Funérailles de monseigneur Ruch (0021FN0003)


 Avertissement[1]

Événements filmés ou en lien


Funérailles de monseigneur Ruch

Résumé


Le film nous montre le début de la cérémonie de funérailles de l’évêque Charles Joseph Eugène Ruch, décédé le 29 Août 1945, et inhumé à la cathédrale de Strasbourg. Les images se concentrent sur le cortège funéraire composé des différentes personnalités ecclésiastiques, civiles et militaires.

Description


Le film s’ouvre sur un plan général où l’on peut voir une forte concentration de personnes avec au centre du cadre des enfants qui tiennent des drapeaux et qui sont habillés en grande tenues. A côtés d’eux se tiennent des adultes, sans doute les parents et familles de ces derniers. Juste avant que le film ne commence on peut voir d’autres enfants qui sortent du champ de caméra vers la droite, et qui sont suivis par des religieuses. Ensuite un plan d’ensemble avec une longue file d’hommes qui avancent en portant des drapeaux dont certains sont des drapeaux français ; il est possible que soit présent aussi le blason ecclésiastique de Charles Ruch. On remarque en arrière-plan ce qui semble être la façade principale de la cathédrale Notre-Dame de Strasbourg, ce qui indique que le cameraman filme le cortège au moment où celui-ci traverse la place Gutenberg. Beaucoup d’uniformes sont présents sur l’image amis aussi des civils, et on peut voir après un homme portant une écharpe de député ; peut-être le maire de Strasbourg ou le député de la région. Ensuite un nouveau plan d’ensemble, axé sur la procession religieuse avec les servants de messes et deux gardes suisses en costumes pour mener le cortège. Sur la droite les servants de messe sont menés par un adulte tenant un cierge ; sur la gauche la situation est identique. Au centre, le prêtre mène la marche en tenant un objet liturgique. Une coupe permet de passer à une autre partie du cortège, composé de prêtres et de moines. Une succession de plans nous montre toujours la pratique religieuse du cortège, jusqu’à un nouveau plan centré sur des représentants des organisations de scoutisme catholique qui tiennent des décorations du défunt. Après une coupe on remarque que les scouts sont suivis de militaires français de la libération que l’on reconnait à l’uniforme type américain qu’ils portent, ainsi que le casque Adrian. Ils portent des couronnes de fleurs en guise d’hommage, ce qui souligne le passé d’Aumonier militaire de l’évêque Ruch. Une autre coupe fait apparaître dans un autre plan d’ensemble d’autres religieux. On remarque qu’ils ne portent pas les mêmes habits liturgiques, ce qui indique une différence de rang par rapport religieux précédents. Il s’agit sans doute des chanoines, prêtres, vicaires du diocèse. On a ainsi une nouvelle succession de plans qui nous permet de nous faire une idée du nombre de religieux présents aux funérailles. A la cinquante-troisième seconde on remarque un individu différent des autres par sa tenue beaucoup plus fournie, notamment avec sa coiffe et sa suite signe d’un personnage important. Il ne s’agit pas du nouvel évêque de Strasbourg, l’évêque Jean-Julien Weber. Dans le plan suivant on distingue d’autres religieux qui par leur tenue sont certainement des cardinaux. Ensuite nouveau plan d’ensemble sur un détachement militaire, les soldats accompagnent ce qui doit être probablement le chariot funéraire, tracté par des chevaux. Enfin, un plan moyen vient conclure le film, avec une délégation d’officiers, dont le général de Lattre au centre, derrière lui se tient un officier de marine, peut-être un amiral, et à côté un autre officier, dont l’uniforme laisse penser qu’il appartient à l’armée de terre.

Métadonnées

N° support :  0021FN0003
Date :  septembre 1945
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:01:06
Cinéastes :  Breesé, Emile
Format original :  9,5 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Fêtes et évènements religieux
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Le 29 Août 1945, l’évêque Charles-Joseph-Eugène Ruch de Strasbourg décède à l’âge de 72 ans. Issu d’un père protestant et d’une mère catholique, il fut professeur de théologie dogmatique au grand séminaire de Nancy de 1898 à 1907, vicaire général du diocèse à partir de 1907, aumônier militaire durant la Grande Guerre et évêque de Strasbourg de 1919 à 1945. Figure emblématique du clergé alsacien de la première moitié du XXe siècle, il se montre comme un individu profondément patriotique envers la France et animé d’une foi chrétienne inébranlable. Le film de Breesé Emile permet de nous faire une idée de l’importance de cet évêque, non seulement au sein de la vie religieuse de Strasbourg et de ses paroisses mais également auprès de la population civile et militaire. ==

Charles Ruch : monument du catholicisme régional. ==

Jean-Julien Weber, évêque de Strasbourg de 1945 à 1966, relève à propos de Charles Ruch « son esprit de foi et de prière, sa charité scrupuleuse, son dévouement pastoral »[2] . Un commentaire qui confirme la personnalité respectée de Mgr Ruch, au sein du catholicisme alsacien. Le diocèse de Strasbourg se souvient de lui comme d’un ecclésiastique actif sur la question politique, notamment sur la question du concordat en Alsace durant l’entre-deux guerre. Charles Ruch, au cours de cette période, défend avec beaucoup de vigueur le maintien du Concordat de 1801 et de la loi Falloux de 1850. Sa détermination, associé à l’appui du clergé alsacien et de la population catholique permettent de peser dans la balance lors des « batailles scolaires »[3] de 1924 et 1936 ; ce qui a pour effet de bloquer l’introduction des lois laïques françaises en Alsace sous les gouvernements Herriot et Blum. Le fait qu’il soit enterré à Strasbourg peut sembler logique en raison de sa fonction, mais en fait cette cérémonie a une résonnance particulière. En effet, Charles Ruch vient à peine de rentrer d’un pénible exil de quatre ans à Clermont-Ferrand à la suite de l’annexion de l’Alsace au Reich en 1940. Un éloignement que l’évêque a semble-t-il très mal vécu, ce qui pour certains a provoqué un vieillissement accéléré chez lui. En connaissance de cela on comprend mieux pourquoi le cinéaste consacre autant de plans aux différents invités de la cérémonie. Il est possible que Breesé Emile souhaite montrer à travers ses images que malgré les quatre années d’absence de l’évêque, celui-ci a gardé son statut de personnalité ecclésiastique de premier plan pour les alsaciens et pour le clergé ; la présence d’une foule importante en arrière-plan confirme que les habitants de Strasbourg n’ont pas oublié leur évêque. Les nombreuses personnes ecclésiastiques que l’on peut distinguer sur les images, qu’il s’agit de prêtres, vicaires, diacres, évêque et cardinaux[4], ainsi que les organisations de scoutisme, très probablement les catholiques, sont révélateurs de l’importance de l’évêque au sein du catholicisme local et international ; dans cette foule se trouvent sans doute plusieurs dizaines de prêtres parmi ceux que l’évêque a ordonné durant son épiscopat.

Un évêque patriote:

Charles Ruch n’est pas seulement un ecclésiastique influent mais aussi un patriote français engagé. Il a vécu la première guerre mondiale en tant qu’aumônier militaire. En 1914, alors coadjuteur du diocèse de Nancy, il est mobilisé et affecté au 20e corps de brancardiers[5]. En 1916 il est nommé, avec l’évêque d’Avignon Mgr de Llobet, à la tête de la juridiction de tous les prêtres-soldats de l’armée française ; en parallèle il prend la direction du diocèse de Nancy en raison de la santé fragile de Mgr Thurinaz. Ce passé militaire lui vaut les grades de chevalier (1915), officier (1921) et enfin commandeur (1933) de la légion d’honneur. Il reçoit également la croix de guerre avec palme ; ces deux distinctions sont présentes dans le film, posées sur un coussin et portées par des scouts. Il est fort probable que ce passé au service de la France ait facilité son retour discret en Alsace depuis le Sud en Juin 1944, peu après le Débarquement. Dans ses notes sur l’évêque, le curé de Soultz (Haut-Rhin) Charles Léon Bourgeois, mentionne que des sympathisants de la résistance ont aidé à faire passer discrètement Charles Ruch par-delà la frontière[6]. Un fait qui confirme que le dévouement de l’évêque à la France n’a pas été oublié. Une dévotion qui est récompensée lors de ses funérailles par une présence militaire importante. Breesé Emile nous montre avec ses images l’importance des soldats dans le déroulement de la cérémonie qui portent la couronne de fleur et qui escortent le chariot funéraire ; des éléments qui soulignent l’aspect patriotique de la cérémonie et l’hommage militaire et national rendu à Charles Ruch. Le point le plus important au niveau de la symbolique patriotique de cet évènement, se situe à la fin du film, quand apparaît sur l’écran plusieurs haut gradés militaires, dont Jean de Lattre de Tassigny, général émérite des FFL[7] ; la présence de cette personnalité militaire de la France Libre peut être considéré comme un hommage à caractère particulier de la part du nouveau gouvernement, issu de la Libération, à la personnalité de Charles Ruch.

Personnages identifiés


Jean de Lattre de Tassigny

Lieux ou monuments


Place Gutenberg

Bibliographie


Bibliographie :

BOURGEOIS, Léon ; « A la mémoire de mon seigneur Ruch » ; Extrait de « La voix de l’Eglise en Agenais » ; 1970.

EPP, René ; « Figures du catholicisme en Alsace » ; Strasbourg ; Coprur ; 2007.

REUMAUX, Bernard ; WAHL, Alfred ;« Alsace la grande encyclopédie des années de guerre (1939-1945). » ; Strasbourg ; « Saisons d’Alsace », éditions La Nuée bleue ; 2009.


Article rédigé par

Florian Weber, 04 novembre 2019


  1. Cette fiche est en cours de rédaction. À ce titre elle peut être inachevée et contenir des erreurs.
  2. EPP, René ; « Figures du catholicisme en Alsace, 1789-1965 » ; Editions Coprur ; 2007 ; page 299.
  3. Ibid ; le terme fait référence aux batailles politiques que membres du gouvernement français de Herriot en 1924, puis de Blum en 1936, ont livré face au clergé alsacien et à la population, désireux de conserver le régime d’exception de la région au sein de la République. Aucun des deux gouvernements n’a remporté le duel, et les changements majeurs de l’éducation en Alsace n’apparaissent que dans l’après 1945.
  4. Charles Ruch a été assistant au trône pontifical en 1938.
  5. Informations trouvées sur le site diocèse aux armées, consulté le 5 Novembre 2019.
  6. BOURGEOIS, Léon ; « A la mémoire de mon seigneur Ruch » ; Extrait de « La voix de l’Eglise en Agenais » ; 1970 ; page 267.
  7. Forces Françaises Libres