Championnats de gymnastique de Strasbourg (0085FH0003)


Avertissement[1]

Résumé


Les 19e championnats du monde de gymnastique artistique organisés à Strasbourg en 1978.

Métadonnées

N° support :  0085FH0003
Date :  1978
Coloration :  Noir et blanc
Son :  Muet
Durée :  00:04:41
Cinéastes :  Buridan, Henri
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Gymnastique
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


En 1978 se déroule au Rhénus à Strasbourg les 19e championnats du monde de gymnastique artistique. Cet évènement majeur au sein du monde de la compétition sportive n’a lieu depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale qu’une fois tous les 4 ans. Sa tenue dans la capitale alsacienne a donc de quoi ravir les plus grands amateurs sportifs de la région, à l’image de Henri Buridan qui filme cette rencontre sportive avec admiration. Ce professeur d’EPS et moteur du mouvement des Éclaireurs de France en Alsace nous prête son œil pendant près de 4 minutes pour revivre cet évènement de grande ampleur, se servant du rayonnement de ces gymnastes venus du monde entier pour fixer à jamais leurs performances le temps d’une bobine.

L’âge d’or de la gymnastique : des évènements sportifs hauts en couleurs

Les années 1970 constituent pour le monde de la gymnastique artistique une sorte d’âge d’or où beaucoup de progrès sont réalisés, notamment par les gymnastes eux-mêmes qui ne cessent de repousser les limites de la discipline. Certains d’entre eux deviennent de véritables personnalités, même si leur popularité est pour beaucoup restreinte au milieu sportif. Ajouté à cela l’introduction massive des postes de télévisions – notamment en couleurs – dans les foyers français au cours de la décennie 1970 et l’intérêt porté par les téléspectateurs à la retransmission des différents évènements sportifs justifient cet engouement prononcé autour des athlètes. C’est par ailleurs à partir de 1978 que les championnats du monde de gymnastique artistique se tiennent de manière plus rapprochée, bien que moins ponctuelle.

Zoltàn Magyar effectuant un "Magyar spindle" aux Jeux Olympiques de Montréal en 1976.

La qualité du film est particulièrement mauvaise, notamment pendant le passage des gymnastes féminines, bien que l’accès au cinéma amateur se soit grandement démocratisé à cette période. Mais ces images, même saccadées, nous permettent tout de même de remarquer la présence des plus grandes figures de la gymnastique des années 1970 que l’on peut identifier par divers indices, qu’il s’agisse de leurs mouvements signatures, comme le fameux « Magyar spindle » au cheval d’arçons du nom du hongrois Zoltán Magyar, par exemple, ou leur simple prestance.

Dans la compétition féminine, on peut reconnaître les gymnastes les plus emblématiques de la discipline de l’époque comme Natalia Chapochnikova, Elena Mukhina – qui récolte l’or au concours général à l’issu des championnats – ou encore Nellie Kim, la star de l’équipe soviétique. Face à elles, la légende Nadia Comaneci, qui deux ans après ses fameux « perfect 10 » aux Jeux Olympiques de Montréal, ne perd pas en notoriété. Particulièrement filmée par Henri Buridan au cours de cette rencontre, cette dernière est déjà à l’époque considérée comme l’une des meilleurs gymnastes de tous les temps. Malgré la mauvaise qualité du film, elle reste facilement identifiable. Si le cinéaste ne semble manquer aucun de ses passages, la précision de sa technique et sa grâce signent son style de performance unique au monde. Sa présence lors de cette rencontre internationale a sans aucun doute suscité une certaine curiosité qu’on devine à la vue des gradins bondés et des nombreux flashes retentissants.

Nadia Comaneci (au centre), Elena Mukhina (à gauche) et Emilia Eberle (à droite), les gagnantes de l'épreuve de poutre.


Une compétition rythmée en 4 temps

Il est important de noter l’effort de narration fourni par le cinéaste. En effet, si ce film semble suivre une certaine logique que l’on imagine propre à l’organisation de la compétition, il s’agit en réalité d’un remontage qui aurait pour vocation d’apporter une certaine dynamique au film, s'organisant alors en quatre parties distinctes.

Dans un premier temps, le film s’ouvre sur la compétition masculine, présentant dans cette séquence seulement trois des six agrès masculins : le saut de cheval, les barres parallèles et la barre fixe. A cette chronologie de la compétition viennent s’intercaler successivement des plans sur l’affichage numérique du palmarès (parfois final, parfois intermédiaire) et des plans sur la remise des prix, avant de passer à l’agrès suivant afin de former une sorte de boucle narrative. S’en suit la compétition féminine où les quatre agrès féminins, à savoir le saut de cheval (disposé de manière transversale à l’inverse des hommes qui pratiquent sur l'agrès placé longitudinalement), les barres asymétriques, la poutre et enfin le sol. Le cheminement narratif de la compétition continue sur le même schéma connu depuis le début du film. Sans transition, le film repasse à la compétition masculine en repartant du même agrès que les filles, le sol, et continue au cheval d’arçons, puis aux anneaux, complétant l’ensemble des agrès de la compétition pour les hommes. Enfin, la dernière partie du film et certainement la moins montée puisqu'il s’agit de la cérémonie de clôture du championnat. Les drapeaux des différents pays participants sont portés par les athlètes et défilent les uns derrières les autres dans la salle de compétition. Cette pratique est somme toute très traditionnelle et subsiste encore aujourd'hui dans ce genre d’évènements.


Ce remontage présente, en y regardant de plus près, un certain nombre d’incohérences. L’intégration des divers plans sur le palmarès ne concorde pas toujours avec l’agrès précédemment montré, tout comme le podium filmé ne correspond pas non plus au score affiché juste avant. Par exemple, suivant le passage des hommes au saut et le plan sur les scores de l’agrès, on peut voir une remise de prix qui est en fait celle des anneaux. En effet, on peut voir les gymnastes soviétiques Andrianov et Dityatin sur les deux premières marches du podium, suivi du roumain Dan Grecu, alors que le saut donnait pour vainqueur le japonais Junichi Shimizu. Et le passage des gymnastes aux anneaux n'est quant à lui montré qu’à la toute fin du film. Il y a donc là une incohérence de taille qui témoigne de l’ampleur du montage de Henri Buridan. Chez filles, des incohérences du montage sont également visibles quoique moins importantes puisque la compétition n’est filmée que d’un seul bloc.

Carte postale pour les championnats du monde de gymnastiques artistique de 1978 à Strasbourg, avec le timbre et le tampon à l'image de l'évènement

Aussi, dans la réalité de la compétition, il n’existe pas de remise de prix entre chaque agrès : cela n’aurait pas de sens pour les gymnastes qui doivent impérativement rester « chauds », tout comme cela couperait la dynamique réelle du concours. Les podiums s’effectuent en toute fin de compétition, en différentes catégories (à savoir par agrès, au concours général et par équipe). De même, tous les gymnastes ne passent pas en même temps sur les mêmes agrès et sont répartis en petits groupes. Ce remodelage peut donc aussi être une volonté du cinéaste de condenser tous les passages en les classant par agrès.

Tout cela nous prouve que le cinéaste tient par ce montage à recréer l’ambiance générale de la compétition, s’attachant plus à retranscrire la rigueur de l’organisation qu’à s’exercer à suivre la parfaite chronologie de l’évènement. Peut-on alors se demander quelle est la finalité de ce montage, peut-être plus pédagogique et synthétique et à destination des futurs éducateurs que Henri Buridan forme en tant que professeur d’EPS.

Personnages identifiés


Nadia Comaneci; Nellie Kim; Zoltàn Magyar; Elena Mukhina; Natalia Chapochnikova

Lieux ou monuments


Rhénus

Bibliographie


ARNAUD (Pierre), TERRET (Thierry), Histoire du sport féminin, Paris, L’Harmattan, 1996.


Article rédigé par

Clara Picarles, 02 janvier 2020


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