Cordiers pendant la guerre (0005FH0023 8) : Différence entre versions

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Robert-Charles Weiss a commencé à filmer en couleur pratiquement à l’apparition de la pellicule 8mm Kodachrome en 1936. S’il n’en achète pas en Allemagne où il s’est rendu aux Jeux Olympiques, l’année suivante il expérimente cette nouveauté technologique à l’occasion de sa visite de l’Exposition universelle de Paris. Il continue à filmer en noir et blanc, sans que se dessine la logique de ses choix de sujet en couleur. La plupart des images de Strasbourg sous l’annexion ou à la Libération sont en noir et blanc, mais la plus longue séquence tournée dans la corderie du Heyritz est en couleur – deux autres, de moindre durée, restent en noir et blanc. Weiss a filmé à l’intérieur un ouvrier expérimenté et un plus jeune en train de tresser à la main des cordelettes, réservant la couleur à la tâche collective de la fabrication des plus gros et longs cordages, qui prend place en extérieur. Les conditions d’exposition idoines peuvent expliquer le recours à une pellicule plus coûteuse, tout comme les essais de développement qui livrent une image en léger sfumato puisque c’est à cette étape que la couleur est émulsionnée sur la pellicule. Quelle que soit la teinte, les ouvriers de la corderie se plient en souriant au hobby de leur employeur : ils font partie de la famille filmée de Robert-Charles Weiss.
 
Robert-Charles Weiss a commencé à filmer en couleur pratiquement à l’apparition de la pellicule 8mm Kodachrome en 1936. S’il n’en achète pas en Allemagne où il s’est rendu aux Jeux Olympiques, l’année suivante il expérimente cette nouveauté technologique à l’occasion de sa visite de l’Exposition universelle de Paris. Il continue à filmer en noir et blanc, sans que se dessine la logique de ses choix de sujet en couleur. La plupart des images de Strasbourg sous l’annexion ou à la Libération sont en noir et blanc, mais la plus longue séquence tournée dans la corderie du Heyritz est en couleur – deux autres, de moindre durée, restent en noir et blanc. Weiss a filmé à l’intérieur un ouvrier expérimenté et un plus jeune en train de tresser à la main des cordelettes, réservant la couleur à la tâche collective de la fabrication des plus gros et longs cordages, qui prend place en extérieur. Les conditions d’exposition idoines peuvent expliquer le recours à une pellicule plus coûteuse, tout comme les essais de développement qui livrent une image en léger sfumato puisque c’est à cette étape que la couleur est émulsionnée sur la pellicule. Quelle que soit la teinte, les ouvriers de la corderie se plient en souriant au hobby de leur employeur : ils font partie de la famille filmée de Robert-Charles Weiss.
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|Contexte_et_analyse_de=<big>'''Seilerei in Straßburg'''</big>
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Das Elsass, das zwischen 1870 und 1918 zu Deutschland gehörte, hat in der Zeit zwischen den beiden Weltkriegen eine teils brutale Franzisierung erlebt, die eine starke Unabhängigkeitsbewegung genährt hat. Die bei jeder offiziellen Feier bekräftigte Zugehörigkeit zur Republik wurde durch eine Befestigung dieses Vorpostens mittels einer doppelten Reihe von Festungsanlagen entlang des Rheines noch verstärkt. Als am 4. September 1939 der Krieg erklärt wurde, wurde beschlossen, die Hauptstadt des Elsass zu evakuieren und innerhalb von wenigen Tagen wurde sie von allen Zivilisten verlassen. Erst nach der Blitz-Eroberung im Juni 1940 und der Annektierung am 27. November des gleichen Jahres normalisierte sich die Lage, so dass ein Teil der Straßburger zurückkehren konnten. Einige, wie die Universitätsprofessoren und ihre Studenten, blieben in Clermont-Ferrand, andere schlossen sich dem Widerstand an, und die Juden wurden aus der Region vertrieben. Die ''pax germanica'' bot eine Rückkehr zur Normalität unter der unterdrückenden Herrschaft des Besatzers; einige nutzten die Gelegenheit, um sich unter der Hakenkreuzfahne zusammenzufinden oder sich zu bereichern. Wie so viele, die wider ihren Willen annektiert worden waren, nahmen die Weiss ihre Tätigkeit wieder auf, bis 1943 die Zwangsrekrutierung durch die Wehrmacht verfügt wurde.
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'''Ein manuelles Handwerk'''
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Jean-Nicolas Weiss hatte seine Seilfabrik in Straßburg im Jahre 1650 gegründet. Frédéric-Jacques, Direktor in der sechsten Generation, verließ 1839 das Stadtzentrum, um eine Produktionseinheit zu schaffen, die groß genug für einen umfangreichen Auftrag des Arsenals der Stadt war. Dort führte sein Ururenkel Robert-Charles das Unternehmen ein Jahrhundert später in den gleichen Räumlichkeiten weiter, die zwischen den Weltkriegen auf einer Postkarte dargestellt waren. Im Film ist keine Mechanisierung sichtbar, die das Flechten der Seile jeglicher Durchmesser revolutioniert hätte: Die Arbeit erfolgt von Hand, mittels rudimentärer und solider Führungen, in langen überdachten Werkstätten oder bei schönem Wetter auch im Freien. Die Hand und das Auge, die vom Chef der Seilerei in Nahaufnahme gefilmt werden, führen den Fadenlauf. Zur Betätigung des langsamen Flechtmechanismus der größten Seile, mit denen mehrere Tonnen schwere Elemente gehoben werden können, bedarf es der Kraft von mehreren Arbeitern.
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'''Ein Farbtest'''
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Robert-Charles Weiss begann praktisch mit der Einführung des 8 mm-Kodachrome-Filmes 1936, in Farbe zu drehen. Er hatte zwar in Deutschland, wo er die Olympischen Spiele besuchte, keinen gekauft, aber im Jahr darauf diese technologische Neuheit anlässlich seines Besuches der Weltausstellung in Paris ausprobiert. Er filmte weiterhin in Schwarz-Weiß, ohne dass man die Logik seiner Motivwahl in Farbe erkennen kann. Die meisten Bilder von Straßburg während der Annektierung oder bei der Befreiung sind in Schwarz-Weiß, aber die längste Sequenz, die in der Seilerei in Heyritz gedreht wurde, ist in Farbe – zwei weitere, kürzere Sequenzen sind weiterhin in Schwarz-Weiß. Weiss drehte Innenaufnahmen eines erfahrenen und eines jüngeren Arbeiters beim manuellen Flechten der dünnen Schnüre in Schwarz-Weiß und hob die Farbe für die gemeinsame Aufgabe der Herstellung der dicksten und längsten Seile unter freiem Himmel auf. Die geeigneten Belichtungsbedingungen können die Verwendung des teureren Films sowie die Entwicklungstests erklären, die einen leichten ''Sfumato''-Effekt zeigen, da die Farbe beim Entwickeln auf den Film emulgiert wird. Ganz gleich, ob in Schwarz-Weiß oder in Farbe, die Arbeiter der Seilerei fügen sich lächeln dem Hobby ihres Arbeitgebers: Sie gehören zur gefilmten Familie von Robert-Charles Weiss.
 
|Bibliographie=Pierre Rigoulot, ''L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945'', Paris, Que sais-je?, 1997.
 
|Bibliographie=Pierre Rigoulot, ''L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945'', Paris, Que sais-je?, 1997.
  
 
Robert-Charles Weiss, ''Trois siècles au service d'une profession'', Strasbourg, Corderie S. Weiss, 1950.
 
Robert-Charles Weiss, ''Trois siècles au service d'une profession'', Strasbourg, Corderie S. Weiss, 1950.
 
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Version du 15 mars 2019 à 16:46

Résumé


Cordiers au travail dans l'usine familiale au Heyritz.

Métadonnées

N° support :  0005FH0023 8
Date :  Entre 1940 et 1944
Coloration :  NB et couleur
Son :  Muet
Timecode :  00:10:08
Durée :  00:02:04
Cinéastes :  Weiss, Robert-Charles
Format original :  8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Seconde Guerre mondiale : Occupation et annexion, Industrie

Contexte et analyse


Allemande entre 1870 et 1918, l’Alsace a subi dans l’entre-deux-guerres une francisation parfois brutale qui a alimenté un fort courant autonomiste. Le rattachement à la République réaffirmé à chaque cérémonie officielle s’est doublé d’une fortification de cet avant-poste au moyen d’une double série de fortifications le long du Rhin. À la déclaration de guerre le 4 septembre 1939, on décide de l’évacuation de la capitale régionale, vidée en quelques jours de tous ses habitants civils. Ce n’est qu’avec la conquête éclair de juin 1940 et l’annexion du 27 novembre suivant que se normalise la situation, autorisant le retour partiel des Strasbourgeois. Certains, comme les universitaires et leurs étudiants, restent réfugiés à Clermont-Ferrand, d’autres entrent dans la Résistance, les Juifs se voient expulsés de la région. La pax germanica offre un retour à la normale sous la férule oppressive de l’occupant ; d’aucuns en profitent pour se ranger sous la bannière à la swastika ou s’enrichir. Comme tant d’annexés malgré eux, les Weiss reprennent leur activité dans l’intervalle avant la mobilisation de force décrétée par la Wehrmacht en 1943.

Un artisanat manuel

Publicité pour la corderie F. Weiss (©Weiss)

Jean-Nicolas Weiss a fondé sa corderie à Strasbourg en 1650. Frédéric-Jacques, directeur de la sixième génération, a dû quitter le centre-ville en 1839 pour créer une unité de fabrication à l’aune d’une vaste commande passée par l’Arsenal de la ville. C’est là qu’un siècle plus tard, son arrière-arrière petit-fils Robert-Charles poursuit l’entreprise dans les mêmes locaux que ceux représentés sur une carte postale éditée dans l’entre-deux-guerres. Nulle mécanisation révolutionnant le tressage des cordelettes de tout diamètre n’est visible à l’écran : le travail s’effectue à la main, au moyen de guidages rudimentaires et solides, dans des ateliers couverts tout en longueur, ou à l’extérieur si le temps le permet. La main et l’œil, filmés de près par le patron de la corderie, guident la course du fil. Les bras de plusieurs ouvriers sont nécessaires pour actionner le mécanisme de tressage lent des plus gros câbles, servant au levage d’éléments de plusieurs tonnes.

Un essai de couleur

Robert-Charles Weiss a commencé à filmer en couleur pratiquement à l’apparition de la pellicule 8mm Kodachrome en 1936. S’il n’en achète pas en Allemagne où il s’est rendu aux Jeux Olympiques, l’année suivante il expérimente cette nouveauté technologique à l’occasion de sa visite de l’Exposition universelle de Paris. Il continue à filmer en noir et blanc, sans que se dessine la logique de ses choix de sujet en couleur. La plupart des images de Strasbourg sous l’annexion ou à la Libération sont en noir et blanc, mais la plus longue séquence tournée dans la corderie du Heyritz est en couleur – deux autres, de moindre durée, restent en noir et blanc. Weiss a filmé à l’intérieur un ouvrier expérimenté et un plus jeune en train de tresser à la main des cordelettes, réservant la couleur à la tâche collective de la fabrication des plus gros et longs cordages, qui prend place en extérieur. Les conditions d’exposition idoines peuvent expliquer le recours à une pellicule plus coûteuse, tout comme les essais de développement qui livrent une image en léger sfumato puisque c’est à cette étape que la couleur est émulsionnée sur la pellicule. Quelle que soit la teinte, les ouvriers de la corderie se plient en souriant au hobby de leur employeur : ils font partie de la famille filmée de Robert-Charles Weiss.

Bibliographie


Pierre Rigoulot, L'Alsace-Lorraine pendant la guerre 1939-1945, Paris, Que sais-je?, 1997.

Robert-Charles Weiss, Trois siècles au service d'une profession, Strasbourg, Corderie S. Weiss, 1950.


Article rédigé par

ALEXANDRE SUMPF, 20 décembre 2018