1er Rallye cycliste de la Route du Vin d'Alsace (0003FH0007) : Différence entre versions

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|Resume_fr=Course cycliste, tourisme culturel et dégustation oenologique sur la Route du Vin d'Alsace.
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|Description_fr=Horloge de la Metzig de Molsheim ; pano sur le bâtiment
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Les coureurs cyclistes préparent leurs vélos
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Carte de la Route du vin
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Un officiel coupe le ruban et la course démarre
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Passage à Boersch
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Puits de Boersch
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Cyclistes grimpant sur route de montagne (panneau St Odile ; Le
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Hohwald) ; passage devant une petite chapelle
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Arrivée devant le Mont sainte Odile
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Pancarte "Contrôle Sainte Odile" : une femme assise à un bureau
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contrôle l'arrivée des cyclistes
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On regonfle les pneus, on prend un repas
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Cyclistes repartis dans la montagne
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Vue du paysage
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Cyclistes montant puis descendant
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Passage dans un village puis sortie
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Passage à Nothalten
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Passage à Dambach ; tour-porte d'Ebersheim qu'un jeune homme prend en photo
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Château du Bernstein ?
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Cyclistes sur une route de vignoble
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Vue du Haut Koenigsbourg
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Un cycliste passe devant une pancarte "château du Haut
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Koenigsbourg"
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Pancarte "contrôle du Haut Koenigsbourg" avec contrôleuse du Haut Koenigsbourg
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Les cyclistes mangent
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D'autres cyclistes arrivant
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Traversée d'un village
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Un homme avec un appareil photo
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Stand de dégustation de vin du C.I.V.A.
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Les cyclistes buvant du vin blanc
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Arrivée d'un tandem
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Passage d'un autre tandem
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Passage de cyclistes route de vignoble
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Panneau Bennwihr
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Eglise
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Enseigne restaurant Relais Hansi
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Contrôle arrivée à l'extérieur du restaurant ; nombreux cyclistes
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|Contexte_et_analyse_fr=La présence du vignoble est attestée en Alsace depuis l’Antiquité romaine. Cette culture a connu un premier pic au Moyen Age, profitant comme les voisins de Champagne d’une position clef au carrefour d’importants axes de communication. Les viticulteurs ont longtemps produit surtout en quantité, même si s’est peu à peu dessinée une carte tributaire des terroirs sur lesquels s’épanouit la vigne. Au XIXe siècle, le vignoble alsacien connaît un lent déclin en quantité et en qualité. L’annexion de la région par le Reich de Guillaume II en 1870 a coupé en bonne partie les liens commerciaux avec la France. Si au départ la région est le plus grand producteur du Reich, sa production n’est pas valorisée (on l’utilise pour couper d’autres vins) et l’importation de vins français, espagnols ou italiens fait reculer sa part. Après 1919, le vin d’Alsace doit reconquérir sa place sur le marché national, très concurrentiel avec des régions bien mieux organisées et connues. Il s’opère par une quête de qualité avec le replantage de cépages sélectionnés, pour l’essentiel du pinot (noir et gris), du riesling et du gewurztraminer. En 1965, les efforts consentis portent leurs fruits : le vin alsacien est désormais reconnu, il fait partie de l’identité du territoire à mesure que se développe un tourisme gastronomique et paysager spécifique.
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'''La Route des Vins, une histoire franco-allemande'''
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[[Fichier:Weintor.jpg|vignette|La Porte du Vin allemand en 1939 (DR)]]
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L’occupant nazi de la région annexée poursuit le travail initié en le rationalisant sur le plan agricole comme sur celui du tourisme. En effet, les autorités allemandes imposent à la fois des arrachages, un remembrement et une quête de productivité qui doit faire de l’Alsace le joyau de la viticulture du Troisième Reich. Parmi les films éducatifs (''Kulturfilme'') réalisés dans les années 1930 et diffusés dans la région pendant la guerre, on trouve plusieurs titres sur la culture de la vigne. D’autre part, c’est dans le Palatinat qu’a été lancée la toute première route des Vins, en octobre 1935, avant celle des Grands Crus de Bourgogne en 1937. Ses 85 km en partie construits spécialement partent de la frontière française, à Schweingen-Rechtenbach dans le pays Wissembourg, où se dresse une Porte du Vin allemand monumentale. L’idée du Gauleiter Bürckel est de favoriser la vente à la propriété et de sortir les vignerons de la crise due à la surproduction et au recul des échanges découlant de l’interdiction faite aux Juifs de toute activité commerciale. Pendant la guerre, un film va jusqu’à vanter une Grande route des Vins européenne (unifiée sous la bannière nazie) allant du Palatinat jusqu’à la Méditerranée. Ce n’est donc pas un hasard si l’Alsace lance le 30 mai 1953 sa propre Route et l’étend sur 170 kilomètres du nord au sud d’un vignoble bien plus riche et varié que son concurrent d’Outre-Rhin.
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'''Filmer en professionnel une course amateur'''
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Jean Albert est un passionné de cyclisme qui a accompli de fabuleuse tournées à vélo dans toute la région et au-delà. Sa participation au premier Rallye cycliste de la Route du Vin d’Alsace était donc inévitable. Le film alterne de façon équilibrée les plans sur les curiosités touristiques, les séquences de parcours d’une route bien goudronnée, parfois assez pentue et traversant même des bois, et scènes de la compétition amicale qui se déroule. Les différents coureurs, reconnaissables à leurs maillots siglés et leurs musettes aux couleurs de leurs équipes amateur, sont des mécaniciens qui prennent soin de leur matériel : on serre des écrous, on regonfle les pneus. Ils doivent respecter un parcours ponctué de points de contrôle où ils se rejoignent pour se restaurer – en buvant du vin. Parmi la majorité d’hommes de tous âges on note la présence athlétique de femmes qui n’oublient pas de sourire à la caméra, même en plein effort ; l’une fait partie d’un tandem. Albert, qui aimait tant filmer la piste au moment de l’envol de son avion pendant la guerre d’Algérie, s’amuse ici à opérer des gros plans sur les roues et les pignons en action ; lui qui s’est filmé en train de sauter an parachute, il s’ingénie à capter des phases de course assez techniques comme la descente en montagne.
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'''Un modèle d’œnotourisme'''
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[[Fichier:Route du Vin illustrée.jpg|vignette|Couverture des ''Saisons d'Alsace'' en 1952 (©BNUS)]]
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Dans le film réalisé par le cycliste et cinéaste amateur Jean Albert, qui documente autant la course que la Route du Vin, plusieurs coureurs sont saisis en train de prendre des photos. La Route fait dès 1953 l’objet d’une intense publicité avec l’idée d’un rallye automobile dont les participants doivent parcourir la plus grande distance en partant pour moitié du nord, pour moitié du sud. La promotion de cet outil de valorisation du terroir et du paysage mobilise les artistes et se répercute d’année en année dans les différentes éditions d’un guide ad hoc. Le Comité interprofessionnel des vins d’Alsace, qui unit les viticulteurs et les vignerons depuis mai 1963, ne manque pas une belle occasion de se faire connaître en sponsorisant la course et en plaçant opportunément un stand de dégustation. En effet, l’on excepte Strasbourg et Sélestat, la route permet de visiter Colmar, les plus beaux villages alsaciens et la majeure partie des monuments historiques. Les panneaux en lave émaillée sur support de béton offerts par la société Michelin aux communes portent dès lors la mention Route du Vin, et Albert ne manque pas de les fixer sur pellicule, tout comme le matériel professionnel quid écorent les bâtiments de dégustation ou les indiquent (une bouteille géante, cru 1959). Point d’ancrage important pour l’image de l’Alsace, comme dans d’autres régions viticoles, il s’agit d’un cas unique de Route constituant un pôle touristique attractif et dynamique venant compléter l’offre plus classique d’ordre culturel. Le symbole de cette alliance est le caveau Hansi de Colmar, du nom du célèbre chantre de l’Alsace perdue au début du XXe siècle.
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Weinstraße'''</big>
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Der Weinbau im Elsass ist seit der Römerzeit belegt. Dieser Anbau hat seinen ersten Höhepunkt im Mittelalter erreicht, als er, wie seine Nachbarn in der Region Champagne, seine Schlüsselposition am Knotenpunkt wichtiger Verkehrswege nutzte. Lange Zeit produzierten die Winzer hauptsächlich in großen Mengen, auch wenn sich allmählich eine Karte der Terroirs abgezeichnet hat, in denen sich der Wein am besten entfaltet. Im 19. Jahrhundert erlebte das elsässische Weinbaugebiet einen langsamen Verfall seiner Mengen und seiner Qualität. Die Annexion der Region durch das Kaiserreich Wilhelms II. 1870 hat die Handelsbeziehungen zu Frankreich größtenteils abgeschnitten. Die Region war zwar zunächst der größte Produzent des Reiches, aber ihre Produktion erfuhr keinerlei Wertschätzung (sie wurde zum Verschneiden anderer Weine verwendet) und die Einfuhr von französischen, spanischen oder italienischen Weinen reduzierte ihren Anteil. Nach 1919 musste der elsässische Wein seinen Platz auf dem französischen, stark wettbewerbsgeprägten Markt zurückerobern, gegenüber weitaus besser organisierten und bekannten Regionen. Diese Rückeroberung erfolgte durch ein Streben nach Qualität, mit der Pflanzung ausgewählter Rebsorten, vor allem Pinot (Pinot noir und Pinot gris), Riesling und Gewürztraminer. 1965 zahlten sich die Bemühungen aus: Der elsässische Wein fand nun Anerkennung, war im Zuge der Entwicklung eines spezifischen Gastronomie- und Landschaftstourismus Teil der Identität des Gebietes geworden.
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'''Die Weinstraße, eine deutsch-französische Geschichte'''
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Der NS-Besatzung der annektierten Region setzte die begonnene Arbeit mit einer Rationalisierung sowohl in der Landwirtschaft als auch im Tourismus fort. Tatsächlich schrieben die deutschen Behörden die Rodung von Rebflächen, eine Flurbereinigung und eine Produktivitätssteigerung vor, die das Elsass zum Juwel des Weinbaus im Dritten Reich machen sollten. Unter den in den 1930er Jahren gedrehten und während des Krieges in der Region ausgestrahlten ''Kulturfilmen'' befinden sich mehrere Filme über den Weinbau. In der Pfalz war im Oktober 1935 die allererste Weinstraße eröffnet worden, vor der Weinstraße durch das Burgund, der „Route des Grands Crus de Bourgogne“ im Jahre 1937. Ihre 85 Kilometer, von denen einige Abschnitte eigens dafür gebaut wurden, beginnen an der französischen Grenze in Schweigen-Rechtenbach in der Region Wissembourg, wo ein monumentales deutsches Weintor steht. Dem Gauleiter Bürckel ging es darum, den Direktverkauf vom Weingut zu fördern und den Winzern aus der Krise zu helfen, die sich aufgrund der Überproduktion und des Rückgangs des Handels infolge des Geschäftsverbots für Juden eingestellt hatte. Während des Krieges wurde in einem Film sogar eine Große Europäische Weinstraße (vereint unter dem Banner des NS-Regimes) von der Pfalz bis zum Mittelmeer gepriesen. Es ist daher kein Zufall, dass das Elsass am 30. Mai 1953 seine eigene Weinstraße eröffnete und sie 170 km weiter von Nord nach Süd durch ein viel reicheres und vielfältigeres Weinbaugebiet als die deutsche Konkurrenz führen ließ.
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'''Der Radsport'''
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Jean Albert war ein begeisterter Radsportler, der fabelhafte Strecken in der ganzen Region und darüber hinaus zurückgelegt hat. Seine Teilnahme an der ersten Radrallye der Elsässischen Weinstraße war daher unvermeidlich. Der Film wechselt in ausgewogener Weise zwischen Aufnahmen der Sehenswürdigkeiten, Sequenzen einer gut geteerten, manchmal ziemlich steilen Straße, die sogar durch Wälder führt, und Szenen des stattfindenden freundschaftlichen Rennens ab. Die verschiedenen Fahrer, erkennbar an ihren Trikots mit Logos und den Tuchbeuteln in den Farben ihrer Amateurteams, sind Mechaniker, die sich um ihre Ausrüstung kümmern: Sie ziehen Schrauben fest, pumpen die Reifen auf. Sie müssen einer Route mit verschiedenen Kontrollpunkten folgen, wo sie sich zum Essen treffen und Wein trinken. Die meisten Teilnehmer sind Männer jeden Alters, aber man sieht auch athletische Frauen, die trotz der Anstrengung nicht vergessen, in die Kamera zu lächeln; eine der Frauen nimmt auf einem Tandem teil. Albert, der während des Algerienkrieges so gerne die Landebahn im Moment des Starts seines Flugzeugs filmte, hat hier Spaß daran, Großaufnahmen der Räder und Ritzel zu zeigen; er, der sich selbst beim Fallschirmspringen gefilmt hat, fängt relativ technische Rennphasen, wie die Bergabfahrt ein.
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'''Ein Modell des Weintourismus'''
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In dem Film des Amateur-Radsportlers und Amateurfilmers Jean Albert, der gleichermaßen das Rennen und die Weinstraße dokumentiert, werden mehrere Radfahrer beim Fotografieren gefilmt. Seit 1953 wurde für die Weinstraße intensiv Werbung betrieben. Es sollte eine Auto-Rallye veranstaltet werden, bei der die Teilnehmer  je zur Hälfte im Norden und im Süden starten und eine möglichst lange Strecke zurücklegen sollten. An der Förderung dieses Instruments zur Erschließung des Terroirs und der Landschaft wurden Künstler beteiligt und Jahr für Jahr wurden neue Ausgaben eines Weinstraßenführers veröffentlicht. Der elsässische Weinbauverband, in dem die Winzer seit Mai 1963 zusammengeschlossen sind, ließ sich diese schöne Werbegelegenheit nicht entgehen. Er sponserte das Rennen und war mit einem Weinverkostungsstand vertreten. Mit Ausnahme von Straßburg und Selestat kann man auf der Weinstraße Colmar die schönsten elsässischen Dörfer und die meisten historischen Denkmäler besuchen. Die Schilder aus Beton und emailliertem Lavastein, die den Gemeinden von der Firma Michelin geschenkt worden waren, tragen nunmehr den Hinweis "Route du Vin“ und Albert versäumt es nicht, sie zu filmen, ebenso wie das Material, das die Gebäude für Weinproben schmück oder auf sie hinweist (eine riesige Flasche, Jahrgang 1959). Diese Weinstraße ist ein wichtiger Ausgangspunkt für das Image des Elsass, wie in anderen Weinbauregionen. Es handelt sich um einen einzigartigen Fall eines attraktiven und dynamischen touristischen Pols, der das klassischere, kulturelle Angebot ergänzt. Das Symbol dieser Vereinigung ist der Caveau Hansi in Colmar, benannt nach dem berühmten Künstler der Anfang des 20. Jahrhunderts das verlorene Elsass hochleben ließ.
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|Bibliographie=Sylvaine Boulanger-Fassier, "Les dynamiques des vignobles alsacien et jurassien : étude comparée (1950-2004)", ''Revue géographique de l'Est'', vol. 44/1-2, 2004, p. 63-79.
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René Kuhn, Alfred North, Jean-Claude Philipp, ''Le Cyclisme en Alsace : de 1869 à nos jours'',
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Strasbourg, Éditions Publitotal, 1980.
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J.-P. Lozato-Giotard, "Tourisme et vignobles : un impact limité et contradictoire", ''Hommes et Terres du Nord'', 1987, n°4, p. 247-250.
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Roland Moser, « Les étiquettes anciennes du vin d’Alsace », ''Revue d’Alsace'' n°137, 2011, p. 109-134.
 
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Version actuelle datée du 19 mars 2019 à 16:10

Résumé


Course cycliste, tourisme culturel et dégustation oenologique sur la Route du Vin d'Alsace.

Description


Horloge de la Metzig de Molsheim ; pano sur le bâtiment Les coureurs cyclistes préparent leurs vélos Carte de la Route du vin Un officiel coupe le ruban et la course démarre Passage à Boersch Puits de Boersch Cyclistes grimpant sur route de montagne (panneau St Odile ; Le Hohwald) ; passage devant une petite chapelle Arrivée devant le Mont sainte Odile Pancarte "Contrôle Sainte Odile" : une femme assise à un bureau contrôle l'arrivée des cyclistes On regonfle les pneus, on prend un repas Cyclistes repartis dans la montagne Vue du paysage Cyclistes montant puis descendant Passage dans un village puis sortie Passage à Nothalten Passage à Dambach ; tour-porte d'Ebersheim qu'un jeune homme prend en photo Château du Bernstein ? Cyclistes sur une route de vignoble Vue du Haut Koenigsbourg Un cycliste passe devant une pancarte "château du Haut Koenigsbourg" Pancarte "contrôle du Haut Koenigsbourg" avec contrôleuse du Haut Koenigsbourg Les cyclistes mangent D'autres cyclistes arrivant Traversée d'un village Un homme avec un appareil photo Stand de dégustation de vin du C.I.V.A. Les cyclistes buvant du vin blanc Arrivée d'un tandem Passage d'un autre tandem Passage de cyclistes route de vignoble Panneau Bennwihr Eglise Enseigne restaurant Relais Hansi Contrôle arrivée à l'extérieur du restaurant ; nombreux cyclistes

Métadonnées

N° support :  0003FH0007
Date :  1965
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:10:16
Cinéastes :  Albert, Jean
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Cyclisme, Paysages naturels et transformés, Sites patrimoniaux et touristiques
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


La présence du vignoble est attestée en Alsace depuis l’Antiquité romaine. Cette culture a connu un premier pic au Moyen Age, profitant comme les voisins de Champagne d’une position clef au carrefour d’importants axes de communication. Les viticulteurs ont longtemps produit surtout en quantité, même si s’est peu à peu dessinée une carte tributaire des terroirs sur lesquels s’épanouit la vigne. Au XIXe siècle, le vignoble alsacien connaît un lent déclin en quantité et en qualité. L’annexion de la région par le Reich de Guillaume II en 1870 a coupé en bonne partie les liens commerciaux avec la France. Si au départ la région est le plus grand producteur du Reich, sa production n’est pas valorisée (on l’utilise pour couper d’autres vins) et l’importation de vins français, espagnols ou italiens fait reculer sa part. Après 1919, le vin d’Alsace doit reconquérir sa place sur le marché national, très concurrentiel avec des régions bien mieux organisées et connues. Il s’opère par une quête de qualité avec le replantage de cépages sélectionnés, pour l’essentiel du pinot (noir et gris), du riesling et du gewurztraminer. En 1965, les efforts consentis portent leurs fruits : le vin alsacien est désormais reconnu, il fait partie de l’identité du territoire à mesure que se développe un tourisme gastronomique et paysager spécifique.

La Route des Vins, une histoire franco-allemande

La Porte du Vin allemand en 1939 (DR)

L’occupant nazi de la région annexée poursuit le travail initié en le rationalisant sur le plan agricole comme sur celui du tourisme. En effet, les autorités allemandes imposent à la fois des arrachages, un remembrement et une quête de productivité qui doit faire de l’Alsace le joyau de la viticulture du Troisième Reich. Parmi les films éducatifs (Kulturfilme) réalisés dans les années 1930 et diffusés dans la région pendant la guerre, on trouve plusieurs titres sur la culture de la vigne. D’autre part, c’est dans le Palatinat qu’a été lancée la toute première route des Vins, en octobre 1935, avant celle des Grands Crus de Bourgogne en 1937. Ses 85 km en partie construits spécialement partent de la frontière française, à Schweingen-Rechtenbach dans le pays Wissembourg, où se dresse une Porte du Vin allemand monumentale. L’idée du Gauleiter Bürckel est de favoriser la vente à la propriété et de sortir les vignerons de la crise due à la surproduction et au recul des échanges découlant de l’interdiction faite aux Juifs de toute activité commerciale. Pendant la guerre, un film va jusqu’à vanter une Grande route des Vins européenne (unifiée sous la bannière nazie) allant du Palatinat jusqu’à la Méditerranée. Ce n’est donc pas un hasard si l’Alsace lance le 30 mai 1953 sa propre Route et l’étend sur 170 kilomètres du nord au sud d’un vignoble bien plus riche et varié que son concurrent d’Outre-Rhin.

La rote mène directement au producteur @ Saisons d'Alsace

Filmer en professionnel une course amateur

Jean Albert est un passionné de cyclisme qui a accompli de fabuleuse tournées à vélo dans toute la région et au-delà. Sa participation au premier Rallye cycliste de la Route du Vin d’Alsace était donc inévitable. Le film alterne de façon équilibrée les plans sur les curiosités touristiques, les séquences de parcours d’une route bien goudronnée, parfois assez pentue et traversant même des bois, et scènes de la compétition amicale qui se déroule. Les différents coureurs, reconnaissables à leurs maillots siglés et leurs musettes aux couleurs de leurs équipes amateur, sont des mécaniciens qui prennent soin de leur matériel : on serre des écrous, on regonfle les pneus. Ils doivent respecter un parcours ponctué de points de contrôle où ils se rejoignent pour se restaurer – en buvant du vin. Parmi la majorité d’hommes de tous âges on note la présence athlétique de femmes qui n’oublient pas de sourire à la caméra, même en plein effort ; l’une fait partie d’un tandem. Albert, qui aimait tant filmer la piste au moment de l’envol de son avion pendant la guerre d’Algérie, s’amuse ici à opérer des gros plans sur les roues et les pignons en action ; lui qui s’est filmé en train de sauter an parachute, il s’ingénie à capter des phases de course assez techniques comme la descente en montagne.

Un modèle d’œnotourisme

Couverture des Saisons d'Alsace en 1952 (©BNUS)
Dans le film réalisé par le cycliste et cinéaste amateur Jean Albert, qui documente autant la course que la Route du Vin, plusieurs coureurs sont saisis en train de prendre des photos. La Route fait dès 1953 l’objet d’une intense publicité avec l’idée d’un rallye automobile dont les participants doivent parcourir la plus grande distance en partant pour moitié du nord, pour moitié du sud. La promotion de cet outil de valorisation du terroir et du paysage mobilise les artistes et se répercute d’année en année dans les différentes éditions d’un guide ad hoc. Le Comité interprofessionnel des vins d’Alsace, qui unit les viticulteurs et les vignerons depuis mai 1963, ne manque pas une belle occasion de se faire connaître en sponsorisant la course et en plaçant opportunément un stand de dégustation. En effet, l’on excepte Strasbourg et Sélestat, la route permet de visiter Colmar, les plus beaux villages alsaciens et la majeure partie des monuments historiques. Les panneaux en lave émaillée sur support de béton offerts par la société Michelin aux communes portent dès lors la mention Route du Vin, et Albert ne manque pas de les fixer sur pellicule, tout comme le matériel professionnel quid écorent les bâtiments de dégustation ou les indiquent (une bouteille géante, cru 1959). Point d’ancrage important pour l’image de l’Alsace, comme dans d’autres régions viticoles, il s’agit d’un cas unique de Route constituant un pôle touristique attractif et dynamique venant compléter l’offre plus classique d’ordre culturel. Le symbole de cette alliance est le caveau Hansi de Colmar, du nom du célèbre chantre de l’Alsace perdue au début du XXe siècle.

Lieux ou monuments


Route du Vin d'Alsace

Bibliographie


Sylvaine Boulanger-Fassier, "Les dynamiques des vignobles alsacien et jurassien : étude comparée (1950-2004)", Revue géographique de l'Est, vol. 44/1-2, 2004, p. 63-79.

René Kuhn, Alfred North, Jean-Claude Philipp, Le Cyclisme en Alsace : de 1869 à nos jours, Strasbourg, Éditions Publitotal, 1980.

J.-P. Lozato-Giotard, "Tourisme et vignobles : un impact limité et contradictoire", Hommes et Terres du Nord, 1987, n°4, p. 247-250.

Roland Moser, « Les étiquettes anciennes du vin d’Alsace », Revue d’Alsace n°137, 2011, p. 109-134.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 18 décembre 2018