Fête du sucre à Erstein (0113FI0005) : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 6 mars 2020 à 17:35

Résumé


Défilé de la fête du sucre à Erstein vers 1965 avec chars, majorettes et orchestre symphonique.

Métadonnées

N° support :  0113FI0005
Date :  1967
Coloration :  Couleur
Son :  Muet
Durée :  00:04:44
Cinéastes :  Lehmann, Robert
Format original :  Super 8 mm
Genre :  Film amateur
Thématiques :  Fêtes locales
Institution d'origine :  MIRA

Contexte et analyse


Le sucre à Erstein

Si la fête du sucre a lieu à Erstein c’est que celui-ci lui est profondément lié. De fait, il existe dans cette petite ville de campagne une importante activité industrielle autour de la betterave sucrière au point de devenir une véritable capitale du sucre alsacien. Au XIXe siècle les sucreries sont en plein essor et plusieurs naissent un peu partout en Alsace. Celle d’Erstein n’est fondée qu’en 1893 et bénéficie des innovations de la révolution industrielle, de la croissance économique et d’une loi fiscale allemande favorisant la création de sucrerie. L’entreprise est aux mains d’hommes de finance allemands et connait un véritable élan dix ans à peine après sa fondation. En 1920, l’entreprise est rachetée par des actionnaires belges décidés à lui donner un nouveau départ. Le rattachement à la France permet à l’usine de s’étendre dans le reste de la France mais les productions agricoles deviennent vite excédentaires et les produits alsaciens peinent à se placer. Malgré cela l’usine s’agrandit progressivement à mesure que les années défilent. Les betteraves sont amenées par bateaux, qui ont vogué sur le canal du Rhône au Rhin, ou par tramway, certains viennent même d’Alsace du Nord. Les chevaux sont également sollicités pour transporter les betteraves produites à proximité de l’usine. Des années 1920 à 1930 la modernisation se poursuit à vive allure et l'industrie se voit doter des technologies dernier cri. C'est en 1939 que l'essor s'interrompt avec l'entrée en guerre. Dès 1940, la sucrerie se voit sinistrée par les bombardements et les conflits armés, cinq bâtiments seront démolis. A la fin de la guerre l'usine est un monceau de ruine et les archives administratives ont totalement disparues si bien qu'il est difficile de savoir comment l'usine a fonctionné pendant la guerre. En 1946, le président Charles Grégoire, qui dirige depuis 1921, refait tourner l'usine en ruine avec des ouvriers non formés et des champs à betteraves retournés. Il meurt en 1951 et suit une longue liste de présidents et présidentes qui se succéderont. Pendant ce temps, la sucrerie Erstein poursuit sa modernisation, augmentant nettement sa productivité et par conséquent, diminuant ses effectifs. En 1983, les belges qui étaient toujours actionnaires majoritaires vendent leurs parts à une filiale du géant Saint-Louis. Une nouvelle équipe qui va considérablement moderniser le dispositif de l'usine en rénovant l'ensemble des bâtiments et en instaurant les raffineries de sucre de roux.

La sucrerie d'Erstein aujourd'hui (2010)

Une fête alsacienne locale

Dans ce film du fond Lehmann, la fête à Erstein est révélatrice de ce que peut être une fête classique en Alsace. Il s'agit d'un défilé de chars, de majorettes et de différents groupes déguisés ou encore avec une thématique particulière. La fête a lieu fin août à Erstein et le passage principal du cortège est la place de l’Hôtel de Ville que l’on peut voir dans le film. Arrivants de la rue du monastère, les chars et groupes sont nombreux. A la manière du corso fleuri, les chars sont ornés de fleurs et numérotés en vue d’un concours final. Ils appartiennent souvent aux associations locales et permettent de les mettre en avant. Elles sont libres dans la décoration et les thèmes choisis. On peut voir un premier char portant les insignes de la sucrerie d’Erstein et qui ouvre probablement le défilé. Le principe de corso fleuri est assez répandu en Alsace dont le plus connu se déroule à Sélestat depuis 1929. Il s’agit ni plus ni moins d’un défilé de chars fleuris dans les rues à la manière d’un carnaval de février. C’est également une manière de rendre visible les acteurs et associations locales devant un public nombreux. Le mouvement associatif en France a augmenté de 39% entre 1937 et 1960. Il est révélateur des changements profonds dans la société et notamment de l’émancipation de la classe moyenne des Trente Glorieuses. Ces associations peuvent être sociales, religieuses ou encore sportives et tendent à renforcer le lien social. Dans les années 1960 elles sont ainsi nombreuses et variées. Sur ce film, bien qu’elles n’aient pas toutes un char, les associations de musiques défilent également à travers les orchestres symphoniques. Un type de groupe est particulièrement présent : celui des majorettes. Particulièrement en vogue dans les années 1960 en Alsace, les associations de majorettes concernant uniquement les jeunes filles d’une quinzaine d’années. On pourrait classer cette association comme étant une association de « loisir » car elle ne promeut pas un sport ni de la culture mais plutôt une activité de groupe. Le premier groupe de majorette que l'on voit dans le film est celui de la commune de Boofzheim, un village à une dizaine de kilomètres d’Erstein. Ce groupe n’aura perduré que quelques années mais témoigne bel et bien de l’effervescence des associations dans les villages alsaciens. Le point de vue du réalisateur permet de prendre la vision des spectateurs. A la fin du film, Lehmann s'est déplacé vers la fin du cortège comme s'il voulait montrer l'envers du décor. Plusieurs groupes sont vus à différents moments du défilé et l'on peut voir en dernier plan le groupe "cow-boy" en fin de cortège à l'arrêt. On peut constater ainsi toute l'envergure de la fête. Lorsque le dernier groupe costumé à cheval arrive et salue la foule, le cortège change de sens et tous les groupes repassent devant la foule.

Bibliographie


MARTIN Marie-Paule, Du sucre à Erstein: un siècle d'une aventure humaine et industrielle, Carré Blanc, 2008

MICHEL FORSÉ. Les créations d’associations : un indicateur de changement social. Observations et diagnostics économiques : revue de l’OFCE, [s. l.], n. 1, p. 125, 1984.


Article rédigé par

Arnaud Issler, 05 janvier 2020