A travers les sports : la traversée de Strasbourg à la nage (0129FH0003) : Différence entre versions

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|Contexte_et_analyse_fr=L’origine des traversées à la nage remonte à Paris, où le journal ''L’Auto'', suivi de la Société nationale d’Encouragement à la Natation organisent en 1905 et 1906 les premières traversées de la Seine. Opposées quant au public auquel les traversées devaient s’adresser, les deux organisations créent chacune leur traversée : celle de L’Auto pour les professionnels et celle de la SNES pour les amateurs. Seule différence entre les deux : la course des professionnelles est une « contre la montre », alors que celle des amateurs est une « course en ligne ». Très populaire, la traversée à la nage de Paris inspire ensuite les autres villes françaises, qui créent tour à tour leurs propres traversées. Encadrées par leurs sociétés de natation respectives, ces épreuves rassemblaient une foule de spectateurs sur les berges. En 1947, les traversées sont déjà rentrées dans l’ordinaire ; cette traversée, organisée par la Société de Natation de Strasbourg, est la 31ème de Strasbourg. Elle suscite pourtant toujours autant d’intérêt.
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'''Popularité'''
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Les premiers plan d’Emile Breesé montrent l’affluence sur les berges du Rhin que provoquait les traversées. La traversée est l'une des manifestations sportives les plus suivies et elle suscite l’intérêt des journaux généralistes. L’originalité de ces compétitions tenait au fait qu’elles étaient ouvertes à n’importe qui et qu’il n’était pas nécessaire d’appartenir à un club pour y participer. Dans les années 1950, quasiment toutes les villes de France possédait leur traversée, avant que des préoccupations liées à la pollution et à la sécurité ne viennent les supprimer, au profit de la nage en piscine. Les traversées revêtent un aspect sensationnel notamment à une époque où beaucoup ne savaient pas nager. Voir, dans leur fleuve, lac ou rivière, des nageurs et nageuses surprenait et captivait le public. Emile Breesé filme les départs de la course ; le pluriel s'impose car plusieurs catégories avaient été créées afin de s’adresser au plus grand nombre. Des catégories par âge, comme celle junior, d’autres par expérience, comme pour les débutants ou encore pour séparer les hommes et les femmes. Chaque catégorie pouvait ainsi avec plus d’équité, célébrer son vainqueur. Les femmes ont leur catégorie dans la compétition, et disposaient de leur propre section féminine à la Société de Nation de Strasbourg depuis 1919. Elles avaient cependant déjà accès à cette pratique sportive, et elles étaient d’ailleurs déjà trois compétitrices à la traversée de Paris de 1906. Leur participation assurait également le succès des traversées, car la présence féminine dans ce genre de pratique étonnait et suscitait l’intérêt d’un grand nombre de spectateurs. Elles ont pendant longtemps été l’argument annoncé par les journaux pour attirer la foule. A propos de la traversée, le journal des ''Dernières nouvelles d’Alsace'' titre « L’immense popularité de la Traversée de Strasbourg à la nage s’est manifestée hier ». Elles dénombrent 600 nageurs et nageuses, soulignent le « succès sans pareil » de cette 31ème traversée de Strasbourg et annoncent les résultats par catégorie : les deux groupes hommes et femmes sont chacun divisés en sous-catégories allant de sénior à junior (Dernières Nouvelles d’Alsace, 15 juillet 1947, Strasbourg, BNU).
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'''Particularités des traversées dans la pratique de la natation, éloignées de la norme sportive'''
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Lorsque Émile Breesé filme les nageurs, on constate qu'ils sont suivis par des kayaks afin d’assurer leur sécurité. En effet, ces courses avaient lieu l’été pour que les nageurs n’aient pas à subir les conditions dangereuses du mauvais temps, mais des risques comme la crampe obligeaient ces précautions. Le départ de la course de fait dans l’eau et non en plongeant comme il est d’usage dans les piscines, sans doute pour éviter avec les chaudes températures de l’été un risque d’hydrocution. Les courses en ligne sont privilégiées pour les nages en eau libre car elles garantissent que les nageurs connaissent les mêmes conditions d’épreuves. En outre, les courses contre la montre présentent l’inconvénient que les nageurs peuvent subir différentes forces de courant. Pour le public aussi, l’épreuve en ligne a l’intérêt d’être plus claire car la victoire se constate immédiatement à la ligne d’arrivée. Émile Bressé filme les nageurs qui partent en peloton très serré, avant de filmer la progression de la course qui espace les nageurs. On peut voir que tous les nageurs nagent en crawl, qui est la nage la plus efficace en eau libre.
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|Bibliographie=CHAFES (Jean-Pierre), « Traversées, une histoire d'amour et d'eau fraîche », Fédération Française de Natation, 2016, https://www.ffnatation.fr/actualites/disciplines/traversees-histoire-damour-et-deau-fraiche.
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MICHON (Bernard), FABER (Claudine), « Histoire du sport, bilan : 1981-1987 », ''Sciences sociales et sports, états et perspectives'', Strasbourg, 1987
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VELEZ (Anne), ''Les filles de l'eau. Une histoire des femmes et de la natation en France (1905-1939)'', thèse de doctorat,
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volume 1, Angers, 2010.
 
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Version du 6 mars 2020 à 17:36

Résumé


Cette séquence montre la traversée à la nage de Strasbourg qui a eu lieu le 14 juillet 1947. Entre manifestation sportive et populaire, le film Emile Breesé témoigne de l’originalité de ces épreuves sportives.

Métadonnées

N° support :  0129FH0003
Date :  14 juillet 1947
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:00
Cinéastes :  Rieb, Géo
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Natation - Baignade
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


L’origine des traversées à la nage remonte à Paris, où le journal L’Auto, suivi de la Société nationale d’Encouragement à la Natation organisent en 1905 et 1906 les premières traversées de la Seine. Opposées quant au public auquel les traversées devaient s’adresser, les deux organisations créent chacune leur traversée : celle de L’Auto pour les professionnels et celle de la SNES pour les amateurs. Seule différence entre les deux : la course des professionnelles est une « contre la montre », alors que celle des amateurs est une « course en ligne ». Très populaire, la traversée à la nage de Paris inspire ensuite les autres villes françaises, qui créent tour à tour leurs propres traversées. Encadrées par leurs sociétés de natation respectives, ces épreuves rassemblaient une foule de spectateurs sur les berges. En 1947, les traversées sont déjà rentrées dans l’ordinaire ; cette traversée, organisée par la Société de Natation de Strasbourg, est la 31ème de Strasbourg. Elle suscite pourtant toujours autant d’intérêt.

Popularité

Les premiers plan d’Emile Breesé montrent l’affluence sur les berges du Rhin que provoquait les traversées. La traversée est l'une des manifestations sportives les plus suivies et elle suscite l’intérêt des journaux généralistes. L’originalité de ces compétitions tenait au fait qu’elles étaient ouvertes à n’importe qui et qu’il n’était pas nécessaire d’appartenir à un club pour y participer. Dans les années 1950, quasiment toutes les villes de France possédait leur traversée, avant que des préoccupations liées à la pollution et à la sécurité ne viennent les supprimer, au profit de la nage en piscine. Les traversées revêtent un aspect sensationnel notamment à une époque où beaucoup ne savaient pas nager. Voir, dans leur fleuve, lac ou rivière, des nageurs et nageuses surprenait et captivait le public. Emile Breesé filme les départs de la course ; le pluriel s'impose car plusieurs catégories avaient été créées afin de s’adresser au plus grand nombre. Des catégories par âge, comme celle junior, d’autres par expérience, comme pour les débutants ou encore pour séparer les hommes et les femmes. Chaque catégorie pouvait ainsi avec plus d’équité, célébrer son vainqueur. Les femmes ont leur catégorie dans la compétition, et disposaient de leur propre section féminine à la Société de Nation de Strasbourg depuis 1919. Elles avaient cependant déjà accès à cette pratique sportive, et elles étaient d’ailleurs déjà trois compétitrices à la traversée de Paris de 1906. Leur participation assurait également le succès des traversées, car la présence féminine dans ce genre de pratique étonnait et suscitait l’intérêt d’un grand nombre de spectateurs. Elles ont pendant longtemps été l’argument annoncé par les journaux pour attirer la foule. A propos de la traversée, le journal des Dernières nouvelles d’Alsace titre « L’immense popularité de la Traversée de Strasbourg à la nage s’est manifestée hier ». Elles dénombrent 600 nageurs et nageuses, soulignent le « succès sans pareil » de cette 31ème traversée de Strasbourg et annoncent les résultats par catégorie : les deux groupes hommes et femmes sont chacun divisés en sous-catégories allant de sénior à junior (Dernières Nouvelles d’Alsace, 15 juillet 1947, Strasbourg, BNU).

Dernières nouvelles d'Alsace, 15 juillet 1947.


Particularités des traversées dans la pratique de la natation, éloignées de la norme sportive

Lorsque Émile Breesé filme les nageurs, on constate qu'ils sont suivis par des kayaks afin d’assurer leur sécurité. En effet, ces courses avaient lieu l’été pour que les nageurs n’aient pas à subir les conditions dangereuses du mauvais temps, mais des risques comme la crampe obligeaient ces précautions. Le départ de la course de fait dans l’eau et non en plongeant comme il est d’usage dans les piscines, sans doute pour éviter avec les chaudes températures de l’été un risque d’hydrocution. Les courses en ligne sont privilégiées pour les nages en eau libre car elles garantissent que les nageurs connaissent les mêmes conditions d’épreuves. En outre, les courses contre la montre présentent l’inconvénient que les nageurs peuvent subir différentes forces de courant. Pour le public aussi, l’épreuve en ligne a l’intérêt d’être plus claire car la victoire se constate immédiatement à la ligne d’arrivée. Émile Bressé filme les nageurs qui partent en peloton très serré, avant de filmer la progression de la course qui espace les nageurs. On peut voir que tous les nageurs nagent en crawl, qui est la nage la plus efficace en eau libre.

Bibliographie


CHAFES (Jean-Pierre), « Traversées, une histoire d'amour et d'eau fraîche », Fédération Française de Natation, 2016, https://www.ffnatation.fr/actualites/disciplines/traversees-histoire-damour-et-deau-fraiche.

MICHON (Bernard), FABER (Claudine), « Histoire du sport, bilan : 1981-1987 », Sciences sociales et sports, états et perspectives, Strasbourg, 1987

VELEZ (Anne), Les filles de l'eau. Une histoire des femmes et de la natation en France (1905-1939), thèse de doctorat,

volume 1, Angers, 2010.


Article rédigé par

Geneviève Velicitat, 04 janvier 2020