont même dirigés vers un bois pour y XX XX XX. De longues séquences contemplatives décrivent un panoramique sur les sommets où se distinguent des habitations, mais où l’on croise peu d’hommes, alors que les lieux sont depuis longtemps aménagés pour le tourisme sanitaire et vert. Torse nu en plein été et vêtu d’une veste plus chaude vers l’automne, l’éleveur décide d’opérer la redescente après la chute de la première neige d’altitude qui ne recouvre pas encore totalement l’herbe. La bergerie ouverte, simple structure grillagée avec un toit qui sert d’abri d’été doit alors être quittée jusqu’à l’année suivante. Le berger dispose de deux outils essentiels pour diriger ses moutons : la canne et le chien. La canne du berger, dont il fait l’usage à plusieurs reprises, est équipée d’une houlette lui servant à jeter des pierres pour effrayer les bêtes, et d’un crochet autorisant une saisie à distance d’ovins souvent méfiants. Grammes possède deux chien, dont un noir de race X qu’il saisit en plan très large rassembler le troupeau. Grammes a privilégié les (nombreux) moments de solitude pour filmer un environnement où montagnes vosgiennes, moutons, chiens et bergers semblent se fondre dans le paysage, les éléments, les saisons.
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Le berger, toujours solitaire, partage la vie en extérieur du troupeau d'environ mille bêtes marquées du "G" de Geistel dont il accompagne et oriente le parcours dans le pâturage. La plupart du temps regroupés, les ovins broutent et sont même dirigés vers un bois. De longues séquences contemplatives décrivent un panoramique sur les sommets où se distinguent des habitations, mais où l’on croise peu d’hommes, alors que les lieux sont depuis longtemps aménagés pour le tourisme sanitaire et vert. Torse nu en plein été et vêtu d’une veste plus chaude vers l’automne, l’éleveur décide d’opérer la redescente après la chute de la première neige d’altitude qui ne recouvre pas encore totalement l’herbe. La transhumance est un voyage délicat. Les plus jeunes bêtes et les brebis allaitantes sont descendues dans la camionnette qui apparaît à l'écran. Pour les autres, le berger dispose de deux outils essentiels pour diriger ses moutons : le bâton et le chien. Le bâton du berger, dont il fait usage à plusieurs reprises, est équipé d’une houlette lui servant à jeter des pierres pour effrayer les bêtes, et d’un crochet autorisant une saisie à distance d’ovins souvent méfiants. Le berger de Marcel Geistel possède deux chiens, saisis en plan très large rassemblant le troupeau. Albert Grammes, l'opérateur, a privilégié les (nombreux) moments de solitude pour filmer un environnement où montagnes vosgiennes, moutons, chiens et bergers semblent se fondre dans le paysage, les éléments, les saisons.
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Die Schafe auf der Alm (Grammes)'''</big>
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Dem traditionell landwirtschaftlichen Elsass ist es gelungen, trotz der wirtschaftlichen und geopolitischen Krisen eine stark diversifizierte Landwirtschaft zu erhalten, die die Vielfalt ihrer Terroirs widerspiegelt. Die ländliche Siedlungsdichte und der Fortbestand eines Teils der Erwerbstätigen in der Landwirtschaft lassen sich insbesondere durch ein regionales Konsumgebiet erklären, das groß genug ist, um den größten Teil der Produktion im Direktverkauf auf den Märkten oder im Einzelhandel zu absorbieren. Die Rinder-, Schweine- und Schafzucht hat sich nach und nach spezialisiert, konzentriert und auf Qualität ausgerichtet. Waren in den elsässischen Bauernhöfen schon immer Ochsen und Kühe als Zugtiere, die gleichzeitig Milch lieferten, gehalten worden, so fiel die Entwicklung der Schweinezucht im 19. Jahrhundert mit der Ausbreitung des Kartoffelanbaus zusammen. Es gibt immer noch Schafherden, trotz des Rückgangs der Möglichkeiten zum Almauftrieb- und abtrieb nach der Schließung der Grenzen (1870-1918) und trotz des Drucks der Verstädterung. Dies erklärt die Konzentration der Schafzucht in weniger fruchtbaren Gebieten als in solchen, die den spezialisierten kommerziellen Kulturen gewidmet und weniger stark besiedelt sind, wie das Outre-Forêt im nördlichen Elsass. Der Züchter Albert Grammes hat seinen Betrieb X gegründet; 1978 hat er X Schafe, die einen Teil des Jahres in Schafstallungen und den anderen Teil auf freier Weide verbringen (0044FI0002).
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'''Die Weiden im Elsass'''
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Die zu Beginn der Agrarrevolution noch sehr zahlreichen Hochweiden verzeichneten im 19. und 20. Jahrhundert einen stetigen Rückgang [Louis Hergès, Jean-Pierre Boudot, Verfasser des Artikels “Haute Chaume“ in der ''Encyclopédie de l'Alsace'', Verlag Publitotal, Straßburg, 1984 (Seite 1646-1653)]. Die Weiden der Vogesen bieten den Tieren Gras, Gestrüpp und Blumen, zuerst in den Buchenwäldern des Gebirges, dann in den Hochweiden über 1000 Meter. Die Verkleinerungen des Filmers zeigen diese Art von Vegetation in einer Landschaft, die von den Gipfeln der Vogesen mit ihrer typischen abgerundeten Form, den „Ballons“, geprägt ist. Den Ortsnamen „Haute Chaume“ (Hochweide) findet man im Norden des Col de la Schlucht, in einem Gebiet, das die Weiden von Orbey, Valtins und Plainfaing umfasst. Diese zusammenhängenden Bergwiesen, die typisch für eine traditionelle Bergweidewirtschaft sind, werden in der Regel als Sommerweide für die Rinder verwendet, die Milch in solchen Mengen produzieren, dass sie vor Ort zu Käse verarbeitet wird, um sie zu konservieren. Trotz des (gewinnbringenden) Geschäfts, das die Bauerngasthöfe seit der Gründung des Vogesenclubs (1872) mit dem Verkauf ihres Münsterkäses betreiben, ist die Rinderzucht seit Anfang des Jahrhunderts stark zurückgegangen. Die Aufgabe mancher Weiden scheint es dem Lembacher Landwirt ermöglicht zu haben, seine Schafe dort weiden zu lassen: die Besitzer, die nicht mehr in der Lage sind, die Hochlagen ausreichend für Rinder zu unterhalten, vermieten sie zu günstigeren Preisen an Schafzüchter (Nonn/282) (Gagneux und Xavier de Planhol 1979). Diese Aufgabe landwirtschaftlicher Nutzflächen macht kostbares Land für landwirtschaftliche Akteure zugänglich, die deutlich niedrigere Einkommen haben als die Milch- oder Rindfleischerzeuger.
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'''Der Beruf des Hirten'''
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Der Hirte, manchmal in Begleitung eines Helfers, teilt das Leben einer Herde von einigen Dutzend Schafen, die mit dem G von Grammes markiert sind, die er begleitet und auf die Weide führt. Die Schafe, die meistens in der Herde zusammen stehen, grasen X und X und werden sogar in einen Wald geführt, wo sie XX XX XX. Lange kontemplative Sequenzen beschreiben ein Gipfelpanorama, wo Behausungen zu sehen sind. Man begegnet aber nur wenigen Menschen, obwohl die Orte seit langem für den Gesundheits- und den grünen Tourismus erschlossen sind. Der Hirte, der im Hochsommer mit nacktem Oberkörper und im Herbst mit einer warmen Jacke gezeigt wird, beschließt, die Herde nach dem ersten Schneefall, der das Gras noch nicht vollständig bedeckt, in das Tal zu führen. Der offene Schafstall, eine einfache Gitterstruktur mit einem Dach, die als Sommerunterstand dient, muss dann bis zum nächsten Jahr verlassen werden. Der Schäfer hat hauptsächlich zwei Werkzeuge, um seine Schafe zu führen: den Stock und den Hund. Der Hirtenstock, den er mehrmals benutzt, besitzt eine kleine Rinne, mit der er Steine werfen kann, um die Tiere zu erschrecken und einen Haken, um die oft misstrauischen Schafe zu fangen. Grammes besitzt zwei Hunde, einen schwarzen Hund der Rasse X, den er in einer Totalen zeigt, wie er die Herde zusammenführt. Grammes hat die (vielen) Momente der Einsamkeit bevorzugt und eine Umgebung gefilmt, in der die Berge der Vogesen, die Schafe, Hunde und Hirten mit der Landschaft, den Elementen und den  Jahreszeiten zu verschmelzen scheinen.
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|Bibliographie=André Maurice, "L'économie pastorale sur les chaumes vosgiennes entre le col de la Schlucht et le Ballon d'Alsace", ''Revue Géographique de l'Est'', 1972 (vol. 12), n°1, p. 35-54.
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|descripteurs=Pâturages; Élevage ovin
 
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Version actuelle datée du 5 novembre 2019 à 15:43


 Avertissement[1]

Événements filmés ou en lien


Transhumance

Résumé


Pâturage estival du troupeau de moutons de Marcel Geistel dans les chaumes du Champ du Feu

Métadonnées

N° support :  0044FI0002
Date :  1974
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:00:00
Cinéastes :  Grammes, Albert
Format original :  Super 8 mm
Genre :  Film amateur

Contexte et analyse


L’Alsace, terre agricole traditionnelle, a su conserver malgré les crises économiques et géopolitiques une agriculture à très diversifiée, reflet de la diversité de ses terroirs. La densité de l’habitat rural et le maintien d’une partie des actifs dans le secteur primaire s’expliquent en particulier par l’existence d’un bassin de consommation régional suffisamment important pour absorber l’essentiel de la production par la vente directe sur les marchés ou dans le réseau commercial. Il en va notamment ainsi de l’élevage bovin, porcin et ovin, qui s’est peu à peu spécialisé, concentré et orienté vers la quête de qualité. Les troupeaux de moutons ont subsisté malgré la réduction des possibilités de transhumance face à la fermeture des frontières (1870-1918), puis la pression de l’urbanisation dans l’entre-deux-guerres. C’est ce qui explique la concentration des élevages de moutons dans les zones moins fertiles que celles dédiées aux cultures spécialisées commerciales (betterave à sucre, tabac, houblon, vigne) et moins peuplées, comme l’est le territoire de l’Outre-Forêt dans le nord de la région, ou les chaumes. L’éleveur Marcel Geistel a installé un troupeau en transhumance, pendant l'été uniquement, de 1970 à 1974, sur les chaumes vosgiennes ; il compte environ mille moutons de race mérinos qui passent une partie de l’année en bergerie, et l’autre en pâture libre sur les chaumes du Champ du Feu.

Les pâturages en Alsace

Encore très abondantes à l’orée de la révolution agricole, les prairies des hauteurs ont constamment reculé au XIXe et au XXe siècle[2]. Les chaumes vosgiennes offrent aux bêtes herbe, broussailles et fleurs d’abord dans les forêts de hêtres du massif, puis forment au-delà de 1000 mètres les hautes chaumes. Les zooms arrière réalisés par le cinéaste détaillent ce type de végétation inscrit dans un paysage de sommets arrondis typiques des Vosges et de leurs « ballons ». Le toponyme de « haute chaume » se retrouve historiquement au nord du col de la Schlucht, embrassant les chaumes d’Orbey, des Valtins ou des Planfaing. Typiques d’une économie pastorale de montage traditionnelle, ces prairies d’altitude continues sont réservées en général à l’estive des bovins, qui produisent du lait en quantité telle qu’il est conservé sous forme de fromage transformé sur place. En dépit de l’attraction (rentable) constituée depuis l’apparition du Club Vosgien (1872) par les fermes-auberges vendant aux touristes leur munster géromé, l’élevage bovin a fortement régressé depuis le début du siècle. L’abandon de certains chaumes a semble-t-il permis à l’éleveur de Geispolsheim de venir y faire paître ses moutons : les propriétaires qui ne parviennent plus à entretenir suffisamment les prairies d’altitude pour les bovins les louent moins cher à des éleveurs d’ovins (Nonn/282) (Gagneux et Xavier de Planhol 1979). Ce signe de déprise rurale ouvre les portes de précieux terroirs à des acteurs agricoles aux revenus bien moindres que les producteurs de lait et de viande bovine. Marcel Geistel, éleveur à Geispolsheim, village situé à une quinzaine de kilomètres de Strasbourg, avait deux troupeaux de moutons. Le premier restait toute l'année sur le ban de Geispolsheim, et broutait, entre autres, les près de l'aéroport d'Entzheim, tout proche. Le deuxième était conduit sur les chaumes du Champ du Feu, à une quarantaine de kilomètres de là.

Le métier de berger

Le berger, toujours solitaire, partage la vie en extérieur du troupeau d'environ mille bêtes marquées du "G" de Geistel dont il accompagne et oriente le parcours dans le pâturage. La plupart du temps regroupés, les ovins broutent et sont même dirigés vers un bois. De longues séquences contemplatives décrivent un panoramique sur les sommets où se distinguent des habitations, mais où l’on croise peu d’hommes, alors que les lieux sont depuis longtemps aménagés pour le tourisme sanitaire et vert. Torse nu en plein été et vêtu d’une veste plus chaude vers l’automne, l’éleveur décide d’opérer la redescente après la chute de la première neige d’altitude qui ne recouvre pas encore totalement l’herbe. La transhumance est un voyage délicat. Les plus jeunes bêtes et les brebis allaitantes sont descendues dans la camionnette qui apparaît à l'écran. Pour les autres, le berger dispose de deux outils essentiels pour diriger ses moutons : le bâton et le chien. Le bâton du berger, dont il fait usage à plusieurs reprises, est équipé d’une houlette lui servant à jeter des pierres pour effrayer les bêtes, et d’un crochet autorisant une saisie à distance d’ovins souvent méfiants. Le berger de Marcel Geistel possède deux chiens, saisis en plan très large rassemblant le troupeau. Albert Grammes, l'opérateur, a privilégié les (nombreux) moments de solitude pour filmer un environnement où montagnes vosgiennes, moutons, chiens et bergers semblent se fondre dans le paysage, les éléments, les saisons.

Lieux ou monuments


Chaumes vosgiennes; Tour de la station hertzienne du Champ du Feu qui assure les transmissions de l'Armée de l'air; Chalet du Ski-club d'Obernai (à 30)

Bibliographie


André Maurice, "L'économie pastorale sur les chaumes vosgiennes entre le col de la Schlucht et le Ballon d'Alsace", Revue Géographique de l'Est, 1972 (vol. 12), n°1, p. 35-54.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 05 mars 2019


  1. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  2. Louis Hergès, Jean-Pierre Boudot, rédacteurs de l'article "Haute Chaume" in Encyclopédie de l'Alsace, éditions Publitotal, Strasbourg, 1984, page 1646-1653