Bas:Baptême de l'air (0115FN0026)

Révision datée du 25 avril 2021 à 17:33 par Tom Eichler (discussion | contributions)
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)


Avertissement[1]

Résumé


Ce film amateur muet en noir et blanc de 8 minutes est l’œuvre de Jean Amet. Il débute sur une sortie familiale, durant laquelle des enfants se voient offrir un tour de manège avec des nacelles en forme d’avion. Puis la scène suivante présente de jeunes garçons en train de s'adonner au modélisme. Enfin vient la pratique grandeur nature de l’aéronautique, avec le baptême de l’air de Jean Amet, de sa femme et de sa belle-sœur. Le film se conclut sur un meeting aérien filmé en 1956 soit 6 ans après la séquence du baptême de l’air.

Description


00:00 - 00:52 : Scène du manège

00:53 - 01:20 : Scène du modélisme

01:21 - 01:44 : Plan du ciel

01:45 - 02:11 : Plan d’avions passant dans le ciel

02:12 - 02:15 : Plan de la route pour se rendre à l’aérodrome

02:16 - 03:07 : Baptême de l’air de Jean Amet

03:08 - 04:38 : Baptême de l’air de l’épouse de Jean Amet

04:39 - 06:44 : Baptême de la belle-sœur de Jean Amet

06:45 - 08:01 : Meeting du 10 juin 1956

Métadonnées

N° support :  0115FN0026
Date :  1950
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:08:00
Cinéastes :  Amet, Jean
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Les rapides progrès de l'aviation

Les premières expérimentations concrètes en matière de vol humain n’apparaissent qu’au XVIIIe siècle. Ainsi en 1783, Jean-François Pilâtre de Rozier effectua le premier vol humain de l’histoire à bord d’une montgolfière, invention des frères Montgolfier[2]. Mais les premiers vols motorisés et contrôlés eurent lieu au début du XXe siècle avec des pionniers tel que Gustave Whitehead, Clément Ader ou les frères Orville et Wilbur Wright. L’essor rapide de l’aéronautique en France se concrétisa en 1905 avec la création de la Fédération aéronautique internationale, puis en 1909, avec la tenue du Salon de la locomotion aérienne au Grand Palais, en quelque sorte l’ancêtre du salon du Bourget. La course aux exploits des premiers aviateurs suscita l’intérêt du public. Ainsi les premiers meetings aériens et les premières courses aéronautiques apparurent dès les années 1910 [3]. L’aviation devint un véritable sport et l’aviateur devient l’un des archétypes de la virilité. C’est un homme courageux qui risque sa vie et dont le corps est soumis à rude épreuve à chaque vol. [4].

Quelques mots sur Jean Amet le réalisateur du film

Ce film a été réalise par Jean Amet, né en 1918 et journaliste de profession. Ayant vécu la grande partie de sa vie à Epinal dans les Vosges, il fut journaliste puis rédacteur en chef adjoint au quotidien régional La Liberté de l’Est, racheté par L’Est Républicain en 1999. Jean Amet fut passionné par l’image en général, d’abord la photographie, du fait de son travail de journaliste pour qui il devait illustrer ses articles avec ses photos, mais aussi de cinéma. Ainsi, il immortalise souvent les évènements familiaux avec sa caméra, une Pathé Webo A. Cependant les films de Jean Amet ne sont pas seulement de simples séquences prisent sur le vif, il arrivait qu’elles soient scénarisées à l’avance. Mais surtout il pratiquait le montage, certes de manière « artisanale », en installant son matériel sur les étagères d’un placard ouvert. Cela témoigne, de sa volonté d’utiliser le montage comme un langage cinématographique pour perfectionner au maximum ses films. Il était alors courant lors de réunions familiales que les films soient projetés et visionnés.

Le rappel de l'aviation dans les deux scènes d'introduction

Comme évoqué plus haut, Jean Amet filmait des moments de sa vie de famille. Ainsi la scène du manège au début du film est tournée pendant la fête foraine de la Saint Maurice à Épinal, qui existe toujours et qui a lieu fin septembre - début octobre. La petite fille sur la nacelle avec la mitraillette, qui ne semble pas très rassurée, est Dominique, une des filles de Jean Amet. Derrière elle, il s’agit de Marie-Christine, sa sœur ainée. La femme qu’on peut apercevoir un moment face à la caméra, puis de dos surveillant les enfants sur le manège est leur mère. La scène suivant nous montre une famille pratiquant le modélisme. Un moment que Jean Amet a filmé par hasard dans les ruines du château d'Épinal, partiellement restauré depuis. Encore une fois, après la nacelle en forme d’avion, Jean Amet nous rappelle la thématique du film grâce au montage de ces différentes séquences. Au vu des vêtements portés, il semblerait que la scène du modélisme ait été tournée en été ou au printemps. Tandis que la scène du manège se passe en automne. On peut donc penser qu’au départ, ces deux séquences n’avaient rien à voir entre elles, mais qu’à la suite de son film sur le baptême de l’air, Jean Amet a décidé de les ajouter au montage. Nous pouvons évoquer ici un deuxième aspect intéressant de ces deux scènes d’introduction. Il y a comme une évolution dans ce que les protagonistes ressentent pour l’aviation. Comme évoqué plus haut, Dominique ne semble pas très à l’aise dans sa nacelle. Mais la famille pratiquant le modélisme s’amuse et donc transmet une image positive de l’aéronautique. Il ressort de ces deux séquences, l’idée de progression vers la pratique grandeur nature de l’aviation. D’abord, avec le manège et le modélisme, deux « initiations » sans risque donc pratiquées dans le film par des enfants, puis avec le baptême de l’air, le véritable apprentissage du vol pratiqué par des adultes.

Les baptêmes de l'air filmé par Jean Amet

Cette scène nous est d’abord introduite par un plan d’un ciel nuageux et assez menaçant filmé depuis le balcon de l’appartement de Jean Amet, comme pour nous prévenir des risques qu’il s’apprête à prendre. Puis vient un court extrait de la route, du point de vue du conducteur, se rendant à l’aérodrome. Nous ne connaissons pas le contexte de ce baptême : était-ce dans le cadre de son métier de journaliste ou alors pour le simple plaisir de voler ? En tout cas, la scène semble se passer au printemps ou en été au vu de la tenue des protagonistes. L’aérodrome est celui de Dogneville, une commune située à une dizaine de kilomètre au nord d’Epinal. D’ailleurs, l’aérodrome existe toujours

Le hangar de l'aérodrome de Dogneville.jpg
Entrée de l'aérodrome de Dogneville.jpg

On peut reconnaitre le hangar que l’on voit dans le film avec l’inscription « Épinal » sur le toit. Bien sûr, depuis les années 1950, il a été rénové et l’inscription a disparu. Le plan suivant nous montre le pilote, Monsieur Colin, qui fume une cigarette à côté de son avion (ce détail nous montre que dans les années 1950 les mesures de sécurité étaient encore assez souples). Puis Jean Amet apparaÎt devant l’objectif en train d’enfiler un casque puis de monter dans l’avion. Notons que ce genre de casque d’aviateur sert plus à atténuer les bruits du moteur et des hélices que de protéger la tête contre les chocs. Pendant que Jean Amet se prépare au décollage, c’est sa femme qui le filme avant de lui rendre sa caméra pour qu’il puisse filmer depuis l’avion pendant le vol. Viens ensuite le tour de sa femme de monter dans l’avion. Il filme son décollage ainsi que les figures effectuées par l’avion dans le ciel, tout en rajoutant au montage des passages qu’il a filmés pendant son propre vol. La troisième personne à passer son baptême de l’air est la belle-sœur de Jean Amet qui est âgée de seulement dix-sept ans. Là encore il filme son décollage et son vol depuis le sol et ajoute des séquences tournées en vol au montage. Jean Amet semble accorder beaucoup d’importance au montage de ses films. On peut par exemple remarquer que les plans de l’avion en train de voler qu’il filme du sol, ne sont pas assemblés au hasard au montage. Entre 03:40 et 03:52, nous pouvons avoir l’impression que la caméra suit l’avion pendant un looping complet, alors que ce sont des plans différents comme les coupures le montrent. C’est donc grâce à son montage, que Jean Amet peut donner un sens et une utilité à des plans qui, isolés, ne semblent pas très intéressants. De même pour les plans entre 05:09 et 05:28. Le premier plan montre l’avion se diriger sur nous, puis quand il passe le bord supérieur du cadre et qu’il y a une coupe, Jean Amet ajoute un plan filmé du sol de l’avion qui passe juste au-dessus de la caméra. Ces deux plans mis bout à bout donnent l’impression qu’il s’apprête à faire un looping. Le plan suivant qui est tourné pendant le vol de l’avion effectuant cette figure, confirme cette impression. Entre 05:36 et 05:56 et entre 06:00 et 06:24, on peut voir l’avion passer à travers le cadre de gauche à droite ou de droite à gauche, de haut en bas ou de bas en haut. Utiliser des plans assez courts et les monter les uns à la suite des autres, peut donner cette impression de vitesse quand l’avion est vol.

L’avion peut paraitre désuet étant donné que c’est un biplan, c’est-à-dire un avion dont les deux ailes sont superposées. L’avion est un Stampe SV-4 conçu par deux industriels belges, Jean Stampe et Maurice Vertongen et fabriqué à partir de 1937. C’est un avion créé pour la voltige aérienne. Il était ainsi utilisé pour des formations à la voltige dans les écoles d’aviations et pour des baptêmes aériens[5].

Le meeting aérien du 10 juin 1956

La dernière partie de ce film est un meeting qui eu lieu à Épinal le 10 juin 1956. Ce type de spectacle est apparu pratiquement en même temps que les avions eux-mêmes. Ainsi, le monde de l’aéronautique peut être découvert par le public et les pilotes peuvent y faire la démonstration de leur virtuosité. Dans son édition du week-end du 9 et 10 juin, le journal où exerce Jean Amet, La Liberté de l’Est, consacre une partie de sa une et une page complète à la « Coupe d’Europe de voltige aérienne ».

Une de la Liberté de l'Est du 9 et 10 juin 1956.jpg

Les prix, la route pour s’y rendre et les emplacements pour se garer et le programme y sont détaillés. Ainsi le samedi, la dépose d’une gerbe aux monuments aux Morts et un apéritif en présence de militaires et de diverses personnalités politique et de l’aviation est prévu. Parmi eux, il y a Jean Stampe, un des concepteurs du Stamp SV-4 et l’aviateur Jean-Baptiste Salis.

Une de la Liberté de l'Est du 9 et 10 juin 1956 (2).jpg

Le dimanche voit la compétition de voltige se dérouler en plus d’autres activités comme des baptêmes de l’air, des spectacles de chutes libres, des démonstrations de planeurs ou bien le vol de l’avion de Louis Blériot avec lequel il a traversé la Manche. La liste des pilotes participants est également donnée avec leur photo. Parmi eux, nous pouvons noter la présence du « Chevalier d’Orgeix Jean » dit Jean d’Orgeix qui s’illustra dans d’autres sports que l’aviation tel que l’équitation[6]. Notons également le petit encadré qui incite les habitants d’Épinal à laisser leurs fenêtres ouvertes pour éviter quelles ne se brisent car des Thunderjet, avions à réactions américains, franchiront le mur du son. On peut d’ailleurs les apercevoir dans le film de Jean Amet à 7:22 ou à 7:37. Nous retrouvons ici les différents niveaux de pratique de l’aviation. Après le manège, le modélisme et le baptême de l’air, le meeting offre la démonstration des pilotes professionnels. Même si le baptême de l’air semblait assez sportif au vu des figures effectuées par Monsieur Colin, le meeting différents aspects de la pratique de l’aviation en professionnel. Il y a de la voltige, du vol en formation avec les Thunderjet, du planeur ou du saut en parachute. Jean Amet nous a donc proposé dans son film toute la diversité et l’évolution possible de la pratique de l’aviation dans son sens large. L’édition du 11 juin, donne le résumé des compétitions et des différents spectacles :

Page de l'édition du 11 juin 1956 de la Liberté de l'Est .jpg

Le pilote qui remporte la coupe de voltige est un Français, Alain Hisler, Jean d’Orgeix n’arrivant qu’à la huitième place (on peut voir sa photo dans l'édition du 11 juin, où il est en train de regarder ses concurrents dans la ciel tout en tenant sa panthère). La notation de la voltige se base sur 100 points, qui se décomposent en plusieurs critères : la variété des figures (sur 20), l’habilité du pilote (sur 20), la précision dans l’exécution des figures (sur 25), l’art de l’enchainement (sur 25), l’originalité (sur 10).

Je souhaite remercier Dominique, Irène, Bernadette et Marie-Christine, les filles de Jean Amet. Elles m'ont donné de nombreuses informations ainsi que les photographies qui illustrent cette notice.

Bibliographie


-MARCK Bernard, Histoire de l'aviation, Paris : Flammarion, 1997.

-ROBENE Luc, L’homme à la conquête de l’air. Des aristocrates éclairés aux sportifs bourgeois, Paris : L’Harmattan, 1998.

-ROBENE Luc, BODIN Dominique, HEAS Stéphane, « Pau et l’invention de l’aviation « sportive » (1908-1910). Des enjeux technologiques aux plaisirs mondains : naissance d’un loisir et nouveaux pouvoirs du corps », Staps, 2010/1 (n° 87), p. 13-31.

-Page Wikipédia du Stampe SV-4 consultée le 14/04/21 URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stampe_SV-4

-Page Wikipédia de Jean d'Orgeix consultée le 14/04/21 URL :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_d%27Orgeix


Article rédigé par

Tom Eichler, 17 avril 2021


  1. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  2. ROBENE Luc, L’homme à la conquête de l’air. Des aristocrates éclairés aux sportifs bourgeois, Paris : L’Harmattan, 1998, p. 44.
  3. MARCK Bernard, Histoire de l'aviation, Paris : Flammarion, 1997, p. 37- 58.
  4. ROBENE Luc, BODIN Dominique, HEAS Stéphane, « Pau et l’invention de l’aviation « sportive » (1908-1910). Des enjeux technologiques aux plaisirs mondains : naissance d’un loisir et nouveaux pouvoirs du corps », Staps, 2010/1 (n° 87), p. 13-31.
  5. Page Wikipédia du Stampe SV-4 consultée le 14/04/21 URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Stampe_SV-4
  6. Page Wikipédia de Jean d'Orgeix consultée le 14/04/21 URL : https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_d%27Orgeix