Camping familial à Grendelbruch (Hohbuhl) (0003FH0008) : Différence entre versions

 
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Gros plan sur la tête du chien, à l’arrière. Il se tourne.
 
Gros plan sur la tête du chien, à l’arrière. Il se tourne.
 
Les trois garçons jouent aux boules. Gros plan sur les boules de couleur sur une couverture grise. Chacun lance une boule l’un après l’autre.
 
Les trois garçons jouent aux boules. Gros plan sur les boules de couleur sur une couverture grise. Chacun lance une boule l’un après l’autre.
|Contexte_et_analyse_fr=Pratique née à la fin du XIXe siècle dans les mouvements excursionnistes auprès des citadins bourgeois qui cherchaient l’activité physique au grand air, le camping devient à partir des années 1950 un loisir familial et populaire. Depuis la mise en place des congés payés en 1936, il représente en effet un moyen relativement bon marché pour les Français de profiter de leurs deux puis trois semaines de vacances. Sous l’effet de la massification des loisirs, cette pratique de plein air se sédentarise et est rapidement soumise à règlementation, dès les années 1960-1970. Une réelle industrie touristique du camping se développe alors, reposant en particulier sur un matériel technique adapté . Ce film de vacances, qui retrace les vacances sous la tente à la Hohbuhl, non loin de Grendelbruch dans les Vosges en 1967, se situe donc temporellement juste avant le développement du camping de masse et la massification du « tourisme vert ». En Alsace, le camping s’est implanté de façon précoce au début du XXe siècle sous l’influence allemande des associations excursionnistes et naturistes très puissantes dans la région. Grâce à la démocratisation de la voiture dans les années 1950, les citadins peuvent facilement partir à l’assaut de la montagne et profiter des jours fériés ou congés en famille. Dans cette séquence, on observe une forme de camping sauvage. Il est cependant assez étonnant pour le spectateur actuel de voir que le lieu choisi pour planter la tente se situe juste à côté d’une route de montagne. Bien que l’on voie ici passer une ou deux voitures, la fréquentation des axes routiers, d’autant plus les routes de montagne, était alors bien moins importante qu’aujourd’hui.  
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|Contexte_et_analyse_fr=[[Fichier:Mr Lloyd George.jpeg|vignette|droite|Mr Lloyd George et sa famille en camping. Agence photgraphique Rol. Source : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EST EI-13 (302)]]
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Pratique née à la fin du XIXe siècle dans les mouvements excursionnistes, auprès des citadins bourgeois qui cherchaient l’activité physique au grand air, le camping devient à partir des années 1950 un loisir familial et populaire. Depuis la mise en place des congés payés en 1936, il représente en effet un moyen relativement bon marché pour les Français de profiter de leurs deux, puis trois semaines de vacances. Sous l’effet de la massification des loisirs, cette pratique de plein air se sédentarise et est rapidement soumise à règlementation, dès les années 1960-1970. Une réelle industrie touristique du camping se développe alors, reposant en particulier sur un matériel technique adapté<ref>LEYMONERIE Claire, RENAUX Thierry, « Les objets du campeur. De l'explorateur au nomade des loisirs », ''Cahiers d'histoire de l'aluminium'', 2012/1 (N° 48), p. 4a-37a. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-cahiers-d-histoire-de-l-aluminium-2012-1-page-4a.htm [consulté le 05/03/2019]</ref>. Ce film de vacances, qui retrace les vacances sous la tente à la Hohbuhl, non loin de Grendelbruch dans les Vosges en 1967, se situe donc temporellement juste avant le développement du camping de masse. En Alsace, le camping s’est implanté de façon précoce au début du XXe siècle sous l’influence allemande des associations excursionnistes et naturistes très puissantes dans la région. Grâce à la démocratisation de la voiture dans les années 1950, les citadins peuvent facilement partir à l’assaut de la montagne et profiter des jours fériés ou congés en famille. Dans cette séquence, on observe une forme de camping sauvage. Il est cependant assez étonnant pour le spectateur actuel de voir que le lieu choisi pour planter la tente se situe juste à côté d’une route de montagne. Bien que l’on voie ici passer une ou deux voitures, la fréquentation des axes routiers, d’autant plus les routes de montagne, était alors bien moins importante qu’aujourd’hui.  
  
 
'''Le camping ou le bal des objets'''  
 
'''Le camping ou le bal des objets'''  
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''Un loisir matériel''
 
''Un loisir matériel''
  
Cette séquence témoigne de l’essor de la culture matérielle du camping dans les années 1960, soutenue par une production industrielle croissante. Depuis le début de la pratique, le matériel joue un rôle primordial pour les campeurs, devant allier légèreté et praticité . Cela concerne tout d’abord la tente. Les familles Albert et Lemonnier en possèdent deux modèles qui représentent bien l’évolution de la pratique. La plus petite (de couleur beige) dite « canadienne », faite de pans de tissus tendus sur deux mâts, correspond au modèle des origines fait pour les sportifs itinérants. La plus grande (de couleur bleue), tente familiale à armature et fenêtres dans laquelle on tient debout, reflète l’évolution de la pratique vers un loisir familial. C’est une véritable maison en toile puisqu’elle possède un auvent qui fait office de salle à manger et une chambre séparée. Par ailleurs, les années 1960 marquent le passage de l’ère l’aluminium au règne du plastique dans le matériel de camping. Les objets en métal léger sont encore bien représentés dans la séquence : table, chaises pliantes – voire chaises pour enfants -, lit de camp ; mais on observe déjà les premiers objets en plastique comme le matelas gonflable. Ce qui nécessite le plus de matériel est certainement la préparation et la consommation des repas. Les familles Albert et Lemonnier ne semblent pas disposer d’ustensiles spécifiques car elles ont ramené les couverts, verres et assiettes en céramique de leur propre cuisine. Mais le prototype de l’objet du campeur est bien présent : le réchaud à essence (on voit le jerricane à l’arrière-plan). L’avant-dernière scène est en ce sens typique du camping qu’elle documente un savoir-faire particulier, la préparation du café du matin, qui est presque représenté comme un art. La caméra suit en effet tout le processus, de l’allumage du réchaud à la cérémonie de la première gorgée avalée par Jean Albert, qui se joue de la caméra en faisant d’abord des mimiques de dégoût avant de faire un signe d’approbation de la tête.
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[[Fichier:Camping et Culture Val d'Oise.jpg|vignette|gauche|Association Camping et Culture, Valmondois.  © Marcel Cerf / BHVP / Roger-Viollet, NN-010-0223]]
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Cette séquence témoigne de l’essor de la culture matérielle du camping dans les années 1960, soutenue par une production industrielle croissante. Depuis le début de la pratique, le matériel joue un rôle primordial pour les campeurs, devant allier légèreté et praticité<ref>''Ibid'', p.11</ref>. Cela concerne tout d’abord la tente. Les familles Albert et Lemonnier en possèdent deux modèles qui représentent bien l’évolution de la pratique. La plus petite (de couleur beige) dite « canadienne », faite de pans de tissus tendus sur deux mâts, correspond au modèle des origines fait pour les sportifs itinérants. La plus grande (de couleur bleue), tente familiale à armature et fenêtres dans laquelle on tient debout, reflète la transformation de la pratique en un loisir familial. C’est une véritable maison en toile puisqu’elle possède un auvent qui fait office de salle à manger et une chambre séparée. Par ailleurs, les années 1960 marquent le passage de l’ère l’aluminium<ref>''Ibid''</ref> au règne du plastique dans le matériel de camping. Les objets en métal léger sont encore bien représentés dans la séquence : table, chaises pliantes – voire chaises pour enfants -, lit de camp ; mais on observe déjà les premiers objets en plastique comme le matelas gonflable. Ce qui nécessite le plus de matériel est certainement la préparation et la consommation des repas. Les familles Albert et Lemonnier ne semblent pas disposer d’ustensiles spécifiques car elles ont ramené couverts, verres et assiettes en céramique de leur propre cuisine. Cependant, le prototype de l’objet du campeur est bien présent : le réchaud à essence (on voit le jerricane à l’arrière-plan). L’avant-dernière scène est en ce sens typique du camping qu’elle documente un savoir-faire particulier, la préparation du café le matin, qui est presque représentée comme un art. La caméra suit en effet tout le processus, de l’allumage du réchaud à la cérémonie de la première gorgée avalée par Jean Albert, qui se joue de la caméra en faisant d’abord des mimiques de dégoût avant de faire un signe d’approbation de la tête.
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[[Fichier:Camping Trigano.jpg|vignette|Affiche « Dans la nature on entend, le camping c’est Trigano, location sans caution », Imprimerie de la Cinématographie française, 1968, Source : Ville de Paris / Bibl. Forney / Roger-Viollet. Cote : AF 150779 GF]]
  
 
''Une culture « camping »''
 
''Une culture « camping »''
  
Les deux familles apparaissent donc comme étant très bien équipées pour la pratique. Il semble en effet que les Albert soient des habitués du camping. Un signe de cette longue expérience pourrait être les fanions accrochés à la tente canadienne représentant des drapeaux nationaux. Jean Albert les met effectivement en avant à plusieurs reprises à travers des gros plans, comme pour affirmer un statut d’expert de la pratique. Ils correspondent certainement à des pays où la famille a déjà campé. On reconnaît par exemple les drapeaux de la Suède, de la Suisse, de la Norvège (le nom de la ville de Trondheim cousue sur l’un des fanions se trouve en Norvège) ou encore de l’Autriche, pays où la famille Albert a passé ses vacances la même année. Tous ces éléments, associés aux multiples objets du quotidien énumérés plus haut composent donc une culture « camping ». Ils contribuent à ritualiser le loisir en instaurant des moments de convivialité autour de leur utilisation : le repas autour de la table, la détente dans la tente ou sur le lit de camp voire la lassitude sur le matelas gonflable.   
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Les deux familles apparaissent donc comme étant très bien équipées pour la pratique. Il semble en effet que les Albert soient des habitués du camping. Un signe de cette longue expérience pourrait être les fanions accrochés à la tente canadienne représentant des drapeaux nationaux. Jean Albert les met effectivement en avant à plusieurs reprises à travers des gros plans, comme pour affirmer un statut d’expert de la pratique. Ils correspondent certainement à des pays où la famille a déjà campé. On reconnaît par exemple les drapeaux de la Suède, de la Suisse, de la Norvège (la ville de Trondheim, dont le nom est cousu sur l’un des fanions, se trouve en Norvège) ou encore de l’Autriche, pays où la famille Albert a passé ses vacances la même année. Tous ces éléments, associés aux multiples objets du quotidien composent donc une culture « camping ». Ils contribuent à ritualiser le loisir en instaurant des moments de convivialité autour de leur utilisation : le repas autour de la table, la détente dans la tente ou sur le lit de camp voire la lassitude sur le matelas gonflable.   
  
 
''Une esthétique de la toile de tente''
 
''Une esthétique de la toile de tente''
  
Cette matérialité de la pratique se retrouve jusque dans le cadrage des images. Il est en effet fort intéressant de remarquer que la toile de tente est très souvent présente au premier plan, venant obstruer une partie du champ. Il ne s’agit pas d’un défaut de cadrage car Jean Albert est un cinéaste amateur averti qui réfléchit ses angles de vue avec soin. Ces plans dénotent bien au contraire d’une volonté d’insérer à tout moment l’objet tente dans l’image. L’opérateur indique ainsi au spectateur soit qu’il se trouve dans la tente (00:03:24), soit qu’il se trouve derrière celle-ci (00:00:46), comme s’il s’agissait d’une prise de vue faite à la dérobée. Quoi qu’il en soit, l’opérateur contextualise de cette façon les images et leur donne de l’épaisseur. Jean Albert expérimente dans ce film ce qu’on pourrait appeler l’esthétique de la toile de tente. Ce regard cinématographique particulier révèle l’importance des objets dans la pratique du camping.
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Cette matérialité de la pratique se retrouve jusque dans le cadrage des images. Il est en effet fort intéressant de remarquer que la toile de tente est très souvent présente au premier plan, venant obstruer une partie du champ. Il ne s’agit pas d’un défaut de cadrage car Jean Albert est un cinéaste amateur averti qui réfléchit ses angles de vue avec soin. Ces plans dénotent bien au contraire d’une volonté d’insérer à tout moment l’objet tente dans l’image. L’opérateur indique ainsi au spectateur soit qu’il se trouve dans la tente (00:03:24), soit qu’il se trouve derrière celle-ci (00:00:46), comme s’il s’agissait d’une prise de vue à la dérobée. Quoi qu’il en soit, l’opérateur contextualise de cette façon les images et leur donne de l’épaisseur. Jean Albert expérimente dans ce film ce qu’on pourrait appeler l’esthétique de la toile de tente. Ce regard cinématographique particulier révèle l’importance des objets dans la pratique du camping.
  
 
'''Le film comme souvenir des vacances en familles'''
 
'''Le film comme souvenir des vacances en familles'''
  
Cette séquence est l’exemple typique d’un film de vacances. La caméra permet en effet à l’opérateur, en l’occurrence le père de famille, de créer un souvenir en retraçant le déroulé des journées et en fixant sur la pellicule les moments de bonheur. Le film documente les vacances en camping de la famille Albert et de la famille Lemonnier au lieu-dit de la Hohlbul, non loin de Grendelbruch dans les Vosges en 1967. Les Lemonnier sont des amis de longue date du couple Albert car ils étaient déjà présents lors du mariage de Jean et Denise en 1958, comme documenté dans la séquence « Dans le sillage d’une mariée ». Le film a été tourné en majeure partie par Jean Albert, même s’il a certainement prêté sa caméra à son ami ou à sa femme puisqu’il apparaît lui-même à l’image dans l’une des dernières scènes en train de préparer le café.  
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Cette séquence est l’exemple typique d’un film de vacances. La caméra permet en effet à l’opérateur, en l’occurrence le père de famille, de créer un souvenir en retraçant le déroulé des journées et en mettant en scène les moments de bonheur. Le film documente les vacances en camping de la famille Albert et de la famille Lemonnier en 1967. Les Lemonnier sont des amis de longue date du couple Albert car ils étaient déjà présents lors du mariage de Jean et Denise en 1958, comme documenté dans le film « Dans le sillage d’une mariée » [[0003FH0004]]. Le film a été tourné en majeure partie par Jean Albert, même s’il a certainement prêté sa caméra à son ami ou à sa femme, puisqu’il apparaît lui-même à l’image dans l’une des dernières scènes en train de préparer le café.  
  
 
''Une journée type au camping''
 
''Une journée type au camping''
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''Le bonheur familial : les enfants''
 
''Le bonheur familial : les enfants''
  
En se focalisant ainsi sur les enfants, le film de vacances veut donner à voir le bonheur familial afin de souder les membres. Jean Albert concentre ainsi son attention sur les moments de complicité entres parents et enfants. Il filme par exemple à deux reprises les enfants qui s’amusent à s’en prendre à M. Lemonnier - qui se prête allègrement au jeu - en le faisant rouler sur la pente (00:01:07) ou en l’attaquant (00:01:56). Il ne s’agit pas seulement de scènes de divertissement mais aussi de moments d’apprentissage. En bon père de famille, Jean Albert accorde une importance particulière à la transmission des savoirs aux enfants. Il fixe par exemple sur la pellicule son plus jeune fils en train de regarder à travers des jumelles (00:01:10) ou bien l’apprentissage du football par M. Lemonnier (00:03:17) qui d’un geste de la main enjoint le garçon de venir le rejoindre, certainement pour lui montrer la technique. Le résultat de cet apprentissage est tout aussi important puisqu’il est mis en valeur par des gros plans. C’est le cas lorsque l’aîné de ses fils plante une dague dans l’herbe ou lorsque les trois garçons lancent les boules de pétanque à la fin de la séquence, révélant la fierté du père. Mais toutes ces scènes ne sont pas filmées à la dérobée. Elles résultent souvent d’une mise en scène orchestrée par l’opérateur qui demande aux enfants de jouer aux acteurs. On le voit très bien à la seconde 00:01:33, lorsqu’il filme de l’intérieur de la tente la culbute de son fils à l’extérieur. C’est comme un spectacle, la toile de tente faisant office de rideaux. Autre élément visuel typique de ce bonheur familial, c’est le chien, fidèle compagnon des enfants. Il est particulièrement mis en valeur par les gros plans. On a donc affaire au regard d’un père qui construit à l’image le bonheur familial.  
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En se focalisant ainsi sur les enfants, le film de vacances veut donner à voir le bonheur familial afin de souder les membres. Jean Albert concentre ainsi son attention sur les moments de complicité entres parents et enfants. Il filme par exemple à deux reprises les enfants qui s’amusent à s’en prendre à M. Lemonnier - qui se prête allègrement au jeu - en le faisant rouler sur la pente (00:01:07) ou en l’attaquant (00:01:56). Il ne s’agit pas seulement de scènes de divertissement mais aussi de moments d’apprentissage. En bon père de famille, Jean Albert accorde une importance particulière à la transmission des savoirs aux enfants. Il fixe par exemple sur la pellicule son plus jeune fils en train de regarder à travers des jumelles (00:01:10) ou bien l’apprentissage du football par M. Lemonnier (00:03:17) qui, d’un geste de la main, enjoint le garçon de venir le rejoindre, certainement pour lui montrer la technique. Le résultat de cet apprentissage est tout aussi important puisqu’il est mis en valeur par des gros plans. C’est le cas lorsque l’aîné de ses fils plante une dague dans l’herbe ou lorsque les trois garçons lancent les boules de pétanque à la fin de la séquence, révélant la fierté du père. Mais toutes ces scènes ne sont pas filmées à la dérobée. Elles résultent souvent d’une mise en scène orchestrée par l’opérateur qui demande aux enfants de jouer aux acteurs. On le voit très bien à la seconde 00:01:33, lorsqu’il filme de l’intérieur de la tente la culbute de son fils à l’extérieur. C’est comme un spectacle, la toile de tente faisant office de rideaux. Autre élément visuel typique de ce bonheur familial, c’est le chien, fidèle compagnon des enfants. Il est particulièrement mis en valeur par les gros plans. On a donc affaire au regard d’un père qui construit à l’image le bonheur familial.  
  
Par cette focalisation sur les enfants, ce film est typique des productions familiales de vacances. Il révèle par ailleurs un regard cinématographique d’une très belle qualité qui met en avant la matérialité du camping
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Par cette focalisation sur les enfants, ce film est typique des productions familiales de vacances. Il révèle par ailleurs un regard cinématographique d’une très belle qualité qui met en avant la matérialité du camping.
 
|Bibliographie=CORBIN Alain « Les vacances et la nature revisitée (1830-1939) », dans : CORBIN Alain (dir.), ''L'avènement des loisirs : 1850-1960'', Paris, Flammarion, 2009
 
|Bibliographie=CORBIN Alain « Les vacances et la nature revisitée (1830-1939) », dans : CORBIN Alain (dir.), ''L'avènement des loisirs : 1850-1960'', Paris, Flammarion, 2009
  

Version actuelle datée du 24 mai 2019 à 09:53


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Résumé


Cette séquence tournée dans les Vosges à la fin des années 1960 documente les vacances sous la tente des familles Albert et Lemonnier. Malgré une mauvaise conservation – plusieurs parties sont illisibles -, la séquence dénote une très grande attention accordée par le caméraman à la composition de l’image afin de créer un souvenir d’un moment de bonheur familial.

Description


Une voiture roule sur une route de montagne, bagages sur le toit. Plan en mouvement, la voiture est filmée à partir de la voiture qui la suit. On aperçoit le pare-brise et le volant. Un enfant assis à une table de camping. Il boit dans un verre et porte un bavoir. Le champ est obstrué par la toile de tente sur la gauche. Motifs colorés type années 1970. La maman est assise au second plan sur une couverture dans l’herbe. A l’arrière-plan, on aperçoit la voiture garée en contre-bas sur le bord de la route. Le garçon sourit à la caméra. Gros plan sur la tête d’un chien noir qui mordille un os. Deux tentes en contre-plongée à partir du bas de la colline, près de la route certainement. Rocher avec balisage rouge du C.V. au premier plan. Série d’arbre au second plan. A l’arrière-plan, les deux tentes. La tente de gauche, de couleur rouge et bleue, est relativement grande, fenêtre, table et chaises à l’entrée où est assis le reste de la famille. La tente de droite, de couleur beige est plus petite et plus basse, une - deux places certainement. Plan serré sur l’entrée de la grande tente. Deux enfants mangent à une petite table. Trois adolescents assis sur une couverture. La maman est debout et entre dans la tente. Plan sur les adolescents assis sur la couverture. L’une croque dans une tomate. L’autre boit. Un adulte se penche et leur parle. Plan serré sur les deux garçonnets qui mangent à une petite table, assis sur des chaises de camping. Bavoirs, assiettes en céramique, couverts en métal, verres en céramiques. Plan serré de profil sur l’un d’eux. Il mange une cuisse de poulet à la main. Un doudou sur la table. A l’arrière-plan, un panier en osier avec des bananes. Quatre enfants s’amusent à faire rouler M. Lemonnier dans l’herbe. Noir Profil d’un garçon qui regarde à travers des jumelles noires. M. Lemonnier de face qui regarde dans les jumelles et règle la mise au point. Plan serré sur la petite tente ouverte. Une femme est allongée dedans, la tête à l’entrée. Plusieurs fanions de couleur sont suspendus aux cordes de la tente. Il s’agit de drapeaux nationaux. Tête de profil de Denise à partir de l’intérieur de la tente. Une petite fille se tient assise à l’entrée de la tente et regarde la caméra. Elles discutent et rient. La toile de tente dans le champ gauche. Plan sur les voitures en contre bas, garées au bord de la route. Toile de tente et fanions au premier plan. Un paysage de moyenne montagne à l’arrière-plan. L’un des garçons apparaît soudain, il se jette sur l’herbe et regarde la caméra. On peut lire sur un des fanions bleus : « Trondheim ». On reconnaît le drapeau de la Norvège, le drapeau de la Suède, le drapeau du Danemark. A l’arrière-plan, un autre enfant court vers les voitures. Le chien noir, type, court vers l’opérateur. Plan en plongé du haut de la pente. Voiture à l’arrière-plan. Une femme monte à grands pas la colline, un journal à la main. Plan serré sur un des pères, « attaqués » par deux garçons qui l’enjambent. On s’amuse, on rit. Paysage en plan large du haut de la colline. Deux voitures blanches garées en contre-bas. Une voiture noire roule. Panorama sur la gauche vers les deux tentes. 00:02:15 Images sautent. Le petit garçon joue au ballon. Il perd le contrôle, le ballon roule. Il court le chercher en bas et remonte. Une voiture rouge passe. Petit garçon fier face à la caméra. Le papa tient le ballon et lui parle. Il lui donne une leçon de football certainement. Noir. 00:03:22 Petit garçon joue à l’entrée de la petite tente avec les fanions. Autre jour, le soleil brille, certainement le matin. Il porte un pull rouge et un pantalon à motif. Il joue avec un ballon. Plan serré sur la mère et une jeune fille qui descendent la colline. Toile de la grande tente au premier plan, dans la partie gauche du champ. Elles marchent vers l’opérateur un verre en verre à la main. Plan sur la famille qui prend le petit-déjeuner entre les deux tentes. Un père est allongé sur un transat type plage, à ras du sol. Un garçon est allongé sur un matelas pneumatique rayé. Les deux mères s’activent autour de la table. On voit une machine à café italienne. Les plus petits courent autour. Une casserole en fonte dans l’herbe. Un des garçons s’amuse à planter un couteau dans l’herbe. Gros plan sur le couteau type dague, manche en cuir, lame planté dans le sol. Gros plan sur un fanion rouge, « Tyrol ». Drapeau français à côté. Travelling gauche sur les autres fanions puis au second plan le petit garçon assis à la petite table, chaise de camping, il boit un verre de lait dans un verre en verre. Il regarde la caméra. Gros plan sur le visage de Denise qui discute. 00:04:17 Images sautent. Gros plan en contre-plongée sur le visage de M. Lemonnier, au bord du lit de camp. Petit garçon dans le tente, puis il sort et s’étire. Il embrasse une femme. Un berger avec son troupeau de brebis, deux chiens noirs. Deux garçons s’approchent pour regarder les moutons. Troupeau de mouton 00:05:40 Plan serré sur Jean Albert accroupi dans l’herbe qui fait chauffer le café dans une machine italienne, sur un petit réchaud. Il met le nez sur la cafetière et tourne la molette du gaz. Gros plan sur la molette du gaz. Il se lève et se sert du café dans un verre. Il goûte à plusieurs reprises puis fait un signe d’approbation de la tête. Gros plan sur la tête du chien, à l’arrière. Il se tourne. Les trois garçons jouent aux boules. Gros plan sur les boules de couleur sur une couverture grise. Chacun lance une boule l’un après l’autre.

Métadonnées

N° support :  0003FH0008
Date :  1967
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:07:56
Cinéastes :  Albert, Jean
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Corps et santé, Environnement, Activités de plein-air
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Mr Lloyd George et sa famille en camping. Agence photgraphique Rol. Source : Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, EST EI-13 (302)

Pratique née à la fin du XIXe siècle dans les mouvements excursionnistes, auprès des citadins bourgeois qui cherchaient l’activité physique au grand air, le camping devient à partir des années 1950 un loisir familial et populaire. Depuis la mise en place des congés payés en 1936, il représente en effet un moyen relativement bon marché pour les Français de profiter de leurs deux, puis trois semaines de vacances. Sous l’effet de la massification des loisirs, cette pratique de plein air se sédentarise et est rapidement soumise à règlementation, dès les années 1960-1970. Une réelle industrie touristique du camping se développe alors, reposant en particulier sur un matériel technique adapté[2]. Ce film de vacances, qui retrace les vacances sous la tente à la Hohbuhl, non loin de Grendelbruch dans les Vosges en 1967, se situe donc temporellement juste avant le développement du camping de masse. En Alsace, le camping s’est implanté de façon précoce au début du XXe siècle sous l’influence allemande des associations excursionnistes et naturistes très puissantes dans la région. Grâce à la démocratisation de la voiture dans les années 1950, les citadins peuvent facilement partir à l’assaut de la montagne et profiter des jours fériés ou congés en famille. Dans cette séquence, on observe une forme de camping sauvage. Il est cependant assez étonnant pour le spectateur actuel de voir que le lieu choisi pour planter la tente se situe juste à côté d’une route de montagne. Bien que l’on voie ici passer une ou deux voitures, la fréquentation des axes routiers, d’autant plus les routes de montagne, était alors bien moins importante qu’aujourd’hui.

Le camping ou le bal des objets

Un loisir matériel

Association Camping et Culture, Valmondois. © Marcel Cerf / BHVP / Roger-Viollet, NN-010-0223

Cette séquence témoigne de l’essor de la culture matérielle du camping dans les années 1960, soutenue par une production industrielle croissante. Depuis le début de la pratique, le matériel joue un rôle primordial pour les campeurs, devant allier légèreté et praticité[3]. Cela concerne tout d’abord la tente. Les familles Albert et Lemonnier en possèdent deux modèles qui représentent bien l’évolution de la pratique. La plus petite (de couleur beige) dite « canadienne », faite de pans de tissus tendus sur deux mâts, correspond au modèle des origines fait pour les sportifs itinérants. La plus grande (de couleur bleue), tente familiale à armature et fenêtres dans laquelle on tient debout, reflète la transformation de la pratique en un loisir familial. C’est une véritable maison en toile puisqu’elle possède un auvent qui fait office de salle à manger et une chambre séparée. Par ailleurs, les années 1960 marquent le passage de l’ère l’aluminium[4] au règne du plastique dans le matériel de camping. Les objets en métal léger sont encore bien représentés dans la séquence : table, chaises pliantes – voire chaises pour enfants -, lit de camp ; mais on observe déjà les premiers objets en plastique comme le matelas gonflable. Ce qui nécessite le plus de matériel est certainement la préparation et la consommation des repas. Les familles Albert et Lemonnier ne semblent pas disposer d’ustensiles spécifiques car elles ont ramené couverts, verres et assiettes en céramique de leur propre cuisine. Cependant, le prototype de l’objet du campeur est bien présent : le réchaud à essence (on voit le jerricane à l’arrière-plan). L’avant-dernière scène est en ce sens typique du camping qu’elle documente un savoir-faire particulier, la préparation du café le matin, qui est presque représentée comme un art. La caméra suit en effet tout le processus, de l’allumage du réchaud à la cérémonie de la première gorgée avalée par Jean Albert, qui se joue de la caméra en faisant d’abord des mimiques de dégoût avant de faire un signe d’approbation de la tête.

Affiche « Dans la nature on entend, le camping c’est Trigano, location sans caution », Imprimerie de la Cinématographie française, 1968, Source : Ville de Paris / Bibl. Forney / Roger-Viollet. Cote : AF 150779 GF

Une culture « camping »

Les deux familles apparaissent donc comme étant très bien équipées pour la pratique. Il semble en effet que les Albert soient des habitués du camping. Un signe de cette longue expérience pourrait être les fanions accrochés à la tente canadienne représentant des drapeaux nationaux. Jean Albert les met effectivement en avant à plusieurs reprises à travers des gros plans, comme pour affirmer un statut d’expert de la pratique. Ils correspondent certainement à des pays où la famille a déjà campé. On reconnaît par exemple les drapeaux de la Suède, de la Suisse, de la Norvège (la ville de Trondheim, dont le nom est cousu sur l’un des fanions, se trouve en Norvège) ou encore de l’Autriche, pays où la famille Albert a passé ses vacances la même année. Tous ces éléments, associés aux multiples objets du quotidien composent donc une culture « camping ». Ils contribuent à ritualiser le loisir en instaurant des moments de convivialité autour de leur utilisation : le repas autour de la table, la détente dans la tente ou sur le lit de camp voire la lassitude sur le matelas gonflable.

Une esthétique de la toile de tente

Cette matérialité de la pratique se retrouve jusque dans le cadrage des images. Il est en effet fort intéressant de remarquer que la toile de tente est très souvent présente au premier plan, venant obstruer une partie du champ. Il ne s’agit pas d’un défaut de cadrage car Jean Albert est un cinéaste amateur averti qui réfléchit ses angles de vue avec soin. Ces plans dénotent bien au contraire d’une volonté d’insérer à tout moment l’objet tente dans l’image. L’opérateur indique ainsi au spectateur soit qu’il se trouve dans la tente (00:03:24), soit qu’il se trouve derrière celle-ci (00:00:46), comme s’il s’agissait d’une prise de vue à la dérobée. Quoi qu’il en soit, l’opérateur contextualise de cette façon les images et leur donne de l’épaisseur. Jean Albert expérimente dans ce film ce qu’on pourrait appeler l’esthétique de la toile de tente. Ce regard cinématographique particulier révèle l’importance des objets dans la pratique du camping.

Le film comme souvenir des vacances en familles

Cette séquence est l’exemple typique d’un film de vacances. La caméra permet en effet à l’opérateur, en l’occurrence le père de famille, de créer un souvenir en retraçant le déroulé des journées et en mettant en scène les moments de bonheur. Le film documente les vacances en camping de la famille Albert et de la famille Lemonnier en 1967. Les Lemonnier sont des amis de longue date du couple Albert car ils étaient déjà présents lors du mariage de Jean et Denise en 1958, comme documenté dans le film « Dans le sillage d’une mariée » 0003FH0004. Le film a été tourné en majeure partie par Jean Albert, même s’il a certainement prêté sa caméra à son ami ou à sa femme, puisqu’il apparaît lui-même à l’image dans l’une des dernières scènes en train de préparer le café.

Une journée type au camping

Documentant les différents moments de la journée de vacances – levée, jeux, repas, détente - le film fait en quelque sorte office de journal de bord pour la famille. Il se déroule en effet sur plusieurs jours comme le prouvent par exemple les différentes expositions lumineuses (00:00:43 et 00:03:25). Dès le début, le contexte est planté : une voiture circule sur une route de montagne, bagages et matériel de camping sur le toit. Ce plan en mouvement, qui est filmé à partir de la voiture de derrière comme en témoigne l’apparition furtive du volant en bas de l’image, est un classique du départ en vacances. Il s’agit presque d’un topos cinématographique du film de vacances. Jean Albert filme ensuite à de nombreuses reprises les repas qui rythment les journées : déjeuner et petit-déjeuner. Enfin, l’opérateur suit les activités de loisir des enfants, principalement les jeux tels que le ballon ou la pétanque.

Le bonheur familial : les enfants

En se focalisant ainsi sur les enfants, le film de vacances veut donner à voir le bonheur familial afin de souder les membres. Jean Albert concentre ainsi son attention sur les moments de complicité entres parents et enfants. Il filme par exemple à deux reprises les enfants qui s’amusent à s’en prendre à M. Lemonnier - qui se prête allègrement au jeu - en le faisant rouler sur la pente (00:01:07) ou en l’attaquant (00:01:56). Il ne s’agit pas seulement de scènes de divertissement mais aussi de moments d’apprentissage. En bon père de famille, Jean Albert accorde une importance particulière à la transmission des savoirs aux enfants. Il fixe par exemple sur la pellicule son plus jeune fils en train de regarder à travers des jumelles (00:01:10) ou bien l’apprentissage du football par M. Lemonnier (00:03:17) qui, d’un geste de la main, enjoint le garçon de venir le rejoindre, certainement pour lui montrer la technique. Le résultat de cet apprentissage est tout aussi important puisqu’il est mis en valeur par des gros plans. C’est le cas lorsque l’aîné de ses fils plante une dague dans l’herbe ou lorsque les trois garçons lancent les boules de pétanque à la fin de la séquence, révélant la fierté du père. Mais toutes ces scènes ne sont pas filmées à la dérobée. Elles résultent souvent d’une mise en scène orchestrée par l’opérateur qui demande aux enfants de jouer aux acteurs. On le voit très bien à la seconde 00:01:33, lorsqu’il filme de l’intérieur de la tente la culbute de son fils à l’extérieur. C’est comme un spectacle, la toile de tente faisant office de rideaux. Autre élément visuel typique de ce bonheur familial, c’est le chien, fidèle compagnon des enfants. Il est particulièrement mis en valeur par les gros plans. On a donc affaire au regard d’un père qui construit à l’image le bonheur familial.

Par cette focalisation sur les enfants, ce film est typique des productions familiales de vacances. Il révèle par ailleurs un regard cinématographique d’une très belle qualité qui met en avant la matérialité du camping.

Bibliographie


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RICHEZ Jean-Claude, « Les Vosges comme espace de loisir au XIXe siècle », dans : RAUCH André (dir.), Sports et loisirs en Alsace au 20ème siècle, Revue EPS ; Strasbourg : Centre de recherches européennes en éducation corporelle, 1994, p.91-102

SIROST Olivier, « Les débuts du camping en France : du vieux campeur au village de toile », Ethnologie française, 2001/4 (Vol. 31), p. 607-620. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-ethnologie-francaise-2001-4-page-607.htm [consulté le 05/03/2019]


Article rédigé par

Amélie Kratz, 23 avril 2019


  1. En tant que partie d'une production amateur, cette séquence n'a pas reçu de titre de son réalisateur. Le titre affiché sur cette fiche a été librement forgé par son auteur dans le but de refléter au mieux son contenu.
  2. LEYMONERIE Claire, RENAUX Thierry, « Les objets du campeur. De l'explorateur au nomade des loisirs », Cahiers d'histoire de l'aluminium, 2012/1 (N° 48), p. 4a-37a. Disponible sur : https://www.cairn.info/revue-cahiers-d-histoire-de-l-aluminium-2012-1-page-4a.htm [consulté le 05/03/2019]
  3. Ibid, p.11
  4. Ibid